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s'élevait à environ cinq pieds. Le jour suivant, on reprit l'examen de la rivière, et, avec une satisfaction toujours croissante, nous avançâmes à 30 milles au-delà. Aucune diminution ne s'était fait remarquer dans la largeur et la profondeur excepté qu'à un endroit éloigné d'environ 30 verges, s'étendait une chaîne de rocs détachés, qui ne s'élevait qu'à 20 pieds sur l'eau.

» De là jusqu'à la montagne de la Terminaison, la rivière continue d'être d'une largeur presqu'uniforme. La contrée avait un charme inexprimable, et le sol paraissait propice à la culture et aux pâturages. Les pins, s'ils étaient de bonne qualité, seraient d'une mesure suffisante pour les mâts principaux des grands bâtimens. La plupart ont près de 30 pouces de diamètre et de 50 à 80 pieds de hauteur. L'équipage du bateau fut bientôt épuisé par un travail continuel, sous un soleil vertical, et je fus forcé d'abandonner mon projet d'atteindre le terme de la marée. A cet endroit, elle s'élevait à environ 4 pieds 6 pouces. La force du courant, unie à celle du reflux, excédait la violence du flux; ce qui prouve que l'eau coule dans une contrée trèségale. Rien n'indiquait cependant que je pusse arriver promptement à ce terme, étant éloigné du vaisseau de 70 milles, avec des provisions pour un seul jour (n'ayant point espéré faire une telle découverte ). Je me dirigeai vers le côté méridional, dans le dessein d'examiner la contrée environnante.

» En gravissant une montagne qui s'élève à 250 pieds du niveau de la rivière, et que l'on nomme la montagne de la Terminaison, j'obtins une vue de son cours à l'étendue de 30 ou 40 milles, et vis une montagne éloignée (que je conjecturai être la plus haute pointe marquée sur la carte, du capitaine Flinders, portant S. 1. deg. E., à la distance de 25 à 30 milles.) De là, au nord-ouest, l'élévation du pays décline considérablement, et présente l'aspect d'une vaste plâine formée de basses montagnes ondulentes et de vallées bien boisées, mais non touffues. Les plus hautes n'ont que 7 à 800 pieds d'élévation: nous les longeâmes au nord. L'apparence du pays, la lenteur du courant, même pendant le reflux, et la profondeur de l'eau, me firent conjecturer que la rivière pourrait être navigable pour les vaisseaux

de port à une distance de 50 milles. On ne trouvait aucun signe de débordement à plus de 7 pieds du niveau; ce qui excède à peine la ligne que marque ordinairement la marée. M. Oxley est d'opinion qu'on ne pourra point découvrir les sources de la rivière dans un pays montagneux, mais plutôt dans quelque lac qui sera jugé être le réceptacle des courans intérieurs qu'il aparcourus en 1818. Quelle que soit son origine, ajoute-t-il, c'est la plus large rivière d'eau douce de la Nouvelle-Galles méridionale, et elle promet d'être de la plus haute importance pour la colonie, car elle facilite la communication avec la mer à une grande étendue de pays, dont la majeure partie me semble propre à recevoir les plus riches productions des tropiques.

» M. Uniacke, qui accompagnait l'expédition; dit, dans son mémoire plein de charme et d'intérêt, qu`immédiatement après l'anchorage du Mermaid, dans la baie Moreton, un Anglais, nommé Thomas Pamphlet, vint à bord, et assura qu'avec trois hommies sculement, il était parti de Sydney, en mars 1818, sur un bateau ouvert, pour apporter un cèdre depuis les îles, à environ 50 milles au sud du port Jackson. Il ajoute que le bateau ayant été chassé à la mer par une forte brise, l'équipage avait enduré d'inconcevables souffrances pendant vingt-quatre jours, à l'expiration desquels il fut naufragé non loin du lieu où le Mermaid avait jeté l'ancre. Un de ses compagnons mourut de soif, et les deux autres, Richard Parsons et John Finnegan, restèrent tranquillement sur le rivage: on prit ensuite ces deux hommes à bord, et le Brisbane fut découvert à leur indication. D'après la description faite par M. Uniacke et les Anglais qui l'accompagnèrent, des habitans de la Nouvelle-Hollande, nous croyons devoir prendre une opinion beaucoup plus favorable de leur caractère et de leurs habitudes morales, que celle que nous en avaient donné les relations des premiers navigateurs. Leurs formes physiques sont plus belles que celles des indigènes qui environnent Sydney.

La taille des femmes est généralement élevée, droite et gracieuse; les charmes de plusieurs d'entre elles pourraient effacer ceux de nos belles Européennes. Thomas Pamphlet assure

que, durant son sjour parmi ce peuple, environ l'espace de sept mois, il n'a jamais vu une femme frappée ou maltraitée. Leur nourriture est composée principalement de poissons et de racines. Les deux sexes ne portent aucun vêtement; mais ils barbouillent leurs corps deux fois le jour avec un mélange de cire et de charbon. Chaque tribu a un chef qui paraît jouir d'une autorité illimitée. Mais la plus remarquable, la plus intéressante partie de la relation, est la description de la douceur, de la générosité, de l'humanité touchante avec lesquelles sont traités les naufragés par ces nouveaux Hollandais. On leur fournit une nourriture abondante, lors même qu'elle est rare dans le pays. Ils sont logés dans une hntte spacieuse, séparée des indigènes : ceux-ci leur peignent régulièrement le corps, et souvent même leur percent le nez pour y suspendre de riches ornemens. Jamais ils n'éprouvèrent la moindre violence de ce peuple bon et hospitalier. Le naturel sauvage de ceux qui avoisinent la baie Moreton paraît être plus élevé, plus noble que celui du sauvage à demi dompté de notre pays, dont nous pourrions dire avee Ciceron In hominis immanitatem bellua genit. Il est bien étrange qu'ils n'aient aucune idée de religion. Je ne puis croire dit M. Uniacke, que ces peuples professent un culte quelconque ; ils ne craignent ni les bons, ni les mauvais esprits. Les Anglais que nous trouvâmes dans ce pays ne furent jamais témoins d'aucune cérémonie ou prière pendant leur résidence parmi eux. Le récit de l'impression étonnante que fit sur eux la vue de l'eau bouillante, est curieux et amusant. Avant l'arrivée de Pamphlet, ils ne pensaient pas plus qu'il fut possible d'échauffer l'eau que de la rendre solide. En ayant posé sur du feu, dans un vase d'étain sauvé du naufrage, la tribu entière s'assembla autour de ce phénomène, et tous les yeux se fixèrent sur l'eau, qui bientôt subit l'influence du feu: alors tous s'enfuirent en poussant des cris affreux ; et on ne put les engager à revenir sur leurs pas que lorsqu'ils eurent vu verser l'eau, et essuyer le vase: alors, ils s'éloignèrent lentement, non sans avoir recouvert` de sable, avec le plus grand soin, la place où l'eau était répandue. Pendant le séjour de nos compatriotes, parmi

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eux, ils ne purent jamais les réconcilier avec l'opération physique de la cuisson.

Le résultat utile de cette expédition a été le choix d'un site propre à favoriser le vaste établissement des condamnés du port Macquarie. Son beau climat, l'abondante fécondité de son sol, et sa distance convenable de Sydney, offrent mille avantages pour ce dessein. Le sixième article de l'ouvrage contient le journal d'un voyage de Bathurst aux plaines de Liverpool, avec une carte tracée par M. Allan-Cunningham, collecteur botaniste des jardins royaux de Kew.

La contrée qu'il a traversée, en allant au nord et nord-est, offre à la vue de noinbreux et beaux pâturages, découverts en différens endroits, et boisés en d'autres. Le pays par lequel il effectua son retour, contient une vaste étendue de terres stériles, généralement privées d'eau.

Il paraît n'avoir rencontré aucune rivière de quelque étendue depuis son départ de Macquarie. Il a marqué sur la carte de nombreux ruisseaux descendant des montagnes ; mais leur course serpentée à travers le pays n'a point été tracée. Les remarques de M. Cunningham sur le sol et les productions naturelles de la contrée, seront précieuses aux colons; mais un journal de trois mois, sans aucun événement, rempli presqu'entièrement de détails sur la qualité de la terre, offre peu d'intérêt an lecteur. Nous franchissons en idée le laps de temps, peu éloigné peutêtre, où ces contrées désertes seront habitées par des hommes civilisés dont l'industrie secondera leur fertilité primitive. L'histoire des premiers habitans de la Nouvelle-Hollande et de VanDieumen'sland fut écrite par M. Field, éditeur de cet ouvrage. Il pense que les Australiens sont d'origine éthiopienne ; et comme plusieurs des écrivains qui l'ont précédé, il classe les nouveaux Zélandais, et les habitans de la plupart des îles dispersées sur l'Océan-Pacifique et les mers méridionales, avec les Malais (1). C'est-à-dire que les Australiens ne seront jamais civili

(1) Toutes ces origines supposées seront probablement mieux con

sés; mais il excepte les insulaires des îles de la mer Méridio-nale. Nous ne pouvons applaudir à cette sentence de barbarisme éternel, prononcée contre cette partie infortunée du genre humain.

Quoique les progrès de la civilisation des Nègres ne soient pas très-sensibles, les habitans d'Haïti sont loin de faire supposer qu'ils en soient incapables. Il y a lieu d'espérer que les générations, en se succédant, soulèveront ce voile grossier que déjà ils ont écarté par un instinct naturel, et que feront entièrement disparaître les trésors inépuisables de l'éducation.

nues plus tard, car faire arriver les Australiens d'Ethiopie à travers tout l'Océan Indien, c'est en quelque sorte forcer la raison.

(Note du Rédacteur.)

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