répandu sa lumière sur le pôle nord et sur la zône glacée, il la porta par degrés vers le pôle sud, qui à son tour reçut le jour pendant qu'à l'autre extrémité du globe régnait la nuit. On vit s'opérer le partage du jour en douze heures de lumière et douze heures de ténèbres sous la ligne équinoxiale. L'on peut suivre de l'œil, et s'expliquer clairement à soi-même, les progressions de leur accroissement et de leur décroissement pério¬ dique et diurne sur les divers points du globe. Le professeur démontra aussi aux yeux de son auditoire pourquoi, au point juste des pôles l'année se partage exactement en un seul jour et une scule nuit, chacun de stx mois de durée. Le cercle da zodiaque, avec ses douze signes peints en transparent, formait autour de la terre un cercle d'environ vingt pieds de diamètre, et en le parcourant, le globe éprouva sa révolution entière des quatre saisons. Après avoir donné familièrement sur le phénomène de la lune quelques explications très-exactes, le professeur fixa l'attention de l'assemblée sur une scène nouvelle, qui ne fut en rien inférieure à la première. Par le moyen de deux globes transparens, dont l'un représentait la lune et l'autre la terre, faisant leur révolution autour du soleil, le professeur donna une belle représentation des phases et des éclipses de notre satellite. Ensuite, toujours à l'aide des transparens et des ombres, il procura aux assistans une vue des montagnes les plus remarquables de notre globe, soit par leur élévation, soit par leurs éruptions volcaniques; et, comme on put en même temps leur comparer les pyramides, les temples célèbres de l'antiquité, qui étaient établis chacun à sa place, ces grands ouvrages des hommes se montrèrent dans toute leur peti tesse. A la droite et à la gauche', l'on voyait encore, dans des peintures transparentes, les mers, les fleuves et les montagnes qu'on distingue dans la lune avec le télescope. Je parlerai ailleurs de ces merveilleux instrumens, et spécialement de l'un d'eux, nouvellement imaginé, qui grandit les objets jusqu'à cent fois, et avec lequel on peut distinguer les ef fets lunaires dont je parle. La troisième scène, quoique moins grande et moins imposante, fut néanmoins la plus nouvelle et la plus intéressante de toutes. que Le professeur essaya de démontrer d'une manière amusante, même pour les plus jeunes auditeurs, cemerveilleux pouvoir, nommé l'attraction de gravitation, qui existe dans la lune et qui cause le flux et le reflux de l'Océan. La manière dont il chercha à concilier les faits de l'apparence la plus opposée, fut extrêmement ingénieuse, et les hommes les plus habiles s'en montrèrent très satisfaits. Il expliqua pourquoi dans la mer d'Irlande, dans la Méditerranée et dans les Indes-Occidentales, le mouvement des eaux se trouve en opposition avec celui la lune leur donne sur les autres points de l'Océan. On sait que les courans ont une vitesse extraordinaire, qu'on porte jusqu'à dix milles par heure dans le détroit de Pentland, et autour des côtes nord et ouest de l'Ecosse. Ne trouvant qu'un passage difficile dans le canal du nord, et resserré par les Orcades, les flots se précipitent vers la côte occidentale de l'Irlande avec une telle rapidité, que déjà la mer est haute au Cap Cléar avant de l'être à Cork, à Cork avant de l'être à Dublin, à Dublin avant de l'être à l'île de Man, etc., et qu'elle s'élève souvent à Chepsow, dans le canal de Bristol, à l'étonnante hauteur de soixante pieds perpendiculaires. Le professeur expliqua ce phénomène en disant que la mer d'Irlande formant un large et profond bassin, qui présente un grand vide, la mer devait s'y précipiter, en dou blant le cap, jusqu'à ce que le niveau fût établi, ce qui sem blait donner au flux un mouvement contraire aux lois de l'ordre naturel. Il parla du faible mouvement du flux et du reflux sur les côtes des Indes-Orientales, où le premier ne s'élève jamais qu'à environ six ou huit pouces, ce qu'il expliqua en supposant que les vents alisés, qui soufflent régulièrement de l'est à l'ouest depuis l'origine du monde, portent les eaux avec une telle violence dans la mer qui se trouve entre les Indes-Orientales et l'Amérique du Sud, qu'elles ont formé un courant perpétuel dans les golfes du Mexique et de la Floride. Il ajouta qu'il était à croire, que ce courant avait détruit la portion du continent, dont les Antilles faisaient partie autrefois; que les deux Amériques, nord et sud, n'avaient pas toujours été aussi séparées qu'elles le sont aujourd'hui, et que probablement le mouvement continuel des eaux avait détruit la portion de la grande terre qui remplissait jadis toute l'étendue du grand golfe du Mexique. Le professeur dit aussi que le courant de ce golfe se précipitait avec une rapidité autour du cap de la Floride, que le flux s'élevait quelquefois dans la baie de Fundi, jusqu'à quatre-vingt huit et même jusqu'à quatre vingt dix pieds. Nous ne le suivrons pas dans les autres détails donnés plus au long par le Glasgow Mechanic's magasine. Nous allons revenir à la scène des démons trations. La quatrième séance offrit un grand développement du système solaire. On vit d'abord le soleil se couchant derrière une grande masse d'eau, que ses rayons colorèrent ici en beau rouge safran, et là, avec ce beau bleu azur que nous offre la voûte des cieux. Mercure, Vénus et Mars; les quatre nouvelles planètes, Vesta, Junon, Cérès et Pallas; Jupiter, avec ses ceintures et ses quatre lunes; Saturne, avec ses anneaux et ses sept lunes; le Sidus, aussi avec les six lunes qui lui appartiennent, firent tous leur révolution, dans l'ordre le plus beau et le plus parfait, autour du Soleil, leur grand centre. Durant ce temps, le mouvement de ces différentes planètes sur leurs axes, et de leurs satellites autour d'elles, s'opérait de la manière la plus exacte. Mais, s'élançant bientôt dans le champ immense des descriptions, l'habile professeur fit connaître d'une manière complète l'immensité des dimensions, des mouvemens et des distances de ces grands corps célestes, et après avoir transporté d'enthousiasme son auditoire, en lui peignant la magnifique structure de la nature, il revint à la terre, montra sa situation relative, son importance, dans le système général de tous ces grands corps lumineux. La cinquième et la dernière scène fut sans aucun doute la plus belle de toutes. La machine imita, avec une admirable perfection, l'approche de la nuit, la voûte semée d'étoiles, et tout, jusqu'à la voie lactée, fut représenté avec une telle ressemblance, qu'on crut voir la nature elle-même. Enfin, le système entier fut si complètement décrit qu'on vit une comète s'approcher, tourner dans son orbite excentrique autour du soleil, et se retirer pour ne plus reparaître. Quand nous portons nos idées vers l'espace infini, dit l'auteur de l'article, lorsque nous contemplons les innombrables systèmes célestes qui le remplissent, combien d'admiration n'éprouvonsnous pas pour leur auteur! Admiration qui croît d'autant plus que nous poussons plus loin les découvertes et la connaissance de l'ordre, et de la grandeur du monde céleste. Penser que chacune de ces étoiles, que nous voyons par milliers, est un soleil qui sert de centre à un système pareil au nôtre, et que chacun de ces mondes peut être habité par des êtres intelligens, est si accablant pour nos facultés limitées, que l'imagination étonnée s'égare et finit par se perdre entièrement au milieu du vaste abîme de la nature. Nous ne savons pas jusqu'à quel point l'on pourrait faire, à l'étude et aux démonstrastions astronomiques, l'application des moyens d'optique de nos Panoramas et de nos Dioramas; mais cette application n'est certainement pas impossible, et nous espérons que des artistes industrieux parviendront à trouver et à exécuter quelque mécanisme imitatif et mobile du sytème céleste, à l'aide duquel, ef sur une échelle beaucoup plus grande que celle de l'Eidouranion, les professeurs pourront donner des démonstrations en quelque sorte matérielles, qui feraient de l'astronomie une science familière à toutes les classes pensantes. LES PLUS CÉLÈBRES TÉLESCOPES D'ANGLETERRE. Un simple commerçant d'Aberdeen, M. Ramage, qui consacre le temps que ne réclament pas ses affaires aux recherches scientifiques, et dont on ne vante pas moins la modestie, l'em pressement à obliger, que les connaissances et les talens naturels, a inventé un télescope dont je dois parler. Il existe un de ses instrumens chez le docteur Dauney, près d'Aberdeen. Le tube a vingt-cinq pieds de longueur et dix-huit pouces de diamètre (mesure anglaise). Lorsqu'on en fait usage, on place au fond du tube un miroir métallique de quinze pouces de diamètre, qui a le plus beau poli possible. C'est sur ce miroir que l'objet qu'on observe vient se réfléchir et offrir son image de la manière la plus claire, la plus brillante et la plus parfaite, lorsqu'on le regarde à travers une loupe, même ordinaire. Il n'y a que ceux qui ont observé les cieux avec ce précieux instrument, qui puissent se faire une idée suffisante de sa perfection. Pour obtenir un grand résultat d'un petit télescope, l'on est obligé de se servir d'une loupe très-profonde, qui a le double inconvénient de resserrer trop le point de la vision, et de diminuer beaucoup la quantité de lumière, ce qui empêche de voir l'objet observé d'une manière satisfaisante. Au contraire, dans un télescope dont le miroir métallique est d'un très-grand diamètre, le verre de la loupe pouvant avoir de plus larges dimensions, et offrant à la vision un point moins rétréci ainsi que moins d'obstacles, par son épaisseur, à la transmission de la lumière, tout est jouissance complète. Le télescope de M. Ramage est monté sur une plate-forme de fer coulé de vingt-sept pieds de diamètre, portant sur des piliers joints en queue d'aronde : elle est parfaitement horizontale. Le pilier du milieu a environ quatre pieds de hauteur. On dirige le télescope autour de cette plate-forme, sur des rouleaux de plomb coulé, avec une petite manivelle et une corde attachée à la partie inférieure. Pour l'élever verticalement on se sert du même moyen. La galerie sur laquelle est placé l'observateur est calculée de manière qu'il puisse suivre très-aisément tous les mouvemens de l'instrument. Ces mouvemens s'exécutent de la manière la plus simple, et aussi facilement que ceux d'une lunette de trop pieds de long. Tom. I. 33 |