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et refusé aux plus vieux, et en général à tous ceux qui sont dans un état d'affaiblissement organique ou accidentel; le soin d'appliquer un traitement préventif aux jeunes chevaux de remonte, pour remédier aux effets des gourmes rentrées; l'attention de proportionner les mouvemens du cheval, de manière à ne pas le fatiguer par des exercices trop violens et ne pas le laisser s'engourdir dans l'oisiveté; en un mot tous les soins qu'indique la médecine vétérinaire peuvent diminuer les pertes et augmenter la durée des chevaux. Dans un régiment bien tenu il doit y avoir des économies assez fortes sur la masse de remonte. Nous étions parvenus dans plusieurs corps de cavalerie à réduire le remplacement effectif à un dixième.

Pour le ferrage dont les dépenses se composent des pertes accidentelles et de la consommation des fers; c'est en diminuant les pertes qu'on peut atteindre à l'économie. Pour cela il faut avoir soin de ne pas négliger chaque matin, en garnison ou en route, la visite des pieds de chevaux, pour faire remettre les clous manquans. Il faudrait aussi accoutumer les cavaliers à remettre eux-mêmes, lorsqu'ils sont isolés, un clou au fer de leur cheval.

La réunion des économies indiquées ci-dessus doit former une masse, d'où l'on peut tirer facilement les dépenses de l'infirmerie. Quant à celles de la paille de litière et des ustensiles nécessaires au logement des chevaux, l'usage est d'en couvrir les dépenses par la vente du fumier. Cela est très-bon dans beaucoup de pays; mais il y en a où cet objet vaut à peine le transport. Alors je crois encore que la masse pourrait suppléer à ce défieit.

Les dépenses de remonte, de litière et d'infirmerie doivent être administrées directement par le major. Celles du ferrage par les capitaines sous l'inspection du major. Comme la bonne conduite et les soins du cavalier entrent pour beaucoup dans la formation de la masse d'économie, je crois qu'il serait juste de disposer en sa faveur d'une partie, de l'excédent de toutes les dépenses. On pourrait lui en faire le décompte à la fin de son

t'emps de service, à moins que sa conduite et sa négligence ne le privent de cette récompense.

RÉCOMPENSES MILITAIRES.

Les récompenses militaires doivent se diviser en deux classes absolument distinctes. Celles accordées aux militaires pendant leur carrière active, et celles qu'on leur doit lorsque l'âge, les blessures ou les infirmités les obligent à quitter le service. Les récompenses accordées à ces deux classes sont de différentes espèces et se composent ordinairement de gratifications pécuniaires, de pensions accidentelles, en augmentation de solde, de décorations militaires, promotions extraordinaires et de pensions ou emplois de retraite. Pour bien déterminer quelle est la meilleure règle de distribution qu'on doit suivre en accordant les diverses récompenses, il est nécessaire de jeter un coup d'œil sur la relation qui existe entr'elles et les différentes manières dont un militaire peut se distinguer, ou mériter que l'Etat s'occupe plus particulièrement de son sort.

Un trait éclatant de bravoure ou d'intrépidité militaire mérite à coup sûr une récompense, mais personne ne prétendra sans doute que cette récompense soit la même que celle qu'on doit accorder à un succès, remporté par la combinaison des talens et du courage. L'homme qui s'élancera le premier dans les rangs ennemis, qui franchira un retranchement, saisira un drapeau, se rendra maître d'une batterie est un modèle de valeur à présenter à ses camarades ; il faut le distinguer pour les engager à l'imiter. Mais combien de fois n'arrivera-t-il pas que ce même homme placé à la tête d'une troupe ne saura pas la retirer d'un danger éminent par une manoeuvre savante, couvrir un convoi ou une marche, diriger une reconnaissance; en un mot, employer les ressources du génie pour remplir avec intelligence les missions qui lui seront confiées. La valeur est certainement une qualité qui doit être inséparable de l'homme de guerre. Mais il faut d'abord observer qu'il y en a deux espèces bien différentes : celle qu'on peut appeler courage physique et le courage moral, La première fait que l'homme se précipite au

Les officiers des corps licenciés, ou réduits conservent la demi-solde, mais ils ne sont plus soumis à la loi martiale; ils rentrent dans la vie civile, et leur demi-solde est considérée comme une pension.

Les veuves des officiers, des chirurgiens et des chapelains, ont droit à une pension, quand même leurs maris auraient été mis à la demi-solde peu après leur mariage. La veuve d'un officier mort sur le champ de bataille, ou dans les six mois qui suivent sa blessure, a droit, en outre, à une année de sa solde; un tiers en sus est payé aux enfans, s'il y en a. D'autres veuves et orphelins, qui ne se trouvent pas dans les cas prévus par la loi, sont secourus sur le fonds d'une liste présentée tous les ans au parlement En 1819, cette liste montait à près de 2,700,000 francs.

Les invalides sont reçus ou dépendent de l'hôpital de Chelsea pour l'Angleterre et l'Ecosse, et de Kilmainham pour l'Irlande. Mais un bien petit nombre réside dans les hôpitaux mêmes, les autres reçoivent leur pension dans leurs foyers. En 1819, sur 25 millions que coûtaient les invalides dépendans de Chelsea, 24 étaient payés aux externes.

Le service de santé, en Angleterre, est dirigé par un conseil supérieur composé du médecin-général, du chirurgien-général et de l'inspecteur général des hôpitaux, ayant chacun exclusivement la nomination de la classe des officiers de santé qui appartiennent à son service. Cette séparation de patronage et d'attributions produit des inconvéniens, dont celui de transposer les responsabilités n'est pas le moindre.

Il n'y a en Angleterre que deux hôpitaux-généraux, dont un à Chatam, et l'autre est l'hôpital d'York à Chelsea. Chacun peut contenir 500 malades. Chaque régiment en Angleterre a un hôpital où non seulement on traile, comme dans nos infirmeries en France, les indispositions légères, mais même les infirmités graves. Cette méthode n'est cependant pas sans inconvéniens, vu le manque des soins nécessaires que doivent éprouver les individus attaqués de maladies compliquées, dans des établissemens aussi bornés. Mais les chirurgiens régimentaires

mins le conduisent sans distinction au même but. Le sommet de la pyramide hiérarchique, le grade de général en chef; ce plus haut point des espérances de l'homme de guerre, doit appartenir exclusivement à la supériorité des qualités intellectuelles. Ce ne doit donc être que par leur perfection qu'on peut s'élever vers ce sommet. Il en résulte qu'une valeur extraordinaire n'est qu'une distinction inter pares; mais que la supériorité d'intelligence en est une qu'on pourrait appeler super pares. Le soldat toujours équitable et incorruptible dans ses jugemens en masse, admirera un chef d'une valeur brillante, mais il conservera sa confiance absolue pour celui qu'il saura être en état de le bien conduire. Napoléon rendit dans la campagne de 1809, un hommage bien éclatant aux principes que je viens de poser. En passant la revue de ses troupes, il se fit indiquer par les corps d'officiers les noms des capitaines dans chaque bataillon et du chef de bataillon dans chaque régiment, qui dans un moment de revers et à défaut du commandant, pourraient rallier leur corps et le ramener à l'ennemi, par un effet de la confiance qu'ils inspiraient par leur courage et leur capacité; tous furent nommés de suite aux grades dont leurs camarades les avaient jugés dignes.

Il ne faut pas moins faire attention au caractère moral de l'individu, auquel les lois militaires accordent une récompense. Une décoration est en général une illustration ostensible de l'individu qui la reçoit, et elle le suit ordinairement dans le sein de la société. Or, une illustration ne peut jamais être le partage de celui dont le caractère moral n'est pas sans taches, aux yeux de cette même société; ce serait dégrader la décoration sans illustrer l'individu. C'est alors le cas d'employer ou les récompenses pécuniaires, ou des signes extérieurs qui, n'apparterant qu'à la seule bravoure, n'emportent aucune signification au-delà de cette qualité.

Mais si les actions brillantes d'un militaire, en temps de guerre, méritent des récompenses immédiates, les qualités qui le distinguent de ses camarades et le rendent utile à l'état, même en temps de paix, ne doivent pas pour cela être oubliées. Le

Les soldats indiens, appelés Cipayes, ne servent que trois ans en temps de paix, mais on peut les retenir sous les drapeaux en temps de guerre. A la fin de leur service, ils sont pensionnés.

La solde des cipayes est de 7 roupies par mois, en garnison, 8 en marche ou en campagne, plus une demi-roupie pour le petit équipement. Les vivres sont à leur charge. Cependant, quand on les embarque, on leur fournit les vivres sans retenue. Ils reçoivent toute leur solde.

Le cipaye est doux, humain, patient et sobre, il est habituellement brave et de sang-froid.

L'armement est modelé sur celui des troupes anglaises, ainsi que l'habillement. La loi martiale anglaise est leur code militaire; mais les cours martiales pour juger les Indiens, sont composées de leurs compatriotes.

Les sujets envoyés d'Europe pour l'armée Hindoo-britannique partent d'Angleterre comme cadets, et reçoivent, en arrivant, un brevet d'officier de la compagnie et un du Roi. Ils prennent rang avec les officiers de l'armée royale, et roulent à l'ancienneté pour le commandement. Après 23 ans de service, dont 3 de congé, ils peuvent se retirer et revenir en Europe avec leur solde entière.

Les sujets destinés pour l'artillerie et le génie sont élevés au collége d'Addiscombe, près de Londres. De là, avant de partir pour l'Inde, ils passent six mois à l'école pratique de Chatham.

Les écoles pratiques d'artillerie des trois présidences sont Dumdum, près Calculta, le mont. S. Thomas, près Madras, et Matoongha, près Bombay. Il vient de s'en former une qua trième à Sainte-Hélène. Dans chaque présidence, l'artillerie est commandée par un officier supérieur, ayant sous ses ordres un adjudant, un quartier-maître, un major de brigade et ́un quartier-maître de brigade.

Telle est l'analyse de la première partie de l'intéressant ouvrage de M. Dupin, aux travaux de qui nous devrons une parfaite connaissance de l'organisation et de la situation militaire de la Grande-Bretagne, autant sous le rapport du personnel

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