TEMS PASCHAL: La Réfurrection de Jefus-Chrift lui eft un sujet de gloire. E corps de Jefus-Chrift après avoir été trois jours dans le tombeau, en est tiré pour entrer dans une vie fpirituelle & toute divine: il n'eft plus dans une chair femblable à celle du péché, comme auparavant; [Rom. 8. 3.] mais il eft oomblé de toute la plénitude de la divinité, comme parle S. Paul [Coloff. 2.9.] Ce grand Apôtre que l'on peut appeller par excellence, l'Apôtre du Myftére de la Réfurrection, dit que c'eft en ce jour que Jefus-Chrift a été fait en un fens Fils de Dieu; & que le Pere lui a dit en le reffuf citant: Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui. [Act. 13. 33.] Ainfi nous avons trois naiffances de Jefus, fa naiffance an fein de fon Pere dans la vie éter, nelle, où un Dieu engendre, & un Dieu eft engendré: fa naiflance au fein de la Vierge dans la vie temporelle, où une Vierge enfante, & un Dieu eft incarné ; fa naiffance au fépulcre dans la vie immor. telle où le fépulcre eft fource de vie, & un lieu de mort eft fource de vie immortelle, O naiffance éternelle , que vous renfer mez de grandeurs & de merveilles ! O naiffance temporelle, que vous renfermez de témoignages d'amour, de bonté & de mifé ricorde! ticorde! O naiffance immortelle, que vous êtes une fource féconde de vie, de puislance & de gloire! : Dans la premiere naiffance, vous êtes Jefus, le premier-né de Dieu & de toute créature dans la feconde, vous êtes le premier-né de la Vierge : dans la troifiéme, vous êtes le premier - né d'entre les morts. Dans la premiere, vous fortez d'un principe de vie, & vous recevez une vie qui ne doit jamais finir dans la feconde, vous fortez d'un principe de vie, & vous y recevez une vie qui fe termine à la mort : & dans la troifiéme, vous fortez d'un état & d'une fource de mort, qui fe termine en vous à une vie éternelle. Que de merveilles, que de grandeurs contiennent ces trois naiflances! mais arrêtons-nous à la derniere. - C'eft alors, ô Seigneur, que fortant de l'état d'abaillement & d'humiliation où yous aviez paru auparavant, vous entrez dans l'éclat & la gloire, & que toute langue. confeffe que vous êtes dans la gloire de Dieu votre Pere. [ Philip. 1. 11.] C'eft alors que la plénitude de la divinité habite en vous cor porellement. [ Coloff. 2. 9.] Elle y habitoit bien auparavant, mais elle fufpendoit dans votre humanité les effets & la fplendeur de fa préfence; mais dans ce Myftére, elle détruit tout ce qui avoit paru de bas dans votre humanité, & tout ce qu'il y avoit de paffible & de mortel, & elle lui communique toute la grandeur & toute fa majesté. I. Partie. *F Votre humanité entre par la réfurrection, dans l'ufage & les droits de la divinité ; ce qui a fait dire à quelques Saints que ç'a été alors que vous êtes devenu Dieu dans toute la plénitude de votre être. O files intérêts de Jefus - Chrift nous font chers, quelle doit être en ce Mystére notre joie, de le voir ainfi dans une gloire parfaite, après l'avoir vu, pour l'amour de nous, dans les humiliations & les douleurs de fa Paffion! quelles actions de graces n'en devons-nous point rendre au Pere céleste, d'avoir ainfi glorifié fon Fils en lui-même, de cette gloire qu'il a eue en lui avant que le monde fût! [ Joan. 17. 5.] Faites, ô Seigneur, que pour honorer ce Myftére, & participer à l'efprit & à la grace qu'il renferme › nos ames reffufcitent de telle forte du péché à la vie de la grace, qu'elles ne meurent plus, qu'elles ne retournent plus fous l'empire de la mont, qu'elles paffent dans une vie toute nouvelle toute fainte & toute divine; que notre converfation, toutes nos penfées & tous nos defirs, foient détachés de la terre, & foient tous dans le Ciel; que nous cherchions uniquement les chofes d'enhaut, que nous n'ayions de goût que pour elles. LA RESURRECTION de J. C. nous eft un principe de vie. 'Eft dans ce Myftére que Jefus Chrift dit: Que toute puiffance lui eft donnée dans le Ciel & fur la terre. [ Matth. 29. 18.] Il ufe de ce pouvoir parfaitement & fouverainement fur les ames, depuis que fon humanité aété élevée &établie par la Réfurrection dans la gloire & à la droite de fon Pere: Car, il eft, dit l'Apôtre, ressuscité pour notre juftification, [ Rom, 4. 25.] en ce qu'il n'a pas reçu fa vie pour lui seul, mais pour nous la communiquer par fon humanité glorifiée, qui eft devenue par ce Myftére, non-feulement l'image & le modéle, mais auffi le principe & la fource de la juftice parfaite & de la vie éternelle; & qui nous faisant vivre faintement, nous fait porter cette glorieufe qualité d'enfans de la Réfurrection, comme parle l'Evangile. [ Luc. 10. 36.] Auffi, anciennement dans l'Eglife, après avoir plongé les Catéchuménes dans l'eau lorfqu'on leur adminiftroit le Batême, pour marquer qu'ils devoient mourir, & être enfevelis avec Jefus Chrift par ce Sacrement, on les en retiroit pour témoigner que par le Batême ils recevoient l'efprit & la grace de la vie reffufcitée de Jefus. C'eft donc le Mystére de la Résurrection qui nous fait enfans de Dieu, qui nous communique la vie de Jefus-Chrift dans le Batê me, & qui l'entretient en nous par le moyen des autres Sacremens: c'est par ce Mystére, que Jesus-Chrift glorieux & reffuscité fait part à nos amès de sa vie reffufcitée, & qu'il nous fait devenir, comme parle S. Pierre, participans de la nature divine. [Ep. 1. 4. ] Quelle devroit être notre dévotion pour ce Myftére, qui opere en nous des effets fi admirables? Quels fentimens de reconnoiffance ne devrions-nous pas avoir pour les graces qui nous y font communiquées? Avec quelle ardeur & quel zéle ne devroit-on pas s'approcher des Sacremens, qui font les canaux par lefquels cette vie nouvelle & ref fufcitée eft répandue dans nos ames. VIE DE JESUS dans les quarante jours d'après fa Ré. furrection, Aint Luc nous dit dans les A&es, que Jejus Je montra à fes Apôtres depuis sa Paffion, & leur fit voir par beaucoup de preuves, qu'il étoit vivant, leur apparoiffant durant quarante jours, & leur parlant du Royaume de Dieu. [Act. 1. 3.] Toute la Religion eft fondée dans le Mystére de la Résurrection : car la Réfurrection de Jefus-Chrift eft la preuve de fa divinité & de notre foi, & elle eft l'affurance & le gage de notre réfurrection de forte que fi Jefus-Christ n'est point reffufcité, il n'eft pas Dieu; car il |