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chemins, auquel cas il serait facile à la troupe de se former en bataille, n'ayant que dix pas à faire pour se réunir dans un chemin plat et ouvert. Le corps de réserve marchera en masse, à cent pas de distance, regardant de tems en tems par derrière, pour éviter toute espèce de surprise.

La distance que le corps de l'armée laisse entre chaque soldat, est d'autant plus essentielle, que c'est toujours dans les embuscades que les nègres nous font le plus de tort, par l'habitude que nous avons de marcher en masse.

2o. Les éclaireurs ainsi que le détachement observeront le plus grand silence, ils ne porteront ni feu, ni rien qui puisse faire connaître leur marche à l'ennemi; ils redoubleront de vigilance dans les chemins creux, dans les endroits couverts et coupés de fossés ou de hayes.

3o. Pour fouiller un ravin, un bois, une habitation, ou toute autre position que l'ennemi occupera, ils n'y entreront que les uns après les autres, mais en se suivant et sans se perdre de vue. Autant que faire se pourra, les éclaireurs, ainsi que l'arrière garde,se tiendront toujours à la hauteur du détachement, de manière à pouvoir lui faire connaître la marche, ou la position de l'ennemi, et être à même de se rallier en cas de nécessité,

40. Le détachement en général, fera de fréquentes haltes, tant pour laisser respirer le soldat, que pour écouter si l'on entend quelque chose, afin de prendre bien ses dispositions.

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5o. Si le commandant d'un détachement a connaissance de la position des brigands, il doit tâcher de s'en approcher le plus furtivement qu'il lui sera possible, à la faveur des haies, bois ou fossés, disperser une partie de sa troupe de manière à occuper toutes les issues et portes de derrière, afin de leur couper toute retraite, et fondre brusquement, avec le reste de sa troupe, sur le lieu où ils

sont rassemblés.

6o. Si le commandant d'un détachement a connaissance de la marche d'une troupe d'insurgés, il s'embusquera des deux côtés du chemin, ou dans tout autre endroit favorable, pour les envelopper et tomber dessus quand ils passeront. Si au contraire ils étaient campés en force, après les avoir fait reconnaître par quelqu'un d'intelligent, et sur le rapport qu'il fera de leurs forces et de leur position, il laissera une partie de son détachement embusqué, tandis qu'avec l'autre il s'avancera avec précaution pour attaquer l'ennemi ; après une faible et courte attaque, il feindra de retraiter jusqu'au de-là de son embuscade, pour attirer l'ennemi dans ce piège et tomber dessus. Si celui qui avait été reconnaître l'ennemi venait à être découvert, il tirerait quelques coups de fusil pour signaler l'ennemi et rejoindrait de suite le détachement.

7°. Le commandant d'un détachement, après s'être assuré de la force et de la position des révoltés, peut encore laisser la moitié de sa troupe

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embusquée, et avec l'autre moitié contourner la position des nègres, en s'avançant en silence et avec précaution à travers les bois, les bananiers, les cafiers, ou le long des hayes qui peuvent se trouver sur la montagne ou dans la plaine. Quand il sera parvenu au point opposé à celui où il a placé son embuscade, il laissera respirer sa troupe un instant, afin de bien reconnaître lui-même le terrein, puis sans donner le tems à l'ennemi de se reconnaître, il foncera précipitamment desus, en criant à tue tête : tien bé io, tien bé io, afin d'effrayer les nègres davantage, et de les forcer à se sauver au plus vite du côté de son embuscade, où il pourra les détruire entre deux feux. Comme les nègres se servent de ces cris, lorsqu'ils sont déterminés à faire périr leurs prisonniers de, la manière la plus féroce, la crainte des représailles ne peut manquer d'avoir son effet.

8°. Le commandant dont le détachement serait mis en déroute, doit toujours songer à pouvoir faire une retraite en bon ordre, il doit avoir soin de la faire protéger par des tirailleurs, et au premier endroit favorable, de rassembler sa troupe ou le plus de soldats qu'il pourra, pour les embusquer et tâcher d'arrêter la marche de l'ennemi, afin de donner le tems aux soldats de se reconnaître et de se rallier.

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9°. Le commandant d'un détachement, avant d'aller à l'ennemi, doit s'assurer, par lui-même, si sa troupe est bien chaussée, si elle a quatre

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paquets de cartouches, un couple de biscuits où dù pain, avec une chemise dans son havresac et son bidon rempli d'eau-de-vié, afin que le soldat dans le repos qu'on lui accorde avant d'attaquer l'ennemi, ait le tems de reprendre haleine et de s'assurer l'estomac.

10°. Le détachement étant en campagne, lorsque le tems sera couvert, et pendant la nuit, l'avant garde, l'arrière garde et les éclaireurs, s'écartéront moins du détachement.

11o. S'il a fait halte pour se reposer, le commandant fera poser à 150 pas de distance, douze sentinelles perdues, qui formeront un cercle autour du camp, puis douze autres en échiquier à 100 pas du camp, et à 50 pas des secondes gardes, quatre petits postes de douze hommes chaque, perpendiculaires à la ligne des sentinelles perdues, ils serviront à flanquer les quatre coins du camp, nonobstant quatre factionnaires attenant le camp, parallèlles aux douze échiquiers, pour éviter toute surprise de la part de l'ennemi. Le commandant recommandera surtout aux sentinelles perdues, avant gardes et factionnaires, d'observer le plus grand silence, de bouger le moins qu'ils pourront, de s'embusquer derrière les quartiers de rochers ou d'arbres qui se trouveront auprès d'eux, et finalement de poser souvent l'oreille contre terre, afin d'entendre et de voir tout ce qui pourrait venir à eux.

12°. Les sentinelles perdues ne doivent rester

qu'une heure en faction. Le caporal de garde prendra six hommes de chacun des quatre postes, pour relever les sentinelles perdues, et les autres en échiquier; il les replacera dans les quatre postes. En allant les relever, le caporal de garde fera un signal convenu entre eux; il le changera autant de fois que de factionnaires, ayant soin, avant de les quitter, de reconnaître le terrein avec chaque sentinelle. Après deux heures de faction, le caporal de garde, les sentinelles, les postes et les factionnaires seront relevés par d'autres.

13°. Le commandement de ces sortes de détachemens ne doit être confié qu'à des officiers braves, intelligens, s'il se peut connaissant le pays, ayant la volonté bien reconnue, et la fermeté nécessaire pour maintenir dans leur troupe une discipline sévère, et surtout un respect inviolable pour les propriétés. Ceux qui s'écarteront de ces principes, doivent être punis suivant la rigueur des lois.

Le commandant d'un détachement ne doit jamais oublier que les révoltés se servent pour espions de femmes, d'enfans et quelquefois de vieux nègres infirmes, qui les avertissent de la marche de nos troupes, en feignant de chanter ou de crier après leurs troupeaux. Ils doivent les arrêter tous indistinctement, saufà les relâcher après l'attaque, s'ils le jugent nécessaire; car il n'est pas dans ce pays, jusqu'aux enfans qui ne tirent leurs coups de fusil sur les blancs, lorsque l'occasion

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