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cette histoire semble promettre sur les institutions militaires et les guerres des Français, ils sont encore présentés plus en raccourci que dans les auteurs originaux d'où on les a tirés. Les retranchemens ayant été faits par des écrivains totalement étrangers à la science militaire, l'ont été sans discernement sous ce rapport. Cette histoire ne dispense donc pas le militaire qui veut s'instruire, de recourir aux sources originales. Pour se convaincre de la vérité de ce que nous avançons, il suffit de comparer la bataille de Bouvines, insérée dans le premier numéro de ce Journal, avec celle qu'on trouve dans Velly .

VILLEHARDOIN. -Histoire de la conquête de Constantinople par les Français et les Vénitiens (en 1204). L'auteur était témoin oculaire.

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XENOPHON. Outre la Cyropédie dont nous avons déjà parlé à l'art. des auteurs didactiques, Xénophon a publié l'histoire de Thucydide, et y a ajouté sept livres ; il a également écrit la relation de la Retraite des dix mille, dont il était un des chefs. Ce dérnier ouvrage surtout est aussi recommandable par les détails intéressans et les préceptes qu'il renferme, que par le talent qu'a déployé l'auteur dans cette fameuse expédition, on dit que c'est en l'étudiant, que le vainqueur de Mithridate, Lucullus, avait appris la science de la guerre. La grâce, la douceur, la pureté du style de Xénophon, l'ont fait surnommer l'abeille attique.

G. V.

FORCE MILITAIRE

DE LA GRANDE BRETAGNE,

PAR LE BARON CHARLES DUPIN.

DEUXIÈME ÉDITION.

LORSQUE la paix, ramenant le calme dans l'Europe si longtemps agitée, cut fait disparaître les barrières qui nous séparaient de nos voisins et de nos rivaux; lorsque l'inaction qui suivit tout à coup un mouvement extraordinaire, eut fait succéder la faculté de réfléchir à la nécessité d'agir, le premier mouvement de l'homme pensant dut être de porter un œil observateur sur les événemens qui venaient d'achever leur cours, et d'en rechercher les causes. Parmi les différens moyens de parvenir à un résultat satisfaisant, le meilleur sans doute était celui de connaître bien nos rivaux. Tour à tour les différens acteurs du grand drame politique qui avait ensanglanté l'Europe pendant plus de vingt ans, avaient obtenu des succès ou éprouvé des revers; et, malgré le dénouement extraordinaire qui termina cette grande lutte, aucun des vainqueurs ne pouvait se flatter d'une supériorité incontestable. Le perfectionnement de la science militaire, qui s'était développé pendant la lutte même, n'avait pas suivi une marche uniforme et commune, au moins sous le rapport de l'organisation des élémens de la guerre. Chaque nation s'y était appliquée isolément, et à mesure que des besoins pressans ou des revers la forçaient à y porter remède par des amé

liorations. Il en est résulté qu'à la fin de cette guerre, chacune des armées belligérantes a du montrer quelques perfectionnemens que n'avaient pas ses voisins, ou a pu se trouver en arrière d'eux de quelque côté. Adopter les améliorations et corriger les défauts, est le moyen le plus efficace, le seul même qui puisse, sinon nous assurer la supériorité, au moins établir l'équilibre entre les moyens d'attaque de nos ennemis futurs et ceux de notre propre défense. Il ne peut donc point y avoir de travail plus utile et plus intéressant, que celui qui tendra à nous faire connaître l'organisation et les établissemens militaires de nos voisins.

Tel a été l'objet des voyages de M. le baron Dupiu en Angleterre, et tel est le but de l'ouvrage dont la seconde édition vient de paraître. Ajoutant à l'intérêt qu'offre déjà son objet par lui-même, celui que doit faire naître le tableau de l'état d'un

dont les institutions militaires sont d'un côté dans l'enfance, tandis que de l'autre elles offrent des perfectionnemens importans, cet ouvrage n'a pu manquer de mériter l'accueil qu'il a reçu du public éclairé. Dans l'analyse que nous allons en donner, nous tâcherons de le faire connaître et de le faire apprécier par ceux de nos lecteurs qui déjà ne l'auraient pas lu; mais nous devons les prévenir que nous serons obligés de nous borner à une esquisse, peut-être même assez rapide, des objets nombreux et intéressans qu'il traite. Il est dans l'ouvrage de M. Dupin des parties qui ne sont presque pas susceptibles d'être présentées en extrait. Nous nous réservons d'y revenir dans quelqu'un des numéros suivans, d'une manière plus satisfaisante pour le lecteur. M. Dupin a divisé son ouvrage en deux parties principales. La première, sous le titre de Constitution de l'armée, comprend tout ce qui est relatif aux rapports du pouvoir exécutif et législatif avec l'armée, à la direction et au commandement des forces, à la division et l'organisation des troupes, à l'administration, à l'artillerie et au génie, à la levée et la réduction de l'armée, aux récompenses et aux retraites; un chapitre particulier traite de l'armée anglaise dans les Indes orientales.

La seconde partie, sous le titre d'Études et travaux, traite de la discipline morale et repressive des écoles théoriques et pra

Tum. I.

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la fortune sourit quelque part; il espérait aussi pouvoir enlever Cérialis, assez imprudent, et obligé de courir en plusieurs lieux, par la multiplicité des avis. Ceux qui se présentèrent devant la 10o légion, jugeant l'attaque d'un camp trop hasardeuse, se contentèrent d'attaquer les soldats répandus dans la campagne et les ouvriers employés à couper du bois de travail. Le préfet du camp, cinq des principaux centurions et quelques soldats furent tués, le reste se défendit derrière les retranchemens. Pendant ce temps les Germains s'efforçaient de couper le pont commencé à Batavodurum. La nuit mit fin au combat.

Les Romains souffrirent davantage à Vada et à Grinnes. Le premier endroit était attaqué par Civilis, et le second par Classicus. A peine les Romains purent - ils contenir l'attaque, et ils perdirent leurs plus braves guerriers, entre autres Briganticus, préfet de cavalerie, fidèle aux Romains, et, comme nous l'avons dit, ennemi de son oncle Civilis. Mais Cérialis étant arrivé avec un corps de cavalerie d'élite, la fortune changea, et les Germains furent culbutés dans le fleuve. Civilis, en voulant arrêter les fuyards, fut reconnu, et, comme tous les traits se dirigeaient sur lui, il abandonna son cheval, et se jeta à la nage. Les Germains se sauvèrent de même; Tutor et Classicus passèrent dans des barques. La flotte romaine ne se trouva pas au combat, comme il lui avait été ordonné: elle en fut empêchée par la crainte, et parce que les rameurs étaient absens et employés à d'autres services militaires. Il est vrai que Cérialis accordait peu de temps pour exécuter ses ordres: il était rapide dans ses dispositions, et brillant dans l'exécution. Il était heureux même là où le talent était en défaut; de là venait le relâchement de la discipline tant de son côté que dans l'armée. Peu de jours après, quoiqu'il échappât à la captivité, il n'échappa pas à un affront.

Il était allé à Novesium et à Bonne visiter les camps d'hiver qu'on construisait pour les légions, et revenait par eau, l'escorte dispersée, et les sentinelles peu attentives. Les Germains avertis lui tendirent des embûches. Ils choisirent une nuit obscure, et s'abandonnant au courant, ils pénétrèrent dans le camp sans

il n'a la libre disposition de l'armée, que par le concours direct ou indirect des trois pouvoirs.

Tous les ordres qui émanent du pouvoir suprême du Roi, sont discutés dans le conseil des ministres responsables, et descendent par ce canal aux directeurs de la force publique. Le secrétaire d'état de la guerre et des colonies, membre né du cabinet, nom qu'on donne à ce conseil, est chargé de la direction générale de l'armée, tant au personnel qu'au matériel, en paix et en guerre. Le secrétaire d'état pour l'intérieur, également membre du cabinet, a la même direction générale pour les milices sédentaires. Le maltre général de l'ordonnance, aussi membre du cabinet, dirige le personnel et le matériel de l'artillerie et du génie. Les autres agens en chef de la force armée ne sont point membres du cabinet. Ce sont le commandeur en chef des forces pour l'empire britannique, qui est chargé, pour l'intérieur de la GrandeBretagne, de l'organisation, de l'instruction et de la discipline de l'armée; les commandeurs des forces, dans les différentes provinces extérieures de la Grande-Bretagne, qui dépendent du secrétaire d'état de la guerre et des colonies, pour tous les objets d'administration, et du commandeur en chef pour la discipline et l'organisation; le secrétaire pour la guerre, dont les fonctions seront suffisamment indiquées en l'appelant secrétaire de l'administration de la guerre.

Aucune force militaire ne peut être levée ni maintenue sur pied, si ce n'est avec le consentement des trois pouvoirs réunis en parlement. A chaque session un acte spécial établit d'abord la force qui doit composer l'armée pendant cette session, et détermine la nature et l'étendue des délits et des peines; elle donne au Roi le pouvoir de convoquer les cours martiales, considérées comme tribunaux d'exception; règle les formes administratives, le logement des gens de guerre et les prestations, et renouvelle chaque fois la défense aux dépositaires de la force armée de violer l'asile du citoyen, sans l'autorisation des magistrats civils. Cet acte, qui porte le nom de loi martiale (mutiny act), né de la révolution de 1688, rappelle chaque fois dans son préambule l'article 5 du. Bill des droits, ainsi conçu : « Lever

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