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amequi a bien communié, eft comme un lion qui refpire le feu, & qui devient terrible au démon. Quand les premiers Chrétiens étoient conduits devant les Tribunaux des Payens pour confeffer le nom de Jefus-Chrift dans les tourmens, les Evêques leur donnoient l'Euchariftie pour les foutenir dans ces combats contre la crainte de la mort. L'Eucharistie a une vertu particuliere pour nous délivrer & pour nous rendre victorieux des tentations contre la pureté la préfence de la chair de Jefus Chrift arrête les mouvemens déréglés qui s'excitent dans la nôtre, & elle éloigne de nous les imaginations corrompues.

IV. L'Euchariftie laiffe dans nos corps un germe d'immortalité, & y imprime une vertu fecrette qui doit y opérer à la fin du monde la résurrection. Auffi Jesus-Christ a t-il dit de celui qui mange fa chair & qui boit fon fang, qu'il le reffufcitera au dernier jour; & les Saints ont appellé l'Eucha riftie, le reméde de l'immortalité, & l'antidote contre la mort, pour vivre en Dieu par Jefus-Chrift.

V. L'Euchariftie opére bien d'autres merveilles dans les ames: car outre celles qui font marquées ci-devant, elle y produit des effets femblables à ceux que le pain produit. dans nos corps. 10. Elle y conferve la vie de l'ame. 20. Elle augmente la grace & fait paffer dans l'état de la perfection, & dans la plénitude de l'âge de Jefus Chrift.

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30. Elle fortifie dans le voyage de cette vie, & conduit heureusement au port de l'éternité.

VI. Avec cette différence toutefois, que, le pain ordinaire fe change en notre subftance, mais que l'Euchariftie nous change en Jefus-Chrift. En forte, difent les Saints, que par la manducation du corps du Seigneur & de fon fang, nous devenons, pour ainfi dire, un même corps & un même fang avec Jefus-Christ. C'est ce que Jefus-Chrift a voulu nous marquer par ces paroles: Celui qui mange ma chair & boit mon fang, demeure en moi & moi en lui. [ Joan. 6. 57. ] Puifque cela eft, ne devons-nous pas nous uuir parfaitement à Jefus Chrift, nous changer & nous transformer en lui; c'est-àdire, lui devenir semblables, humbles com. me il a été humble, obéiffans, patiens, chaftes, pauvres comme Jesus-Chrift; & c'est ce que veut dire faint Paul, quand il dit : Revêtez-vous de notre Seigneur Jefus-Chrift, [Rom. 13. 14.]

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VII. L'Euchariftie rend Jesus-Christ no¬ tre principe & notre fin; elle nous met dans un état à recevoir tout de Jefus, & à lui rapporter tout; comme Jefus Christ, par fa qualité de Fils de Dieu, procéde de fon Pere, reçoit tout de lui, & est toujours à fon égard dans un état de rapport; Comme mon Pere qui eft vivant, dit JelusChrift, m'a envoyé, & que je vis par mon Pere; de même, celui qui me mange vivra auffi par Roi. [Joan. 6. 58.] Une perfonne qui a

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communié, doit donc dire, que ce n'eft plus elle qui vit, mais que c'eft JefusChrift qui vit en elle; & c'eft pratiquer ce que dit l'Apôtre: Que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux mêmes; mais pour celui qui eft mort & qui eft reffufcité pour eux. [ 3. Cor.

5. 15.]

VIII. L'Euchariftie fait que ceux qui fe nourriffent de ce pain, ne font plus entreeux qu'un même corps & qu'une même fociété & les ayant unis entre-eux, elle les unit parfaitement à leur Chef, pour ne faire qu'un même Jesus Christ; & cette admirable union imite celle qui fe trouve entre les Perfonnes divines comme Jefus-Chrift l'avoit fouhaité, en difant à fon Pere: Qu'ils foient un comme nous. [Joan. 17. 11.]

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IX. Bien plus, l'Euchariftie fait entrer l'homme dans une admirable fociété & unité avec Dieu : Et qu'ils foient, dit Jefus-Chrift, un tous enfemble, comme vous mon Pere, êtes en moi & moi en vous, qu'ils foient de même un en nous. [ Joan. 17. 21. } Ainfi l'Euchariftie nous rend participans de la nature divine, & elle opere en nous d'une maniere merveilleufe, ce que le démon avoit promis à nos premiers parens, en fe moquant d'eux, pour les engager manger le fruit défendu, en leur difant: Vous ferez comme des Dieux. Elle nous communique dès cette vie, la vie éternelle, dont elle eft appellée le gage, mais qui n'en eft différente que dans la maniere..

Seigneur, pouviez-vous donner à l'hom me plus de marques de votre bonté envers lui, qu'en lui donnant votre corps à manger! Quelles actions de graces pouvonsnous vous rendre pour un bienfait fi excellent? Eft-ce trop de confacrer huit jours durant l'année, & tous les Jeudis de chaque femaine, pour renouveller la mémoi re d'une fi grande faveur ? Que tous les jours, s'il fe peut, je prenne un tems propre pour aller vous rendre vifite dans le Saint Sacrement où vous daignez repofer, pour vous y adorer comme mon Roi & mon fouverain Seigneur; vous y confulter comme mon Docteur & mon Maître ; pour y répandre mon cœur avec tendreffe & affeation, comme en la présence de l'époux de

mon ame.

VIE CONVERSANTE de Jefus.

ESUS CHRIST a converfé parmi

Jles hommes les dernieres années de la vie; il a appellé & formé fes Difciples, il a prêché, il a couverti les pécheurs, il a fait grand nombre de miracles, éclairé des aveugles, fait parler des muets, entendre des fourds, guéri des paralytiques, reffufcité des morts, chaffé les démons des corps des poffédés, &c. Le tems que l'Eglife deftine à honorer cette vie converfante de Jefus parmi les hommes, eft depuis l'Octave de la Fête du Très: Saint Sacrement

jufqu'au premier Dimanche de l'Avent. Occupons-nous beaucoup durant tout ce tems-là à lire & à méditer les paroles que Jefus Chrift a dites, les inftructions qu'il a données, les converfions qu'il a faites, les miracles qu'il a opérés étant fur la terre. Confidérons que Jefus-Chrift fait encore la même chofe tous jours à l'égard des hommes d'une maniere invifible par fon Efprit, & d'une maniere fenfible par fes Miniftres, lefquels continuent fur la zerre la Miffion de Jefus-Chrift, laquelle doit durer jufqu'à ce que le dernier des élus ait été fauvé; c'est-à-dire, jusqu'à la fin du monde.

les

Adorons toutes les paroles, les actions,

pas, les travaux & les fouffrances de ce divin Jefus dans fa vie converfante, qui étant la fainteté même, n'a pas dédaigné de converfer avec les hommes, & avec des hommes pleins de crimes, qui le plus fouvent n'ont eu que de l'ingratitude pour lui, jufqu'à lui rendre des injures pour les biens dont il les avoit comblés : c'est ce qui nous arrive encore tous les jours, & ce que nous avons peut-être été affez malheureux de faire par nos péchés, lorfqu'il nous recherchoit dans nos égaremens, par les infpirations qu'il nous donnoit au-dedans de nous-mêmes, & au dehors pár la voix de fes ferviteurs.

Vivons toujours dans les fentimens d'une parfaite reconnoiffance pour tant de gra

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