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avait déjà soumis la description à l'Académie, et que depuis il a fait exécuter (MM. Matthieu et Damoiseau, commissaires).— Du 26. M. de Ronel fait un rapport verbal au sujet de l'ouvrage de M. O'HIER DE GRANDPRÉ, intitulé : Abrégé élémentaire de géographie physique.

SEANCE DU MARDI 18 octobre 1825.

II. RAPPORT SUR LA NÉCESSITÉ DE FONDER A Paris une ÉCOLE PRATIQUE DE MÉDECINE LÉGALE POUR LE ROYAUME ET LES COLONIES.

M. Dumas fait au nom de la commission des poisons, un rapport sur la proposition de MM. Dariste, Orfila, Pelletier, Caventou, etc., relative à la fondation d'un établissement destiné à former des sujets versés dans toutes les branches de la médecine légale.

M. le rapporteur commence par l'énumération d'un grand nombre de crimes et de délits qui se rattachent d'une manière plus ou moins immédiate au domaine de la médecine légale, et sur lesquels les tribunaux sont appelés à donner une décision, sans que notre organisation sociale leur offre aucune classe d'hommes reconnus par des épreuves suffisantes comme capables de les éclairer. Et il ne s'agit pas ici seulement des cas d'empoisonnement proprement dits, mais encore des crimes et délits de falsification des alimens et des boissons, d'où résultent quelquefois les accidens les plus graves. Ainsi, pour ne citer que quelques exemples, il existe actuellement dans les hôpitaux de Paris plusieurs malades attaqués de maladies mentales pour avoir fait usage d'une bière dans la fabrication de laquelle on avait substitué des plantes narcotiques au houblon. Un des membres de la commission a cu occasion de constater que plusieurs boulangers, dans la vue de rendre leur pain plus léger et plus blanc, y font entrer du sulfate de zinc (vitriol blanc) Les crimes de faux en matière d'écriture demanderaient également des hommes éminemment versés dans la chimie pratique; « et nous connaissons, dit M. le rapporteur, plusieurs chimistes placés très-haut dans l'estime publique, qui refuseraient de

donner leur avis en pareille matière, parce qu'ils n'ont pas fait de ce sujet une étude spéciale. »

Ce ne serait pas une objection à faire contre l'établissement d'une école spéciale et pratique de médecine légale, que de dire que la France a pu jusqu'ici s'en passer, sans qu'il soit résulté aucun inconvénient trop grave; car, outre qu'un pareil établissement eût été extrêmement utile en tous temps, on ne peut se dissimuler que les progrès faits par la chimie depuis trente ans et la manière dont les connaissances qui s'y rapportent se sont répandues dans toutes les classes de la société, n'aient mis à la disposition des malfaiteurs un grand nombre de moyens que l'on avait ignorés jusqu'ici. Ajoutons que la multiplicité des fabriques dans lesquelles on emploie journellement des substanccs vénéneuses nécessite une surveillance plus active et plus éclairée.

Le rapport se termine par un projet d'organisation de la nouvelle école. Elle serait placée sous la direction de l'Académie Royale de Médecine. Douze élèves choisis parmi les jeunes médecins les plus instruits y seraient admis chaque année, en payant 1000 fr. par an. Ils y resteraient deux ans, et seraient ensuite placés dans les différens chefs-lieux des départemens, avec le titre de médecin du département. Les attributions de ces médecins seraient extrêmement nombreuses. Attachés spécialement aux Cours royales, ils auraient à Vous donner leur avis sur tous les crimes d'empoisonnement, de faux en matière d'écriture publique et privée, de falsification des alimens et des boissons, etc. Ce serait encore eux qui se trouveraient chargés de faire l'analyse des eaux minérales, de donner à l'autorité une foule de renseignemens utiles sur la statistique médicale et l'hygiène publique, ils devraient veiller à la salubrité des prisons et même des hôpitaux ; enfin tout ce qui rattache à la médecine administrative serait essentiellement de leur ressort: « On conçoit, dit en terminant M. le rapporteur, quelle masse de lumière devrait résulter des communicatious que les médecins de département, entretiendraient soit entre eux, soit avec le gouvernement »

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Sur la demande de M. Lherminier, le rapport de la commission sera imprimé et distribué à tous les membres, pour être ensuite discuté en comité secret (1).

IV.

Un membre fait au nom de la commission des remèdes secrets plusieurs rapports dont les conclusions sont toutes plus ou moins défavorables aux remèdes qui ont été présentés à l'Académie.

V. Nouvelle expérience de M. Legallois.

M. Legallois donne connaissance à l'Académie des nouvelles expériences qu'il a tentées sur lui-même relativement à la vaccine, (Voyez notre compte rendu de la dernière séance.)

1o L'inoculation variolique appliquée au moyen de douze pi. qûres faites aux bras a eu un résultat parfaitement identique à celui de le première inoculation, c'est-à-dire qu'il y a eu évidemment action spéciale du virus sans développement de la maladie.

2o M. Legallois s'est fait inoculer le pus extrait d'un abcès flegmoneux. Résultat : un simple petit furoncle survenu dans le lieu piqué: guérison radicale en quelques jours.

3o Un vésicatoire ayant été appliquée à la partie supérieure de la jambe droite de M. Legallois, ce vésicatoire fut ôté le lendemain ; on enleva la petite pellicule qui s'était formée, et on le pansa immédiatement après, sous les yeux de M. Bally, avec un morceau de papier (joseph sur lequel on étendit la matière contenue dans des boutons varioliques, au huitième jour: on avait eu la précaution d'enduire le papier d'une légère couche

(1) Les avantages d'une école pratique de médecine légale nous paraissent d'une évidence si frappante, que nous ne croyons pas que personne puisse avoir seulement l'idée de les contester; mais l'exécution de ce projet, telle qu'elle a été ébauchée par la commission, irait à constituer un privilége, et à fonder ce privilége bien moins encore sur les talens que sur la richesse. La question est grave, elle appellera sans doute toute l'attention des membres de l'Academie lorsqu'il s'agira de la rédaction définitive; mais, nous le répétons, tout le monde sera d'accord sur l'importance du but que s'est proposé l'Académie.

de cérat, pour empêcher l'imbibition de la matière. Cette dernière opération avait eu lieu la veille de la séance, et rien n'annonçait aucun résultat fâcheux pour le jeune expérimentateur (1).

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VI. Sur la marche de l'épidémie variolique dans le douzième arrondissement.

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M..... continue le détail de ses observations sur les ravages occasionnés par la variole dans le douzième arrondissement. Aujourd'hui 18, dit-il, le nombre des décès depuis le commencement du mois est de 132, sur lesquels 51 ont été occasionnés par la varioie. Dans ce nombre on n'a pas remarqué un seul vacciné, tandis qu'on y voit figurer deux individus qui avaient contracté la variole pour la seconde fois. »

Séance du lundi 24 octobre 1825.

M. le comte de Grandpré lit une note sur un nouveau procédé pour sonder l'Océan. Tout le monde sait que les sondes dont on fait usage consistent dans du plomb, dont le poids n'excède pas 50 livres, qu'on attache au bout d'une longue corde, et qu'on retire ensuite, en mesurant la longueur de la corde qu'il a été nécessaire de lâcher pour toucher le fond. Ce procédé ne peut réussir que quand on sonde un fond de 150 brasses au plus; audelà de cette profondeur, les marins disent qu'ils sont hors du fond.

Le procédé proposé par M. de Grandpré aurait l'immense avantage de pouvoir indiquer la profondeur de la mer quelque grande qu'elle fût. L'appareil qu'il voudrait qu'on substituất à la sonde consiste dans une espèce de tige fabriquée de manière à ce qu'elle puisse surnager. A cette tige, qu'il désigne sous le nom de plongeur, serait attaché un corps pesant, capable de l'entraîner sous l'eau, et qui y serait fixé de telle sorte que le

(1) Le dernier mode d'inoculation employé par M. Legallois est le plus puissant de tous ceux dont on puisse faire usage; et si, comme tout porte à le croire, il sort victorieux de cette dernière épreuve, on peut avancer hardiment que toute nouvelle expérience tentée sur lui serait complètement inutile.

choc qu'éprouverait l'appareil en touchant le fond en déterminât la séparation. Dès lors le plongeur reviendrait sur l'eau, et on jugerait la profondeur de la mer par le temps qu'aurait duré l'opération. M. Grandpré fait des expériences devant l'Académie sur un bocal rempli d'eau. Il fait observer que quelques essais très-faciles et nullement dispendieux, tentés sur nos côtes, suffiraient pour mettre à même de juger sa méthode, qui présenterait l'immense avantage de donner le moyen de déterminer le relief du bassin des mers.

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