ce royaume; nous voulons parler d'un acte de tolérance. religieuse si rare même au XIX siècle. 1 3 Une synagogue avait été construite à Mutterstadt, cheflieu du district de Frankenthal, en Bavière, avec le produit d'une souscription à laquelle avaient participé non-seulement les israélites, mais aussi un grand nombre de chrétiens; le curé M. Dibélius et le clergé catholique, afin de rendre plus solennelle cette inauguration, déclarérent vouloir y assister, et le cortége, au jour fixé (24 novembre), sortit du presbytère de Sainte-Marie ayant en tête deux rabbins, les membres du Consistoire, les ecclésiastiques catholiques et les autorités civiles et militaires; la cérémonie de l'inauguration terminée, le rabbin de Mutterstadt, M. Mortz, puis M. le curé Dibélius, prononcèrent chacun un discours, dans lequel ils exhortèrent les citoyens de tous les cultes à la concorde et à la charité. Ce grand acte de tolérance religieuse contrastait trop fortement avec les troubles causés par le clergé de Cologne pour que nous l'omettions en reproduisant la situation po litique et morale de la Bavière. BADE. Le coup d'état du roi de Hanovre qui avait retenti l'année dernière dans toute l'Allemagne, devait encore rencontrer dans le duché de Bade d'énergiques protestations Il était question d'en appeler de cet acte d'absolutisme aux décisions de la Diète Germanique, dont la mission avait pour but de maintenir les diverses constitutions d'État. Aussi à l'ouverture de la session et dans la séance du 5 mars de la seconde Chambre, M. Itzstein prit-il la parole, non plus, comme l'année précédente, pour chercher à prévenir l'abolition de la constitution du Hanovre, abolition que l'on appréhendait alors, mais pour s'opposer aux funestes résultats du décret royal qui anéantissait les libertés de 1833. Regardant les états allemands conme solidaires les uns des ! autres en présence d'un si grave événement, il s'exprima ainsi au milieu du plus profond silence : Messieurs, « Le 22 juillet de l'année dernière, la Chambre adopta à l'unanimité une résolution aux termes de laquelle le Gouvernement était invité à transmettre à son ambassadeur auprès de la Diete germanique, des instructions dans un sens favorable au maintien de la constitution hanovrienne. Ce qui n'était à cette époque qu'une appréhension est devenu depuis une réalité; car la constitution hanovrienne de 1833 a été abolie. On a été plus loin. Des fonctionnaires publics ont été relevés de leur serment; des hommes qui avaient protesté loyalement contre de pareils actes ont été exilés; enfin des résolutions ministérielles ont annulé des élections régulièrement faites. En conséquence, je demanderai à M. le ministre des affaires étrangères, si des négociations ont été entamées à ce sujet, auprés de la Diète germanique, et si notre ambassadeur a reçu des instructions dans le sens de la résolution du 22 juillet. » Déclinant la compétence de la Chambre en pareille matière, le ministre M. de Blittersdorf, déclara que cette question était totalement étrangère à l'objet principal de la session. Appuyée vivement par MM. Duttlinger et de Rotteck, auxquels vint se joindre M. Welker, qui s'écria que la comédie qui se jouait dans le Hanovre rendait l'Allemagne la risée de l'étranger, cette importante motion combattue par M. Winter, ministre de l'intérieur, fut adoptée à l'unanimité. C'était le corollaire indispensable de la proposition de 1837. L'affaire de Cologne provoqua une explication de la part du Gouvernement relative à la liberté de discussion qui devait être laissée aux deux partis. M. de Rotteck se plaignait de ce que l'auteur d'une défense de l'archevêque de Cologne, n'avait pu obtenir l'autorisation de faire imprimer son ouvrage; la réponse de M. Winter, que le Gouvernement n'avait pris aucune mesure coërcitive dans cette circonstance, satisfit la Chamore, qui s'était déjà montrée jalouse d'user de la liberté de la presse. Une ordonnance du grand duc vint dans la même ses sion décider après des hésitations nombreuses, l'exécution d'un chemin de fer de Strasbourg à Manheim, exécution qui fut résolue par la Diète du grand duché, ainsi que celle d'un autre chemin de fer de Manheim à la frontière de Suisse près de Bâle, dans la direction de Heidelberg, Carlsruhe, Rastadt, Offenbourg et Fribourg. 1 Après ces résolutions d'utilité publique et dont on prévoyait déjà les immenses résultats, eut lieu le 26 mars, la clôture de la session extraordinaire des deux Chambres, et à cette occasion, M. le ministre d'État Winter prononça un discours dans lequel il félicitait le pays de tout ce qu'il avait accompli de grand, presque au sortir d'une guerre ruineuse, malgré le peu d'étendue de son territoire et les dettes dont étaient grêvées les communes; ce pays avait en effet employé des sommes considérables pour la construction des églises et des écoles, pour l'affranchissement de son sol, pour l'encouragement des arts et des sciences, pour la réparation d'édifices en tout genre, et tout cela sans invoquer des secours étrangers. Le gouvernement badois se préparait en outre à exécuter à ses propres frais une des plus vastes entreprises qui existassent en Europe, les diverses lignes de chemin de fer votés par les Chambres. Le ministre Winter remerciait la Chambre, au nom de S. A. R. le grand duc, de ses votes qui avaient témoigné de la plus grande confiance entre le pays et l'administration, et il se reposait sur cette confiance réciproque pour accomplir les grandes améliorations que projetait encore le Gou vernement. Le grand duché, sous le rapport commercial, recueillait aussi les fruits de l'association des douanes allemandes, qui avait été déjà pour l'année 1837 une source de crédit et de prospérité publics, et le nombre sans cesse croissant des débouchés nouveaux permettait à ce pays resserré dans Ann. hist. pour 1838. 17 d'étroites limites, d'élargir le cercle de son activité et de sa richesse. A ce mouvement extérieur venait se joindre le progrès de l'industrie sucrière qui, à elle seule, occupait dans le duché de Bade 9281 ouvriers, répartis dans 294 fabriques et raffineries, tant de sucre de betterave que de sucre de canne. L'esprit de solidarité politique et industrielle pénétrait donc dans les états allemands, et protestait courageusement contre les derniers liens et les derniers priviléges du régime féodal HESSE-CASSEL. L'esprit démocratique de la Hesse électorale, qui s'était manifesté à l'occasion de l'affaire du Hanovre, devait amener cette année un dissentiment assez grave entre la Chambre unique, élective, et le prince Frédéric Guillaume co-régent. Ce n'était pas toutefois d'une question étrangère que devait naître cette lutte, mais bien d'une question de finances et d'administration intérieure. Jalouse de l'exercice de ses droits, et voulant une réforme de plus en plus sévère dans les dépenses de l'État, la Chambre représentative avait cru devoir supprimer dans la loi financière un article de recettes. Le prince avait réclamé contre ce qu'il appelait une erreur ou un oubli des devoirs des députés envers son Gouvernement et le pays; mais les États avaient persisté dans leurs premières résolutions, sans tenir compte de diverses communications plus ou moins pressantes à ce sujet. Ainsi, dans la séance du 12 juillet, il se tint une sorte de lit de justice qui, sans forcer le vote et l'enregistrement de cette ressource fiscale, en eut tous les résultats; le commissaire du Gouvernement y donna lecture d'une ordonnance par laquelle le co-régent déclarait devoir passer outre au refus des États; ce document remarquable en ce qu'il avait quelqu'affinité avec les rescrits royaux du roi Ernest, se terminait ainsi : « La majorité n'a pas agi conformément au vœu de la constitution. Bien que des considérations paternelles nous aient empêché d'adopter des moyens de répression plus énergiques, nous ne pouvons cependant hésiter à rompre tout rapport ultérieur avec l'assemblée, attendu que cela serait inutile, et entraînerait d'ailleurs des frais considérables pour le trésor; nous réservant toutefois d'adopter telles mesures que l'intérêt et la dignité de notre trône et de notre maison, ainsi que les besoins de l'administration et le bien de nos sujets pourront nous suggérer.» Vint ensuite la lecture de l'ordonnance de dissolution, et les députés ainsi que le public se retirèrent immédiatement. Le Gouvernement de Hesse-Cassel devait s'attendre à de pareilles manifestations; car il est de la nature des constitutions démocratiques de ne pas s'arrêter dans leurs empiètements successifs, et cela surtout quand elles sont nées d'une insurrection légitimée par le droit et consacrée par la victoire. La célébration de la fête anniversaire de l'établissement de la constitution, qui eut lieu le 15 septembre à Cassel, donna une nouvelle force à ce principe, d'autant qu'il paraissait avoir été méconnu par la mesure extra-légale de Frédéric Guillaume; ce qui prêta à cette solennité un caractère de protestation constitutionnelle. Malgré les toasts qui, dans le banquet donné aux députés libéraux, furent portés à S. A. Je prince électeur, comme fondateur de la constitution, à S. A. le prince électoral et co-régent, qui en était le protecteur, la police avait défendu d'illuminer en dehors de la salle de réunion, ainsi que de placer des flambeaux devant la porte de la maison, dans la crainte de quelques manifestations publiques et de désordres dans la ville. Tels étaient, en dehors du travail accoutumé de la Chambre, les germes de libéralisme d'un côté, et de résistance d'autre part, que l'on distinguait dans cette pe |