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nasties, Sire, on vit plus d'une fois le monarque. ordonner qu'un serment solennel liât d'avance les Français de tous les rangs à l'héritier du trône; et quelquefois, lorsque l'âge du jeune prince le permit, une couronne fut placée sur sa tête, comme le gage de son autorité future et le symbole de la perpétuité du gouvernement.

L'affection que toute la nation a pour le roi de Rome, prouve, Sire, et l'attachement des Français pour le sang de Votre Majesté, et ce sentiment intérieur qui rassure chaque citoyen, et qui lui montre dans cet auguste enfant la sûreté des siens, la sauvegarde de sa fortune, et un obstacle invincible à ces divisions intestines, ces agitations civiles et ces bouleversemens politiques, les plus grands des fléaux qui puissent affliger les peuples.

Sire, Votre Majesté a arboré les aigles françaises ur les tours de Moscou. L'ennemi n'a pu arrêter ces succès et contrarier ces projets, qu'en ayant recours aux affreuses ressources des gouvernemens despotiques, en créant des déserts sur toutes ses frontières, en portant l'incendie dans ses provinces, en livrant aux flammes sa capitale, le centre de ses richesses et le produit de tant de siècles. . Ils connaissaient mal le cœur de V. M., Sire, ceux qui ont renouvelé cette tactique barbare de leurs sauvages ancêtres. Elle eût volontiers renoncé à des trophées qui devaient coûter tant de sang et de maux à l'humanité.

L'empressement avec lequel on voit arriver de tous les départemens de l'empire, sous les drapeaux de Votre Majesté, les nombreux soldats appelés par le sénatus-consulte de septembre dernier, est un exemple de tout ce que Votre Majesté doit attendre du zèle, du patriotisme et de l'ardeur belliqueuse des Français, pour arracher à l'influence de nos ennemis les diverses portions du continent, et pour conquérir une paix honorable et solide.

Que V. M. I. et R., Sire, agrée le tribut de la reconnaissance, de l'amour et de l'inviolable fidélité du Sénat et du peuple français.

Sa Majesté a répondu en ces termes:

SÉNATEURS,

Ce que vous me dites m'est fort agréable. J'ai à cœur la gloire et la puissance de la France; mais mes premières pensées sont pour tout ce qui peut perpétuer la tranquillité intérieure, et mettre à jamais mes peuples à l'abri des déchiremens des factions et des horreurs de l'anarchie. C'est sur ces ennemis du bonheur des peuples que j'ai fondé, avec la volonté et l'amour des Français, ce trône auquel sont attachées désormais les destinées de la patrie.

Des soldats timides et lâches perdent l'indépendance des nations, mais des magistrats pusillanimes détruisent l'empire des lois, les droits du trône et l'ordre social lui-même.

La plus belle mort serait celle d'un soldat qui périt au champ d'honneur, si la mort d'un magistrat, périssant en défendant le souverain, le trône et les lois, n'était plus glorieuse encore.

Lorsque j'ai entrepris la régénération de la France, j'ai demandé à la Providence un nombre d'années déterminé. On détruit dans un moment, mais on ne peut réédifier sans le secours du temps. Le plus grand besoin de l'Etat est celui de magistrats courageux.

Nos pères avaient pour cri de ralliement : Le Roi est mort, vive le Roi! Ce peu de mots contient les principaux avantages de la monarchie. Je crois avoir bien étudié l'esprit que mes peuples ont montré dans les différens siècles; j'ai réfléchi à ce qui a été fait aux différentes époques de notre histoire; j'y penserai encore.

La guerre que je soutiens contre la Russie est une guerre politique. Je l'ai faite sans animosité; j'eusse voulu lui épargner les maux qu'elle-même s'est faits. J'aurais pu armer la plus grande partie de sa population contre elle-même, en proclamant la liberté des esclaves un grand nombre de villages me l'ont demandé; mais lorsque j'ai connu l'abrutissement de cette classe nombreuse du peuple russe, je me suis refusé à cette mesure, qui aurait voué à la mort et aux plus horribles supplices bien des familles. Mon armée a essuyé des pertes, mais c'est par la rigueur prématurée de la saison.

J'agrée les sentimens que vous m'exprimez.

f

No XXXII.

Proclamation du général Moreau, du 10 août 1813, adressée aux soldats français.

SOLDATS,

Dans ce moment terrible où l'univers est conjuré contre son oppresseur, où toutes les nations indignées secouent le joug qui les accable, je crois devoir remplir le devoir d'un véritable citoyen en me rangeant au milieu des défenseurs de l'indé pendance de tous les peuples, pour briser les fers de ma patrie. Je n'ai pu, sans frémir, la voir languir tant d'années dans un esclavage plus affreux mille fois que celui des nègres. En vain des souverains magnanimes, avares de sang, présentent généreusement la paix à Napoléon. Il méconnaît sa situation. Le ciel, las de ses forfaits, lui met un bandeau épais devant les yeux; son heure fatale est marquée; lui-même se plaît à creuser l'abîme qui va l'engloutir. C'est à nous, mes concitoyens, c'est à nous surtout à l'y précipiter; le salut de la France, voilà quel sera le but de mes efforts. Oui, j'aime la France avec idolâtrie; elle a tout fait pour moi, je ferai tout pour elle; ce n'est pas l'ambition, ce n'est pas le désir d'une juste vengeance qui me mettent aujourd'hui les armes à la main, le ciel m'en est témoin. J'avais

su l'étouffer dans mon sein, et j'ai trouvé plus de bonheur, depuis mon exil, dans l'intérieur de ma famille, que dans le tumulte des camps et au milieu des rêves les plus brillans de la gloire et des grandeurs.

No XXXIII.

Discours adressé par Napoléon au Corps-Législatif, qui vient lui présenter ses respects, le 1er janvier 1814.

MESSIEURS "

Je vous ai appelés auprès de moi pour faire le bien, et vous avez fait le mal; vous avez parmi vous des gens dévoués à l'Angleterre, qui correspondent avec le prince régent, par l'entremise de l'avocat Desèze; les onze douzième parmi vous sont bons, les autres sont des factieux.

Retournez dans vos départemens; je suivrai de l'œil ceux qui ont de mauvaises intentions; vous ́avez cherché à m'humilier. Je suis un homme qu'on peut tuer, mais qu'on ne saurait déshonorer. Quel est celui d'entre vous qui pourrait supporter le fardeau du pouvoir? Vous avez cherché à me barbouiller aux yeux de la France. C'est un attentat. Qu'est-ce que le trône, au reste? quatre morceaux de bois dorés recouverts de velours. Et moi aussi

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