Page images
PDF
EPUB

AMOUR DE LA VERITE', horreur du menfonge.

Je fuis venu dans le monde afin de rendre témoignage à la vérité; quiconque appartient à la vérité écoute ma voix. [ Joan. 18. 37.]

[ocr errors]

Onfidérez que Jefus Chrift eft venu pour rendre témoignage à la vérité; pour l'enseigner aux hommes, pour la défendre contre fes perfécuteurs, & donner fa vie pour la foutenir.

Confidérez qu'étant Chrétien, vous n'êtes au monde que pour rendre témoignage à la vérité, pour la pratiquer, pour la faire connoître par vos paroles & par vos actions, & pour la défendre dans l'occafion, même aux dépens de votre vie.

Ayez une horreur mortelle du menfonge, & ne vous y laiffez point aller par la légèreté de la matiere: ce péché eft toujours confidérable par lui-même; car s'il n'offense pas les hommes, il offenfe toujours Dieu, qui eft la vérité. Les intérêts de Dieu ne valent-ils pas bien ceux des hommes ? & quand on ménage fi peu les intérêts & la gloire de Dieu, on ne tarde guéres à violer les intérêts des hommes.

Gardez une grande fimplicité & une grande droiture dans toute votre conduite: prenez toujours le parti de ceux qui fouffrent pour la vérité, regardez-les comme des perfonnes dont le fort eft digne d'envie, & dont

le monde n'eft pas digne ; & s'il vous arrive de fouffrir pour une fi bonne cause, rendezen graces à Dieu comme d'une faveur finguliere.

O Dieu, vérité premiere, infpirez-moi un amour fincére pour la vérité; & fi les Saints dans le Ciel n'ont de bonheur que par la joie qu'ils conçoivent de la vérité qu'ils connoiffent, qu'ils aiment & qu'ils poffédent ; que ce foit auffi tout mon bonheur fur la terre, que de m'élever à la connoiffance & à l'amour de la vérité premiere, par l'affection fincére que je concevrai en toutes chofes pour la vérité : que cet amour paroiffe dans mes paroles & dans la fimplicité de mes manieres. Donnez-moi, Seigneur, un grand éloignement pour la diffimulation & pour la tromperie, & que le menfonge ne Le trouve point dans ma bouche.

PECHE CONTRE LE S. ESPRIT.

Je vous déclare que tout péché & tout blafpheme Sera remis aux hommes: mais le blafphême contre le Saint-Esprit ne leur fera point.remis. [ Matth. 12. 31.1

[ocr errors]

Onfidérez que ce blafphême contre le Saint-Elprit, eft, felon quelques Saints, un coeur dur jufqu'à la fin, l'impénitence finale, qui eft fuivie de la damnation éternelle. Ce péché eft très-ordinaire ; car il eft très ordinaire que, les hommes meurent dans le péché, & confervent jufqu'à la mort

un cœur dur & inflexible aux inspirations & aux mouvemens de l'Esprit de Dieu. Que la vue de cet état terrible imprime en vous une fainte crainte ; & priez l'Efprit divin qu'il vous donne cette grace, qu'un cœur quelque dur qu'il foit, ne refufe pas, parce que fon premier effet eft de vaincre par fa douceur & par fa force la dureté du cœur.

Confidérez que ce blafphème contre le Saint-Efprit eft expliqué par d'autres Saints, de l'attribution que l'on fait des œuvres de 1'Elprit de Dieu à l'Esprit malin; comme les Pharifiens faifoient, en difant que Jefus Christ chaffoit les démons par un efprit ime, pur qui le poffédoit. Qu'il eft dangereux d'être attaché à son fens & à fes opinions, ou d'avoir des vues & des prétentions pour la terre! Quand on nous contredit par ces endroits, nous nous élevons auffi-tôt contre la vérité; nous ne pouvons fouffrir des maximes faintes & très-pures, qui ne s'accommodent pas avec les nôtres, ni avec nos intérêts; on calomnie les plus gens de bien, on décrie leur doctrine, on donne des interprétations malignes à leurs meilleures paroles & à leurs actions les plus faintes, on travaille à rendre leurs bons exemples & leurs difcours inutiles aux autres. Et qu'eftce qu'une telle conduite, finon une oppofition visible qui vient de l'envie & de la jaJoufie, ou du moins d'un zéle ignorant, aux œuvres de l'Esprit de Dieu: finon un blafphême contre le Saint-Esprit, dont on obtient difficilement la rémiffion; parce que

les fçavans orgueilleux & les dévots indis crets, ne reviennent presque jamais de leurs fauffes préventions, l'Esprit de vérité trouvant des obftacles prefque invincibles dans Leurs cœurs ?

Prenez garde de vous oppofer jamais à la faine doctrine de Jefus-Chrift, à la pureté de fa morale ; & fi vous n'avez pas encore le courage de la fuivre, n'ayez pas la malice de la combattre.

O Dieu tout-puiffant, ne permettez pas que mon cœur tombe dans l'endurciffement ni que je m'oppofe jamais à la vérité par un faux zéle, ni par envie ; mais que n'ayant aucune curiofité pour connoître ce qui n'est pas de mon état, & ce qui ne pourroit que m'enfler d'orgueil, je reçoive humblement la connoiffance des vérités nécessaires au falut, que je les pratique avec fidélité, & que j'y perfévere jufqu'à la fin.

JUREMENT DEFENDU

Et moi je vous dis que vous ne juriez en aucune forte. [Matth. 5. 34. 1

Cde violerce Commandement, & de Onfidérez qu'il y a bien des manieres

déshonorer le faint Nom de Dieu. On le fait

par des blafphêmes; par la raillerie des chofes faintes; par des juremens en assurant des chofes fauffes ou dont on n'eft pas cer tain; en menaçant de faire des choses inju¬ kes en promettant ce que l'on n'a pas en

vie de tenir, ou ce qu'ayant eu deffein de . tenir, on n'excute pas, le pouvant ; en se fouhaitant du mal à foi-même avec exécration; en jurant pour chofes légere ou pour des chofes griéves, mais fans néceffité; en faifant des vœux & des promeffes à Dieu avec légéreté, ou des chofes frivoles, inutiles & fuperfticieuses.

Jefus-Chrift fçachant la facilité malheureufe que les hommes ont pour le Jurement, leur défend abfolument de jurer; c'eft-à-dire, felon les Saints, de jurer fans grande néceffité, mais feulement dans les conditions marquéee par le Prophéte Jérémie, c. 4. v. 2. qui font la vérité, le jugement & la juftice: c'eft-à-dire, qu'on ne doit jurer que quand la chofe qu'on affure eft vraie, que la prudence la juge d'une affez grande importance pour y employer le ferment, & que la chofe eft jufte.

Hélas! combien doit-on gémir fur les abus que lon commet dans le monde en cet-te matiere, foit dans les juremens que l'on fait en Juftice, foit dans ceux que l'on fait en entrant dans la plupart des conditions & des états de la vie, foit dans une infinité de fermens que l'on fait dans le commerce ordinaire que l'on a avec les hommes! Veillez avec grand foin fur toutes vos paroles, pour ne point tomber dans aucun défaut en cette matiere.

Que je me fouvienne toujours, Seigneur, de cette maniere fimple dont vous nous com mandez de nous énoncer; en difant feulee

« PreviousContinue »