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ge n'est pas moins complet. Enfin, la pression considérable qui s'exerce à la surface du filtre produit un dernier résultat: c'est le retour de l'eau presqu'au point de départ, tellement qu'elle peut immédiatement être distribuée aux divers étages d'un établissement quelconque.

Par là serait résolu le grand problème de l'épuration de l'eau en grand et de sa distribution aux plus pauvres habitants comme aux plus riches; amélioration réelle sous le rapport de l'hygiène publique. De plus, l'appareil Fonvielle est applicable à la filtration en grand de tous les liquides, comme vins, eaux de-vie, vinaigres, huiles, etc., etc.

Le filtrage des eaux destinées aux usages domestiques est le cas le plus important de tous, puisque, dans les grandes villes surtout, l'eau de rivière est généralement altérée par le mélange de matières étrangères dont elle ne se sépare au moyen du repos qu'avec la plus extrême lenteur. Aussi des établissements se sont-ils formés pour le filtrage en grand et la dis- | tribution des eaux dans la plupart des grandes villes. A Paris, celui de MM. Happey, qui est en possession de ce service, opère au moyen de filtres composés d'éponges, de sable et de charbon, que l'eau traverse successivement, après quoi elle retombe en pluie dans le réservoir, de manière à reprendre l'air dont elle Pour les localités qui sont encore pris'est dépouillée pendant ces diverses fil- vées de ces appareils perfectionnés, rien trations. Les anciens filtres de MM. Smith, de plus simple et de moins coûteux que Cuchet et Montfort consistaient en de pe- d'établir un filtre de charbon pour se tites caisses ouvertes, doublées en plomb | procurer de l'eau parfaitement limpide et renfermant une couche de charbon et pure. Un tonneau, divisé en deux à sa entre deux couches de sable. M. Du- partie moyenne par une planche percée commun se sert du charbon et établit sur de trous et sur laquelle on étend une toile place des filtres avec cette substance; grossière recouverte d'une couche de mais on regrette que ces appareils fonc- charbon pilé de 8 à 10 pouces d'épaistionnent avec lenteur et que leurs pro- seur, suffit pour obtenir d'excellents réduits, d'ailleurs irréprochables, soient sultats. Le charbon doit être renouvelé hors de toute proportion avec les besoins lorsqu'on s'aperçoit que l'eau commence réels de la population. C'est ce qui a fait à couler trouble, ce qui arrive plus tôt ou adopter avec enthousiasme, d'après le plus tard, suivant que l'eau à filtrer est rapport de M. Arago, le système de fil-plus ou moins chargée de matières étran➡ trage proposé par M. de Fonvielle. Ces filtres, qui sont l'objet d'un brevet d'invention, surprennent par leur simplicité et par l'étendue de leurs résultats. Ils fonctionnent depuis près de dix mois à l'Hôtel-Dieu sans interruption. Un filtre dont la capacité n'excède pas 1 mètre sur 2, fonctionnant sous une pression de 45 pieds, a rendu par minute 280 litres d'eau filtrée, soit 4032 hectolitres en 24 heures. Il est bon d'observer que, par l'ancien système, une cuve de la même capacité ne donnait en 24 heures que 5 hectolitres, ce qui était incompatible avec toute filtration d'une certaine étendue. Un autre avantage du système Fonvielle est la facilité avec laquelle se nettoient les filtres au moyen de deux courants en sens contraire: en effet, on voit se succéder immédiatement une eau sale et limoneuse et une eau limpide et claire, prouvant que, pour être rapide, le nettoya

gères.

F. R.

FIN, voy. DESTINATION, Intention, MOYEN. Pour le mot fin en jurisprudence, voy. FINS.

FIN DU MONDE, voy. MONDE, TEMPS, ÉTERNITÉ.

FINALE. Ce terme de musique a deux significations différentes, selon qu'il est pris au masculin ou au féminin.

Employé comme substantif féminin, finale désigne la note principale du ton dans lequel une pièce de musique est composée et sur laquelle cette pièce doit finir. C'est un adjectif devenu substantif, car la finale équivaut à la note finale. Ce mot, dans ce sens, est synonyme du mot tonique (voy.); le dernier est plus usité aujourd'hui, excepté dans le plain-chant, où il n'est pas admis, et où ce serait tomber dans une erreur grave que de confondre les deux mots. Dans le plain-chant, une même finale appartient

à deux tons différents, ce qui exclut l'idée de tonique dans le sens de la tonalité moderne. Voy. TONS DE L'Église.

Pris comme substantif masculin, le mot finale, qui n'est autre chose que l'italien finale, indique le dernier morceau d'une œuvre musicale divisée en plusieurs parties; c'est ainsi qu'on dit : le finale d'une symphonie, d'une sonate, d'un quatuor, etc. La coda ( voy. ) d'un air varié, lorsqu'elle est très développée, prend également le nom de finale. Mais ce sont surtout les grands morceaux d'ensemble, à la fin des actes d'opéra, qui se désignent par ce nom. Il en sera parlé à l'article OPÉRA.

G. E. A.

ce rapport quelques particularités dont il sera parlé plus loin.

Une longue expérience a fait prévaloir, dans cette partie de l'administration pu blique, certaines règles sur lesquelles on est maintenant assez généralement d'accord, tandis qu'il y a d'autres points sur lesquels les théoriciens disputent encore. Les finances ont donné lieu à de savantes théories dont l'antiquité était encore loin de se douter. Cependant, attentifs à leurs intérêts et obligés de couvrir des dépenses publiques très urgentes, les peuples de l'antiquité, dans la mesure de leur civilisation, avaient trouvé aussi des moyens plus ou moins ingénieux ou commodes de pourvoir aux exigences pécuniaires de l'état. Ainsi les Athéniens, chez lesquels les arts, les lettres, la science du gouvernement avaient été poussés le plus loin, avaient aussi perfectionné le plus le système financier; et quelques-unes des règles qu'ils pratiquaient, sans établir à cet égard aucune théorie, et seulement parce que l'expérience les leur avait enseignées comme les meilleures, du moins dans leur position, quelques-unes de ces règles, disons-nous, sont encore suivies aujour

rapidement le système adopté par la nation la plus policée de la Grèce*.

FINANCES, mot dérivé de financia ou finatio qui, dans le latin du moyenâge, exprimait la détermination d'une indemnité, d'une amende*. Il signifie les ressources pécuniaires que possède un état pour faire face aux dépenses publiques, ainsi que la manière de les appliquer à ses besoins. Trouver ces ressources, les exploiter sans trop gêner l'état, ne point laisser languir les diverses branches de l'administration publique, savoir mé nager les recettes de manière à avoir des excédants, ou du moins à pouvoir comp-d'hui. Il n'est pas sans intérêt d'envisager ter sur des ressources certaines quand des circonstances extraordinaires exigent de plus fortes dépenses; enfin n'asseoir les impôts que sur les individus, biens, denrées, professions, etc., qui peuvent les supporter, et autant seulement qu'il est possible de le faire sans tarir les sourtes de la prospérité publique: tel est le secret de la science des finances; c'est en cela que consiste l'art des financiers, c'est-à-dire des fonctionnaires publics chargés de la direction ou du maniement des finances. Dans les états modernes, la direction en est confiée à une branche particulière de l'administration publique appelée ministère des finances, et sur laquelle nous reviendrons à l'article TRESOR PUBLIC. L'Angleterre présente sous

(*) Ce mot était dérivé de finare, corruption de faire, terminer, conclure, arrêter un compte, et aussi déterminer le montant d'une composition, d'une redevance. D'autres, par exemple, M. de Botteck dans son article Finanz du Staats-Lexiken, ont dérivé finance du mot saxon fine, mot qui, aujourd'hui même, signifie en anglais amenda, ferfaiture, et qui désignait un impôt. J.H. S.

Dans la république d'Athènes, où le peuple était souverain, on n'avait pu songer à établir des impôts sur les propriétés et sur les personnes : ces deux branches de revenus, si importantes dans les états modernes, manquaient donc au gouvernement; il y suppléait par les revenus des domaines de l'état, par le produit des amendes et confiscations, par celui des concessions de mines (consistant dans le 24° du rapport de ces mines), par la capitation des affranchis et des étrangers, par les droits de douanes (consistant en 2 pour cent) imposés à l'importation des denrées et marchandises étrangères et à l'exportation de quelques articles du commerce indigène; par quelques droits secondaires perçus dans l'intérieur, comme par exemple sur les mar

(*) Voir Xénophon, Du Revenu public d'Athènes; Barthélemy, Voyage d'Anacharsis, t. IV, ch. 56; Bockh, Staatshaushalt der Athener (Economie politique des Athéniens, trad. de l'allem. par Laligant, Paris, 1828, 2 vol. in-8°).

tenait être moins riche. Cette loi fiscale fort ingénieuse devait suppléer merveilleusement à l'ignorance des fonctionnaires relativement au véritable état de la fortune des citoyens.

Les revenus de chaque branche de finances étaient déposés dans des caisses particulières, dont chacune était surveillée et régie par dix receveurs de l'état. Les fonds n'en sortaient pour être appliqués aux besoins de la république que sur une décision du sénat, fondée sur un décret du peuple. Un contrôleur nommé par le sénat surveillait cette application des fonds, de concert avec le contrôleur de la caisse.

Quant au peuple, c'est-à-dire à la classe que nous nommerions industrielle, loin de contribuer aux dépenses de l'état, il fallut incessamment assigner à son profit des fonds pour les divertissements publics et gratuits, et l'on sait que, dans une guerre qui avait produit une grande pénurie dans le trésor, ce peuple défendit sous peine de mort toute proposition tendant à appliquer aux besoins de l'état les fonds destinés aux spectacles.

chés, sur les maisons de prostitution, etc.` enfin, et c'était là un des revenus les plus considérables, par les sommes imposées à des villes et à des îles tributaires. On peut remarquer qu'en général les peuples puissants de l'antiquité tiraient beaucoup d'argent des états faibles qu'ils avaient subjugués et qu'ils chargeaient de contribuer aux ressources de la métropole, sans s'occuper en retour aucunement de leur prospérité. La plupart des revenus publics des Athéniens étaient affermés à des compagnies par adjudication publique. Ces compagnies fournissaient caution, et, comme elles étaient obligées de payer le montant de leur bail annuel au 9 mois de l'année, l'état risquait peu ; mais il est probable que le gain des traitants était considérable. Ce système suffisait, à ce qu'il paraît, dans les temps ordinaires; il y avait même un excédant que l'on déposait à la citadelle de la ville; mais quand les guerres venaient augmenter les besoins de l'état et réduire ses recettes, il fallait recourir à d'autres moyens de se procurer les fonds indispensables. Alors on faisait un appel au patriotisme des citoyens, ou l'on imposait une taxe à toutes les tribus en masse; et pour l'armement et l'entretien de la marine, qui était la partie la plus dispen- | dieuse dans les guerres d'Athènes, on forçait les propriétaires à armer et équiper des galères. Ils étaient à cette fin divisés en deux classes dont la première ou la plus riche répondait pour la seconde, et avançait même des fonds pour elle; et comme la répartition des frais se faisait d'abord d'une manière très arbitraire, un décret provoqué par Démosthène, ordonna que chaque citoyen possédant 10 talents fournirait une galère, et que ceux dont la fortune serait moindre se cotiseraient pour faire un armement semblable.

Pour maintenir une répartition équitable entre les citoyens, au milieu des changements de fortune mieux connus quelquefois des particuliers que de l'état, on autorisait celui qui était plus imposé qu'un autre citoyen plus riche à déclarer l'injustice, et, si elle se trouvait fondée, à faire substituer le dénoncé à sa place, ou à changer de biens avec lui si l'on sou

Des Athéniens il faut passer aux Romains pour trouver quelques notions pratiques en matière de finances *. Tant que dura la république, les dépenses étaient modiques, et les tributs imposés aux vaincus par cette nation belliqueuse suffirent en grande partie à défrayer l'état de ses dépenses publiques. Mais quand, par suite de ses conquêtes, Rome fut devenue un vaste empire et que le gouvernement de l'état se fut compliqué, quand le luxe eut multiplié les besoins et qu'il fallut solder une nuée de fonctionnaires et d'employés, pourvoir à l'approvisionnement d'une capitale remplie d'un peuple oisif, à l'entretien d'armées considérables; enfin, quand une cour impériale engloutit des trésors immenses, il fallut régulariser les recettes et les dépenses de l'état et s'assurer des ressources permanentes, en un mot il fallut devenir financier. C'est alors qu'aux charges déjà existantes en furent ajoutées de nouvelles; l'état perçut une quotité du revenu territorial, des capitations, des péages, le ving

(*) Hegewisch, Ueber die Ræmischen Finanzen, Altona, 1801.

tième sur les successions, un impôt sur les affranchissements, etc. On affermait plusieurs branches des revenus de l'état à des compagnies de publicains, comme à Athènes; et celles-là, secondées dans les provinces par des gouverneurs avides, faisaient des bénéfices énormes*. Auguste s'était réservé des provinces entières pour que leur revenu fût versé dans sa caisse privée, dont aucun compte n'était rendu au public, tandis que les autres revenus passaient dans la caisse placée sous la surveillance du sénat (voy. Fisc). Rome avait, comme Athènes, son trésor réservé pour les cas de pénurie; il était déposé au Capitole. Il paraît que tel avait été aussi l'usage des souverains de l'Asie, dont chacun avait dans la capitale de ses états un trésor de réserve. On sait que le conquérant macédonien enleva de Suse et d'Ecbatane, en Perse, des trésors royaux d'une valeur très considérable, qui s'y trouvaient déposés.

Dans l'état romain, les financiers avaient beau faire des plans de finances, la tyrannie et la luxure effrénée des empereurs, les exigences des cohortes prétoriennes, la cupidité des gouverneurs et des proconsuls, dérangeaient tous les calculs; l'arbitraire et le désordre prenaient la place de l'ordre et de la régularité. Ce n'est donc pas chez les Romains qu'il faut chercher des modèles d'une administration financière. Toutefois ils ont connu et exploité en partie les branches de revenu public qui sont regardées encore aujourd'hui comme les plus solides et les plus fructueuses. Le Bas-Empire nous présente à peu près le même spectacle que Rome dans sa décadence. Constantin avait cru simplifier les finances en réduisant tous les impôts à un seul, l'impôt personnel: il s'était trompé.

Dans le moyen-âge, le régime féodal excluait tout système financier analogue à celui de nos jours. Les rois subsistant du produit de leurs grands domaines, les gens de guerre étant fournis et entretenus par leurs vassaux, et les villes s'administrant elles-mêmes, l'état avait bien des dépenses de moins; le commerce et l'in

Bouchaud, Mémoires sur les sociétés que fermèrent les Publicains, tom. XXXVII des Mémoves de l'Académie royale des Inscriptions.

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dustrie fournissaient de quoi défrayer le gouvernement.

Dans les grandes détresses financières qui ne se renouvelaient que trop souvent, les rois aliénaient leurs domaines ou s'adressaient aux juifs. Nous voyons même dans plusieurs états des juifs à la tête des finances, et il faut convenir qu'ils s'entendaient bien mieux que les chrétiens à découvrir des ressources et à trouver de l'argent : c'était là une spéculation sur laquelle ils portaient toute leur attention, puisqu'on leur défendait ordinairement l'industrie et qu'on lesexcluait de l'exercice des professions bourgeoises. Les juifs finirent par avoir pour concurrents les Italiens qui formaient des compagnies de commerce, prêtaient de l'argent aux souverains, et se faisaient céder pour un temps une ou plusieurs branches des revenus publics, ou obtenaient des priviléges de commerce. C'étaient les précurseurs des traitants d'un temps postérieur : aussi furent-ils quelquefois punis comme on punissait ceux-ci et comme on avait puni les juifs, c'est-à-dire que lorsque la crise financière était passée, on éprouvait une violente jalousie des richesses qu'ils avaient acquises par leurs opérations, et on les leur extorquait, sous prétexte de concussions, ou même sans aucun prétexte, et uniquement parce qu'ils étaient riches.

C'est dans les grandes républiques du moyen-âge qu'on voit le premier germe des idées financières de notre temps, et le premier essai du crédit public qui aujourd'hui opère des merveilles. La république de Venise, obligée d'entretenir de grandes flottes pour défendre ses possessions lointaines et pour repousser les Turcs, de solder des troupes de terre et de payer une aristocratie qui s'arrogeait les attributions du gouvernement, ayant par conséquent des dépenses très fortes, avait trouvé moyen d'y faire face par deux sortes d'impôts, savoir: l'impôt direct ou territorial, et l'impôt indirect ou de consommation. Ce dernier l'emportait par son produit sur l'impôt foncier, grâce au luxe prodigieux qui régnait à Venise et à l'industrie manufacturière qui s'y était développée. Ainsi la consommation du vin, de la viande, de la farine, du sel, de l'huile, de l'épicerie, de la cire, du

savon, des soieries, de l'orfévrerie, etc., tout était taxé; trois directeurs étaient à la tête de l'administration des recettes, dont chaque partie avait sa caisse partieulière. Un trésor de réserve était gardé secrètement pour les cas imprévus*.

La Hollande, dès qu'elle eut dévelop→ pé ses institutions républicaines, avait pensé à régler ses finances; cependant, comme cette république se composait de sept provinces dont chacune se régissait elle-même, nous ne trouvons là que peu d'éléments d'un système financier général. Disons seulement que ce fut au sein des Provinces-Unies qu'une banque fut d'abord organisée pour seconder les opérations financières; mais on tenait ses fonctions secrètes : c'était comme un mystère que l'on craignait de divulguer au profit d'autres nations.

En France, ce fut sous le règne de Henri IV et grâce à Sully que les revenus et les dépenses furent réglés pour la première fois selon des vues financières. Quand Sully fut chargé du contrôle, l'état, chargé d'une dette qui se montait à 16 millions, ne pouvait disposer que du tiers environ des 23 millions de ses revenus publics. La perception de ces revenus était abandonnée à des traitants, à des nobles et même à des étrangers : Sully restitua au gouvernement le maniement des recettes, après en avoir fait constater l'état exact; il vérifia les dettes, annula les créances mal fondées, fit rentrer les domaines aliénés par faveur de cour, supprima beant❤ coup de charges inutiles, remboursa une partie de la dette, réduisit la rente au denier 16, de 12 qu'il était auparavant. Il diminua les tailles, encouragea l'agriculture et l'industrie, réforma une partie de l'armée, et facilita les moyens de communication entre les diverses provinces. Aussi, grâce à l'ordre qu'il mit dans les finances pendant les 15 années de sa gestion, la France, loin d'être obérée comme auparavant, n'avait plus qu'une dette de 6 millions; les recettes présentaient annuellement un excédant de 4 millions sur les dépenses, et il y avait à la Bastille un tré

(*) Rapport de l'ambassadeur espagnol de La Cueva à Philippe III; tom. X des Relations italiennes, chambre du Levant, MS. de la Bibliothèque royale de Paris.

sor de l'épargne consistant en 22 millions. Cependant, si la plupart des mesures qu'on prit pour rendre florissantes les finances de l'état ont reçu l'approbation de la postérité, il en est quelques-unes qui, envisagées sous leur vrai point de vue, sé ressentent de l'arbitraire que s'arrogeait alors le pouvoir royal.'Telle fut la réduction violente des rentes; mesure qui devait nécessairement diminuer la confiance publique, quoiqu'on fût presque habitué alors à ces coups d'autorité. Telle fut encore la menace d'une enquête contre les traitants, et l'extorsion de sommes d'argent pour les laisser tranquilles. Sully ne comprit pas non plus les avantages que procure la navigation, la fabrication des articles de luxe et le commerce colonial. On voit que, si c'était un habile administrateur pour son temps, ce n'était pas un grand financier dans le sens que nous attachons maintenant à ce mot.

Après Sully, le désordre rentra dans les recettes et les dépenses, par suite des guerres civiles, de l'arbitraire du pouvoir et de l'importunité des courtisans. Aux ÉtatsGénéraux de 1614 et 1615, on ne put tomber d'accord sur aucun moyen efficace pour arrêter la dilapidation des deniers publics. Les procès-verbaux de ces États nous révèlent l'idée bizarre que l'on se formait alors des finances. La cour ayant refusé de communiquer ses propositions par écrit, et le tiers-état ayant murmuré de ce refus, le clergé fit dire au tiers-état : « Les finances sont le nerf de l'état; or, de même que les nerfs sont cachés sous la peau, de même il faut tenir secrète la force ou la faiblesse des finances. Lorsqu'anciennement il s'agissait de dévoiler le Très-Saint, il n'y avait que le grand-prêtre qui y entrât, les autres restaient dehors. Les finances sont la manne enfermée dans le coffre doré. » Mais le tiers-état, puisant également ses arguments dans la Bible, répondit que, « puisque Jésus-Christ avait déclaré vouloir manifester à tout le peuple ce que lui avait enseigné Dieu le Père, il paraissait concevable aussi d'attendre de la bienveillance du roi qu'il fit connaitre à son peuple la manière dont l'état était gouverné *. »

(*) Procès-verbaux de ces États, MS, de la Biblio. thèque royale.

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