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COMMENCEMENT

de l'Année.

'Eft en ce jour de douleur & d'humilia

Ction pour Jesus-Chrift, que commence l'année, pour apprendre au Chrétien des le commencement de L'année, que les jours doivent fe paffer dans les douleurs & dans les humiliations.

Commençons nos années comme les Anges ont commencé leur bienheureufe éternité, par un regard vers Dieu fixe & permanent, par une application continuelle, forte & invariable pour jamais, de leurs efprits & de leurs volontés à Dieu, comme vérité premiere, & comine fouverain bien.

Commençons l'année comme la fainte Vierge a commencé fa vie par une grace éminente, qui étoit proportionnée à la qualité de Mere de Dieu, & dans laquelle elle a toujours fait de nouveaux progrès.

Commençons l'année par notre hommage aux prémices de Jefus-Chrift, qui a commencé par l'union hypoftatique, état particulier de l'Homme-Dieu, mais fource & principe de toute grace. Il a commencé par l'ufage de fon Sacerdoce: dès fon entrée au monde, dit l'Apôtre, il s'adresse à fon Pere en lui difant: Vous n'avez point voulu d'hoftie ni d'oblation, mais vous m'avez formé un corps vous n'avez point agréé les holo

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cauftes & les facrifices pour le péché. Alors j'ai dit Me voici, je viens, felon qu'il eft écrit de moi dans le Livre, pour faire, mon Dieu, vorre volonté. [ Hebr. c. 10. V. 5.]

J'adore le premier ufage de vie de l'ame de Jefus à l'inftant de l'Incarnation; vie de la divinité en l'humanité; vie de l'humanité en la divinité, vie divine & humaine ; vie divinement humaine & humainement divine; vie d'un Dieu incarné; vie d'un homme vivant dans l'être & dans la fubftance de la divinité.

J'adore l'état facerdotal de Jefus, qui dès le premier inftant de fa vie, eft Prêtre & victime du Pere Eternel; qui fe confacre à fon Pere avec tous fes membres, qu'il doit s'unir jufqu'à la fin du monde, avec lefquels il doit durant toute l'éternité ne faire qu'un même Prètre & qu'un même facrifice.

J'adore, ô Jefus, les premieres penfées & les premieres affections de votre cœur venant au monde, foit envers votre Pere, foit envers les hommes. J'adore vos premieres fouffrances qui font fi fenfibles, vos premiers regards qui font fi doux, vos premieres paroles qui devroient étre écrites avec les rayons du Soleil. J'adore vos prémieres actions, vos premiers pas ; afin que toutes ces chofes fanctifient mes peniées, mes affections, mes fouffrances, mes regards, mes paroles, mes actions, mes pas, & toutes mes démarches dans le cours de l'année,

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Je m'offre à vous, ô faint Enfant Jefus & toutes les choses qui dépendent de moi ; afin que par vous & avec vous, je fois offert au Pere Eternel, pour ne rien penser, ne rien aimer, ne rien dire, & ne rien faire qui ne lui foit agréable & à vous durant le Cours de cette année.

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L'EPIPHANIE.

Es Mages font envoyés de l'Orient 5 par le Pere Eternel à fon Fils, & font conduits par une Etoile au berceau du faing Enfant. Ces Mages font des perfonnes fages, riches & puiffantes; ainfi Dieu fçait bien faire rendre hommage à fon Fils, à fa fageffe cachée dans l'enfance, à fa pauvreté & à fon impuiffance, par la fageffe, l'opulence & la grandeur de la terre. O Dieu, vous faites tout fervir à vos volontés, par ce que vous êtes le Maître & le Seigneur univerfel de toutes chofes; & vous fçavez bien relever, quand vous voulez, les moyens les plus bas & les plus foibles, en y faifant fervir ce qu'il y a de plus grand & de plus fort.

Ces Mages font comme les Procureurs de toutes les Nations, ils viennent au nom de toute la terre, le Pere Eternel les conduit au berceau pour toute la terre, quoique la terre n'y pense pas, & ne foit pas digne d'y penfer. Eh! Seigneur, vous penfiez à moi lorfque je n'étois pas encore ! yous m'appelliez en la perfonne de ces Ma

ges, & vous jettiez des regards de tendreffe & d'amour fur moi, me voyant déja en leurs perfonnes par votre science, qui vous rend préfentes les chofes paffées, préfenzes & à venir. Mais que cherchent ces Mages: Celui qui eft né Roi des Juifs. [ Matth. c. 2. v. 2. ] O'Royauté de Jefus annoncée à Marie par les paroles de l'Ange, qui lui dit, que Jefus régnera éternellement ; publiée par les Mages qui le reconnoiffent Roi dès fa naiflance & dans fon berceau; défendue contre les Juifs par Pilate, Juge pour les Romains, qui reconnoîtra JesusChrist Roi dans fa Paffion, & qui fera attacher le titre de fa Royauté à fa Croix, afin que tout l'univers reconnoiffe JelusChrist pour Roi ; car c'est lui qui est le Roi des Rois, le Seigneur des Seigneurs, de qui les Rois tiennent leur fceptre & leur Royauté. O Jefus, je vous adore & vous reconnois pour mon Roi, foit que je vous confidére dans les foibleffes de l'enfance, foit que je vous regarde dans les humiliations de la croix.

Mais que trouverent ces faints Mages! L'Evangile dit, Qu'ils trouverent l'Enfant avec Marie fa Mere; & fe profternant en terre ils l'adorerent; puis ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent leurs préfens, de l'or, de l'encens & de la mirrhe. Ils trouverent l'Enfant avec Marie Sa Mere. [ Matth. c. 2. v. 11. ] Nous devons toujours chercher Jefus-Chrift, & nous devons toujours le trouver. Il y a trois demeures principales dans lesquelles nous By

devons le chercher, & nous devons le trou ver. La premiere eft dans le fein du Pere: O quelle demeure! ô quel féjour ! La feconde eft l'humanité en laquelle il a voulu habiter. Et la troifiéme eft le cœur & le fein de la Vierge. Voilà trois demeures trèsgrandes & très-dignes; mais elles font toutes intérieures, toutes fpirituelles & toutes

divines.

Il y en a d'autres plus fenfibles. Entre ces demeures il y en a trois principales & particulieres. La premiere, c'eft Béthléem lieu de fa naiffance. La feconde, c'eft Nazareth où il a été conçu & élevé. La troifiéme, c'eft le Calvaire où il a fouffert & où il eft mort. Toute l'année doit être employée à chercher le Fils de Dieu, à le confidérer, à l'adorer & à l'imiter en ces trois demeures; car c'eft-là où il a opéré la plûpart de fes Myftéres. Mais en ce tems, nous devons le chercher en Béthléem où il eft né; c'est là qu'il paroît comme Fils de l'homme, que la fainte Vierge y paroit comme Mere de Dieu; c'eft où il fait fa premiere manifeftation au monde.

Le Fils de Dieu ne fe manifefte pas feulement ici comme homme, mais comme fils de l'homme & comme enfant : Ils trouverent l'Enfant, dit l'Evangélifte. Il pouvoit où venir au monde dans un état d'homme parfait, ou attendre à fe manifefter, qu'il eût acquis cet âge parfait: mais il veut venir comme un enfant, & fe manifefter dans fon enfance. C'eft dans cet état d'en

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