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au zèle et aux lumières des officiers d'artillerie, et l'on est persuadé qu'ils y répondront avec empressement. On doit donc chercher à diriger leur attention sur les objets qui la réclament particulièrement, et empêcher qu'ils ne se livrent sans fruit à des recherches pénibles sur des points déjà arrêtés. Dans cette vue, il a paru convenable de présenter l'ensemble des dispositions adoptées et des travaux entrepris pour perfectionner le système de l'artillerie. La plupart de ces objets pouvant être connus dans tous leurs détails par les décisions ministérielles, les programmes, les tables et les dessins envoyés dans les établissemens, on se bornera à une récapitulation sommaire, destinée seulement à rappeler l'état où chacune des branches du service a été progressivement amenée.

On y joindra l'indication des principales améliorations qui restent à désirer, et de quelques questions dont la solution peut offrir de l'intérêt.

Dispositions générales et réglementaires. Une mesure fondamentale qui se rattache à la sûreté de l'état, à l'ordre et l'économie dans ses finances, était une vérification générale de l'artillerie. Le gouvernement doit tenir au complet le matériel nécessaire pour la défense du territoire; mais tout calcul d'approvisionnement, toute commande de travaux, toute distribution de fonds relatifs à cet objet important, ne peuvent avoir de bases fixes sans la connaissance du matériel qui existe, et par conséquent de celui qui manque. Après une guerre longue et active, la situation de l'existant ne pouvait être connue que par une visite exacte et détaillée. En conséquence, on a ordonné une vérification générale des bouches à feu, affûts, voitures, projectiles, etc. : cette opération, commencée en 1821, est sur le point d'être terminée.

On entreprenait pour la première fois une vérification aussi complète. Un pareil travail n'avait encore été exécuté que partiellement, et seulement dans un intérêt local. Comme il n'exis tait aucune instruction qui pût guider les officiers, il était à craindre que des résultats obtenus en même temps sur divers points du royaume, ne fussent pas entièrement comparables. Afin

d'obvier à cet inconvénient, des instructions uniformes ont été données aux différentes commissions. Celle qui se rapporte à la vérification des bouches à feu, la plus importante et la plus difficile à établir, a été basée sur les données fournies par de nombreuses expériences. En rassemblant tous les faits, en s'aidant, pour les expliquer, des principes applicables aux particularités qu'ils présentent, on a mis les officiers sur la voie d'étudier certains phénomènes du tir, en même temps qu'ils auraient à les constater.

Un des résultats importants de cette vérification sera en outre d'aider à ramener l'uniformité dans le matériel, en désignant toutes les constructions irrégulières qui doivent être rejetées.

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L'uniformité, cette qualité essentielle de tout système d'artillerie, se trouvait considérablement altérée à l'époque de la paix effet inévitable de la précipitation que les circonstances avaient souvent rendue nécessaire, des mesures provisoires et incohérentes qu'elles avaient commandées. Pour la rétablir, il était nécessaire que les établissemens de même nature fussent pourvus des mêmes instrumens de vérification, que ces instrumens fus sent construis avec une grande exactitude, et amenés au degré d'identité que les arts peuvent atteindre. Le comité central avait porté son attention, dès 1815, sur cet objet important, et l'atelier de précision, principalement destiné à atteindre ce but, avait été réorganisé sur des bases plus larges et mieux appropriées à sa destination. Postérieurement on a dressé l'état général, par espèces et par quantités, des instrumens dont les divers établissemens avaient besoin. On a fait exécuter successivement toutes ces collections à l'atelier de précision, et on les a expédiées à mesure de leur confection.

En même temps, on a donné à tous ces établissemens les moyens d'améliorer leur fabrication, en leur fournissant, soit par l'atelier de précision, soit par des achats directs, des machines et des instrumens perfectionnés. Les arsenaux ont été pourvus d'outils ingénieux qu'on a choisis dans les ateliers les plus renommés. Les manufactures d'armes ont reçu des collec

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tions d'instrumens vérificateurs qui ont fait obtenir à leur fabrication courante toute la précision désirable. Des visites ceatrales annuelles ont constaté le mérite de leurs produits, et cat fourni l'occasion d'appeler leur attention sur les parties des armes les plus importantes. Outre les instrumens vérificateurs, les forges ont aussi reçu des modèles en cuivre pour le moulage des projectiles et des flasques d'affûts. Ces modèles perfectionnés, en procurant aux objets coulés plus de précision et de netteté, ont permis déjà de réduire pour plusieurs espèces de projectiles les tolérances accordées, et font espérer que cette réduction pourra s'appliquer à tous les autres. Airsi l'uniformité a été ramenée dans les différentes constructions, et en même temps elles se sont améliorées. D'heureuses modifications ont aussi été introduites dans la forme ou les mécanismes de quelques instrumens. Cependant, il reste encore à désirer dans cette partie du service, quelques améliorations que les progrès continuels des arts mécaniques feront sans doute obtenir. Les officiers pourront s'en occuper utilement, et c'est une question de ce genre qui est la première présentée au concours. Un objet plus essentiel encore pour assurer la régularité du service dans les établissemens et la qualité des produits divers qu'ils fournissent, c'était de fixer par des réglemens les rapports qui doivent exister entre les chefs et les diverses classes d'agens qui y sont employés, et d'y introduire les moyens d'ordre et de comptabilité dus aux progrès du système administratif.

Le réglement des arsenaux, établissemens spéciaux d'artillerie, qui ne peuvent être administrés que par le mode de régie, a fixé particulièrement l'attention. On a cherché à remédier aux vices que l'ancien réglement laissait subsister. On a donné des bases fixes aux approvisionnemens, en prescrivant de les calculer d'après les besoins réels, et en indiquant les moyens de reconnaître ces besoins. On a tracé les règles d'une comptabilité des matières qui, contrôlant la comptabilité des finances, fournit les moyens de justifier les dépenses, et de connaître pour chaque arsenal les prix de fabrication. On a assuré la bonne qualité des matières et des pièces fabriquées par des ré

ceptions régulières constatées par des procès verbaux. On a déterminé d'une manière plus précise les fonctions des officiers, et on les a rendus responsables, chacun dans la partie qui lui est attribuée.

Ainsi, on les a mis dans la nécessité de suivre avec intérêt les détails des travaux, et d'y acquérir l'instruction qui s'y rapporte. Les autres établissemens étant régis par le système des entreprises, les principales dispositions de leurs réglemens doivent avoir pour objet les relations d'intérêt, de devoirs de service, existant entre tous les agens qui s'y trouvent réunis. Eiles. doivent en outre fixer les conditions de réception pour les matières et les objets fabriqués. Celui des manufactures d'armes a été terminé. Comme ces établissemens ont été dirigés d'une manière satisfaisante depuis un long espace de temps, il a suffi de réunir les instructions particulières qui s'y trouvaient répandues, et de classer dans un ordre convenable les dispositions qu'elles prescrivaient. On y a introduit quelques additions relatives aux études spéciales exigées des officiers qui y sont employés, ainsi qu'à la formation d'un certain nombre d'élèves pris parmi les ouvriers et destinés à occuper les emplois de réviseurs de contrôleurs dans les directions, et de maîtres armuriers dans les corps.

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Des réglemens particuliers ont été rédigés dans l'intention de suivre les armes portatives dans toutes les circonstances du service, et de veiller à leur conservation jusque dans les mains du soldat (1). Il importe que les officiers d'artillerie en aient connaissance pour pouvoir s'assurer de leur exécution, lorsqu'ils sont chargés, dans les inspections générales, de faire la visite des armes des corps. Une instruction (2) a été rédigée pour les diriger eux-mêmes dans l'exercice de cette fonction.

(1) Réglement sur l'entretien et les réparations des armes dans les corps; instruction pour les officiers chargés des détails de l'armement ; supplément au Manuel de l'infanterie ; supplément au Manuel de la cavaleric. (Mars 1822. )

(2) Instruction concernant la visite des armes dans les corps, lors des inspections générales. (Mars 1822. )

Les réglemens sur le service des forges et sur celui des fonderies ont également été terminés. On les a établis d'après les mêmes principes que celui des manufactures d'armes autant que la nature des travaux auxquels ils se rapportent à pu le permettre Celui des fonderies n'a été mis à exécution que provisoirement Les conditions de réception des bouches à feu et le système des épreuves pouvant être modifiés d'après les expériences commencées sur le mode de tir, ce réglement ne peut être définitivement arrêté qu'après la fin de ces expériences.

Enfin, on s'est occupé de l'instruction générale du corps avec l'attention que réclame un objet aussi important. Un réglement provisoire sur l'organisation et le service des écoles avait été arrêté en 1817. L'expérience de plusieurs années a fait connaître la nécessité d'y apporter des modifications.

Le comité s'occupe, en ce moment de ce travail. Tous les moyens d'acquérir des connaissances utiles sont fournies aux officiers par la formation ou l'augmentation progressive des bibliothèques, des collections de modèles, des laboratoires, etc.

Tel est l'ensemble des moyens employés pour ramener l'uniformité dans les constructions de l'artillerie, fournir des bases positives à son budget, améliorer le système intérieur des établissemens sous le double rapport de l'art et de l'administration.

On va maintenant indiquer ce qui avait été entrepris pour perfectionner les différentes parties du matériel dans leurs formes, leurs dimensions et leur mécanisme.

ARTILLERIE DE CAMPAGNE. BOUCHES A FEU.-Ce qui constitue principalement un système d'artillerie, c'est le choix des espèces de bouches à feu, la fixation de leur calibre, de leur poids, de leur longueur et de leurs principales dimensions. Les affûts et les voitures d'approvisionnement ne sont que des accessoires dont la combinaison plus ou moins heureuse a cependant une influence marquée sur la valeur de l'ensemble. Considéré sous ce point de vue, et en faisant abstraction de quelques détails, le système établi par Gribeauval mérite d'être regardé comme le plus parfait de l'Europe. Les canons de campagne français présentent, sous les rapports les plus essentiels, une construction

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