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voir point encore envahi ce petit coin de terre, où on ne connaît pas d'autres armes que des bâtons.

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Il est difficile de déterminer la race des diverses populations disséminées sur les nombreuses îles du grand Océan. On ne peut faire à cet égard que des conjectures plus ou moins hypothétiques. Quelques rapports de conformation, une organisation sociale où dominent les formes de la servilité orientale et la distinction des castes, enfin une différence marquée avec la race océanienne, ont porté M. Lesson à penser que les habitans de Oualan ont une origine mongole. Voici le portrait qu'il en ţrace : « Ils sont en général de petite taille, un grand nombre ont » à peine cinq pieds; quelques-uns n'avaient pas plus de quatre pieds et six à huit pouces. Les plus favorisés de la nature » ne dépassaient guère cinq pieds deux ou trois pouces. Les » femmes sont également petites, mais grasses et très-formées. » Le type de la physionomie chez les hommes est d'avoir le front découvert et étroit, les sourcils épais, les yeux petits et obliques, le nez épaté, la bouche grande, les dents très» blanches et bien conservées, les gencives très-vermeilles ; » ils portent la chevelure nouée sur l'occiput; leur barbe et leur » cheveux sont très-noirs, longs et droits. La barbe ést très» dure chez quelques-uns, et tombe sur la poitrine ; ce n'est » pas par superstition qu'ils la conservent, car plusieurs se fi» rent raser à bord. Le plus grand nombre n'a qu'une barbe grêle, peu fournie, formant une petite mèche mince sous le » menton, caractère propre à la race mongole. Ils ne s'épilent point et ne pratiquent point la circoncision; la teinte de leur » peau est d'un jaune oranger peu foncé; ils ne mâchent ni ≫ betel ni autres sialogues orientaux. Ces hommes, nullement habitués au travail, sont mous, efféminés; la fatigue les ac» cable promptement, et est pour eux le souverain mal.

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» Les femmes et les jeunes filles ont une physionomie agréable; des yeux noirs pleins de feu et de belles dents... Nous » en vimes quelques-unes très-jolies. Ces femmes montraient » une vive curiosité à notre vue, et paraissaient très-enjouées et très-folâtres, quoique retenues et modestes. Le visage austère

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» de leurs époux les forçait souvent à prendre des manières plus » réservées. >>

La vue des Européens causa dans l'île une grande sensation. M. Lesson et M. de Blosseville, qui les premiers se firent mettre à terre et ne craignirent pas de s'aventurer seuls au milieu de ces sauvages inconnus, furent accueillis par des cris dont la signification leur parut un instant douteuse; mais la bienveillance et l'empressement, dont ils furent l'objet, ne tardèrent pas à leur faire connaître que ce n'était que l'expression de l'étonnement. Ils furent bientôt environnés d'une foule considérable; le moindre de leurs gestes excitait l'attention; et la surprise fut générale lorsque les voyageurs vinrent à ôter leurs chapeaux et leurs vestes; les insulaires, qui n'ont d'autre vêtement qu'un morceau d'étoffe autour de leurs reins, semblaient croire que ces objets faisaient partie de leur corps.

La population de Oualan paraît se composer de 12 à 1500 personnes elle est soumise à un chef nommé Urosse Tône, qui exerce un pouvoir absolu, et divisée en quatre ou cinq castes dont la subordination, les unes à l'égard des autres, va jusqu'à la servilité, et rappelle tout-à-fait les habitudes asiatiques. Ces insulaires habitent des cabanes fort bien faites, éparses sur une portion de l'île; mais la majeure partie se concentre dans un village nommé Lélé, placé sur un petit coin de terre qui se détache presque de l'île, et que protégent contre les eaux de la mer des murailles de quinze pieds de haut construites en énormes pierres de corail. C'est là que réside le roi; c'est un vieillard accablé d'années; son palais ne diffère guère des autres cabanes. Quand nos voyageurs lui furent présentés, était entouré de sa noblesse qui est la première caste, et que l'on nomme les urosses. La foule s'arrêta à une certaine distance et se prosterna avec un respect presque religieux.

On n'aperçoit au reste chez les Oualaniens aucune autre trace d'adoration ni de culte, si ce n'est une grande vénération pour les tombeaux. Ils élèvent aux morts de petites cabanes au milieu de bocages agréables, et y déposent divers objets ou ustensiles qui étaient à l'usage du défunt.

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Les femmes, quoique considérées comme des inférieures, sont traitées avec des égards marqués et ne sont assujéties qu'à des travaux de leur sexe. Elles ne paraissent point être communes, et la polygamie n'est qu'un privilége réservé aux chefs seulement. Les maris, loin de les offrir aux étrangers comme le font plusieurs peuples sauvages, se montrèrent fort jaloux, et finirent même par les faire retirer dans les terres pour les soustraire aux tentatives des gens de l'équipage.

En fait d'arts et d'industrie, tout le savoir des Oualaniens consiste à construire des cabanes et des pirogues, et pour les femmes à tisser des étoffes dont elles se ceignent les reins. Les habitations sont vastes et s'élèvent jusqu'à quarante pieds de haut; les pirogues sont aussi très grandes, et se composent d'un ou deux troncs d'arbres creusés avec des haches et unis ensemble; elles sont peintes, parfaitement travaillées et conservées avec soin dans les maisons. Les grandes murailles de quinze à vingt pieds de haut qui entourent le village de Lélé, sont un monument fort étonnant de l'industrie de ces insulaires. Ils ont quelques idées sur l'ordre du monde : ils pensent que le soleil tourne autour de la terre, que le matin il se lève, qu'à midi, étant sur leur tête, il a parcouru le quart de sa course diurne, et qu'au soir il se couche dans la mer et va éclairer une nouvelle terre. Ils nomment chacun de leurs mois une lune, et pensent que cet astre tourne autour de la terre en sens contraire du soleil. Mais ils n'ont aucune connaissance de terres qui soient dans leur voisinage.

La notice de M. Lesson est terminée par des observations sur la langue de Oualan et par un vocabulaire de plusieurs centaines de mots; travail utile et qui complète la description de cette île nouvelle. Ce qui est bien singulier, c'est que cette langue lui a paru composée de divers dialectes parlés respectivement par les différentes castes qui forment la population. Une autre remarque importante, c'est qu'elle diffère absolument de l'océanien que parlent les insulaires de Taïti, des Marquises, des Touga, de la Nouvelle-Zélande et des Sandwich. Si elle a de l'analogie avec quelques autres idiômes, ce serait

plutôt avec les dérivés du japonais ou du mongol. Cette observation est une des bases sur lesquelles l'auteur établit sa conjecture que cette peuplade a une origine asiatique.

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Quoique le premier numéro du mémoire de l'artillerie ne présente encore aucun des mémoires raisonnés sur cette arme, que nous sommes en droit d'attendre des talens distingués de ses rédacteurs, et du choix judicieux des membres du comité central, on y trouve cependant une notice trop intéressante, pour que le Journal des sciences militaires ne doive pas la contenir. Beaucoup de ses lecteurs qui, n'appartenant pas au corps de l'artillerie, éprouveraient des difficultés à s'en procurer le mémorial, verront avec intérêt les travaux et les recherches entreprises, et les progrès faits pour perfectionner une arme, déjà arrivée chez nous à un haut point de perfection. C'est ce que leur développera la notice qui suit. Quoique le concours ouvert pour l'année 1825 soit déjà fermé, on n'en a pas moins cru devoir insérer le programme publié à cet effet. La première surtout des deux questions qui y sont présentées aux recherches des officiers d'artillerie, peut encore obtenir de la part de quelque militaire non artilleur, ou de quelque savant non militaire, une solution qui ne serait pas à dédaigner.

EXPOSÉ

DES CHANGEMENS INTRODUITS RÉCEMMENT DANS LE SYSTÈME de L'ARTILLERIE, DES TRAVAUX ENTREPRIS POUR LE PERFECTIONNER ET DES PRINCIPAUX OBJETS SUR LESQUELS IL PEUT ÊTRE

UTILE DE DIRIGER DES RECHERCHES.

La publication du mémorial est un appel fait avec confiance

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