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ticulièrement destiné à relever les erreurs où le chevalier de Folard était tombé; autant entraîné par son système qu'égaré par la traduction de dom Thuilier. Le colonel Guischard, bon helleniste, guidé par Arrien, Modestus et Urbicius, que le chevalier de Folard ne connaissait pas, et lui-même, officier de mérite et bon théoricien, renversa sans peine tout l'échaffaudage d'un système, qui n'était fondé que sur la fausse interprétation des anciens. Les manoeuvres des anciens, expliquées d'après les principes de leur tactique et la vraie signification de leurs terines militaires, sont présentées dans leur véritable jour, et presque toujours d'une manière différente ou contraire de ce qu'on les voit dans Folard. L'analyse de la campagne d'Afrique, complète et rétablit le texte d'Hirtius, le continuateur des commentaires de César. En général, les ouvrages de Guischard sont indispensables, pour avoir une idée claire de la tactique des Grecs et des Romains, des ponts et des voies militaires, de leurs connaissances géographiques, etc.

Lo-Looz (le chevalier de). — Il a enirepris la défense de Folard, et a prétendu réfuter Guischard. Surtout il accuse ce dernier d'avoir mal compris et mal traduit le texte, et le taxe d'ignorance de la tactique des anciens. La réponse de Guischard, qui contient de nouvelles preuves et de nouveaux développemens, a terminé cette discussion, en convainquant son adversaire d'un vain étalage d'érudition mal employée.

MENIL-DURAND. - Sans entrer en lice avec Guischard et les défenseurs de ses opinions, Menil-Durand a encore voulu renchérir sur Folard. La colonne de ce dernier, développée et modifiée par la colonne coupée, lui a fourni la matière de six mémoires tactiques. Nous ne les citons ici que comme un exemple de plus des aberrations, où l'esprit de système peut entraîner ceux qui veulent établir des règles générales, même pour des cas particuliers et locaux, qui se présentent sous la forme de modifications infinies.

MAIZEROY (Joli de).- Si d'un côté le cours de tactique de Maizeroy retombe un peu dans les systèmes et dans les défau!s qu'on leur reproche, de l'autre, la connaissance approfondie

qu'il avait des langues anciennes donne un mérite particulier à ce qu'il dit de leur tactique, et aux exemples qu'il en cite. Il est sous ce rapport égal à Guischard. Nous avons encore de lui une bonne traduction des Institutions militaires de l'empereur Léon.

PUY SEGUR (le maréchal de). —Aussi profond tacticien que stratégicien judicieux, M. de Puy Ségur achève, dans son Art de la guerre, de renverser le système de Folard. Il est le premier qui, sans en adopter encore la dénomination, ait cependant senti et établi la différence existante entre la tactique et la stratégie; car ce n'est certainement que de la stratégie qu'on peut entendre ce qu'il dit des principes de la guerre, qui dépendent de règles certaines et de principes géométriques, qu'on peut, à l'exemple des Grecs, apprendre sans troupes et sans sortir de chez soi. Le rapprochement qu'il fait des institutions des anciens avec celles de son temps, des campagnes de César et de Turenne en Espagne, le tableau comparatif de la première milice française, et l'application de ses principes à un projet de campagne en France, rendent l'étude de son ouvrage aussi utile de nos jours qu'elle l'était de son temps. Les principes de la stratégie sont et seront toujours les mêmes, quelles que soient les modifications de la tactique.

SAINT-GERMAIN (le comte de).- Les Mémoires de M. de Saint-Germain offrent tout l'intérêt que peuvent présenter ceux d'un ministre qui développe sa pensée et ses projets; cet intérêt ne peut qu'augmenter par l'aveu de ses erreurs, qui ont été assez fortes. Mais ces Mémoires sont inséparables de leur Commentaire, fait par un militaire habile et instruit.

Mottin de la Balme. Nous avons de lui: 1° Essais sur l'équitation; 2o Elémens de tactique pour la cavalerie. Ces deux ouvrages ont beaucoup servi à rectifier les idées qu'on avait alors sur la cavalerie.

Turpin de Crissé. Il se montre un partisan de l'ordre profond, des corps nombreux et des redoutés, auxquels il allie les principes de la guerre stratégique ou de position. C'était à cette époque qu'au lieu de chercher la cause des victoires de Frédéric II dans son génie profond et actif, et dans la faiblesse ou Tom. I.

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l'incapacité de ses adversaires, un amour-propre mal déguisé voulait la trouver dans l'ordonnance de ses troupes un jour de bataille. M. de Turpin n'y avait vu de remède que dans les redoutes et les gros bataillons. Il nous a laissé : 1o Commentaires sur les Mémoires de Montecuculli; 2o Essai sur l'art de la guerre; 3° Commentaires sur les institutions de Végèce.

GUILERT.-Militaire aussi éclairé et instruit qu'excellent citoyen, Il combat victorieusement les opinions de Turpin. Comme ce dernier, il se fonde sur les campagnes du roi de Prusse; mais il les a beaucoup mieux connues Une des causes des victoires de Frédéric II était la discipline et l'habileté tactique de ses troupes. C'est cette partie que Guibert a cherché à perfectionner en en développant les vrais principes. Quant au talent du général en chef, condition principale pour obtenir les mêmes succès, Guibert ne pouvait qu'indiquer les principes généraux de sa conduite; c'est au génie à faire le reste. Nous avons de Guibert: 1o Essai général de tactique, ouvrage dont le mérite durera long-temps; 2o Défense du système de guerre moderne. C'est une réfutation victorieuse du système de Menil-Durand.

MIRABEAU.Le Système militaire de la Prusse, écrit avec l'éloquence et la profondeur de pensées qui distinguait Mirabeau, est l'ouvrage le plus complet et le plus satisfaisant que nous ayons sur l'organisation et la tactique de l'armée prussienne, et sur le système de guerre de Frédéric II.

BULOW.-M. de Bulow, observateur aussi profond que judicieux du développement du système de guerre moderne et des modifications importantes que la science de la guerre a éprouvées à la fin du siècle dernier et au commencement de celui-ci, est le premier qui, en s'éclairant du flambeau de l'analyse, ait cherché à en fixer les vrais principes. Séparant tout-à-fait la stratégie de la tactique, il a mis en pratique l'idée énoncée par le maréchal de Puy Ségur, que la science de la guerre était assujettie à des règles et à des principes géométriques qui pouvaient s'apprendre dans le cabinet. Les ouvrages de M. de Bulow, surtout ceux purement théoriques, sont susceptibles de développement, peut-être même de quelques modifications. Ils

n'en sont pas moins les meilleurs que nous ayons jusqu'à présent sur la stratégie. Nous avons de lui, outre quelques ouvrages historiques : 1o Esprit du système de guerre moderne; 2° Principes généraux de la guerre, ou Stratégie déduite du système de guerre moderne; 3° Nouvelle tactique des modernes. Le premier ouvrage seul est traduit en français.

HISTORIENS CONSIDÉRÉS MILITAIREMENT.

Les mêmes motifs qui nous ont fait citer HoмÈRE à la tête des auteurs militaires, nous engagent encore à le citer ici, comme le plus ancien historien, qui nous donne une idée d'un système de guerre primitif des Grecs et de la manière de conduire les expéditions aux temps de la guerre de Troye.

La nomenclature des historiens que les militaires peuvent consulter, n'ayant pas une relation aussi directe avec le développement et les modifications de la tactique et de la stratégie, que celle des auteurs didactiques, nous ne nous astreindrons pas, dans cette seconde partie, à l'ordre chronologique, dont nous nous sommes écartés le moins que nous avons pu dans la première. Les historiens y seront rangés par ordre alphabétique, sans distinction d'historiens proprement dits et d'auteurs de Mémoires.

AMMIEN MARCELLIN. - Militaire intelligent et historien judicieux. Il avait écrit l'Histoire romaine depuis la mort de Domitien jusqu'à celle de Valens. Nous avons à regretter la perte de la plus grande partie de son ouvrage : ce qui nous en reste est précieux pour l'histoire militaire des dernières années de Constance, le règne de Julien et les premières années de Valentinien.

que

APPIEN, d'Alexandrie, a écrit séparément les diverses guerres les Romains ont eu à soutenir. Il ne nous reste que celles d'Afrique, de Syrie, des Parthes, de Mithridate, d'Espagne, d'Annibal, et cinq livres des guerres civiles. On peut y puiser de grandes lumières sur la stratégie des anciens; mais ces ouvrages ont besoin d'être lus avec précaution, et à l'aide d'un

tisans des fusées ont cru prouver qu'elles composaient l'artillerie la moins dispendieuse possible. Mais le moyen d'incendier de loin une cité ne constitue pas entièrement l'art de la guerre; c'est au contraire le moyen le plus odieux, et peutêtre en résumé le moins décisif. Une nation, au lieu d'être vaincue, après avoir vu incendier quelques places fortes, et avoir été forcée d'abandonner la garde de quelques autres, n'en aurait que plus de troupes disponibles, et par conséquent plus de facilité à prendre l'offensive.

Nous reconnaîtrons, dans les chapitres suivans, que divers perfectionnemens rendront l'usage des fusées extraordinairement redoutable, et qu'on est à même de diminuer les frais de fabrication, en remplaçant le travail des mains par celui des machines. Cependant comme les nouveaux projectiles seront confectionnés avec plus de soin et employés en plus grande quantité, les dépenses définitives seront probablement augmentées. Mais cette circonstance doit être un motif de plus de les adopter pour les nations industrieuses, qui sont ou qui doivent devenir les plus riches du monde; elles acquerront de la sorte des armes que ne sauraient s'approprier les gouvernemens et les peuples dominés par un aveugle esprit de conquête, et privés des ressources progressives d'une haute indus

trie.

DE MONTGÉRY.

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