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TROISIEME PÉRIODE.

DEPUIS LA PAIX DE PARIS ET DE HUBERTSBOURG, 1763,
JUSQU'A LA RÉVOLUTION FRANÇAISE, 1789.

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§ 15. Principes de la neutralité armée.

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INTRODUCTION.

nal des anciens états de la Grèce et de

'Italie.

Les lois et coutumes par lesquelles les rapports des na- Droit internatiotions européennes étaient réglés avant que le christianisme n'eût donné au monde de nouvelles lumières, étaient toutes fondées sur ce préjugé qui veut que les différentes races d'hommes soient considérées entre elles comme des ennemis naturels. Chez les Grecs et les Romains, on regardait les termes d'étranger, de barbare et d'ennemi, comme synonymes. Les étrangers étaient réduits à l'esclavage, du moment qu'ils passaient leurs frontières et qu'ils touchaient celles d'un autre peuple. Lorsqu'il y avait des exceptions à cette coutume antisociale, elles n'avaient lieu qu'en vertu d'un pacte positif entre deux ou plusieurs nations; et quoique, selon le droit romain, dans son dernier développement, les habitants d'un pays avec lequel il n'existait pas de relations d'amitié qu d'hospitalité, ne fussent pas précisément considérés comme ennemis hostes, ils pouvaient cependant, d'après les lois, être réduits à l'esclavage et leurs biens pouvaient être confisqués si on les trouvait sur le territoire romain'. Pendant les temps héroïques de la Grèce, la piraterie était généralement exercée, et au temps même de Solon, les Phocéens étaient

1 Si cum gente aliqua, neque amicitiam, neque hospitium, neque fœdus amicitiæ causa factum habemus; hi hostes quidem non sunt; quod autem ex nostro ad eos pervenit, illorum fit; et liber noster ab eis captus, servus fit et eorum. Idemque est si ab illis ad nos aliquid perveniat. Hoc quoque igitur casu, postliminium datum est. (Dig., 1. 49, t. 45, l. 5.)

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obligés, à cause de la stérilité de leur sol natal, d'errer sur les mers en qualité de pirates; «ce qui, dit un historien >> ancien, était alors considéré comme une profession hono>>rable '. » Solon toléra, tout on leur imposant certains règlements, les associations de pirates qu'un antique usage avait déjà établies. Les Étrusques, auxquels les Romains empruntèrent leurs arts et leurs institutions, étaient des pirates reconnus et commettaient dans la mer Méditerannée toute sorte de déprédations 2. Polybe, enfin, raconte que les Romains imposèrent aux Carthaginois comme condition de paix, de ne pas naviguer plus loin que le cap Pélore, soit pour le commerce, soit pour la piraterie. L'extrême barbarie des mœurs des Grecs de l'âge héroïque en temps de guerre est attestée par Homère dans ses deux grands poëmes, qui, quelle que soit l'opinion que l'on adopté au sujet de leur origine, doivent cependant être considérés comme présentant un tableau fidèle des mœurs de ces temps reculés. Dans une bataille, on ne faisait jamais de quartier, à moins que ce ne fût en vue de la rançon que l'on pouvait obtenir pour les prisonniers. On ne se contentait pas de priver un ennemi de la vie et de lui enlever ses armes son corps, dépouillé de tout vêtement, . devenait l'objet l'une lutte violente entre les combattants, et s'il tombait au pouvoir du parti ennemi, on le privait de sépulture et on l'exposait aux oiseaux de proie; souvent même on allait jusqu'à le dégrader par les plus affreuses mutilations. Il est vrai que les chefs seuls étaient exposés à un traitement si cruel; on accordait ordinairement un armistice aux vaincus, pour leur donner le temps d'enterrer leurs morts 3. Cependant il ne faut pas considérer comme les suites d'une vengeance particulière les insultes faites par Achille au corps d'Hector, puisque Hector lui-même voulait en faire autant au

1 JUST., Hist., 1. XLIII, cap. 111, n. 2.

2 NIEBUHR, Römischer Geschichte, 1. Buch, 55, 129, 132.
3 HOMÈRE, Iliade, ch. VII.

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corps de Patrocle '; et l'on cite même comme une marque singulière de respect de la part d'Achille pour Aétion dont il avait détruit la capitale, qu'après l'avoir tué, il s'abstint de dépouiller ses restes et leur accorda même les honneurs de la sépulture. Quand une ville était prise, les temples des Dieux servaient souvent d'asile contre l'ennemi. Ainsi Maron, prêtre d'Apollon, fut sauvé avec toute sa famille au milieu de la ruine générale dans laquelle Ulysse avait plongé les Cyconiens d'Ismare; il demeurait dans l'enceinte consacrée à son dieu, et obtint par suite la permission de se racheter en payant une forte rançon. A cette exception près, tous les hommes en état de porter les armes furent exterminés, tandis que les femmes et les enfants furent emmenés en capitivité pour être partagés entre les vainqueurs comme la plus riche partie du butin 2.

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Chez les anciens peuples de la Grèce et de l'Italie, le droit, tant public que privé, était fondé, en tant qu'il regardait la pénalité, sur la religion seulement. On condamnait les coupables en vouant leurs têtes aux dieux infernaux. Cette sentence pouvait être prononcée contre tout un peuple comme contre un simple individu. La guerre était un jugement du ciel. Les hérauts chargés de la déclarer dévouaient l'ennemi à l'enfer et suppliaient ses dieux d'abandonner la ville qu'ils habitaient. Les vaincus étaient considérés comme délaissés des Dieux; c'est pourquoi on regardait comme un droit de les mettre à mort. Aussi la réduction à l'esclavage était-elle considérée comme une mitigation des droits de la guerre 3.

Pendant la première guerre médique, on mit à mort avec une cruelle ironie les hérauts envoyés par Darius pour demander à Athènes et à Sparte l'eau et la terre en signe de soumission au grand roi. Ceci fut cependant regardé

1 HOMERE, Iliade, ch. XVIII.

2 THIRLWALL's History of Greece, vol. I, pp. 484, 182. 3 VICO, Scienza nuova, 1. IV, c. 4.

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