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dis pas où il n'y ait aucune action criminelle, un bon Chrétien n'en doit point commettre; mais je dis qu'il n'y en en ait aucune qui foit vuide de bonnes œuvres, qui ne foit remplie de faintes pensées, de faints defirs & de faintes actions; que les actions mêmes les plus communes & les plus ordinaires, foient rapportées à votre gloire, en n'ufant de ces chofes que pour vous obéir & vous fervir.

DESSEINS DE DIEU SUR LE SALUT des hommes.

L'Esprit foufle où il veut, & vous entender bien fa voix; mais vous ne favez d'où il vient, ni où il va il en eft de même de tout homme qui eft né de l'Esprit. [ Joan.

3. 8.

A

Dmirez combien les deffeins de Dieu für fes élus, & la maniere dont il les accomplit, font impénétrables. Rien de fi libre de la part de Dieu, que la vocation, 'Esprit foufle où il veut. Rien de fi caché que les principes de notre falut, foit pour le tems, l'occafion favorable, ou les manieres. Vous ne favez d'où il vient : foit pour la fin, perfonne ne fçachant certainement s'il eft du nombre des élus, ni s'il finira fa vie dans l'amour de Dieu. Vous ne savez où il va.

Vivez toujours dans une grande défian ce de vous-même, & dans une dépendance

entiere de Dieu. Reconnoiffez que vous në vous devez pas ce que vous êtes; mais à PEfprit faint, qui foufle où il veut. Ren dez-lui graces de ce qu'il a commencé en vous l'ouvrage du salut, & espérez qu'il le confommera.

Je vous déclare que plufieurs viendront d'Orient & d'Occident, & auront leur place dans le Royaume du Ciel avec Abraham, Isaac & Jacob. [Mat. 8. 4.]

Mais que les enfans du Royaume feront jettes dans les ténébres extérieures. [x. 13.]

Cde l'Orient de l'Occident, & font Onfidérez que les Gentils font venus entrés dans l'Eglife, qui eft le Royaume de Dieu; & que les Juifs qui étoient les enfans du Royaume par leur vocation, ont été féparés de l'Eglife, & jettés dans les ténébrés extérieures.

Confidérez avec crainte, que fouvent des laïques font élevés à un dégré de vertu très-éminent , lorfque des Prêtres & des Religieux leur font bien inférieurs én mérite: la fainteté des actions fouvent ne fe trouve pas jointe à la grandeur des condi tions.

Confidérez que l'on a vu & que l'on ne voit encore que trop fouvent des personnes qui paroiffoient avoir une piété éminente, 1omber dans des excès horribles, & mener dans la suite une vie toute payenne, lorfque d'autres très-vicieufes fe font converties, &

ont réparé heureusement par une pénitence édifiante les plus grands excès.

Les derniers feront les premiers, & les pre miers feront les derniers; parce qu'il y en a beaucoup d'appellés, mais peu d'élus. [ c. 20. V. 14.]

Oilà des paroles bien furprenantes: paroles de confolation pour les pécheurs, ils peuvent par la pénitence devenir les premiers. Paroles de crainte & de tremblement pour les Juftes; ils peuvent décheoir de la justice, & être mis au dernier rang. Que les pécheurs ne désesperent point à la vue de leurs péchés : que les juftes à la vue de leur juftice, ne fe laiffent point aller à la préfomption, ni à se préférer aux plus grands pécheurs; ils peuvent devenir tels eux-mêmes, & les plus grands pécheurs peuvent devenir juftes, & prendre leurs places.

Beaucoup d'appellés, mais peu d'élus. Qui ne tremblera, quelque bien qu'il ait fait jufqu'alors: ce n'eft point la feule fidélité à la vocation qui fauve; beaucoup ont bien commencé, & ont très-mal fini: c'est la perfévérance dans la juftice, qui eft la marque, le fceau & la confommation du falut. Eh, qui ofera fe la promettre, qui peut la mériter?

Quelles actions de graces, ô mon Dieu, ne dois-je pas vous rendre, de m'avoir appellé à l'Evangile grace que vous n'ayez

pas faite à tant de Nations, qui en auroient mieux ufé que moi) de m'avoir rendu enfant de l'Eglife, de m'avoir tant de fois fait participant de votre Efprit dans vos Myftéres! Ne permettez pas que par mes infidélités je laffe votre patience, & que j'oblige votre miféricorde à fe retirer de def. fus moi, pour transporter à d'autres vos fa veurs, dont j'ai fi mal ufé jusqu'à présent: j'efpere que par votre grace j'en ferai déformais un meilleur usage > & que vous confommerez en moi l'ouvrage du falut que vous y avez cominencé.

SOIN DE DIEU POUR SES ELUS.

Si le Seigneur n'avoit abbrégé ces jours, nut homme n'auroit été fauvé mais il les a abrégés en faveur des élus qu'il a choifis. [ Marc. 13.20.]

Onfidérez le foin que Dieu prend de Cfes élus, tout eft fait pour eux; Dieu

:

ne permet pas que les tentations foient audeffus de leurs forces, & qu'elles les renverfent i les abrege & il les diminue quand il le juge à propos ; & s'il permet qu'ils y fuccombent, cela entre dans l'ordre de leur prédestination, & ces chûtes fervent à les relever plus folidement, à les entretenir dans l'humilité, & à les préserver de la plus horrible des chûtes, qui eft la mort dans le péché: quelquefois Dieu trouve à propos de renverfer la fortune des

hommes, de les réduire à la pauvreté, de ruiner leur fanté, il abrége même leurs jours, & les enléve dans leurs premieres années; c'est que tout cela est néceffaire pour accomplir les deffeins de Dieu fur fes élus.

Ce feroit une belle chofe de pouvoir découvrir les moyens dont Dieu fe fert pour exécuter à préfent ce qu'il a réfolu de toute éternité fur chaque prédestiné : mais ce n'est pas ici le tems, un jour on le verra, & la fageffe de Dieu, qui maintenant eft fouvent condamnée par les hommes, dont les vûes font fort bornées, alors fera juftifiée par fes enfans.

Ne permettez pas, ô Seigneur, que je fois tenté au-deffus de mes forces: mais fi yous permettez que pour rabaiffer mon orgueil je fuccombe à la tentation, faites que ma chûte ferve à m'inftruire de ma foibleffe, à me faire vivre dans la défiance, & qu'elle me rende plus-ferme dans la fuite, & plus affûré dans la voie de vos com mandemens.

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