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terre, soutenu par quelques fortins et quelques canons intermédiaires, seraient plus que suffisans. En donnant un écoulement aux marais qui l'avoisinent, on rendrait ce séjour très-sain. Sa plaine a trois lieues de long sur une de large, et son port fournit beaucoup de poissons.

Baradaires.

La ville des Baradaires demanderait à être bâtie au bord de la mer. Des batteries au bas du Marsouin, à la pointe des Roitelets, sur l'ilet à frégates et quelques autres adjacens, jointes à celles de la terre, défendraient la ville du côté de la mer ainsi que cette baye immense qui contiendrait audelà de 200 bâtimens de l'état.

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L'air y est bon. Sa plaine a trois lieues et demie de long sur trois quarts de large. Elle deviendrait encore plus fertile, si l'on entreprenait de l'arroser régulièrement. Les huîtres et les sardines de cet endroit sont très-renommées.

Pestel.

Le bourg de Pestel a un superbe port où les frégates mouillent à quai; mais l'entrée en est difficile. Du travail ferait disparaître cette inégalité de la nature. Ce bourg est situé à l'extrémité d'une vallée assez étendue. L'air y est sain, la rade sûre, le poisson et les huîtres bonnes et en abondance.

Corail.

Cette ville devrait être, à proprement parler, la capitale de la Grande-Ance, dont Jérémie serait l'entrepôt. Son port est aussi beau qu'il est sûr. Un peu de travail suffirait pour le rendre parfait et le mettre à même de contenir 100 vaisseaux de ligne. On y pêche quantité d'huîtres et de poissons. Quand on aura fini de dessécher le peu de marécages qui s'y trouvent, l'air y sera par excellence, puisqu'il n'est pas malfaisant jusqu'à ce jour.

Jérémie.

De Jérémie jusqu'à Tiburon, où finit la partie du sud, on ne trouve que des embarcadaires pour les petits bâtimens. Le port de Jérémie n'a toujours été, et ne sera jamais qu'une rade foraine extrêmement dangereuse, qu'on pourrait cependant améliorer, en construisant une forte digue sur le haut fond qui fait face au nord. Cette opération briserait la force des courans et des marées, et elle assurerait la tranquillité de la majeure partie du bassin.

L'air y est très-pur; il y a quelques sucreries. Ce territoire produit du cacao, beaucoup de café, des légumes superbes et quantité de fruits. Les rivages fourmillent de carets, de congres, congres, de homars, d'écrevisses, de crabes, de carangues et

d'huîtres excellentes.

Tiburon.

Cette petite ville, quoique sans port, n'ayant qu'une rade ouverte à l'ouest, et où la mer est constamment agitée, protège cependant par ses fortifications les navires marchands qui sont obligés de doubler cette pointe de l'île. Elle leur donne azile, ainsi qu'aux bâtimens neutres qui sont pour. suivis par les corsaires, sans avoir pu se refugier dans aucune des embarcadaires au nord et à l'est de cette rade, et finalement aux vaisseaux de guerre nationaux qui ont à craindre la violence des vents dans ces parages, où les forces supérieures d'une escadre ennemie. L'air y est sain; la pêche abondante et les légumes excellens.

Les Côtaux.

Le bourg des Cotaux est un mouillage sain, mais qui ne convient qu'à de petits bâtimens. C'est le lieu de la côte, après les Cayes, où il se fait le plus d'affaires tant pour le commerce étraitger qu'on y permet en tems de guerre, que par l'interlope en tems de paix, Ce bourg est presque sans défense. Le poisson y est excellent.

Les Cayes.

La ville des Cayes est avoisinée à l'est d'une eau croupissante qui rend l'air mal sain. Cette

mauvaise température, jointe au vice de la rade qui n'a que trois passes peu profondes, rend le mouillage fort resserré et si dangereux durant l'équinoxe, que les bâtimens qui s'y trouvent alors périssent fort souvent.

On remédierait en grande partie à ces inconvéniens, en curant le port, en creusant autour de la ville un fossé profond dont les déblais serviraient à combler les endroits bas de certaines rues. Ce fossé, qui défendrait la ville, empêcherait les eaux qui tombent des mornes voisins, de combler les passes avec la terre qu'elles entraînent. Il recevrait, par divers canaux bien dirigés, l'écoulement de ces marais, qu'on séparerait de la mer, à l'aide d'une bonne chaussée qu'on peut faire à peu de frais, puisque les pierres et les bois sont à portée. Le sol exhaussé dans l'intérieur de la ville, et dégagé d'eau à l'extérieur, se dessécherait bientôt ; ce travail nécessaire purifierait l'air.

Cette ville, située dans une plaine de six lieues de long, sur quatre et demie de large, pourrait être mise à l'abri des insultes par terre et par mer, en ajoutant quelques fortifications au courant de de la rivière qu'on ferait passer dans le fossé, et finalement en établissant des batteries bien distribuées sur la pointe du nord-ouest de l'ile à Vaches et à la baye des Flamands, qui semble avoir été désignée d'avance pour le Hâvre dont cette ville a besoin.

La Baye des Flamands.

Ce port qui peut contenir un grand nombre de vaisseaux de guerre à couvert de tous les vents, leur offre plusieurs carénages, et leur permet de doubler au vent de l'île à Vaches, où les corsaires de la Jamaïque croisent sans voiles, et voyent sans être vu, tout ce qui se passe aux Cayes, situées sous le vent de cette baye à moins de deux lieues. Ce port factice conservarait avec la ville, un cabotage qu'il saurait faire respecter de tous les corsaires. Ce séjour est plus sain que celui des Cayes. Le poisson dans ces deux endroits y est d'un très-bon goût.

Saint-Louis.

Saint-Louis que la nature semble avoir condamnée à une éternelle stérilité, se trouve bâtie au fond d'une baye qui forme une espèce de port assez bon. Cette place reçoit le peu de vaisseaux de guerre qui se montrent dans ces parages, elle protége le commerce et les richesses qui se trouvent aux Cayes placées dix lieues plus bas, et elle fait la sûreté d'Acquin et de Jacmel qui y entretiennent l'abondance.

L'air de cette ville est sain, et le pays est susceptible d'améliorations qui dédommageraient des peines et des frais qu'elle aurait occasionnés. Les huîtres y sont bonnes.

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