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tement informé, pour s'apercevoir du moindre désordre d'administration qui pourrait avoir lieu. Dans ce cas, il pourrait y remédier par un moyen extraordinaire, comme serait celui de déléguer un officier-général d'un rang supérieur sur les lieux. Celui-ci, ayant réuni toutes les informations nécessaires, en rendrait compte au gouvernement, qui déciderait en dernier

ressort.

Il me semble que ce mode d'administration serait assez simple et assez sûr, pour qu'il n'y ait pas de (nécessité de faire usage d'autres moyens.

SECTION V.

SOLDE ET RÉCOMPENSES MILITAIRES

RETRAITES ET PENSIONS.

SOLDE.

Quoique ces différens objets ne paraissent peut-être pas au premier coup-d'œil avoir une liaison directe, ils ont cependant assez de relation ensemble, ainsi qu'on le verra dans la suite de ce chapitre, pour qu'on ne puisse pas les séparer l'un de l'autre, Tous, excepté une seule classe de récompenses militaires, sont absolument pécuniaires, et appartiennent par conséquent à cette partie de l'existence militaire, à laquelle on donne le nom de solde. C'est par elle que je vais commencer l'examen des articles qui composent cette section.

La solde, considérée sous le point de vue le plus général, comprend tout ce qui est relatif à la nourriture, l'entretien, l'habillément, en un mot, à l'existence physique de l'homme de guerre. Cette existence physique, ainsi que nous l'avons vu plus haut, se compose de cinq parties principales, le logement, la nourriture, l'habillement, l'armement et le traitement des maladies. Cette dernière partie, étant accidentelle, ne peut pas constituer une partie fixe de la solde; il en est de même de l'ar mement et du logement. Reste donc la nourriture et l'habillement, qui, à mon avis doivent toujours être fournis aux corps par leur représentation, en dernier. Ces deux parties se divisent elles-mêmes en plusieurs rameaux, qui, d'après leur combinaison, réunissent encore une partie du vêtement à la même

administration que la nourriture. C'est ce que nous allons voir. La nourriture, ou pour mieux dire, l'entretien des corps, comprend la nourriture alimentaire commune et les petits besoins particuliers de chaque individu. Le vêtement comprend l'habillement extérieur, particulier à la troupe dans laquelle sert chaque individu; la chaussure et l'habillement intérieur, qui se compose des chemises, bas, mouchoirs, etc. Il est une partie de ces objets qui, ne servant qu'à des usages fixes, et ne se portant que pendant un temps connu, peuvent avoir une durée déterminée à l'avance. D'autres ne sont point dans ce cas, et doivent par conséquent être soumis à une administration particulière. Sans entrer dans le détail de la forme, de la qualité et de l'espèce des pièces d'habillement qui conviennent au soldat dans ses différentes fonctions, je vais seulement m'occuper de la division dont je viens de parler.

Il est évident que toutes les parties de l'habillement, dont la durée peut-être. fixée, se donnant à l'époque de l'admission, et ne se renouvelant qu'après un laps de temps déterminé, si elles font partie de la solde payée par le gouvernement à l'administration du corps, ne peuvent en aucun cas faire partie de celle payée au soldat. Quant à la partie dont la durée n'est pas susceptible d'être déterminée, on pourrait, à la rigueur, la faire gérer par la même administration qui régit la première. Mais je crois que, pour bien des considérations, il vaut mieux que la gestion des deux parties reste séparée. Dans celle qui est relative à la première partie, c'est à dire aux effets d'habillement qui ont une durée fixe, il faudrait encore suivre une com-binaison telle que les économies pussent retomber au profit du soldat, et, en établissant une différence entre l'homme négli→ gent et l'homme rangé, en faire un nouveau motif d'émulation. Il faut d'abord poser en principe qu'on ne doit sous aucun prétexte souffrir dans les corps des dépenses d'habillement ou d'ornement, qui ne soient pas comprises dans les ordonnances. L'habillement et les marques distinctives des tambours, trompettes, musiciens, sapeurs, etc., doivent être réglés d'une manière invariable et fournis par l'état. Il n'y a rien de plus ridi

cule que ces colifichets de luxe, où un régiment renchérit sur l'autre pour ne produire que des figurans de théâtre, qui certes ne sont pas l'enseigne à laquelle on peut reconnaître la discipline, l'instruction et l'administration d'un régiment; il n'ya rien encore de plus injuste que des dépenses qu'on ne peut faire qu'en ruinant l'officier par des journées de retenue, ou frustrant le soldat d'une partie de ce qui lui est destiné. Il est de la sagesse de tout gouvernement d'opposer la plus grande sévérité à cet abus, et d'empêcher que les fonds destinés à l'entretien du soldat soient dépensés à d'autres objets, que ceux qu'il a spécialement désignés.

Voici, je crois, le moyen de parvenir à l'économie dont j'ai parlé. Les sommes destinées par l'état à l'habillement du soldat doivent être calculées de manière à comprendre, non seulement la valeur des effets confectionnés, mais encore un excédent correspondant à l'entretien nécessaire, pour que les effets atteignent la durée qui leur a été fixée. On peut encore augmenter cct excédent en mettant de l'intelligence et de l'attention dans le choix des matières, en calculant exactement, surveillant sévèrement la coupe; enfin, en y ajoutant encore, comme matériaux d'entretien, les parties en état de servir des habillemens qui ont fini leur temps. Les deux premiers résultats d'économie avec l'excédant dont j'ai parlé plus haut, étant nécessairement représentés par du numéraire, resteraient en caisse sous le nom de masse d'entretien. En payant indifféremment les réparations avec les fonds de cette masse, et ne tenant aucun compte au soldat des économies qu'on y fait, ainsi qu'il est d'usage, on diminue l'intérêt qu'il peut avoir à la conservation de son habillement. Il faudrait donc réduire cette masse d'entretien à une série de masses individuelles, en y attribuant à chaque soldat une part, qu'on peut même calculer par journées. Ea effet, les sommes payées par l'état pour l'habillement, ne peuvent l'être que sous la forme d'une quotité quelconque, par journée de présence. Le prix que coûte réellement l'habillement confectionné au corps peut être calculé sous la même forme. La différence entre ces deux sommes journalières établit

par elle-même la masse d'entretien journalière et individuelle. Cela posé, les réparations d'habillement de chaque soldat lui seraient portées en déduction de sa portion, par l'évaluation de la façon seulement, laissant à son profit les matériaux d'économie qui existeront en magasin. Il est clair alors que celui qui aura le mieux conservé son habillement, aura le moins de dépenses; et qu'aux époques où on lui fera le décompte de la masse d'entretien il trouvera la récompense de son attention et de sa bonne conduite. La possibilité de faire des économies pareilles n'est à mon avis, un des moindres avantages du mode d'administration que j'ai proposé.

pas,

La solde simple, c'est-à-dire celle qui est calculée numériquement au profit du soldat, correspond, ainsi que nous l'avons vu, à trois objets : la nourriture alimentaire, l'achat et l'entretien de la portion du même vêtement, qui, n'ayant pas de durée fixe, ne peut pas être compris dans les livraisons générales; et les besoins personnels de l'homme. Cette distribution seule doit suffire pour établir d'une manière équitable la quotité de la solde. On peut facilement établir la valeur de la consommation journalière des objets de menu vêtement, d'après un calcul mitoyen pris sur le soldat, qui ne les use pour aucun travail étranger au service militaire. Cette valeur est l'élément de formation de la masse individuelle, qu'on peut appeler de linge et chaussure. Elle doit être adininistrée en détail par les capitaines, comme je l'ai déjà dit; mais comme la gestion de celuici doit être contrôlée par le major, il vaut mieux que les fonds en restent déposés dans la caisse du régiment. Il faut cependant que les feuilles de solde, présentées par les capitaines, fassent une mention expresse du nombre des journées de présence, correspondantes à la masse de linge et chaussure, afin de servir de base au livre particulier de comptes, que le trésorier doit tenir pour cet objet; et au registre de comptes individuels, que doit tenir le capitaine. Le dépôt de la masse de linge et chaussure dans la caisse du régiment ne doit dans aucun cas autoriser les chefs à en disposer, excepté seulement lorsque le soldat manque réellement et par sa faute d'un des effets indiqués par

en général peu de chose, et que plusieurs mê me se sont écroulés. Le livre V traite de l'organisation de l'ordonnance, qui comprend l'artillerie et le génie.

L'ordonnance indépendante du ministère de la guerre, est commandée et administrée par un maître général qui est aidé par un conseil composé du lieutenant-général de l'ordonnance; de l'inspecteur-général; du commissaire; du garde-magasin principal et du commis aux délivrances. Le maître général ne laisse à ce conseil que l'administration du matériel et la comptabilité. Cependant tous les actes de l'ordonnance, qui sont de nature à être présentés au parlement, doivent être signés par tous les membres du conseil.

Les bureaux de l'ordonnance, qui à eux seuls emploient 187 commis de différentes classes, coûtent à l'état plus de 1,500,000 francs par an, sans compter une foule de rétributions de bureaux, etc. Cette administration, la plus dispendieuse et la plus dilapidatrice de l'Angleterre, a trouvé le secret dans les quatre premières années de la paix, de coûter six fois plus que dans les quatre dernières de la guerre.

Le budjet de l'ordonnance, par la nature des différens travaux et par l'étendue des dépenses, exigerait l'attention la plus scrupuleuse dans la rédaction, et une classification méthodique de toutes les branches du service. En 1783, le duc de Richemond, qui en était maître-général, s'appliqua à ce travail avec le zèle d'un bon citoyen et y réussit. Aucun de ses successeurs n'a suivi son exemple. Un des plus grands abus qu'ils ont introduits dans ce budjet, est celui d'écarter l'appréciation préalable d'une foule de dépenses qui en sont susceptibles, pour les réunir en bloc sous le nom de dépenses imprévues. Il n'y a pas de meilleur moyen pour dérober au parlement la connaissance d'opérations importantes et dispendieuses. Afin d'user de cette faculté dans toute son étendue, l'ordonnance a toujours grand soin de surcharger toutes les demandes qu'elle fait, pour ses divers approvisionnemens.

Par une bizarrerie qui n'a d'exemple qu'en Angleterre, et dont on ne peut assigner ni la cause, ni l'utilité, la corps de

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