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le cœur dégagé de la créature & intimement uni à Dieu, plus les connoiffances que l'on a de Dieu font parfaites.

O Dieu, fource de toute pureté, purifiez mon cœur de toute forte de fouillure," & de toute attache à autre chofe qu'à vous éclairez mon efprit de vos plus pures lumieres; & faites que vous ayant connu en cette vie par la foi, j'aie le bonheur de vous voir en l'autre, dans la clarté & la fplendeur des Saints.

SEPTIEME BEATITUDE.

Bienheureux font les pacifiques, parce qu'ils feront appellés les enfans de Dieu. [ v. 9.]

Our mériter de porter la qualité d'enPfant d'un Dieu del paix, il faut avoir un très-grand éloignement de toute forte de trouble, de contention & de difpute: il faut conferver la paix en foi-même, par le calme & la mortification de fes paffions & de fes defirs: il faut la conferver avec le prochain, évitant de le bleffer par aucune parole d'aigreur & de mépris, & de rien, faire qui puifle lui donner du chagrin: il faut la conferver avec Dieu, fuyant avec foin le péché, comme la feule chofe capa ble de nous mettre mal avec lui, & prati quant tout le bien qui peut nous rendre as gréables à fes yeux.

C'eft dans cette triple paix qu'il faut s'é tablir avec la grace de Dieu fur la terre

julqu'à ce que nous soyons parvenus à la paix dont jouiffent les Saints dans la félicité éternelle. Paix qui ne fera plus alors troublée par la révolte des paffions, par la contrariété des humeurs, & par l'oppofition que Dieu a pour le pécheur. Il n'y aura plus alors rien de divifé en l'homme; la charité parfaite réduira tout à l'unité : les hommes auront tous alors les mêmes sentimens, & Jefus-Chrift fera tout en tous.

O Jefus, Prince de la paix, donnez aux hommes que vous chériffez, la paix que Vous feul pouvez donner; afin que nos cœurs n'étant point détournés par la crainte des ennemis étrangers & domeftiques, nous jouiffions d'un parfait repos qui nous laiffe une entiere liberté pour vous fervir,

HUITIEME BEATITUDE:

1

Bienheureux ceux qui fouffrent perfecution pour ·la juftice, parce que le Royaume du Ciel eft & eux. [ v. 10.]

U

N homme qui fouffre perfécution pour la juftice, eft un fpectacle dignede la vue des Anges & de Dieu même : le monde n'eft pas digne de pofféder un tel homme; on devroit baifer les veftiges de fes pieds. Cet homme, dit Jesus-Christ, eft bienheureux; le Royaume du Ciel est à lui, il l'a déja en efpérance; car rien ne donne un droit fi affuré à la félicité éternelle, que la croix. La femence de la

gloire ce font les fouffrances préfentes. Hélas, qui eft-ce qui vit dans la ferme · créance de ces vérités !

Vous ferez bienheureux lorfque les hommes vous chargeront d'injures & de reproches, & qu'ils vous perfécuteront. [ v. 11.]

S

I on étoit bien perfuadé de cette vérité, fuiroit-on les perfécutions comme l'on fait, ne s'y expoferoit-on pas volontiers? Et s'il le pouvoit que Dieu n'y fût point offenfé, ne devroit-on pas s'en procurer? Jefus-Chrift ajoute; & qu'à caufe de lui ils diront toute forte de mal contre vous. Un vrai difciple de Jefus-Chrift doit s'attendre à un pareil traitement; Jefus Chrift l'a promis. Il eft infaillible dans fes promeffes; & quand cela manque, on doit être furpris & entrer dans une jufte appréhenfion de n'être point du nombre de fes difciples, à qui il a promis toutes fortes de perfécutions.

On est bien malheureux de chercher les vains applaudiffemens du monde ; c'eft avoir oublié, que non-feulement le caractére de ce monde eft de mépriser le bien qui eft dans les Juftes; mais qu'il doit même les calomnier, & leur impofer de faux crimes. Mais quelle confolation pour les Juftes, puifque c'eft à caufe de Jefus-Chrift qu'ils font ainfi traités! ainfi c'eft Jefus-Chrift qui reçoit en eux le premier l'injure, & ce n'eft que parl'on eft à fa fuite & de fon parti, que

ce que

l'on devient l'objet de la haine du monde; mais en récompenfe Jefus-Chrift comblera fes ferviteurs de toutes fortes de bénédi&ions, qui les dédommageront de la perfécution des méchans; car c'eft lui-même qui le leur promet.

Réjouiffez-vous alors & foyez ravis de joie, parce qu'une grande récompenfe vous eft refer vée dans le Ciel; car c'est ainsi qu'ils ont perfe cuté les Prophétes qui ont été avant vous, [ v. 12.] Tous les Saints ont été perfécutés ; fi vous voulez le devenir, vous devez compter fur beaucoup de perfécutions, à proportion que Dieu a deffein de vous rendre un plus grand Saint par l'abondance des graces qu'il défire vous faire en cette vie, & par le dégré éminent de gloire où il veut vous élever dans l'autre.

O croix précieufe, que j'ai tant défirée, qui devez faire la douceur & la gloire de ceux qui vous poffedent; venez à nous, & que ce foit par vous que j'aille à celui qui m'a racheté par votre moyen. Je ne refufe point les perfécutions; elles font trop d'honneur à celui à qui elles arrivent, puifqu'el les font les témoignages les plus fenfibles de la bonté de Dieu fur une ame, les véritables caractéres de la prédeftination, & les traits les plus expreffifs de la reffemblance que l'homme puiffe avoir avec Jefus-Chrift.

PRIER E.

NECESSITE DE LA PRIERE.

Priez, afin que vous n'entrieg point en tentation. [Luc. 22.40.]

N faire le bien, fans la grace de Jefus

Ous ne pouvons résister au mal, &

¿Chrift. Notre nature eft tellement affoiblie depuis le péché, que quelque effort qu'elle femble faire pour s'élever jufqu'à Dieu, elle retombe auffi-tôt par terre. Dieu eft trop éloigné d'elle, & elle fe trouve plongée dans un abîme trop profond, pour pouvoir efpérer d'en fortir jamais, fi la grace de Dieu tout-puiffant ne l'en retire, ne la foutient, ne la porte, & ne l'éléve jufqu'au bien qu'il veut lui faire faire.

Et comme nous fommes à chaque moment environnés de tentations, & qu'il fe trouve un très-grand nombre de devoirs à remplir dans la vie chrétienne, il est vrai de dire que nous avons un besoin continuel de la grace de Jefus Chrift.

C'eft fur ces principes qu'ekt fondée la néceffité de la priere, & de la priere continuelle: car la priere qui prévient les tentations nous en délivre ; & la priere qui les accompagne nous y foutient & nous empêche d'y fuccomber. C'est la priere qui nous ob

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