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et se rendraient au-devant des trois autres croiseurs, pour faciliter leur rentrée dans le port le plus proprice et le plus à portée, en supposant qu'ils ne puissent pas retourner au Cap. Cette réunion s'effectuerait plus sûrement s'il y avait des télégraphes sur plusieurs points de cette côte.

L'entrée du Cap ainsi protégée, les deux vaisseaux et une frégate qui sont mouillés dans son port, débouqueraient les bâtimens qui seraient destinés pour l'Europe; à leur retour, ils releveraient les stationnaires qui se rendraient alors au Cap, ce qu'ils feraient sans courir de dangers, puisque des vaisseaux ne peuvent pas être sur ce passage sans qu'on en soit averti.

La croisière des vaisseaux du Môle depuis la pointe ouest de la Tortue jusqu'au Môle, et à la parallelle du Cap Maizi, est aussi importante pour les bâtimens qui vont du Cap à l'ouest et au sud, que peut l'être la Grange pour ceux qui veulent attérer au Cap. Ce serait aux forces placées aù nord à tenir la mer libre jusqu'à dix lieues au large de la pointe du Môle, d'autant plus nécessaire, qu'on peut intercepter à ce passage forcé, tous les armemens de la nouvelle Angleterre pour la Jamaïque.

L'escadre du Port au Prince croiserait depuis Jérémie jusqu'à la pointe du môle Saint-Nicolas, elle serait tenue de se montrer de tems en tems jusqu'au Cap Tiburon, de protéger ses propres pa

rages et d'escorter jusqu'à la vue du Môle tous les bâtimens qui voudraient faire leur retour en France. La station du Môle les convoierait jusqu'à celle du Cap qui les débouquerait.

L'escadre du sud destinée à protéger cette partie, pourrait, suivant les circonstances, aller croiser sur la Jamaïque de concert avec l'escadre de l'ouest. Si elles étaient poursuivies par des forces supérieures, elles pourraient se réfugier à la baye des Flamands, à Saint-Louis, à Oco, ou à Santo Domingo, que le gouvernement peut mettre à même de protéger ses vaisseaux. L'escadre de l'est croiserait simplement le long de ses côtes. La métropole doit relever ses vaisseaux tous les trois ans, par rapport aux équipages qui seraient charmés après ce tems, de revoir leurs familles.

L'île de Saint-Domingue devrait être considérée, comme le chef-lieu et la vice-royauté de toutes les possessions françaises de l'Amérique. Elle doit être le dépôt général des forces de terre et de mer, des arsenaux et autres objets d'armement maritimes, parce que cette colonie offre plus de ressources que toute autre, pour préparer et faire la guerre dans les Antilles. Car enfin si un combat naval avait lieu au vent de cette île, les vaisseaux désemparés auraient alors vent arrière pour se rendre dans les ports de cette colonie qui leur of frirait toutes les ressources nécessaires pour se réparer et se mettre à même de reprendre la mer.

C'est pour cette raison que

les Anglais ont placé leur dépôt général à la Jamaïque, qui se trouve tout à fait sous le vent de toutes leurs îles.

La Martinique pourrait alors servir de dépôt secondaire.

Défense de l'Intérieur.

Les dehors de l'île étant défendus par une escadre, il serait, je crois, nécessaire de construire et d'entretenir des batteries pour protéger les rades et les garantir d'une descente de la part des Anglais.

Pourquoi ne fortifierait-on pas en outre plusieurs villes dans l'intérieur? Si on disperse les troupes, elles deviennent inutiles par la division des forces; si on les rassemble pour soutenir des postes que leur faiblesse locale expose le plus à l'attaque, on risque de les perdre toutes à la fois.

De gros bataillons ne seraient qu'un fardeau pour de vastes côtes qui présentent trop de flanc ou de front à l'ennemi. Les troupes légères qui suffisent pour soutenir ces batteries, abandonneront du terrein à proportion des marches de l'ennemi, et se contenteront de ne pas se rendre sans être menacées d'une destruction totale. Chaque partie de l'île devrait avoir sur les derrières un lieu d'asile et de renfort, toujours ouvert à la retraite, loin de la portée de l'ennemi, et capable de repousser ces attaques.

Le rendez-vous général du sud, par exemple,

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établi sur l'habitation Perrin, à dix mille toises des Cayes, est un asile d'une résistance supérieure. Au centre de tous les mouvemens rétrogrades, il rassemble tout ce qu'on peut désirer pour la défense. La nature en rétrécissant sa gorge, a couvert ses flancs et assuré dans ses derrières un débouché qui ferme à l'ennemi toute avenue pour le tourner, et qui ouvre à ses défenseurs une issue de communication avec l'intérieur de la colonie.

De cette retraite inexpugnable, on harcelera continuellement le conquérant, surtout, si l'on a quelques escadrons de cavalerie légère qu'on peut se procurer à peu de frais, la partie espagnole fournissant à un prix modique des chevaux andalous très-souples et pleins de feu, qui ne sont pas ferrés, qui paissent toute l'année dans les Savannes où ils dorment en plein champ. Ce genre de petite guerre donnera le tems d'attendre les secours qui peuvent arriver de l'ouest, du nord et de l'est.

Macaya, montagne qui sépare la grande Ance du sud, demanderait à être ouverte pour ôter désormais toute retraite aux nègres.

La Gascogne dans l'ouest, a toutes les forces de position que donne la nature. Son seul inconvénient est de n'être pas placée au milieu de tous les quartiers.

La partie d'Oco demanderait à être ouverte en plusieurs endroits. Son port qui est un des plus beaux du sud, exigerait un établissement propre

à recevoir des vaisseaux, et une garnison respectable, ce qui ôterait aux ngres une retraite forinidable, en cas de nouvelle insurrection.

Les Cahos, par la même raison, nécessiteraient des travaux qui mettraient à méme de les parcourir dans tous les sens.

Pourquoi, suivant le projet de Versailles, vivement appuyé par le maréchal de Noailles, en 1772, n'établirait-on pas une place forte dans les montagnes? Cette capitale située dans un lieu où l'élévation des terres tempérant la chaleur du climat, épurerait l'influence de l'air, au milieu d'une campagne qui fournirait les commestibles les plus nécessaires en tout genre, particulièrement le riz, environnée de troupeaux, serait conservée pour l'instant des besoins et munie de magasins proportionnés à sa grandeur et à sa garnison.

Cette ville, ainsi que les points que j'ai désignés dans l'ouest et dans le sud, pourraient renfermer des hôpitaux immenses, propres, et où se trouveraient avec abondance toutes les choses néceșsaires aux malades.

Au lieu de faire périr tous les rebelles, le Gouvernement ne pourrait-il pas en réserver cinq à six mille, qu'il destinerait à former des chaines pour ces différens ouvrages? S'il craignait qu'il ne réussissent à s'évader et à occasionner de nou veaux troubles,ne pourrait-il pas les faire passer dans tous les ports de l'empire français, et envoyer à leur place les forçats blancs qui s'y trouvent?

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