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projets, pour leur donner ce caractère de justice et de douceur qui en assure l'exécution.

Etrangers à un pays qu'ils fregardaient comme destiné à réparer leur fortune, la majeure partie de ces ministres, au lieu de chercher à le favoriser, à l'assainir, à l'améliorer, ils autorisaient les abus pour augmenter plus promptement leur fortune. Ils intriguaient, ils sacrifiaient les habitans à leur orgueil, à leur cupidité et à leur ambition.

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Au lieu de substituer une légistalion modérée fixe et indépendante des volontés particulières, à un gouvernement militaire, violent en lui-même et fait pour des tems de crise, la cour de Versailles crut faire assez pour les colonies en leur donnant un Intendant qui devait balancer le Commandant.

Les îles qui avaient gémi jusqu'à ce jour sous le joug d'un seul chef arbitraire, se virent en proie à deux pouvoirs également dangereux, par leur division et par leur union. Rarement d'accord, le bruit de leurs discussions retentissait jusqu'en Euoù chacun d'eux avait des protecteurs puissans et intéressés à les maintenir dans leur place; et où les cris des malheureux colons, victimes de leur oppression, n'étaient jamais, ou que trèsrarement, écoutés écoutés par la métropole.

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Les Gouverneurs, outre la disposition des troupes réglées, avaient le droit d'enrégimenter les habitans, de leur prescrire les manoeuvres qu'ils

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jugeaient à propos; de les occuper pendant la guerre, comme il leur plaisait; de s'en servir même pour conquérir; ils s'arrogeaient le droit, à la sollicitation d'un créancier généreux, de condamner au cachot, de forcer à payer sans d'autres formalités, les débiteur qu'ils avaient mandés devant eux.

par

Les Intendans décidaient seuls de l'emploi des finances, et pour l'ordinaire, ils en réglaient le recouvrement. Ils appellaient devant eux les affai res civiles ou criminelles, soit que la justice n'en eut pas encore pris connaissance, soit qu'elles eussent été déjà portées même aux tribunaux supérieurs. Telleétait l'ancienne administration des îles.

Pour combled'abus, les Gouverneurs et les Intendans accordaient en commun les terres qui n'avaient pas été concédées; ils jugeoient de tous les différends qui s'élévaient au sujet des nouvelles et des anciennes possessions. Cet arrangement inique mettait dans leurs mains, dans celles de leurs commis, ou de leurs créatures la fortune de tous les colons, et conséquemment rendait précaire le sort de toutes les propriétés.

Puisque le Gouvernement de Saint-Domingue, du tems même de l'ancien régime, était un des plus lucratifs emplois de la couronne de France, et qu'il n'y a pas de doute que la paix et une constitution nouvelle et sage n'ajoutent un éclat plus brillant aux honoraires somptueux de cette place importante."

Que le gouvernement donc n'emploie désor mais que des gens probres, intègres, versés dans les différentes branches de l'administration; intéressés au bonheur et à la prospérité de la chose publique, ayant en outre une famille et une fortune connues, qui puissent répondre de leurs malversations ou de leurs inepties, et non pas ces européens poussés en Amérique par leurs besoins, par leurs vices; devenus, par ces transplantations volontaires ou forcées, étrangers partout; Ordinairement corrompus par le défaut de lois que remplace mal une police arbitraire; par ce goût dépravé de domination qui résulte de l'abus de l'esclavage, et par l'éclat d'une grande fortune qui leur fait oublier leur première obscurité.

Puisque la justice suit naturellement la propriété, et que personne n'a plus d'intérêt et de droit au bon Gouvernement d'un pays, que ceux à qui la naissance y donne de plus grandes posşessions; puisse le Gouvernement adopter la politique judicieuse d'accorder aux propriétaires, nés pour la plupart dans les colonies, le droit de se gouverner eux-mêmes, mais cependant d'une manière subordonnée à l'impulsion de la métropole. Ces créoles, qui naturellement ont de la pénétration, de la franchise, de l'élévation, un amour de la justice qui naît de ces belles qualités; touchés des marques d'estime et de confiance que leur donnerait le Gouvernement en les chargeant du soin de régler l'intérieur de leur patrie, s'at

tacheraient à ce sol fertile, se feraient une gloire, un bonheur de l'embellir, d'y créer toutes les douceurs d'une société civilisée, et de la défendre de tous leurs moyens.

Au lieu de cet empressement naturel qui, durant la guerre, les fait courir pour la protection audevant d'un joug étranger, et dont le reproche est une accusation de dureté contre les ministres de la France, on verrait naître aux colonies cet attachement que la confiance paternelle inspire toujours à des enfans.

Rome apprit à ses ennemis l'art de vaincre dans l'ancien monde, que la France apprenne de sa rivale, l'art de peupler, de cultiver et de

le nouveau !.

gouverner

20°. Que le gouvernement nomme un Inspecteur en chef de culture, chargé de la revue des troupes, de la visite des hôpitaux, vivres et magasins, lequel aura des sous-Inspecteurs préposés pour veiller à la culture des terres, aux chaînes des criminels destinés tant aux chemins, aux canaux, chaussées, ponts, desséchemens de marais et autres améliorations, qu'aux fortifications et curremens des ports des villes.

Que cet officier tienne un état exact de recettes affectées à ces sortes de travaux, ainsi que de l'emploi de ces mêmes sommes, qu'il serve de contrepoids entre le vice-roi et le préfet, en faisant connaître au Gouvernement de la métropole l'abus

qu'ils font de leur autorité, et qu'il dévoile leurs menées sourdes, sordides et ambitieuses.

L'Inspecteur en chef de culture et les sous-Inspecteurs doivent être revêtus d'un grade militaire bien reconnu; ils doivent avoir une escorte toutes les fois qu'ils feront leurs tournées, afin de les faire respecter partout où leur présence se trouvera nécessaire.

21°. Que le gouvernement encourage des compagnies de Hollandais ou d'autres nations à faire l'entreprise des divers canaux, chaussées, ponts, etc.; qu'il leur permette, par voie d'encouragement, le commerce exclusif pendant un certain laps de tems dans les différens endroits où ils auront employé leur industrie, en fixant toutefois le prix de leurs marchandises et celui des denrées de SaintDomingue, et en les exemptant d'une partie des droits. Quant au rétablissement des villes que les nègres pourraient avoir détruites, le Gouvernement pourrait ordonner au commerce qui enverrait des bâtimens à Saint-Domingue d'apporter cinquante pierres de taille depuis un pied de large jusqu'à vingt-quatre où trente pouces de long, sur six pouces d'épaisseur; les petits bâtimens, vingt pierres de taille comme les premières, et cent autres de six pouces carré : chaque charette venant de campagne serait tenue de porter trois pierres de six pouces carré, sur six d'épaisseur.

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22° Que le Gouvernement encourage la population

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