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emploi fur la terre ; & ç'a été cette ardeur à ce zéle qui vous a confumé & vous a ôté la vie.

J'adore, ô Jefus, le defir & l'empreffement que vous avez eu pour la gloire de votre Pere, & de procurer mon falut: eh! ne fuis-je pas bien malheureux de vous imi-ter fi peu dans ce double defir, d'avoir fi peu d'ardeur pour la gloire de Dieu, & d'ê-tre fi peu fenfible à ce qui regarde mon fa-lut; de me mettre fi peu en état de fatisfaire & d'étancher votre foif en répandant deslarmes abondantes d'une vraie & fincere pénitence! Imprimez dans mon cœur cette foif ardente, ce defir de vous pofféder & de me donner entiérement à vous donnezmoi cette foif du falut des ames.

SIXIEME PAROLE.

Vous vous écriez : Tout eft accompli. [Joan. 19. 30.] Oui, Seigneur, ç'a été par votre facrifice fur la croix, qué tous les facrifices anciens ont été confommés ; : ç'a été alors que les deffeins de votre Pere fur votre vie précieufe, & que tous les ordres que vous en aviez reçus ont été ac-complis; que les travaux & les douleurs de votre vie mortelle ont été confommés. Fuiffions-nous en mourant, avoir exécuté fidélement tous les deffeins & les ordres de Dieu, avoir rempli & confommé tout ce que Dieu démande de nous en cette vie ; & que notre mort foit comme un facrifices

qui acheve de nous confommer entiérement: pour Dieu: c'eft la grace, ô Jefus, que nous vous demandons en l'honneur de la fidélité avec laquelle vous avez pleinement confommé le vôtre..

DERNIERE PAROLE.

Vous vous adreffez enfin à votre Pere, 6. Jefus, en lui difant cette parole: Mon Pere, je remets mon ame entre vos mains. [Luc. 23. 46.] Puiffions-nous dire ces dernieres paroles en mourant, & avec la même con-fiance & la même résignation que vous l'a-vez fait pour cela il audroit durant cette vie avoir remis notre ame entre les mains de Dieu ne vivant plus en nous-mê-mes, mais ne vivant qu'en Dieu, & por-tant toujours, comme parle le Prophéte, notre ame entre nos mains, comme une vi&time que nous lui offrons fans ceffe, & que nous fommes toujours prêts de lui remettre, quand il lui plaira de nous faire confommer notre facrifice.

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MORT DE JESUS. P. 21..

ESUS CHRIST baiffant la tête com

JES

me pour donner le fignal à la mort de s'approcher, expire. O mort adorable! ô mort vivifiante ô mort par laquelle la vie la plus fainte, & la vie d'un Dieu a: fini! vie dont un feul moment valoit mieux.. que toute l'éternité des hommes & des>> Anges..

Mais, fainte mort, qui a été pour le corps facré de Jefus-Chrift, un paffage à fa vie glorieufe; qui a procure au Pere célefte une gloire immortelle, qui a délivré tes hommes de la mort éternellé, qui les a fait paffer de la mort du péché à la vie de la grace; & qui les fera un jour entrer dans la vie de la gloire.

Que d'actions de graces ne devons-nous point vous rendre, 6 Jefus, à caufe de votre mort! L'innocent eft mort pour le coupable; le maître pour l'efclave; le Médecin pour le malade; le Pasteur pour la brebis. Que tous les jours de ma vie je vous aie préfent devant les yeux dans ce Myftere : que je rende des adorations continuelles à votre état de mort que je la préfente au Pere éternel comme un holocaufte digne de fa gloire, comme un facrifice de louange & J'actions de graces, égal à tout ce que j'ai reçu & pu recevoir de fa divine bonté ;. comme une victime d'expiation qui répare abondamment mes offenfes & fatisfait pleinement; comme un facrifice d'impétration qui me mérite toutes fortes de béné dictions.

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Que votre fainte mort, ô Jesus, rende la: mienne précieufe devant Dieu; qu'elle me mérite & me faffe participant d'une bonne mort: & pour y parvenir, qu'elle me faffe mourir tous les jours à mes inclinations corCompues & à l'efprit du monde.. ̧

OUVERTURE DU CÔTÉ.

O

Nouvre, ó Jefus, votre côté facré après votre mort avec une lance. La cruauté des hommes n'eft donc point encore fatisfaite, puifqu'ils vous en donnent des marques même après votre mort; mais ce n'eft point le hazard qui conduit cette lance, & ce n'est point tant la malice des hommes que l'ordre de votre Pere, qui accomplit par ce moyen un grand Myftére; car par cette ouverture, vous faites couler le refte de votre fang, que le feu de votre amour confervoit encore liquide dans vos veines; vous témoignez par-là le defir que vous avez de le répandre jufqu'à la derniere goutte pour la gloire de votre Pere, & pour fe falut des hommes. Par ce moyen la croix devient une couche nuptiale, où nous nailfons; votre côté facré eft ouvert pour nous mettre au monde de la grace, pour en faire fortir un torrent de bénédictions qui doit inonder l'Eglife, & les Sacremens fignifiés par le fang & l'eau.

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Votre cœur fera éternellement ouvert & votre côté portera toujours cette plaie, qui eft une plaie d'amour, & qui est une plaie de mort: plaie commencée dans la mort, mais qui durera dans la vie éternelle; plaie qui vous mettra toujours dans un état de mort aux yeux de votre Pere & d'un agneau immolé, & qui fervira à vos élus d'entrée dans votre cœur durant l'é zernité.

O que ma bouche puiffe demeurer collée à ce côté facré, & en tirer comme d'une mamelle précieufe, le lait d'une tendre dévotion envers votre humanité fainte: que mes yeux, mes oreilles, ma bouche & mes mains foient lavés & purifiés par cefang précieux qui en découle : que je me cache comme une colombe gémiffante dans le trou de cette pierre, dans l'ouverture de votre côté facré, ô Jefus, qui êtes la pierre vivante & fondamentale de 'Eglife; & que ce foit là le lieu où je fasse ma demeure durant l'éternité.

SEPULCRE.

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Ofeph d'Arimathie, que l'Ecritnre ap

illuftre par fa qualité de difciple de Jefus qu'elle lui donne pareillement, étant entré chez Pilate, lui demanda le corps de Jefus Chrift qui étoit encore attaché à la croix & en la puiffance de la Juftice: ce Juge lui accorda ce précieux dépôt. Il eft des Saints que Dieu cache pendant un tems, & qu'il fe réserve pour des occafions particulieres; le fecret eft de ne point prévenir ces tems & ces momens, crainte d'entreprendre par un zéle précipité, au-deffus de fes forces, & de fuccomber comme firent les Apôtres ;. mais de s'étudier à connoître les occafions, & d'y être fidéle à ce que Dieu demande de nous pour lors, comme le furent Jofeph.d'Arimathie & Nicodéme, qui après

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