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Le nègre Candio ou Docteur, est ainsi appelé, parce qu'il s'habille avec plus de soin que les autres; il est en-treprenant, libertin, et se fait entretenir par les négresses: c'est un feseur d'embarras, qui, par ses motions, par son bavardage et par sa conduite indiscrète, occasionne souvent du trouble sur les habitations, ou dans les danses de negres, appellées Calinda.

Le Caprelata est un mauvais sujet qui court d'habitations en habitations, et ne travaille jamais; il contrefait le sorcier, et vend aux noirs des amulettes et des fétiches, avec lesquelles il leur assure qu'ils peuvent tout faire et qu'ils seront à l'abri de la détection, des châtimens et même des coups de fusil; il porte sur lui et sur sa tête, une vingtaine de petites queues garnies de plumes et de pattes d'oiseaux, des rasades, des graines et des coquillages.

Le Don Pedro est un nègre qui court les habitations pendant la nuit, pour voir ses femmes. Il ne se contente pas de voler les vivres, les volailles et les moutons, il dépayse encore les chevaux et quelquefois les petits négrillons; il est paresseux raisonneur et menteur effronté. Il a une couple de queues sur la tête, et une cadenette de chaque côté de la figure; il porte ordinairement un gros baton, ou un gros fouet, appellé Arceau.

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Les postillons, les charretiers et les gardeurs d'animaux, sont en général des Don Pédro.

Le Vaudou est le plus dangereux de tous les nègres ; il ne travaille que lorsqu'il ne peut pas faire autrement; il est voleur, menteur et hypocrite; il donne de mauvais conseils aux noirs, et leur distribue des poisons subtils avec lesquels ils détruisent imperceptiblement les bestia ux, les volailles, les blancs et les nègres qui leur déplaisent. Les gardiens de barrière, de jardin, de vivres, de pièces de cannes et un grand nombre de vieux nègres sont des Vaudoux ; ils ont toujours dans leurs cases différens poisons contenus dans des Cocos, ou des Calebasses.

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Le Don Pedro et le Vaudou sont une association d'autant plus terrible qu'elle a pour but la ruine et la destruction des blancs, et de persuader aux nègres qu'ils ne seront jamais heureux, s'ils n'y sont pas associés. Pour être Don Pedro, il faut être bon filou, effronté, entêté, endurci aux coups, et ne jamais révéler de ce qui s'est passé dans leurs rendez-vous.

Quand la confrairie croit n'avoir rien à craindre de la faiblesse, de la lâcheté, ni de l'indiscrétion d'un nègre qui désire devenir Vaudou, elle en instruit le roi de cet ordre. Le récipiendaire subit alors un mois d'épreuves. S'il prouve par son adresse à voler, par sa patience, par sa fermeté, et par sa résignation à souffrir les coups, que rien ne peut lui arracher son secret, on l'introduit les yeux bandés dans la salle décisive. Aussitôt qu'il est à genoux, on lui ôte son bandeau : il voit tout autour de lui des nègres armés et chamarés d'une manière effrayante, et dans le milieu de la chambre, une grande nappe parsemée de taches de sang, de plumes et de griffes d'oiseaux.

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Un bruit affreux annonce l'apparution du roi Vaudou, qui sort de dessous la nappe tenant un tison ardent d'une main et un poignard de l'autre ; il demande d'un air féroce au récipiendaire ce qu'il veut. « Je desire, dit>> il, baiser la couleuvre sacrée, et recevoir de la reine >> Vaudou ses ordres et ses poisons. » Le Roi, pour l'éprouver, lui enfonce la pointe de son poignard dans le bras et sur le gras de la cuisse, ensuite il y applique son tison ardent. Si le nègre se plaint ou fait la grimace, il est assassiné sur-le-champ; s'il ne fronce pas du sourcil, les noirs armés le conduisent alors dans une chambre vaste au bout de laquelle il y a un rideau, et au milieu de la salle un grand Bamboula, ou tambour, de 4 pieds de haut, orné de rubans, de feuillages et de fétiches.

Le récipiendaire la traverse sur ses genoux et sur ses coudes, entre deux rangs de nègres et de nègresses. En arrivant auprès du rideau, il fait offre des volailles et des vivres qu'il a volés, le rideau se lève immédiatement, il apperçoit sur un trône le roi Vaudou près à le percer d'une flèche, et à côté de lui, la reine qui retient l'arme meurtrière. Sitôt que son offrande est faite, on lui passe la couleuvre tout autour du corps, il la baise, et reçoit ensuite les ordres et les poisons de la reine, pour détruire dans deux ou trois mois ses ennemis et leurs animaux.

Sept nègres nuds, ayant des feuilles autour des reins, des plumes à la tête et des rasades autour des poignets, le prennent et le conduisent auprès du tambour sacré; ils l'arment d'un bâton semblable au leur, lui font boire un breuvage énivrant, mêlé de sang, de poudre à canon et de tafia, après quoi ils chantent et répètent en chocur les paroles suivantes, qu'ils commencent et terminent par un coup de bâton sur la Bamboula.

«A ia bombaia bombé, lamma samana quana, é van >> vanta, vana docki, qui signifient, nous jurons de dé>>>truire les blancs et tout ce qu'ils possèdent, mourrons >> plutôt que d'y renoncer. »

Après le serment, les hommes et les femmes se mettent à danser tout nuds, et à boire du tafia. La salle n'offre plus ensuite qu'une orgie indécente, dans laquelle les deux sexes se trouvent enlacés dans les bras les uns des autres.

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ma, samana. qua na lamma, samana, qua na. E van, vanta, vana, docki. a

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DES COLONS

DE

SAINT-DOMINGUE. MINGU

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