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Déjà cette fabrication a reçu une impulsion à laquelle l'artilleric n'a pas été étrangère, et qui lui a fait faire des progrès considérables. Mais l'activité constante de l'industrie obtient sans cesse de nouveaux avantages, dont le service peut encore profiter.

PROJECTILES.- La fabrication des projectiles offre également plusieurs questions fort intéressantes. L'exactitude des formes et des dimensions, le poli des surfaces, la densité homogène, l'égalité des poids et des diamètres dans chaque espèce, sont des qualités importantes qui, pour être complètement obtenues, réclament quelques améliorations dans les moyens actuellement en usage. Les balles de mousqueterie ont été singulièrement perfectionnées. D'heureuses modifications ont été pratiquées sur les moules, les découpoirs, et les instrumens de verification. Il en est résulté que la balle adoptée par les dernières décisions ministérielles, ayant sept lignes trois points de diamètre, et correspondant à celle de dix-neuf à la livre, peut remplacer sans inconvénient celle de vingt à la livre qui était en usage. Cependant le coulage laisse presque toujours subsister dans l'intérieur des balles, un vide qui empêche le centre de gravité de coïncider avec le centre de figure, et qui nuit par conséquent à la justesse du tir. Il serait donc à désirer que l'on pût les fabriquer par un autre procédé, par exemple, par la compression. Plusieurs inventeurs se sont déjà exercés sur cette question; mais on ne connaît pas encore de solution satisfaisante : elle reste donc entière, et présente beaucoup d'intérêt.

POUDRES ET MUNITIONS.- La direction des poudres et salpêtres a continué avec succès les travaux entrepris sur les perfectionnemens relatifs à la fabrication et à la qualité des poudres. Les principaux avantages obtenus ont déjà été publiés.

La confection des artifices et des munitions a admis jusqu'à présent plusieurs procédés compliqués et bizarres qu'aucun raisonnement ne justifie et qu'une pratique aveugle pouvait seule conserver. L'école spéciale, qui vient d'être instituée pour les artificiers, introduira sans doute dans cette partie du service une réforme salutaire en introduisant des méthodes plus rationnelles, en répandant les connaissances physiques et chi

miques qui leur servent de fondement. Cependant les officiers et les artificiers peuvent s'occuper avec fruit des questions qui s'y rapportent, et obtenir d'utiles résultats. On croit devoir indiquer particulièrement la composition des boites à mitraille, les fusées des projectiles creux, les moyens incendiaires.

L'emploi encore récent des poudres fulminantes peut donner lieu à des recherches intéressantes sur l'application de ce moyen nouveau aux armes de guerre portatives, et même aux bouches à feu. Ceux qui pourront en entreprendre doivent se tenir en garde contre le succès possible de quelques épreuves incomplètes, et considérer attentivement toutes les conditions du service. Au nombre de ces conditions, il faut mettre en première ligne la sécurité dans la préparation et le transport; la conservation des armes que la plupart des substances employées jusqu'à présent altèrent par une oxidation plus rapide ; une manœuvre simple et sûre que le soldat puisse toujours exécuter sans danger et sans erreur au milieu du trouble d'un combat, et malgré les intempéries des saisons.

BATIMENTS. Les bâtimens qui appartiennent au service de l'artillerie ayant en général une destination fixe et déterminée, on a cru devoir ramener à des règles uniformes la construction et la distribution de ceux d'une même espèce. Pour les grands établissemens, où des bâtiments de plusieurs espèces se trouvent réunis, on a cherché à établir leurs dispositions respectives d'après les relations de service qui existent entre eux. Ces principes ont été répandus dans le corps par des instructions et des dessins : ils ont déjà reçu une application dans la rédaction des projets approuvés par le ministre, pour les arsenaux de Strasbourg, Douay, Metz. On doit s'attacher à les suivre dans la création des établissements nouveaux, et s'en rapprocher autant que possible dans les restaurations et agrandissemens des établissements anciens. C'est en poursuivant, d'après un plan arrêté, l'exécution de projets dont l'accomplissement demande souvent un grand nombre d'années, que l'artillerie parviendra successivement à remplacer un amas informe de vieux bâtimens par des constructions régulières présentant le caractère d'utilité

et de grandeur qui convient à des établissements publics. Relativement aux bâtiments, les officiers d'artillerie peuvent s'occuper utilement de plusieurs autres objets souvent indépendants des combinaisons de l'architecture. Tels sont l'engerbement des affûts et voitures, l'emmagasinement des poudres, des métaux, des bois, des objets fabriqués; les moyens de circulation dans l'intérieur des établissemens; l'installation des forges, des fourneaux, des machines, etc. Ils trouveront des sujets d'étude particuliers et fort importans dans l'emploi des forces motrices fournies par la nature ou par l'art, dans la manière de les rendre disponibles, de les transmettre dans les différentes parties d'un établissement, 'de les appliquer aux machines qu'elles doivent mettre en mouvement.

EMPLOI DE L'ARTILLERIE. L'art d'employer de la manière la plus a vantageuse les moyens fournis par l'artillerie, n'a pas moins d'importance que les travaux qui servent à les préparer. Le tir des bouches à feu et des divers projectiies présente de nombreuses questions à examiner, surtout lorsque l'on considère les circonstances variées qui se rencontrent à la guerre. Une question prise dans cet ordre est la seconde mise au concours. L'étude des effets que l'artillerie doit produire dans l'attaque et dans la défense des places, sur les côtes, dans les montagnes et les terrains de diverse nature, peut donner lieu à des mémoires d'un grand intérêt. Il en est de même de l'exécution de diverses opérations qui font partie de son service dans les armées, notamment de l'établissement des ponts militaires. La théorie de la ballistique laisse encore désirer une appréciation plus complète des causes qui influent sur les phénomènes du tir, des principes plus exempts de contestation, des conséquences plus propres à diriger la pratique. Dans les calculs qui pourront être entrepris sur ce sujet, on ne saurait trop recommander de s'appuyer sur le plus grand nombre possible de faits exactement constatés.

Le pointage des pièces, la mesure des distances peuvent être le sujet de quelques inventions ingénieuses, d'un usage plus facile ou plus certain.

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Enfin, les observations fournies par l'expérience peuvent indiquer des changemens avantageux dans les différentes manœuvres auxquelles le corps d'artillerie doit s'exercer. Celles des pièces et des batteries de campagne, et celles de force, ont é l'objet du travail d'une commission spéciale, et le règlement provisoire, proposé par suite de ce travail, a été, d'après les ordres du ministre, mis à l'essai dans toutes les écoles.

OBJETS DIVERS. — Indépendamment des objets compris dans la récapitulation qui précède, il en est un assez grand nombre qui ne seraient pas entrés d'une manière naturelle dans le classe ment adopté, et qui cependant ont un rapport très-direct avec le service de l'artillerie. Tels sont, par exemple, le choix des chevaux et tout ce qui concerne les soins qu'ils exigent, le harnachement et l'attelage; l'embarquement et le débarquement des affûts et voitures; les moyens de préserver toutes les parties du matériel des dégradations causées par les influences atmosphériques ; les cordages, les ancres, les instrumens et attirails de toute nature employés par l'artillerie.

On n'entreprendra pas d'indiquer ici tous les objets qui pourraient être placés dans cet article. L'énumération même la plus rapide, serait fatigante et superflue. On doit s'en rapporter au zèle et à l'instruction des officiers du soin de ne rien omettre de tout ce qui peut intéresser le service.

PROGRAMME DES PRIX PROPOSÉS

POUR L'ANNÉE 1825.

PREMIER SUJET. — « Trouver un instrument ou un système » d'instrumens et de procédés propres à constater avec précision » la coïncidence et la rectitude des axes des surfaces intérieures » et extérieures des bouches à feu. »

Les deux opérations de forer et de tourner la pièce doivent produire deux surfaces exactes de révolution autour d'une même droite qui est l'axe de la bouche à feu. Mais les imperfections de la machine et des procédés d'exécution peuvent faire

que des pièces sortant du banc de forage n'aient pas cette propriété.

Cependant la coïncidence et la rectitude des deux axes sont ⚫deux conditions très-importantes, et qui ont une grande influence sur la justesse du tir, ainsi que sur la conservation des bouches à feu. Aussi le nouveau règlement sur le service des fonderies prescrit-il de n'accorder aucune tolérance sur cette partie. Mais dans la collection des instrumens vérificateurs, il n'en existe pas qui soient propres à constater d'une manière rigoureuse la rectitude de l'axe. En effet, l'âme du canon pourrait satisfaire dans toute sa longueur à l'épreuve par l'étoile mobile, et cependant être une surface annulaire ayant pour axe úne ligne courbe différant sensiblement de la ligne droite. Le seul procédé qui se rapporte à ce genre de vérification est l'observation du jeu de la lumière dans le tube produit naturellement ou à l'aide d'un miroir. Mais cette observation, qui demande un œil très-exercé, laisse subsister beaucoup d'incertitude, surtout dans les vieux canons qui ont perdu le brillant et le poli. Quant à la centricité de la pièce, ou à la coïncidence des axes des deux surfaces intérieure et extérieure, il n'existe aucun instrument ni aucun procédé propre à la reconnaître. Il a paru important d'appeler l'attention des officiers sur cette lacune qui se fait remarquer dans l'ensemble d'ailleurs trèscomplet des instrumens de vérification.

DEUXIÈME SUJET.

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Quels sont les différens cas de guerre » dans lesquels le tir à ricochet doit être employé de préférence à celui de plein fouet? Dans quelles circonstances doit» on préférer le ricochet mou ou le ricochet tendu ?

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A défaut d'expériences connues et suffisantes, desquelles on puisse déduire la solution de cette question, proposer le >> programme de celles que l'on croit nécessaire d'entreprendre.

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» Examiner spécialement l'état de l'instruction relativement >> au tir à ricochet, et indiquer les moyens les plus simples de » l'améliorer. >>

>>

Le tir à ricochet est une des branches les plus importantes

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