Page images
PDF
EPUB

son affreuse existence. Le mulâtre, en un mót, possède les traits et les vices du blanc et du noir, sans en avoir aucune des vertus.

Cette caste contre la nature, monument affreux de l'avilissement des blancs, diparaîtra, si le Gouvernement approuve les envois que les envois que je propose, ainsi que ceux des criminels condamnés à périr sur l'échaffaud, ou à gémir dans les fers. Ces malheureux que l'indigence et souvent la dureté des riches a rendu criminels, étant joints à des jeunes filles publiques dont le gouvernement se débarasserait, serviraient à former de nouveaux établissemens lointains, dans les triples montagnes.

On leur fournirait les instrumens aratoires, les grains nécessaires, ainsi que six mois de vivres.

Que les nègres et les mulâtres ne soient jamais employés qu'à la culture, qu'aux travaux grossiers et de force; qu'ils soient à jamais exclus dans les villes et dans les campagnes, de l'état de domesticité; qu'ils ignorent l'art de mettre les métaux en œuvre, de préparer les drogues, en un mot, tout ce qui peut leur dissiller les yeux, irriter leur ambition sans bornes et leur sotte présomption.

La distance immense qu'ils trouveront entre eux et les blancs, les empêchera désormais de former des complots et des trahisons : leur ignorance a fait pendant deux siècles leur bonheur et celui de la colonie, leurs connaissances au contraire ont tout perdu. En donnant un libre essor à l'ambition qui germait dans leurs cœurs sau

vages, elles ont étouffé ces sentimens qu'on avait droit d'attendre de ces êtres à figure humaine. Elles ont fait disparaître ce préjugé favorable qui les portait à considérer les blancs comme des êtres d'une nature supérieure à la leur. Ce préjugé qui avait maintenu la colonie en paix, était si profondément enraciné dans leur esprit, que le premier nègre qui tua un blanc, au moment de la révolution des îles, laissa tomber son fusil de surprise, et courut appeler ses compagnons pour les rendre témoins de son action en leur disant : << Amis, voyez ! nous pouvons combattre les blancs » avec leurs propres armes, car ce fusil m'a servi » à oter la vie à celui qui est ici étendu à vos >> pieds. >>

[ocr errors]

Que les domestiques, les ouvriers, les employés, les fonctionnaires et les surveillans d'habitations, soient tous des blancs, que les servantes des villes, des campagnes, des hospices et des maisons d'éducation soient toutes des femmes européennes; alors la population blanche pourra se soutenir sans coûter annuellement des milliers d'émigrans à l'Europe.

Réflexion.

Mais avant de songer à ces émigrations qui ne doivent avoir lieu que depuis juillet jusqu'au 30 novembre au plus tard, afin de donner le tems aux nouveaux débarqués de s'acclimater, l'humanité et la politique. exigent qu'on fasse dans chaque

quartier ou paroisse, des établissemens semblables à ceux du Cap, appelés maisons de la Providence, où les hommes et les femmes trouveraient séparément tous les secours que leur situation nécessite, jusqu'à ce qu'ils puissent prendre possession du terrein qui leur est cédé par l'Etat.

Ces hospices sont d'autant plus nécessaires, que les Européens qui arriveraient dans la colonie, se trouveraient pour la plupart sans ressources, ni talens, et presque tous exposés à des maladies souvent mortelles, avant qu'ils aient acquis assez d'industrie pour subsister.

ÉDUCATION.

L'éducation, à Saint-Domingue, doit être purement militaire, et consister en outre à enseigner aux jeunes élèves le français, l'anglais, les mathématiques, la navigation, l'histoire, la construction navale, l'art des fortifications et des plans, le dessin, la musique, la danse, les armes, la natation, l'exercice à pied et à cheval, la médecine; on leur donnera aussi des notions sur la culture et les rapports commerciaux du pays.

L'éducation doit être aux frais de la colonie. Chacun des élèves, au sortir du collège, doit servir depuis l'âge de 20 ans, jusqu'à 24. Ils seront ensuite rendus à leur famille. Le fantassin, ainsi que le cavalier seront tenu de se fournir tout ce qui a

rapport à leur arme, et de s'exercer au moins une

fois par mois.

Dans toutes les villes et bourgades de la colonie, il doit y avoir pour les enfans de ces nouveaux habitants, des écoles gratuites où on leur enseignera à lire, à écrire, l'arihmétique, les premiers élémens de la médecine et du pansement des plaies, toutes sortes d'arts et de métiers. On leur donnera aussi des notions sur la culture et sur la manière de traiter avec le commerce. On instruira leurs filles dans tout ce qui a rapport au ménage; on leur apprendra à lire, à écrire, et les premiers élémens de l'arithmétique.

Les maisons destinées à l'éducation des demoiselles, doivent être placées dans ces villes retirées et desservies, ainsi que celles des jeunes gens, par des hommes et des femmes d'Europe, pour éloigner de leurs chastes yeux le spectacle dégoûtant de ces nègres et nègresses qui prostituent sans honte aux regards du public, leurs formes aussi sales que grossières, et déchirent les oreilles délicates, par leurs juremens et leurs conversations

obscènes.

On enseignera aux demoiselles le français l'arithmétique, l'écriture, la musique, la danse, le dessein, la couture, la broderie, à tricoter, à filer, et tout ce qui a rapport au ménage.

RÉSUMÉ GÉNÉRAL.

Pour ramener St-.Domingue à son premier état de splendeur, et lui donner une consistance que cette île n'avait pas avant la révolution, qu'il con viendrait.

crois

1o. De faire de St.-Domingue le chef-lieu général des Antilles, d'y établir des chantiers de construction, des voileries, des corderies, des arsénaux, des fonderies de cuivre en feuilles pour le doublage des vaisseaux, des fonderies de canons et de fer en barres, des manufactures de poudre à canon et d'armes portatives à l'usage de la terre et de la mer. On se procurerait ces objets en employant une partie des rebelles vaincus à exploiter les mines de cuivre et de fer de Saint-Domingue. Enfin, de faire de cette colonie l'entrepôt général des troupes que la métropole enverrait au secours de ses îles, et de donner au Gouverneur le titre de Vice-Roi des possessions françaises de l'Amérique.

Get officier général, qui serait lui-même assujetti aux lois établies dans la colonie, aurait sous ses ordres les commandans particuliers des quar, tierset des villes de toutes les possessions françaises dans le Nouveau-Monde. Saint-Domingue serait divisée en quatre départemens portant le nom des quatre points cardinaux. Les forces militaires et tous les forts de chacun de ces départemens seraient commandés par un Maréchal-de-Camp qui aurait son quartier-général dans le chef-lieu de son

« PreviousContinue »