Page images
PDF
EPUB

avoir embaumé le corps de Jefus-Chrift, P'envelopperent dans des linceuls, & le mirent dans un fépulcre tout neuf, où personne n'avoit encore été mis.

[ocr errors]

O corps facré de Jefus féparé de fon ame, mais toujours uni à la divinité ! je vous adore dans cet état ; je contemple avec Marie & les faintes ames qui fe trouverent préfentes à votre defcente de la croix, toutes les plaies facrées dont vous fûtes couvert: je les touche avec respect, je les baife avec amour.. O quels furent les fentimens de votre fainte Mere quand elle vous vit dans cet état! Quels furent les faints tranfports de Madeleine ! Quels torrens de larmes ne verfa-t-elle pas fur vous pour vous laver? Avec quel foin ne Vous effuya-t-elle pas avec fes cheveux? Que ce spectacle fut dur pour elle, quand elle vit que fon amour étoit crucifié, que fon amour mouroit fur la croix ; que fon amour étoit mort! elle crut alors que tout lui manquoit, elle ne fçut plus ce qu'elle alloit devenir; elle eût fouhaité unir fa mort à la vôtre; elle tomba dans une défaillance de fes fens.

Allons en efprit au fépulcre de JefusChrist: verfons deffus fon corps des larmes abondantes que la douleur de nos péchés & de ceux du monde doit tirer de nos yeux : répandons fur lui les parfums de toutes les, vertus, l'encens de l'oraifon, le baume de la charité, la mirrhe de la componction & de la pénitence.

Demandons inftamment à Jefus - Chrift en l'honneur de fa paffion, de fa mort & de fa fépulture, la grace de vivre dans l'efprit de fouffrance, dans l'efprit de mort & de victime, dans l'efprit de la vie cachée & de la fépulture; nous fouvenant que nous fommes enfevelis par le Batême, dans la mort avec Jefus-Chrift.

DESCENTE DE JESUS-CHRIST dans les Enfers.

'Ame de Jefus unie à la Divinité, def

L'end dans les enfers après la mort. O humiliation profonde! 6 anéantiffement incompréhenfible ! quoi la mort, & la mort fur une croix ne termine pas vos abaissemens, ô Jefus! vous defcendez encore dans les lieux les plus bas de la terre, comme nous l'apprend votre Apôtre, [ Ephef 4. 9.] pour y porter la lumiere dans ces lieux obfcurs, pour y aller confoler par votre préfence les ames des Juftes qui étoient morts dans la grace de Dieu: car quoique tous leurs péchés & toutes les peines qui leur étoient dûes leur euffent été remifés par avance en vertu de votre mort future, ils étoient toutefois exclus du Paradis, & l'entrée ne pouvoit leur en être accordée que par vous, après que vous feriez defcendu dans les enfers pour les en retirer par votre bonté & par votre puiffance.

Mais, Seigneur, ne pouviez-vous pas tirer les ames des Juftes des enfers fans Y

defcendre vous-même ? Il eft vrai; mais vous ayez voulu nous donner encore ce rare exemple de votre humilité & de votre bonté envers les hommes ; & vous avez voulu auffi en cela marquer votre grandeur & votre fouveraineté, & que votre pouvoir s'étend fur les morts comme fur les vivans, dans les enfers auffi-bien que dans le Ciel & fur la terre; car vous avez enlevé comme un victorieux les riches dépouilles, que les principautés & les puiffances de l'enfer, felon faint Paul, [ Coloff. 2. 15.] y retenoient captifs; vous avez mis dans une heureuse liberté tous les Juftes qui y étoient dans l'at tente du Meffie, & qui foupiroient depuis tant d'années & tant de fiécles après votre arrivée, & le moment heureux de leur dé livrance.

Eh, quelle fut alors la joie de nos premiers parens, lorfqu'ils virent le fecond Adam qui avoit fi avantageufement réparé deur péché Quelle fatisfaction ne reçut point l'innocent Abel, quand il vit le véritable Abel, qui avoit été mis à mort par l'envie de fes freres les Juifs, & dont le fang répandu fur la terre, n'avoit point demandé vengeance comme le fien, mais avoit demandé miféricorde à fon Pere pour les hommes qui l'avoient verfé de fes veines! Le jufte Noé, quand il vit Jefus Chrift qui avoit fauyé le monde du déluge de fes iniquités par le bois de fa croix, comme il avoit lui-même préservé le mon de d'une entiere destruction par fon arche

de bois. Le fidéle Abraham, qui ayant été le Pere de plufieurs Nations felon la chair, avoit été la figure de Jefus-Chrift le Pere de tous les peuples du monde felon la foi. L'obéiflant Ifaac, quand il vit Jefus-Chrift le véritable Ifaac, le Fils unique de Dieu, que fon Pere avoit facrifié sur le mont du Calvaire, & qui y étoit mort par obéiffance. Le patient Jacob qui avoit tant foupiré & fervi fi long-tems pour épou fer Rachel, quand il vit Jelus - Chrift qui avoit tant travaillé & fouffert tant de peines pour époufer l'Eglife. Le chafte Jofeph quand il vit celui dont il avoit été la figure, lorsqu'il fut vendu par fes freres, & que fa captivité fervit à la délivrance & à la confervation de fon peuple. Moyfe le plus doux de tous les hommes, quand il vit l'Auteur de la nouvelle Loi, & celui qui avoit délivré les hommes de l'esclavage du péché, & qui par les eaux du Batême & l'effufion de fon fang, les avoit fait paffer dans la liberté des enfans de Dieu.

Eh, quels furent les fentimens de joie de tant d'autres, & de Jofué qui avoit conduit le peuple d'Ifraël dans la Terre promife, comme Jefus-Chrift doit conduire fes élus, qui font fon peuple, dans le Ciel qui eft la véritable Terre de promiffion: du Prophéte Royal, à qui la promeffe du Mefie, qui devoit naître de fa race, avoit été faite, & lequel avoit toujours eu en vue Jefus-Chrift dans fes Pleaumes: & du

Prophéte Ifaïe, qui avoit décrit toutes les circonftances de la Paffion du Seigneur, comme s'il en eût été le témoin, & qui en avoit parlé plutôt comme un Evangélifte que comme un Prophéte: & de faint Jofeph de qui Jefus-Chrift avoit tiré tant de fecours durant fa fainte enfance, lui ayant fervi de pere dans cet état : & du vénéra ble Siméon, quand il eut le bonheur de revoir Jefus-Chrift qu'il avoit eu l'honneur de porter autrefois entre les bras: & d'An. ne la Prophéteffe qui l'avoit vu dans le Temple: & de Jean-Baptifte fon Précur feur & quelles furent les adorations de tous ces Saints, & leurs actions de graces en cet heureux jour!

:

.

O Seigneur, en l'honneur de votre def cente dans les enfers, & des graces abondantes que vous y avez communiquées à tou tes ces faintes ames; daignez jetter des regards de compaffion fur le fond de ma mifere, fur le néant où le péché m'a réduit: portez dans le profond abîme de ténébres où je me trouve, les rayons de votre lumiere: répandez fur moi les tréfors de vos graces, & me faites passer de la fervitude honteufe du péché & du démon, dans une par faite & une entiere liberté.

« PreviousContinue »