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premier colonel de l'arme, et son traitement extraordinaire lui est payé à l'article fourrages des chevaux de l'ordonnance. Il monte cependant à près de 120,000 fr. Les bureaux de cet inspecteur sont dirigés, pour la partie du génie, par un député, un major de brigade et un adjudant; et par un ingénieur géographe et deux commis.

Le corps des ingénieurs se compose, outre l'ingénieur en chef, de 4 colonels-commandans, 9 colonels, 22 lieutenanscolonels, 36 capitaines en premier, 33 capitaines en deuxième, 65 premiers lieutenans, et 33 seconds lieutenans.

Lorsque les officiers du génie sont employés aux travaux de l'intérieur, ils ont une haute paie de moitié de leur traitement ordinaire. En campagne, ou dans les stations extérieures, la haute paie est égale au traitement. Dans les places, ils partagent avec les gouverneurs les émolumens du fermage des terres dépendantes des fortifications, à l'exception des glacis.

La construction et l'entretien des casernes et des autres bâtimens de l'ordonnance appartiennent aux ingénieurs.

Le duc de Richemond, maître-général de l'ordonnance, fut celui qui organisa, vers 1780, les troupes du génie. Elles forment un bataillon de 744 hommes, sous le nom de sapeurs et mineurs royaux. Leur école pratique est à Chatham, mais avant de les y envoyer, on forme d'abord les recrues aux exercices de l'infanterie à Woolwich.

Le livre VI traite du système de recrutement de l'armée perma

nente.

D'après le système d'organisation de l'armée anglaise, elle reçoit ses augmentations par la levée d'un nombre de bataillons supplémentaires pour chaque régiment. Ce nombre n'étant pas limité par une constitution militaire fixe, permet ainsi de quadrupler ou de quintupler même la force de l'armée sur le pied de paix. C'est ce que l'Angleterre a fait à diverses époques. Le système de bataillons supplémentaires, dont on se débarrasse par une réforme, est un système financier très-avantageux. Sous le rapport militaire, il ne paraîtra, à aucun officier intelligent, être très-propre à former un bonne armée, surtout si un cas imprévu

prussienne, embarrassée dans les broussailles et les fossés dont le terrain est coupé, n'avait pu trouver l'occasion de charger avant d'avoir dépassé Gohlau. Sur les hauteurs, en arrière de ce village, elle donna sur l'infanterie bavaroise et de Wurtemberg qui se retiraient, l'enfonça et lui fit 2000 prisonniers.

Cependant les officiers que le roi de Prusse avait envoyés sur la gauche, revinrent le prévenir que le maréchal Daun faisait marcher sa droite, qui débouchait entre Frobelschutz et Heyde. En effet, les généraux ennemis, dès qu'ils virent la déroute de leur aile gauche, songèrent à prendre une seconde position. Leur infanterie, qui n'avait pas encore combattu, couronna les hauteurs de Leuthen (M), en formant un crochet, dont l'angle saillant appuyait au village. Le village de Leuthen fut fortement occupé, tant par des troupes de leur aile droite que par des fuyards de la gauche qui se jetèrent dans le cimetière et les maisons voisines. Les hauteurs en arrière furent garnies de toute l'artillerie qu'on put réunir. L'armée prussienne qui s'avançait de son côté fut bientôt en présence (LL), et le roi fit aussitôt ses dispositions pour l'attaque du point d'où dépendait la victoire. Trois bataillons, dont deux de la garde, furent dirigés contre le village de Leuthen, tandis que le roi fit charger l'ennemi sur les deux ailes par sa cavalerie. Le combat fut sanglant et opiniâtre à Leuthen; il fallut faire avancer un bataillon après l'autre pour soutenir l'attaque, et peu-à-peu l'aile gauche que le roi avait jusqu'alors refusée, fut obligée de prendre part à l'action. Enfin, après une demi-heure de défense, les Autrichiens en furent chassés par le capitaine des gardes de Moellendorf, (qui s'éleva depuis au grade de maréchal,) qui parvint à y pénétrer et s'y soutint, sous la protection des batteries du centre de l'armée prussienne. La victoire n'était cependant pas encore complète; la ligne d'infanterie autrichienne placée en arrière de Leuthen, malgré l'ébranlement qui s'y faisait remarquer, se défendait encore à l'abri de quelques ravins, derrière lesquels s'étaient portés les grenadiers et quelques autres corps.

A l'aile droite, le général Ziethen, à la tête de la cavale

au commerce et à l'industrie. La première mesure qu'il prit fut de diviser les trois royaumes en vingt-sept districts de recrutement, en assignant à chacun d'eux un inspecteur. Chaque corps envoie ses recruteurs au district qui lui est affecté ; la levée volontaire se fait parmi les citoyens, et les précautions et visites qui accompagnent le recrutement, sont à-peu-près les mêmes que pour la conscription en France. Le but en est le même: celui de ne recevoir que des hommes en état de servir.

La difficulté de tenir l'armée au complet se faisant de plus en plus sentir, on adopta le moyen de commuer la peine de mort en enrôlement à vie, on autorisa les chefs de corps à recruter jusqu'à cent jeunes gens, au-dessous de seize ans, par bataillons; et comme la loi ne permet pas à cet âge de contracter un engagement sans l'aveu des parens, on prit la mesure immorale de fixer une prime, pour les parens qui vendraient leurs enfans.

Enfin, on ne trouva plus de moyen que celui d'autoriser le recrutement dans les milices. Ce moyen finit par réussir, parce que les miliciens étaient déjà ployés aux habitudes et à la discipline militaire.

La durée de l'enrôlement est fixée à sept ans, mais comme il est volontaire, il peut, du consentement de l'individu qu'on recrute, être à vie.

Chaque année, l'adjudant-général des forces britanniques présente au parlement l'état des pertes numériques de l'armée, en distinguant les troupes nationales, des coloniales et des étrangères. L'auteur présente ici une suite de documens, desquels il résulterait que, pendant la guerre dernière, les pertes de l'armée anglaise ne se sont élevées, en terme moyen, qu'à 5930 morts, 2118 congédiés et 2965 déserteurs; c'est-à-dire, 11,013 hommes sur cent mille. Il résulterait des même documens, que le recrutement d'une armée de ligne que nous avons vu avoir été portée de 150 à 300 mille hommes, ne s'est élevé en terme moyen qu'à 23 mille hommes par an. Les documens qu'a vus M. Dupin, étaient sans contredit officiels, puisqu'ils ont été présentés au parlement. Mais quoiqu'il n'ait pas jugé à

propos de les faire suivre d'un examen critique, nous ne croyons pas devoir nous dispenser d'observer que le désordre et l'infidélité, qu'il a si bien relevés dans les comptes des dépenses d'argent, paraissent s'être étendus jusqu'à ceux des dépenses d'hommes. Dans la colonne des morts, que présente l'état de pertes de 1803 à 1814, il y a des années où la diminution est évidente.

Chaque année, à la fin de la campagne, il est dressé un état général des pertes du matériel de l'armée, en armes, habillemens et autres effets de la propriété publique. Le montant de cet état entre dans les comptes de l'armée.

Le quartier-maître-général dresse également un état des pertes de bagages personnels des officiers et soldats. Cet état est remis à une commission d'officiers-généraux, qui décide sans appel sur le mérite ou sur le rejet des réclamations.

Les prises faites sur l'ennemi sont partagées entre les capteurs d'après une échelle de proportion par grade, à-peu-près pareille à celle qui était en usage chez nous pour les corps-francs. A propos de ces prises, l'auteur cite un trait piquant de l'exactitude avec laquelle l'armée anglaise estime toutes les prises qu'elle croit avoir faites. En 1814, le duc de Wellington présenta au ministère un état des prises faites en Espagne et en France, montant à plus de 900 mille livres sterling (1), dans lequel les bâtimens publics de Bordeaux, et les vaisseaux de guerre et de commerce qui étaient dans le port, figurent pour plus d'un tiers.

Depuis la paix, l'Angleterre a successivement réduit son armée. En 1817, la milice régulière et les corps étrangers étaient licenciés. La réduction de l'armée suivit progressivement jusqu'en 1820, où le pied de paix fut établi à la force suivante.

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victoire de Prague, et dont le milieu avait été marqué par des revers qui le mirent à deux doigts de sa perte.

Tous les commentaires qui ont été faits sur cette bataille, l'ont, ainsi que nous l'avons déjà dit plus haut, présentée comme un modèle de l'ordre oblique, dont l'excellence est, selon eux, incontestable. Nous ne nous contenterons pas de leur citer les ordres obliques de Kolin, de Rosbach, de Kunersdorf, etc., et leurs funestes résultats; nous entrerons, pour l'intelligence du lecteur, dans quelques détails théoriques, nécessaires pour le développement de l'opinion qu'on peut se former sur cette question.

On entend généralement par ordre oblique, la disposition par laquelle une armée transporte son attaque sur une de ses ailes, en refusant l'autre. C'est la définition qu'en donne Guibert, et celle qui peut à peu près réunir tout ce qu'on lit sur ce sujet dans les autres ouvrages militaires. Mais cette définition manque elle-même de justesse, parce qu'elle ne satisfait pas entièrement à l'idée que présente le mot oblique. Le sens le plus naturel qu'on peut attacher à cette expression, est que l'armée qui combat en ordre oblique, au lieu d'être rangée parallèlement au front de l'ennemi, l'est sur une ligne qui forme avec ce front, un angle plus ou moins aigu. Mais il suffit d'un peu de réflexion pour voir qu'un ordre de bataille pareil n'est qu'illusoire et ne peut pas durer. Si les avantages du terrain sont égaux de part et d'autre, l'ennemi parcourra plus que probablement lui-même l'espace, que vous ne voulez pas faire parcourir à l'aile que vous refusez, et se remettra en ordre parallèle. Il le fera d'autant plutôt, qu'il est directement de son intérêt de maintenir, tant qu'il le pourra, l'équilibre entre votre attaque et sa défense. Supposons même que l'aile que vous refusez soit couverte par un obstacle insurmontable, ou qui présente des difficultés égales de part et d'autre, alors, par la même raison que vous portez l'autre aile en avant, l'ennemi se servira de celle qui lui est opposée, et la bataille redeviendra parallèle sur ce point.

Si les avantages du terrain sont inégaux, il se présente une

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