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pour qu'un colonel puisse lui donner en garnison tous les soins qu'exigent l'instruction, l'administration et la discipline. Pour les mêmes motifs que j'ai développés en parlant de l'infanterie, il faudrait adjoindre au colonel de chaque régiment un lieutenant-colonel, pour commander deux escadrons lorsqu'ils se trouveraient détachés.

Chaque régiment de cavalerie doit avoir, comme l'infanterie, un dépôt qu'on peut organiser en cinquième escadron, et qui doit être commandé par le major.

Les brigades devraient également être composées de deux régimens et les divisions de deux brigades, les unes et les autres commandées par des officiers-généraux. On peut, et on doit à plus forte raison encore que pour l'infanterie, appliquer à la cavalerie ce que j'ai dit sur l'organisation permanente des divi→ sions et des brigades.

ARTILLERIE.

L'artillerie est une arme mixte, composée d'infanterie, det cavalerie et de matériel; nous ne la comprendrons ici que sous les deux premiers rapports.

Son organisation intérieure repose sur une autre base que celle de l'infanterie et de la cavalerie de ligne. Elle doit être en harmonie avec le service que l'artillerie doit faire, et ce service est celui des bouches à feu. Nous allons voir quels sont les besoins de ce service et en déduire la forme d'organisation qui leur est appropriée.

On a beaucoup varié sur la force des batteries qui doivent être employées en ligne; tantôt on les a portées à 6 pièces, tantôt à 8 et même quelquefois à 12; mais ces dernières trop fortes ont été abandonnées. Les plus usitées sont celles de 6 et de 8 pièces. Au lieu de choisir entre elles, je pense qu'il faut employer les unes et les autres : c'est-à-dire celles de 8 pièces avec l'infanterie et celles de 6 avec la cavalerie dont les divisions sont moins fortes. Les premières seraient servies par l'artillerie à pied, et les autres par l'artillerie à cheval. Le meilleur mode d'organisation qu'on puisse adopter, afin que chaque

batterie, ayant son chef, puisse agir séparément, est de lui affecter une compagnie. Cela posé, il nous sera facile de déterminer la force de ces compagnies.

On compte ordinairement pour chaque bouche à feu en batterie, 12 hommes, savoir, un chef de pièce, qui est un sousofficier, un chef de caissons qui est caporal ou brigadier, 8 canonniers servans, et 2 remplaçans aux caissons. Ainsi une compagnie d'artillerie à pied, ayant 8 bouches à feu à scrvir, sera forte de 96 hommes, dont 8 sergens et 8 caporaux. Quant au nombre d'officiers, voici le calcul qu'on peut établir. Outre le capitaine en premier qui commande le tout, il faut encore en ligne, trois officiers subalternes, afin que chaque section détachée puisse avoir un commandant. Le capitaine en second étant détaché au matériel, comme nous le verrons plus bas, ces trois officiers subalternes seront des lieutenans de première et de seconde classe. Le matériel du parc serait administré par le sous-officier major, chargé aussi de l'administration de la compagnie.

Pour donner une base à la formation des bataillons, on peut les concevoir destinés à servir dix batteries, ce qui est le con-tingent en ligne d'une armée de 50000 hommes. Ce seraient donc dix compagnies, auxquelles il en faudrait ajouter une d'artificiers et une de mineurs, ou une de pontoniers, alternative

ment.

Un régiment de deux bataillons, faisant 24 compagnies ou 2400 hommes, suffirait alors pour le service d'une armée de 40,000 hommes, tant en ligne, qu'à la réserve, et dans les parcs de campagne et de siège.

L'organisation de l'artillerie à cheval repose sur des bases. différentes de celles de l'artillerie à pied. L'une et l'autre en campagne ont besoin de chevaux pour le transport de leurs pièces et des voitures de parc. L'artillerie à pied n'ayant que des mouvemens assez lents et peu compliqués à faire, les hommes qui guident les chevaux du train n'ont pas besoin d'une instruction préliminaire bien longue et peuvent à la rigueur être démontés ou licenciés, en tout ou en partie, en temps de paix. Il

d'opposer une barrière aux invasions de la faveur, par un réglement qui déterminait le nombre d'années de service et de grade nécessaire pour obtenir de l'avancement, mais ce régle ment a été modifié depuis, et il suffit aujourd'hui de deux ans d'officier, pour être capitaine, et de six ans, pour être major.

Un autre vice du mode d'avancement est dans la vénalité des emplois, vénalité que le gouvernement a sanctionnée par le réglement même qu'il a fait pour en empêcher les abus. Il est vrai que cette vénalité ne tourne pas à son profit, puisqu'il ne vend pas les places vacantes, par mort ou par destitution. Mais elle n'en existe pas moins, et elle s'exerce avec toute l'avidité et les fraudes, dont est susceptible l'esprit de spéculations mercantiles qui domine en Angleterre. Il en résulte qu'un sousofficier ne peut acheter une épaulette, qu'avec les économies provenantes de ses concussions sur le soldat, et qu'en tens de paix, les talens et la bonne conduite seuls, ne pourront jamais pousser un lieutenant, au grade de capitaine.

Le livre III, traite de l'organisation des troupes. Le rang que prennent entre elles les différentes armes, a conservé, par une prérogative d'origine féodale, la présance à la cavalerie. Les régimens sont distingués par leur numéro d'ordre; cependant, quelques-uns portent encore des noms de villes ou de provinces.

La garde royale anglaise, se compose de quatre corps, savoir: les gardes de la vie ( life guards), les chevau-gardes (horse-guards), les grenadiers, et les fusiliers. Ces quaire corps forment trois régimens de cavalerie, et trois d'infanterie. L'origine de cette garde, sous le rapport de l'organisation, des priviléges, et de la solde, remonte à la restauration de Charles II, qui se hâta de licentier l'armée, ne conservant que les troupes qui avaient. concouru à son rappel, et qui formèrent sa garde. A la tête de ce corps, il plaça un régiment de gardes du corps, tout entier composé de jeunes nobles. Quoique cette organisation eut été un des principaux griefs, qui amenèrent la révolution de 1688, comme la garde l'abandonna, aussi bien que le restant de la nation, elle fut conservée par le roi Guillaume, sans aucun changement. En 1788, les dépenses que causait un

organisés au-dessus des régimens; encore ceux-ci n'existent-ils réunis qu'en temps de paix. Ainsi le nombre des officiers-généraux qui y appartiennent dépend absolument des besoins de l'état, pour le commandement des écoles et l'inspection des places fortes et des établissemens relatifs au matériel et aux armes.

J'ai considéré plus haut le train d'artillerie à cheval comme permanent, et j'ai proposé de l'organiser militairement. Quoique celui de l'artillerie à pied n'aie pas besoin d'une organisation aussi permanente, je n'en suis pas moins persuadé qu'il lui faut aussi une organisation militaire et qu'il ne doit pas subir un licenciement absolu. Le soldat du train immobile sur son cheval, pendant l'action, tournant le dos à l'ennemi par sa position en bataille, entend le sifflement des boulets et reçoit la mort par derrière, sans pouvoir faire un mouvement qui l'étourdisse sur son danger. Quelle compensation peut-on lui donner pourun service qui exige un courage aussi dévoué? La seule qui puisse le soutenir est de lui ouvrir la carrière d'un autre genre de service et l'espérance d'un avancement honorable. Pour y parvenir, on pourrait, pour ainsi dire, identifier le train à l'artillerie, en considérant les soldats, comme la pépinière des canonniers, et choisissant en effet parmi eux les plus courageux et les plus habiles pour les faire passer dans l'artillerie; en les faisant coopérer à tous les travaux et les exercices de leur arme; en leur donnant des sous officiers tirés de l'artillerie. Les bataillons du train calculés d'après les besoins de l'armée en campagne, pourraient rester organisés en hommes et être affectés aux mêmes garnisons qui servent d'écoles à l'artillerie. Une compagnie de 100 soldats du train suffit pour deux batteries. D'après le calcul j'ai fait ci-dessus, il faudrait donc un bataillon de dix compagnies du train par régiment d'artillerie à pied. Ainsi on réunirait dans chaque école un régiment à pied, un à cheval et un bataillon du train. Les officiers de ce dernier au nombre de trois par compagnie, un chef de bataillon et un adjudant-major, pourraient être pris dans les grades immédiatement inférieurs de l'artillerie à pied. Quant aux chevaux, il suffirait d'en conserver en temps de paix un cinquième par compagnie, pour l'instruction et pour

que

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le service. De cette manière, on serait assuré d'avoir en entrant en campagne un train assez instruit pour n'avoir pas besoin de le préparer d'avance, et l'on serait au moins juste envers des hommes, qui exposent leur vie autant que les autres et d'une manière peut-être plus douloureuse.

J'ai eu le bonheur d'obtenir l'exécution, au moins en partie de mon projet, pour le régiment d'artillerie à cheval, que j'ai commandé autrefois en Italie Les bons effets qui en ont resulté, m'avaient fait concevoir l'espérance de le faire adopter en entier.

Jusqu'ici je n'ai considéré l'artillerie que comme troupe combattant en ligne. Il me reste à examiner ses relations avec le matériel qu'elle construit et dirige. L'artillerie, comme on le sait, a dans l'intérieur et en temps de paix, comme en temps de guerre, la surveillance et la direction des manufactures d'armes à feu et d'armes blanches, des fonderies des bouches à feu et de leurs projectiles; des arsenaux où se construisent les voitures et machines à son usage; des poudrières; de l'armement des places fortes et de son entretien. En temps de guerre, elle a nonseulement le commandement et la direction des batteries de bouches à feu employées en ligne et en réserve, mais encore du matériel en voitures, machines, armes ef munitions de guerre existant dans les parcs; elle a aussi la direction de l'armement ́en bouches à feu des fortifications de campagne, et une partie bien intéressante de la conduite des sièges.

On concevra donc facilement qu'il lui faut pour toutes ces branches différentes de son service des officiers particuliers et qui ne soient chargés d'aucune troupe, parce que ce dernier soin absorbe à lui seul tout leur temps. En temps de paix, il faut des directeurs pour chaque établissement dépendant de l'artillerie, et des commandans pour l'artillerie des places fortes. Aux uns et aux autres il faut un certain nombre d'officiers subalternes pour le détail de leurs fonctions. En temps de guerre il faut des commandans d'artillerie à chaque corps d'armée et à chaque division; des directeurs généraux, des directeurs aux parcs de campagne et de siège et à l'équipage des ponts; et des

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