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au convoi de son carrosse et d'un de ses aides-de-camp, fit une sensation très vive dans le public. La timidité de nos mœurs politiques et la position difficile du prince lui donnèrent une grande importance. A ces dons du riche vinrent se joindre le tribut des fortunes moyennes, et jusqu'au denier de la veuve et de l'invalide; les départements rivalisèrent avec Paris, et en quelques semaines un million fut réalisé. Cet argent, par un rare privilége, devint un titre de gloire pour la famille qui le reçut.

Aidée des conseils et de la persévérante amitié de Casimir Périer, la comtesse Foy a dignement rempli la tâche que lui laissait son illustre époux, l'éducation de ses en

aimait le plus au monde. Après la révolution de juillet, lorsqu'une première promotion de pairs eut lieu pour assurer l'a

déclarée, vint mettre fin à une vie courte mais remplie; et après avoir trouvé aux eaux des Pyrénées un soulagement momentané, le général Foy revint mourir à Paris, où il rendit le dernier soupir le 28 novembre 1825, à peine âgé de 50 ans. Sa fin fut cruelle et touchante. Entouré d'une femme digne de lui, de cinq enfants | qu'il adorait, de deux neveux qui étaient comme ses fils, il cherchait à leur dérober l'aspect de ses douleurs, l'angoisse de ses suffocations et de ses nuits plus terribles encore que ses journées. A l'instant de mourir, ses neveux l'avaient porté près d'une fenêtre; il se sentit défaillir et leur dit : « Mes amis, mes bons amis, mettez« moi sur le lit; Dieu fera le reste. » Ce furent les derniers mots qu'il prononça.fants, qui, après son pays, étaient ce qu'il La France avait ignoré presque jusqu'au dernier instant la perte dont elle était menacée : à ce coup inattendu elle❘ sortit de son engourdissement, et l'ex-doption du nouvel article 23 de la Charte, plosion de la douleur publique fut sans le roi voulut qu'on inscrivit sur la liste le bornes. Les funérailles du général offri- nom de Foy, si cher à la France, et l'ainé rent un grand spectacle, et l'impression de ses fils, le jeune comte FERNand Foy, profonde qu'il produisit s'étendit de la alors mineur, fut créé pair de France. France à l'Europe entière. La sombre et Ce jeune homme, qui n'a pas encore pluvieuse journée du mercredi 30 novem siégé, est maintenant second secrétaire bre fut témoin de cedeuil d'une vaste cité. d'ambassade à Rome, et vient d'épouser Les trois jeunes fils du général suivaient le la sœur du comte Germain, aussi pair de convoi, les deux premiers donnant la main France. La fille du général Foy est maà ses deux neveux, et le troisième conduit riée à M. Piscatory, membre de la champar ·Casimir Périer et souvent porté dans bre des députés. De ses deux neveux, ses bras. Dans l'un des discours pronon- l'un, ARTHUR Foy, son ancien aide-decés sur la tombe à la lueur des torches et camp, est lieutenant-colonel d'état-maau milieu d'un concours immense de ci-jor; l'autre, nommé ALPHONSE, avocat à toyens, une phrase exprimait la crainte la Cour royale de Paris sous la Restauque le général n'eût laissé à ses enfants | ration, a été député de la Somme depuis d'autre fortune que son nom. «S'il en est la révolution de juillet. Il est mainteainsi, la France les adoptera,» ajoutait- nant à la tête de l'administration des téon. « Oui! elle les adoptera, elle les do- légraphes. tera, s'écria la foule, et aussitôt une souscription nationale fut résolue en faveur de la famille du général Foy. Le succès en fut prodigieux; les collègues du général à la Chambre des députés souscrivirent aussitôt; M. Laffitte, Casimir Périer, beaucoup d'autres hommes opulents et patriotes déposèrent des offrandes splendides. Le duc d'Orléans qui avait toujours manifesté hautement au général estime et confiance, se fit inscrire l'un des premiers sur la liste. Cette démarche d'un prince du sang, jointe à la présence

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Les Discours du général Foy ont été réunis et publiés à Paris, en 2 vol. in-8o, en 1826. La comtesse Foy a aussi fait paraitre, en 1827, l'Histoire de la guerre de la Péninsule, en 4 vol. in-8°. Ce livre inachevé ne va que jusqu'à la capitulation de Junot en Portugal. L'ouvrage est resté trop imparfait pour ajouter beaucoup à la gloire de son auteur. On y voit les résultats d'un long travail, mais plutôt réunis que mis en œuvre; cependant on y lit quelques pages remarquables et que le général Foy seul pouvait écrire. O. L. L.

FOYATIER (DENIS), sculpteur, offre dans l'histoire de sa vie un exemple remarquable de ce que peut la force de l'organisation jointe à celle de la volonté. Il naquit en 1793 au hameau de Besen, dans les Cévennes, près de la petite ville de Feurs, d'un père qui était à la fois charpentier et tisserand. L'enfant, dès son bas âge, fut occupé à dévider le fil, puis à filer le coton. Mais comme le temps des récréations lui appartenait, au lieu de le passer à jouer avec les autres enfants, il l'employait à de petits essais en dessin et en sculpture. Lorsqu'il eut atteint sa onzième année, son père voulut lui faire apprendre le métier de tisserand; mais son besoin irrésistible étant de suivre un penchant inné et d'en avoir le temps, il regarda comme une faveur la permission qui lui fut accordée de s'engager dans une ferme pour garder les troupeaux. Tout en vaquant à cet office, il dessinait sur l'écorce des arbres et sculptait adroite ment ce qu'il avait tracé. Il établit son atelier sous un grand orme qui devint bientôt le rendez-vous des pâtres et des enfants du voisinage. Ceux-ci surveillaient le troupeau du berger-artiste tandis qu'il travaillait, et, de son côté, il payait ces soins par le don de quelques images.

Quoique privé de modèles et de conseils, l'enfant faisait des progrès. Un riche cultivateur des environs en fut frappé. Possesseur d'une chapelle, il lui demanda pour la décorer plusieurs figures d'anges qui furent pécuniairement utiles à leur auteur. Le père, voyant alors que l'art pouvait être bon à quelque chose, laissa son fils libre de s'en occuper. Le consentement paternel fut un bonheur pour le jeune homme. Le voilà faisant des crucifix, des vierges, des saints, qui étaient achetés par les curés de campagne. Mais il comprit bientôt que ce débit aurait un terme, et, l'incertitude de sa position commençant à lui peser, il songea sérieusement à prendre un métier.

Il avait à opter entre celui de maçon et celui de tisserand. Il se rendit à la petite ville de Saint-Germain, pour faire son choix et son apprentissage. Quand il y arriva, on venait de découvrir dans les caveaux de l'église un grand Christ qui y avait été caché pendant la Révolution.

| Avant de le replacer, on chargea un vitrier de le peindre en couleur de chair. A cette vue, Foyatier se sent rappelé à sa vocation naturelle, et, surmontant sa timidité, il court chez le barbouilleur, le sollicite, lui achète des couleurs, et apprend de lui, tant bien que mal, la manière de les employer; puis il sculpte aussi un Christ et le peint. Une bonne vieille, veuve d'un doreur mort depuis trente ans, l'initie dans l'art de dorer sur bois, quoiqu'elle n'en ait plus elle-même qu'un vague souvenir.

La sculpture polychrôme, la seule goûtée dans les campagnes, lui réussit; des commandes lui arrivent, et leur produit le met en état d'aller s'instruire à Lyon. Sa réputation s'étend; les curés d'alentour se le recommandent entre eux; il est aussi occupé qu'il peut l'être, et son vieux père, qui avait si longtemps combattu son inclination, devient le compagnon de ses travaux. Attendu dans un village un jour de dimanche pour un ouvrage important, il entre à l'église pendant la grand'messe. Quelle est sa surprise et sa joie lorsqu'il s'entend désigner par son nom dans le prone! Le curé invitait ses paroissiens à contribuer à la réparation de l'église qui allait être confiée, disait-il, à un homme de talent. Probablement aucun des éloges que M. Foyatier a reçus depuis qu'il s'est placé parmi nos habiles statuaires, ne l'a flatté autant que celui-là.

Parvenu à une sorte d'aisance, le jeune artiste retourna à Lyon, pour y suivre des études régulières. Il ne tarda pas à être connu pour la ressemblance de ses portraits. Après les événements de 1814, il fit, de mémoire ou d'après nature, ceux des princes de la famille royale, et tous eurent de la vogue, ce qui lui procura les moyens de travailler sans inquiétude et sans interruption. Après avoir remporté le prix de l'école de Lyon, il vint à Paris, en 1816, pour achever son éducation. Il entra à l'École royale des Beaux-Arts, et il y eut des succès. Un Faune composant de la musique fut son début au salon du Louvre, en 1819. Le public distingua l'ouvrage, et l'Institut encouragea l'auteur par une médaille d'or. Le ministre de l'intérieur lui commanda une statue de

saint Marc pour la cathédrale d'Arras. Un Berger s'appuyant sur le tombeau de guerriers morts pour la patrie fut encore plus prisé. Devenu l'ami du célèbre docteur Gall, il eut de nombreuses et utiles commandes dans la haute clientèle de ce médecin. Il consacra une partie de ses épargnes au voyage d'Italie. Il partit de Paris en 1822, et, se détournant de la route directe, il revit son pays natal, salua l'arbre qui lui avait servi d'atelier, embrassa ses anciens camarades des champs, visita ceux de ses bons curés qui vivaient encore; puis il se rendit à Lyon, d'où il gagna l'Italie.

M. Foyatier fit à Rome le buste du Primatice pour le musée de Paris; il fit à Albano le modèle d'une petite figure représentant un Amour, qu'il exécuta en marbre et qu'il envoya à l'exposition de 1824, avec une Bacchante. C'est à Rome qu'il arrêta la composition de Spartacus, dont il avait déjà eu l'idée et ébauché plusieurs esquisses, mais qui n'avait pas encore répondu à sa pensée, parce qu'il voulait indiquer dans une seule action trois moments de la vie du héros, son esclavage, sa liberté et sa vengeance. Cette statue fut le fruit d'une inspiration soudaine sur le sol de cette maitresse du monde que devait faire trembler un gladiateur.

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Royal; et ce prince lui commanda la figure en marbre du Régent, pour un péristyle du même palais.

En 1830, M. Foyatier exposa le marbre du Spartacus, dont le succès fut encore rehaussé par l'acquisition qui en fut faite pour la décoration du jardin des Tuileries.

Dans la première distribution des travaux émanés du ministère de l'intérieur après les événements de juillet, M. Foyatier fut compris pour une figure de la Prudence qui orne le haut de la tribune de la Chambre des députés. Un groupe colossal figurant le désastre de Pompéia, par le trait d'Alcidamas l'athlète qui sauve une femme et son enfant ; une statue de Camille, brisée par l'auteur dans un de ces mouvements qui ne sont pas rares chez les artistes; une femme étendue sur un sopha, dans une attitude de demi-sommeil, et désignée sous le nom de Siesta, figure en marbre aussi gracieuse que finement modelée; deux statues en marbre, Cincinnatus pour le jardin des Tuileries, et l'abbé Suger, pour les galeries de Versailles; une Vierge en marbre, encore dans l'atelier, tels sont ses principaux ouvrages. Il fait en ce moment la statue en pied du colonel Combe, tué à l'assaut de Constantine, et cette figure monumentale doit être coulée en bronze pour la ville de Feurs, patrie du guerrier et du statuaire. Le nombre des productions en tous genres exécutés par M. Foyatier atteste la puissance et la variété de son talent. Il a obtenu en 1834 la décoration de la Légion-d'Honneur. M-L.

FOYER (du latin focus). On emploie ce nom, en physique, pour désigner le point où viennent se réunir les rayons de lumière réfléchis par un miroir concave, ou rompus et réfractés par un verre convexe, un objectif de lunette.

Revenu en France, M. Foyatier se livra à ses travaux d'artiste avec l'indépendance d'un caractère que sa lutte courageuse et persévérante avait fortement trempé. Il fit pour le marquis de Talaru, son compatriote, un bas-relief en pierre représentant une Assomption, destiné à décorer la chapelle dų château de ce pair de France. Le préfet de la Seine lui commanda une statue de saint Jacques pour l'église de Saint-Jacques-du-Haut-Pas.Il exposa au Salon de 1827 plusieurs statues en marbre et le modèle en plâtre du Spartacus, dont l'exécution en marbre lui fut commandée par Charles X. Il fut un des Dans un verre concave, le foyer est siconcurrents pour le fronton de la Made- tué à la distance du quart environ de son leine, et son esquisse fut remarquée par diamètre. Dans un verre convexe d'une sa bonne entente architectonique. Chargé égale courbure sur les deux sens, le foyer de quatre pendentifs dans la même église, se trouve à peu près à l'extrémité du rayon il mit moins de six mois à exécuter cet de sa convexité. Dans un verre plan-conimportant travail. Sa statue d'Amaryllis vexe, c'est-à-dire convexe sur un seul fut achetée par le duc d'Orléans, aujour- côté, le foyer se trouve à l'extrémité du d'hui roi des Français, pour le Palais-diamètre de sa convexité.

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Le foyer des grandes lunettes est différent, selon la conformation des yeux de l'observateur, selon que l'on enfonce plus ou moins l'oculaire, selon l'état de l'at- | mosphère : c'est ce qu'on éprouve journellement au théâtre en se servant d'une lorgnette. Le point ou foyer n'est pas le même pour toutes les vues.

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Le foyer du théâtre Montansier, qui ne sera pas oublié dans le tableau des mœurs de la fin du XVIIe siècle, fut longtemps fameux à d'autres titres: c'était le bazar des Vénus à prix fixe, des Phryné du PalaisRoyal. Aussi fut-il le premier scandale expulsé de ce palais, purifié par degrés depuis les courtisanes jusqu'aux maisons de jeu.

A Paris, après le foyer de l'Opéra, ceux de l'Odéon, de la salle Ventadour et des Variétés sont les plus grands et les plus beaux.

On nomme foyer virtuel ou imaginaire le point où les rayons réfléchis ou rompus divergents, prolongés, iraient se réunir soit exactement, soit physiquement. Les rayons du soleil arrivent à nous dans des directions peu différentes du Outre le foyer du public, chaque théàparallélisme; s'ils tombent sur la surface tre en a un moins grand, placé dans le d'un miroir concave, de manière que ce- voisinage de la scène, et réservé aux aclui qui part du centre de l'astre se con- teurs, aux auteurs, aux intimes de l'adfonde avec l'axe de ce miroir, la ré-ministration. On sait de quelle renomflexion les fait coïncider à peu près au foyer des rayons parallèles. Leurs actions alors ainsi concentrées produisent dans les corps qui y sont exposés une cha leur assez intense pour causer la combustion. On nomme alors ce miroir miroir ardent. Voy. ces mots, ainsi que LENTILLE.

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mée jouissait autrefois le foyer de l'an-
cienne Comédie-Française. Grace à la
réunion de gens de lettres distingués,
d'hommes du monde spirituels, d'acteurs
des deux sexes féconds en piquantes sail-
lies, on pouvait y suivre un cours de lit-
térature moins grave que celui de nos
athénées, et peut-être plus utile. Sans mé--
riter un pareil renom, il est encore, même
dans nos spectacles secondaires, tel de ces
foyers intérieurs où l'on pourrait recueil-
lir bon nombre de mots plaisants et de
curieuses anecdotes. Il s'y débite souvent
plus d'esprit que sur la scène, ce qui, à
la vérité, n'est pas toujours bien diffi-
cile.
M. O.
FRA, abréviation de frate. Les Italiens
expriment par le mot fratello la parenté
qui unit entre eux les enfants d'un mème
père, et par le mot frate le caractère d'un
membre d'une communauté régulière, un

FOYER DE THÉATRE. Dans toutes les salles de spectacle on a soin de disposer un salon plus ou moins vaste, selon la localité, dans lequel les spectateurs peuvent aller, en hiver, se chauffer pendant les entr'actes (ce qui lui a fait donner le nom de foyer), ou se soustraire de temps en temps à la chaleur de la salle, pendant l'été. En général, le foyer est placé au niveau du corridor des premières loges. On y a pratiqué une vaste cheminée; des sié-moine, un frère. C'est une richesse d'exges, des glaces, une pendule, forment son ameublement. Quelquefois on y voit aussi les bustes des principaux auteurs qui ont travaillé pour le théâtre dont il fait partie. On ne vient pas seulement au foyer pour se réchauffer ou respirer un air plus léger et plus frais: c'est aussi, pour beaucoup d'habitués, une sorte de lieu de rendez-vous et de causerie. Le foyer de l'Opéra de Paris est célèbre sous ce double rapport: on y parle politique comme à la Chambre, spéculation comme à la Bourse; et l'on peut dire que c'est vraiment un foyer de nouvelles vraies ou fausses.

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pression que notre langue ne possède pas. La particule frà, qu'il ne faut pas confondre avec la préposition frà, est l'abréviation seulement de frate. Elle se joint à un nom propre pour désigner un religieux, Frà Bartolomeo (voy. l'art. suivant), Frà Domenico, Frà Paolo (voy. SARPI), etc. Dans l'origine, elle ne précédait que les noms commençant par une consonne; mais aujourd'hui elle est devenue d'un usage tellement commun, qu'on dit également, Frà Angelo, Frà Antonio, etc. Quelquefois elle se joint à un sobriquet et devient le nom historique

d'an moine qui a acquis une célébrité | grandeur de style ni en majesté sainte quelconque tel est, par exemple, Frà Diavolo (voy. plus loin).

Les Espagnols et les Portugais se servent aussi de cette particule pour exprimer la même idée. Chez les premiers, elle est l'abréviation de fray; chez les seconds, elle est celle du mot frade. C. F-N.

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aux immortels prophètes de la chapelle Sixtine, peints par Michel-Ange. Les premiers ouvrages du Frate sont l'expression de l'art au moment où il les exécuta; on y trouve, comme dans sa Circoncision, dans son Sauveur du monde entre les quatre Evangélistes de la Tribune de FRA BARTOLOMEO DI SAN MAR- Florence, et dans la Vierge et l'enfant co, célèbre peintre florentin, autrement Jésus écoutant un concert d'anges à la dit le Frate, et BACCIO DELLA PORTA, Galerie de l'Ermitage, et gravés dans le ne nous est pas connu sous son nom de recueil de Crozat, une composition syfamille qui est resté ignoré. Cet artiste métrique, une grande vérité de dessin, naquit à Savignano, près de Prato, à dix une admirable naïveté d'expression, et milles de Florence, en 1469, et mourut au un coloris franc, simple et vrai. Plus couvent de Saint-Marc, dans cette der- tard, quand il eut perfectionné les prinnière ville, en 1517. Cosimo Roselli fut cipales branches de son art, varié ses son premier maitre; il le quitta pour moyens d'exécution, imaginé le mannesuivre la manière de Léonard de Vinci. quin à membres mobiles qui lui fournit Ses progrès furent rapides, et son talent les moyens d'étudier particulièrement le avait acquis un tel degré de force qu'en jeu des draperies et de rendre leurs plis 1504, quand Raphaël vint étudier à Flo- avec exactitude, on le vit résumer à lui rence les peintures de Masaccio, de Léo- seul toute la science de l'École florentine, nard et de Michel-Ange, il admira les non dans ses écarts, mais dans ce qu'elle ouvrages du Frute, rechercha et cul- a de plus méritoire. Ses derniers ouvrages tiva son amitié, lui emprunta sa science rappellent Léonard de Vinci pour l'exdu coloris et l'art de draper les figu- pression, André del Sarte pour la grâce, res, services qu'il reconnut en lui en- Michel-Ange pour le grandiose et l'imseignant à son tour les véritables règles de posant, sans pour cela ressembler ni aux la perspective. Cette franche amitié, née uns ni aux autres; car Fra Bartolomeo d'une réciprocité de bous sentiments, ne n'opérant jamais que de conviction, ne se démentit jamais. Lorsqu'à son tour cessa pas un instant d'être lui. Sa Male Frate, plusieurs années après, alla à done de la miséricorde, entourée d'anRome, attiré par les merveilles tant van- ges qui la servent et de personnages contées de Raphaël et de Michel-Ange et templant le Christ lançant du haut du qu'il s'enfuit, honteux de son infério- ciel son tonnerre sur les peuples, conrité, en laissant inachevé un tableau firme ce fait. Son dernier et son plus bel représentant saint Pierre et saint Paul, ouvrage se voit dans la galerie du grandil se reposa sur son jeune condisciple duc; il représente les Protecteurs de la et maitre du soin de terminer son ou- ville de Florence et les saints dont les vrage, et celui-ci remplit avec autant jours de fête correspondent à ceux des d'amour que de talent la tâche que l'a- victoires remportées par les Florentins. mitié lui avait imposéé. De retour à Ce grand tableau d'autel est resté inaFlorence, Baccio reprit courage; et, par un chevé. Le Frate s'y est peint lui-même. saint Sébastien nu (chef-d'œuvre d'imi- Dans son caractère personnel, Baccio tation devenu célèbre par l'impression | della Porta offre un mélange singulier de que la beauté de ses formes produisait force et de faiblesse. Comme artiste, on le sur l'esprit de certaines dévotes), et plus voit marcher d'un pas assuré au milieu des encore par ce saint Marc de cinq brasses bruyantes querelles, des jalousies des Torde proportion, connu par la gravure de rigiani et des Bandinelli, de Léonard de Lorenzini, il mit le sceau à sa réputa- Vinci, de Michel-Ange et de Raphaël, tion et fit taire toutes les rivalités en- et arriver au but avec l'estime et l'apvieuses appliquées naguères à le décrier. probation de tous. Comme homme, à 31 La figure de l'évangéliste ne le cède ni en ans, il ne peut s'empêcher de pleurer aux

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