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port n'était pas armé comme il pourrait l'être, qui empêcherait l'ennemi de yenir y prendre nos vaisseaux?

Pour prévenir un pareil inconvenient, il faut donc des vaisseaux au nord, au sud et à l'est de Saint-Domingue, des batteries aux deux pointes de la Gonave qui regardent Saint-Marc et Léogane, et des fortifications respectables au Port-au-Prince.

La plaine de cette ville a dix lieues de long sur quatre et six de large: elle abonde en sucre, coton, indigo, vivres. Les montagnes sont couvertes de cafiers, de fleurs, de légumes et de fruits d'Europe et du pays. Le tiers et plus des denrées de la colonie s'embarquent dans ce vaste entrepôt; un fossé profond autour de cette ville, et aboutissant à la mer, en a fait disparaître l'humidité occasionnée par l'écoulement des ravines qui auraient comblé avec le tems, la majeure partie du port. On y pêché du poisson par excellence, et des coquillages rares.

Léogane.

S'il était raisonnable de faire une place de guerre -sur la côte de l'ouest, Léogane mériterait la préférence; elle est assise sur un terrein uni, rien ne la domine, et les vaisseaux ne peuvent pas l'insulter. Mais pour la mettre à l'abri d'un coup de main, il faudrait, après l'avoir flanquée aux quatre coins de bons bastions, d'une redoute au centre, et une au bord de mer attenant son canal, l'en-.

velopper d'un rempart de terre avec un fossé profond, qui se remplirait d'eau sans les moindres frais.

Les marécages qui l'entourent y rendent l'air mal sain. Un peu de travail les aurait bientôt desséchés. Sa plaine qui a trois lieues de large sur six de long, produit du sucre, du cacao, de l'indigo, du manioc, des fruits et des légumes.

Grand Goâve.

Le grand Goâve jouit d'un assez bon port. Cette ville qui est située au bord d'une plaine de quatre lieues de long sur une et demie de large, demande une autre position et des redoutes sur les îles opposées qui servent d'abri au mouillage, du reste l'air est purifié par le parfum des sucreries, et la côte est assez poissonneuse. Elle fournit des huîtres passables.

Petit-Goâve.

Cette ville, si célèbre du temps des flibustiers, sortirait de son obscurité pour briller avec plus d'éclat, si on la bâtissait au fond de sa baye immense, qui présente une rade où les vaisseaux de toute grandeur trouvent un mouillage excellent, des facilités pour s'abattre et un abri contre tous les vents.

Cette ville se trouverait assise au centre d'une plaine de six lieues de long sur une ou deux de

la

large, remplie de sucreries, bornée à l'est par montagne du Tapion, qui la sépare du GrandGoâve; à l'ouest, par les étangs et le pont de Miragoane; au sud, par les montagnes du Trou-Canary et de Fontarabie, couvertes de cafiers; et au nord, par la mer qui est renfermée entre l'ile de la Gonave et la grande terre, dans un bassin de cinq lieues de large.

On pourrait facilement assainir ce séjour, et dessécher les marécages que les eaux croupissantes que la rivière Abaret occasionnent dans son voisinage, en traçant à cette rivière un lit d'un demi mille de long pour se rendre à la mer, et quelques canaux pour l'écoulement des marais.

En établissant la ville à l'acul, on la défendrait sans peine, en mettant une batterie sur le morne Courtis, une sur la petite île pour protéger l'entrée de sa rade, et une autre sur le morne du TrouChou-Chou, sur lequel on pourrait établir des hôpitaux d'autant plus sains, que l'air y est pur ety circule sans interruption. Un rempart de terre avec quelques canons, et un fossé qu'on peut remplir d'eau, la préserveraient du côté de sa plaine. La pêche y est très-abondante en poissons, en huîtres et en coquillages.·

Miragóane.

Le bourg de Miragoane, tel qu'il était situé, ne serait tout au plus bon qu'à servir d'entrepôt pour les denrées de sa plaine et d'une partie de ses

hauteurs; sa véritable situation doit être sur l'habitation Deronseray, tant pour la salubrité de l'air, de l'eau, du terrein, que pour la beauté et la bonté de son port. Cet endroit fournit beaucoup de poissons, d'huîtres, de légumes, de fruits et de dattes.

Petite rivière de Nippes.

Le bourg de la petite rivière, au lieu de s'étendre le long du bord de la mer, serait beaucoup mieux sur l'habitation Depas, autour de l'étang qui a 40 et 50 pieds de profondeur, et qui n'est éloigné de la mer que de 600 pieds au de 600 pieds au plus. Il ne s'agirait que de perfectionner le canal qui lui sert d'égoût, et dans lequel on ferait tomber la rivière de ce nom, ainsi que celle de l'habitation de madame la Missardière.

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Ce bourg se trouverait plus élevé, et placé vers le centre d'une plaine qui a trois lieues de long sur une demie de large. L'étang produit des mulets monstreux et des carpes excellentes.

Grande rivière de Nippes.

A l'embouchure de la grande rivière de Nippes, on pourrait établir une bourgage fortifiée pour y recevoir les vaisseaux qui seraient poursuivis par une force supérieure. Elle servirait d'entrepôt pour les denrées de ses hauteurs et de sa plaine qui a trois lieues de long sur deux de large. On y pêche beaucoup de poissons.

ནད་

L'Ance-à-Veaux.

La ville de l'Ance-à-Veaux, tant par la salubrité de l'air, par sa position élevée au-dessus du niveau de la mer, que par son'entrée étroite qu'on peut facilement fermer avec une chaine, et qu'on peut défendre de même, mériterait qu'on nettoyât l'entrée et le centre de ce port qui peut contenir jusqu'à 200 navires. Il servirait en outre de point de relâche pour les bâtimens de l'état en tems de guerre, dans cette vaste étendue de côtes qui s'en trouvent dépourvues depuis Miragoâne jusqu'à la baye des Baradaires. La rade de l'Ance-à-Veaux abonde en poissons, surtout en sardines, en écrevisses et en homards. Deux petites collines séparent cette ville de la totalité de ses plaines qui sont divisées en trois parties. Elles contiennent douze lieues de longueur sur deux et trois de largeur. Le terroir en général y est très-fertile, et il deviendrait encore plus fécond si l'on exécutait le projet d'arrosement que j'ai proposé pour cette plaine et pour celle du Petit-Trou.

Le Petit-Trou.

Le bourg du Petit-Trou est susceptible de fortifications dont les batteries protégeraient l'entrée de la baye des Baradaires. On peut le mettre aisément à l'abri des insultes et des surprises par terre. Un fossé rempli d'eau, et un simple revêtement en

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