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POLONAIS,

JOURNAL

des Intérêts de la Pologne.

La nationalité polonaise

ne périra pas.

TOME PREMIER.

PARIS.

AU BUREAU DU JOURNAL, RUE VIVIENNE, No 12..

JUILLET - DÉCEMBRE 1835.

TYPOGRAPHIE DE A. PINARD,

QUAL VOLTAIRE, No 15.

LE POLONAIS,

JOURNAL

DES INTÉRÊTS DE LA POLOGNE.

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En entrant dans la carrière que nous nous sommes proposés de parcourir, en nous présentant comme défenseurs d'une cause honorée des suffrages du monde civilisé, nous nous empressons de prévenir nos lecteurs que nous ne prétendons nullement assimiler notre ministère à celui d'un publiciste chargé de réhabiliter la mémoire d'un défunt indignement calomnié, ou de venger sa mort cruelle.

Au lieu de donner à notre écrit le titre d'Annales de l'humanité souffrante, ou celui de Némésis, si appropriés d'ailleurs à la cause que nous servons et à la politique qui l'a abandonnée, nous avons préféré celui de Polonais ou Journal des intérêts de la Pologne; car, pour nous, et, nous n'en doutons pas, pour tous les hommes indépendans de l'Europe, pour tous les hommes non asservis au joug de l'Autocrate, la nation polonaise et la Pologne exis, tent, bien que momentanément privées des caractères extérieurs de leur organisation politique.

Oui, la Pologne existe, et c'est aux preuves si nom, breuses qui signalent, qui constatent sa vie réelle, forte

TOME 1. JUILLET 1833.

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et énergique, que nous consacrerons une grande partie de nos feuilles. Nous n'aurons pas besoin d'y réfuter des maximes comme celle-ci : Les morts ne ressuscitent point, citée d'une manière si opportune à l'occasion d'un emprunt en faveur d'une nation qui, après avoir été quatre cents ans renfermée dans la tombe de l'esclavage, a néanmoins été rappelée à la vie. Car nous, nous parlerons d'un peuple qui n'est pas mort, d'un peuple dont la vie est aussi intense qu'elle est indestructible, d'un peuple qui vit avec un espoir d'autant plus fondé de se voir rétabli dans ses droits, qu'il n'a jamais abusé de sa puissance, jamais déshonoré ses désastres.

Nous n'aurons pas besoin de combattre des assertions semblables à celle qui naguère comparait la durée de la lutte des Grecs de 10 ans avec celle des Polonais de

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6 mois; car, pour nous, nous savons et l'histoire le dit assez, que la lutte des Polonais a commencé en 1774, que depuis 59 ans elle n'a subi aucune interruption réelle, qu'elle s'est incessamment renouvelée, et qu'elle dure encore au moment où nous écrivons ces lignes. C'est donc une cause palpitante d'intérêt et de vie, une cause d'une actualité flagrante, que nous allons porter au tribunal des nations. En nous vouant à cette tâche honorable, nous en sentons toute la gravité, et nous ne nous dissimulons pas toutes les difficultés de notre entreprise. Avant d'entrer en lice, nous avons étudié, médité notre sujet'; nous nous sommes entourés de tous les matériaux nécessaires; nous nous sommes assurés les moyens de puiser dans les sources les plus fécondes comme les plus sûres; un grand nombre de collaborateurs nous ont promis leur assistance. Ainsi préparés

et soutenus, nous descendrons dans l'arène, sûrs d'avance de trouver autant d'amis que de juges.

La couleur politique de notre journal sera, comme nous l'avons annoncé, essentiellement et uniquement nationale. Nous n'avons en vue que la Pologne et son rétablissement comme nation indépendante. Libres de tout engagement envers les partis qui divisent les nations, nous n'irons à la remorque d'aucun, commè nous ne refuserons les sympathies et l'assistance d'aucun. Arracher la Pologne à la domination étrangère, tel est notre but principal. Quelle est la nuance politique que ce vœu pourrait contrarier? Il n'en est aucune. Nous appelons donc toutes les opinions à nous prêter l'appui de leur zèle et celui de leurs influences actives.

Le temps marche, les opinions se heurtent, se modifient, s'éclairent mutuellement. Il en est une qui, un jour, l'emportera nécessairement, qui dominera toutes les autres. Ce sera celle que les nations auront adoptée après avoir entendu plaider toutes les parties, et pour laquelle elles se seront décidées, fortes de l'expérience du passé et du présent. Cette opinion-là, n'en doutons pas, décidera des réformes que la situation d'alors réclamera pour la Pologne; ces réformes seront opérées d'accord avec le vœu de la nation affranchie. En attendant, réunissons tous nos efforts pour tirer la Pologne de son esclavage actuel, pour l'armer, pour combattre avec elle l'ennemi commun de la liberté, du bonheur et de l'ordre ce pouvoir tyrannique qui vise à la monarchie universelle, et ne la convoite que pour détruire dans les hommes toute vie, tout essor généreux, et pour amener l'Europe entière à cet état de servilité qui domine dans cette Russie

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