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extrêmement avantageuse. Plusieurs changemens qui ont été essayés pendant la guerre sont restés sans succès. On n'a pas renouvelé des tentatives du même genre, et l'on pense qu'à cet égard il y a peu de perfectionnemens notables à attendre. Cependant quelques détails de forme et de dimensions peuvent être étudiés utilement sous le rapport de la précision du tir, de la répartition du métal, de la conservation des affûts, de l'aug. mentation d'effet et de la diminution du recul. Quelque légères que soient les améliorations que de semblables recherches peuvent faire obtenir, elles auront toujours un très-grand intérêt, parce que les canons de campagne sont, de toutes les bouches à feu, celles qui jouent le rôle le plus important dans les opérations de la guerre.

Quant à l'obusier de ce système, on doit reconnaître qu'il n'a pas été amené au même degré de perfection, soit que Gribeauval n'ait pas eu le temps de faire les expériences nécessaires, soit que tous les avantages qu'on pouvait tirer de cette arme, dont l'usage était alors fort restreint, ne fussent pas connus. Quoi qu'il en soit, on remarqua dans les dernières campagnes qu'il avait une in fériorité marquée comparativement à quelques obusiers étrangers.

On le remplaça d'abord par l'obusier de 24, de l'an 11, et par un obusier de 6 pouces à longue portée, dit obusier prussien. En 1818, le comité porta son attention sur cet objet. Comme on ne peut pas obtenir de longues portées sans de fortes charges, ni employer de fortes charges avec une pièce légère, on fit couler des obusiers allongés des calibres de 6 pouces et de 24, et d'un poids égal aux canons avec lesquels ils étaient destinés à former batterie. Desexpériences furent alors entreprises dans plusieurs écoles, et suivies avec beaucoup de soin et de persévérance.

Elles firent connaître que ces obusiers avaient une forte portée avec une grande justesse de tir, et conduisirent à plusieurs autres résultats importans. On modifia successivement le tracé et les dimensions extéricures de manière à obtenir l'avantage précieux de pouvoir les placer sur les mêmes affûts que les canons avec lesquels ils forment batterie. On fixa les charges propres aux grandes portées et celles qui conviennent aux portées

moyennes dont l'usage est le plus fréquent à la guerre. Le modè de chargement, facile et analogue à celui du canon, füt déterminé. Enfin, il fut constaté que ces obusiers peuvent fournir des portées de 10co à 1100 toises, que les coups à balles sont d'un bon effet à la distance de 300 à 400 toises, et que le tir a une grande justesse. Ils sont maintenant employés aux exercices du polygone dans toutes les écoles.

AFFUTS. - Dès l'époque de 1815, la disposition de l'affût anglais et de ses attirails, fixa l'attention du ministre et du comité. Mais, quelque soient les avantages qu'un nouveau système puisse procurer, les premiers effets qu'il produit sont toujours d'entraîner dans de grandes dépenses, et de porter la confusion dans un service. Avant doncde rien décider, sur une question de cette importance, il convient de la soumettre à une discussion approfondie, de réunir toutes les lumières qui peuvent l'éclairer. Dans cette circonstance on jugea que le moyen lé plus sûr de parvenir à une solution satisfaisante, c'était de faire d'abord un examen détaillé des constructions de Gribeauval, et d'y introduire toutes les modifications, réclamées par l'expérience et suśceptibles d'être pratiquées sans altérer les principès généraux sur lesquels ces constructions sont établies. Ce travail devait avoir pour premier résultat d'apporter dans l'artillerie des améliorations importantes et dirigées de manière à utiliser au prémier besoin l'immense matériel que la France possède. En second lieu, c'était préparer les esprits par des recherches et des études spéciales à la discussion d'un nouveau systèmé, objet trop grave et qui se rattache à de trop grands intérêts, pour' n'avoir pas besoin d'être longuement médité.

Enfin, pour que la comparaison qui se préparait pût être décisive, il était indispensable de donner au système ancien le degré de perfection qu'il pouvait présenter avant de le placer à côté du système nouveau. C'est dans cet esprit qu'ont été faites toutes les corrections proposées, et définitivement adoptées en 1822 et 1823, pour les affûts ainsi que pour les autres voitures de Gribeauval. On s'est ensuite occupé de l'examen de l'artillerie anglaise. On a successivement considéré les affûts de

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campagne comme voitures de transport, de manœuvre et de combat. On a trouvé que sous l'un et l'autre rapports l'affût anglais présentait quelques avantages et quelques inconvéniens, Ainsi on a été conduit à proposer un troisième affût établi dans les formes générales du tracé anglais, mais modifié d'après les principes des constructions françaises. On a commencé sur les trois systèmes des expériences étendues et variées, et on les compare avec soin dans toutes les circonstances des marches, des mouveniens et du tir. Avec les données positives qui seront obtenues, on pourra sans doute reconnaître avec certitude celui qui doit être préféré.

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VOITURES. Des modifications plus ou moins importantes ont été adoptées pour les autres voitures qui entrent dans la composition des équipages de campagne. Elles ont porté principalement sur les dimensions des bois et des ferrures, elles. ont eu pour objet de corriger quelques défauts de formes, de renforcer des parties trop faibles, d'alléger d'autres parties dont la force était surabondante. Dans les caissons et les chariots à munitions, on a renforcé les brancards, simplifié quelques ferrures, donné un meilleur tracé à l'essieu porte-roue. Les roues ont été l'objet de plusieurs améliorations importantes. La jante a plus de largeur et moins de hauteur, ce qui lui donne plus d'assiette sur le terrain, et permet un embrèvement plus épais de la broche. Les rais, moins cintrés, n'exigent plus que le bois soit contretaillé : les assemblages dans le moyeu et dans la jante sont plus simples et plus solides. Enfin, les espèces de roues ont été réduites de cinq à trois. Une nouvelle forge de campagne a été adoptée. Elle est plus solide que l'ancienne, quoique plus légère, et elle coûte un quart de moins; elle est mieux disposée pour le travail. La mobilité de cette forge lui permettra de remplir une des conditions les plus essentielles du service auquel elle est destinée, celle de pouvoir être conduite facilement au secours des autres voitures.

ARTILLERIE DE siège et de plAGE. — Les bouches à feu employées à l'attaque et à la défense des places n'ont reçu, depuis une époque assez reculée, aucune modification remarquable

dans leurs formes et leurs dimensions. Elles remplissent d'une manière satisfaisante les principales conditions du service auquel elles sont destinées. Cependant elles peuvent être le sujet de recherches analogues à celles qui ont été indiquées pour les canons de campagne. On vient d'exécuter sur l'affût de siége des changemens considérables. Le nouveau modèle est établi dans le système à un seul flasque, imité des constructions anglaises. Il peut en même temps servir de porte-corps. Les épreuves déjà faites ont constaté qu'il est d'une solidité à toute épreuve, soit dans le tir, soit dans les transports, et qu'après avoir porté sa pièce pendant une longue route, il est en état de soutenir la fatigue d'un siége. Chargé d'une pièce de 24, il peut être mené habituellement avec 8 chevaux. L'ancien système exigeait pour chaque pièce 2 voitures et 14 chevaux. Dans les premières expériences, il a conduit sa pièce de la troisième parallèle à la batterie de brèche en trois fois moins de temps que l'affût du modèle actuel, avantage immense dans une pareille manœuvre. Enfin, sa construction, qui n'exige que des bois de dimensions faciles à se procurer, présente en outre une économi de sur le bois, et de sur la main-d'oeuvre. Cet affût va être soumis à de nouvelles épreuves dans toutes les écoles. Le succès des premières donne lieu d'espérer que ses avantages seront confirmés, et qu'il pourra être définitivement adopté. On s'occupe d'améliorations analogues pour l'affût de place. Celuici doit satisfaire à plusieurs conditions qui sont déterminées par les règles de la défense des places et des constructions d'artillerie. C'est un objet sur lequel les officiers peuvent diriger avec fruit leurs recherches et leurs méditations. Un perfectionnement important à obtenir serait de faire servir un même affût à la défense des places et des côtes, et de remplacer par un seul modèle les deux affuts actuels, qui donnent beaucoup de prise au ricochet.

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ARTILLERIE DE MONTAGNE. L'artillerie de montagne, qui peut avoir de l'importance dans des circonstances particulières, a été l'objet d'un travail maintenant terminé. Les données fournies par les premières expériences et l'examen de la question

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envisagée sous le point de vue le plus général, ont fait reconnaître le peu d'effet du canon dans la guerre de montagne, où il ne peut être que d'un très-faible calibre. En conséquence; il a été exclu de la composition de ces équipages, et un obusier

léger a été adopté comme l'unique bouche à feu qui dût y entrer. On s'est également convaincu du peu de valeur des affûts connus sous la dénomination d'affûts à chevrette, à roulettes, etc., et on les a entièrement rejetés.

Enfin on a fixé le tracé de l'obusier de montagne et de son affût. Ce système est maintenant soumis à une suite d'épreuves dont les commencemens font espérer un résultat satisfaisant.

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EQUIPAGES DE PONTS. Pendant les dernières guerres, les vices de l'ancien équipage de ponts avaient mis souvent dans la nécessité de recourir aux moyens fournis par les localités pour effectuer les passages de rivières. Cette partie du service était une de celles qui pouvaient le plus réclamer des améliorations. En conséquence, le bataillon de pontonniers a été chargé de proposer un nouveau système d'équipage, d'après des bases posées par le comité. Le projet présenté a été examiné et définitivement arrêté en 1822. Le nouveau bateau est d'une construction plus légère, et en même temps il est propre à la navigation. Le système de haquets, de poutrelles et de madriers, est combiné de la manière la plus avantageuse, et il jouit de la même mobilité qu'une pièce de 12. Ainsi le nouvel équipage satisfait, autant qu'il paraît possible de le faire, aux différentes conditions du transport, de l'établissement et de la stabilité des ponts.

ARMES PORTATIVES. Les armes à feu du modèle de 1777 corrigé avaient le défaut de donner un grand nombre de ratés. Dans les recherches relatives à l'établissement du modèle 1816, on s'est appliqué principalement à corriger ce grave défaut. On a arrêté, après de nombreux essais, les dispositions de la platine et de la lumière qui donnaient le moindre nombre de ratés de platine et de ratés de canon. Mais des plaintes s'étant élevées sur l'incommodité du crachement des nouvelles armes, il a fallu remédier à cet inconvénient. On a cherché à le faire en

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