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ment d'un coup de main par terre, et l'on garantissait l'entrée de son port, en laissant subsister cette chaîne de batteries depuis Picolet, le GrisGris, l'arsenal, etc., jusqu'à la Petite-Anse. Rien n'empêcherait sur la petite île qui est en tête de sa rade, d'élever une batterie capable d'en imposer aux vaissaux ennemis.

Port-de-Paix.

Le bourg du Port-de-Paix demanderait quelques améliorations, pour servir en tems de guerre, de relâche entre le Môle, le Cap et la Tortue. Ce canton est fort sain; il fournit des poissons et des huitres assez estimées.

Môle Saint-Nicolas.

Le môle Saint-Nicolas situé à la pointe de cette côte qui sépare le nord de l'ouest, est un port également beau, sûr et commode. La nature, en le plaçant vis-à-vis de la pointe Maizi de l'île de Cube, semble l'avoir destiné à devenir le poste le plus intéressant de l'Amérique, pour les facilités de la navigation.

Il est, à juste titre, nommé le Gibraltar de la colonie, puisqu'avec très-peu de réparations, il peu braver les efforts des ennemis, par terre et

par mer.

La Baye a 1450 toises d'ouverture, la rade conduit au port, et le port au bassin ; il est ouvert aux

vents d'ouest et du nord, sans avoir rien à craindre de leur violence. L'air y est sain quoique la mer y soit stagnante, et l'on y pèche d'excellent poisson.

Les Gonaïves.

La baye des Gonaïves pourrait offrir quelque sûreté pour une relâche momentanée, elle est susceptible de défense aussi bien que la ville. Sa plaine y est renommée pour les cotons, et l'air y est passable.

La Pointe du grand Pierre.

Cette rade qui est ouverte au N. N. O., se trouve en grande partie garantie par une chaîne de récifs; elle pourrait en cas de besoin servir de relâche momentanée, ainsi que le Bec de Henne, la pointe à Piment, et la pointe Coridon, qui se trouvent entre la plate-forme et la baye des Gonaïves. L'air de ces trois endroits est assez salubre.

Saint-Marc.

Cette ville qui est agréablement bâtie, s'étend en longueur sur la côte, au fond d'une baye couBonnée d'un croissant de collines remplies de pierres de taille. La mer n'en est séparée au sud, que par une petite plaine; deux ruisseaux traversent la ville. Sa rade pourrait servir de relâche en tems de guerre, en établissant un fort sur la pointe ouest.

,

Il en existe un sur le morne Est; une batterie à barbet au lieu du débarquement, et un bon fossé autour de la ville, avec, un couple de bastions. la préserveraient des surprises par terre et par mer. Saint-Marc doit son commerce aux richesses de la plaine de l'Artibonite, qui a quinze lieues de long, sur quatre et neuf de large, ainsi qu'à la pureté de son air. Avec un peu de travail on lui procurerait une rade factice à l'abri du N. N. O. Les mornes qui l'entourent quoique stériles ne sont pas inutiles, puisqu'ils ont la propriété de fournir des pierres de tailles aussi bonnes que celles d'Europe. Sa rade fournit du poisson excellent.

L'Arcahaye.

Le bourg de l'Arcahaye pourrait offrir quelque sûreté pour une relâche momentannée, si on établissait au bord de la mer quelques batteries dont les feux se croiseraient. Quant à la terre, on peut facilement la préserver de toute attaque ou surprise, n'étant point dominée. L'air y est assez tempéré, le poisson bon, et en abondance.

Port-au-Prince.

La ville du Port-au-Prince, malgré les diverses incendies qu'elle a éprouvées depuis le fameux tremblement de terre de 1770 qui avait renversé toutes ses maisons, est encore, à juste titre, la capitale de l'île. Elle est située sur la côte occiden

tale, au fond d'une baye de 1 400 toises d'ouverture, prise en ligne directe. Son port est sûr et trèscommode pour les bâtimens de l'état, et 500 vaisseaux de ligne peuvent manoeuvrer à l'aise dans la vaste étendue de son golfe. Cette ville, par la négligence des gouverneurs, est médiocrement défendue par mer. Commandée par terre elle est par deux mornets que la nature a placés pour sa protection. Elle a deux rades formées par des islets qu'on pourrait fortifier, pour la garantir d'une descente. Celle des Américains demande à être nétoyée, ainsi que le grand port où se tiennent les navires français.

Ces deux ports sont séparés en partie par une plage noyée à la mer haute, et qu'il est facile de garantir de cet inconvénient. Une partie de chemin entre cette ville et Léogane, se trouve infèctée par les exhalaisons d'un marais de 400 pas de large sur environ 1500 de long, occasionné par 18 pouces d'eau salée à la marée montante. On purifierait l'air de cette ville, si l'on voulait prendre les pierres et les bois qui sont à 50 pas de là, pour construire dans toute sa longueur une digue de quelques pieds d'élevation sur une vingtaine de long, ayant eu soin auparavant d'y faire plusieurs saignées pour l'écoulement de l'eau, afin de dessécher ce marais plus promptement.

Les Hollandais ont fait à Batavia, à Surinam en Hollande même, des travaux bien plus considérables, avec moins d'espoir de réussite. Les exha

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laisons pestilentielles de ces marais salins, qui occasionnent annuellement une mortalité effrayante parmi les nouveaux débarqués d'Europe, auraient dû, ce me semble, décider le gouvernement à donner les ordres et les encouragemens nécessaires pour arrêter un fléau qui n'existe que par l'insouciance de ses représentans.

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Le Port-au-Prince n'est défendu que faiblement, il peut cependant l'être contre un ennemi supérieur, car si une faible escadre suffit momentanément pour en bloquer une plus forte, les pertuis de Saint Marc et de Léogane mettraient par la même raison, les vaisseaux du nord et de l'est, à même de lui couper la retraite. La Gonave qui divise la baye en deux, laisserait à la petite escadre une croisière sûre et libre, s'il n'y avait point de vaisseaux au nord, à l'est et au sud de l'île; les vents d'ouest, par la même raison empêcheraient qu'on ne vint à elle du Port-au-Prince ceux de

terre, en ouvrant la sortie du port aux vaisseaux qu'on lui opposerait, lui faciliteraient alors' le choix de la retraite entre les deux pertuis de St.-Marc et de Léogane, si la colonie n'avait aucun vaisseau stationné dans le nord de l'île. Que serait - ce si l'escadre française moins nombreuse, battue et désemparée, se trouvait poursuivie sans l'espoir d'être secourue par d'autres forces; elle ne pourrait pas atteindre une relâche aussi enfoncée que celle du Port-au-Prince, avant que les vaisseaux ennemis n'eussent profité de sa déroute? et si le

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