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Ce bourg serait beaucoup mieux au bord de la mer. On pourrait vers l'embouchure de la rivière de ce nom, y former un port et des bassins capables de recevoir toutes sortes de bâtimens. Cette opération faciliterait l'exploitation de ses hauteurs et celle de sa plaine qui fait un circuit de 8 lieues de long, sur une de large. L'air en outre n'y est pas mal sain. La rivière et la mer fournissent du poisson délicieux.

Acquin.

Cette ville gagnerait davantage à être bâtie au bord de la mer. Le port qui est susceptible d'améliorations, la dédommagerait de ce changement. Il augmenterait sa prospérité, en facilitant l'exploitation de ses hauteurs, et de ses plaines, qui peuvent avoir 5 lieues de long sur une de large. Les huîtres de cet endroit sont très-renommées.

Jacmel.

La ville de Jacmel située au vent de tous les autres établissemens, mérité l'attention du gouvernement. Sa position la met à portée de récevoir les troupes et les munitions que la métropole en tems de guerre, voudrait faire passer à

la colonie, et qui courraient de trop grands ris ques en prenant la route du nord, station naturelle et constante des escadres ennemies. La petite île de Curaçao, durant les hostilités, devient un magasin inépuisable de vivres. Ses armateurs continueront cet approvisionnement aussi longtems que le gouvernement assurera l'attérage de leurs bâtimens armés, par des batteries bien dirigées, et par la protection d'une ou deux frégates.

Les ports de l'est ne peuvent pas, comme ce dépôt, alimenter l'ouest de Saint-Domingue par un chemin de 12 lieues seulement qui conduit à Léogane et au Port-au-Prince, et le sud, par de petits bateaux qui rangeront aisément la côte. Rien de plus aisé que de faire de cette ville le séjour le plus agréable et le plus salubre, d'y faire tomber la gosseline avant qu'elle ne se jette dans la grande rivière, et même de lui former un port pour metre les bâtimens en sûreté. La pêche y est abondante.

Réflexions.

En général, le site des villes n'a été choisi que par l'intérêt contre lequel les raisonnemens poli tiques et militaire ne peuvent rien. Les colonies n'ont pas d'autres règles: elles vont, elles s'arrêtent où l'argent abonde le plus, et le commerce ne prospère que dans un terrein qu'il a choisi

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lui-même. Tout genre de contrainte l'effraye et serait une tyrannic absurde.

Une administration sage, vigoureuse et juste, découvrira dans les parties espagnole et française, quantité de ressources inconnues jusqu'à ce jour, ainsi que des Ports et des Bois propres à la construction, d'autant meilleurs, qu'ils sont d'une plus longue durée que ceux dont nous nous servons, et à l'abri de la piqure des vers. La preuve du fait que j'avance, se voit journellement dans les bâtimens que les Espagnols construisent à la havanne, et qui durent plus longtems que les nôtres.

Rien n'empêcherait d'établir différens chantiers, où l'on dégrossirait les pièces destinées aux vaisseaux, et d'ordonner aux bâtimens de l'état, aux navires marchands et autres, au lieu d'entasser au fond de calle, un mauvais bois de fardage, de se lester de membres de vaisseaux, qu'ils rapporteraient en France.

Peut-être serait-il plus avantageux et moins dispendieux pour le gouvernement français, de former à Saint-Domingue comme les Anglais et les Espagnols l'ont fait dans leurs îles, des bassins pour y construire des vaisseaux et autres bâtimens de guerre destinés à protéger cette colonie.

Ancienne partie Espagnole de l'Ile.

La partie de l'Ile qui est le plus au vent, est

ce qu'on appelait anciennement la partie espagnole. A des plaines vastes, fertiles et vierges, elle joint l'avantage d'être de toutes parts ouvertes à l'océan, le rivage en est sûr. On entre dans ses ports le jour qu'on les découvre; dès le jour qu'on en sort, on les perd de vue. La route est telle, que l'ennemi n'y peut tendre aucune embuscade. Les croisières n'y sont pas faciles. Ses parages sont à l'abord des Européens et les voyages fort abrégés.

La nature semble avoir placé Samana, pour en faire un port de roi, et l'entrepôt général de toutes les flottes et de toutes les troupes qui arriveraient à Saint-Domingue. Les environs de cette Baye qui peut contenir mille vaisseaux, offrent un terre vierge qui s'élève imperceptiblement et qui est couverte d'acajou, de gayac, et d'autres bois précieux.

La baye d'Oco au S. O. de Samana, présente des ressources considérables pour un port de

roi.

Défense extérieure de l'Ile.

Pour obvier à tous les dangers qu'offre la partie française de Saint-Domingue, il faudrait durant la guerre, une escadre permanente dans la colonie, et toujours en activité. C'est un des plus sûrs moyens de conserver les îles. Soit impuissance du gouvernement, soit négligence des ami

raux dont les vaisseaux sont restés dans les ports sans agir, la métropole n'a pas suivi le seul systême qui lui convenait pour la sûreté de SaintDomingue. Les puissances maritimes ne doivent pas seulement garder leurs frontières, il leur faut des vaisseaux pour remplir l'intervalle qui les sépare de leurs colonies, et qui lui répondent de leur prospérité et de leur attachement.

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L'Anglais qui sentait l'importance de cette île, nous a toujours prévenu, en envoyant dans ses colonies, des forces majeures pour lui assurer la suprématie de ces mers. Si ce plan était adopté, il faudrait 4 vaisseaux, 2 frégates au Cap; 2 vaisseaux, 2 frégates au Môle; 4 vaisseaux, 2 frégates au Port-au-Prince; 4 vaisseaux, 2 frégates dans la partie du Sud; 2 vaisseaux, 2 frégates dans l'est. 2 vaisseaux de 74 croiseraient depuis la pointe de Portugal à l'est de la Tortue, jusqu'au port Cavaille, et une frégate de 44 croiserait depuis la pointe du Cas rouge, jusqu'aux vieux Cap français. Leur présence chasserait les corsaires qui interceptent à ces points, les navires marchands qui vont au Cap durant la guerre, et le plus souvent durant la paix. Si l'ennemi venait avec de plus grandes forces, le vaisseau qui croise devant la Baye du môle Saint-Nicolas, jusqu'à dix lieues au large sur la parallelle du Cap Maizi, se replierait sur celui qui croise depuis le Môle jusqu'à l'ouest de la Tortue; ils iraient prendre les deux vaisseaux qui se trouveraient dans la rade du Cap,

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