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FUITE DE L'OCCASION.

Que fi votre il droit vous eft un fujet de scandale & de chûte, arrachez-le, & jettez-le loin de vous: car il vaut bien mieux pour vous qu'une partie de votre corps périffe, que non pas que tout votre corps foit jetté dans l'enfer. [Mat.5.29.]

Onfidérez combien notre Religion est

Cfainte: on ne doit pas feulement ceffer

de pécher, on doit éviter absolument l'occafion du péché; & quelque chere que foit cette occafion, on la doit jetter loin de foi. Car celui qui cherche le péril & ne s'en éloigne pas, ne manquera pas d'y refter. Tout Confeffeur qui n'exige pas de fon pénitent l'éloignement des occafions de chûte & de fcandale, fe croit plus fage que JesusChrift.

Renoncez ici de tout votre cœur à tout ce qui pourroit vous engager dans le péché, quelque néceffaire qu'il vous paroiffe: vous n'avez qu'une chofe qui foit nécessaire au monde, qui eft de vous fauver; il n'est pas d'amis, de parens, de befoins preffans, de vie même qui ne foit inutile, quand ces choLes vous empêchent de faire votre falut.

Souvenez-vous fouvent de la comparaifon que Jefus-Chrift fait ici d'une partie de vousmême confervée avec trop de foin en cette vie, avec tout votre corps jetté dans l'enfer. Si cela étoit bien pesé, on verroit un

prodigieux changement dans le monde; & il faut que cela le foit bien peu, puisqu'on demeure infenfible & dans une espèce de ftupidité au bruit de ce tonnerre.

Que rien au monde, quelque cher qu'il me foit, ne foit capable de me séparer de vous, ô mon Dieu; & quand je ne pourrai le pofféder avec vous, je confens de bon cœur d'en être privé. N'attendez pas, Seigneur, que je faffe moi-même ce retranchement, mais brûlez vous-même ici-bas, coupez, retranchez tout ce qui peut m'être un obftacle à vous plaire & à vous pofféder éternellement.

LES QUATRE FINS DERNIERES DE LA MORT.

ATTENTE DE LA MORT.

Je m'en vais pour vous préparer le lieu. [ Joan, 14.2.]

Et après que je m'en ferai allé, & que je vous aurai préparé le lieu, je reviendrai & vous retirerai à moi, afin que vous soyez où je ferai. [v. 3.]

Onfidérez que Jefus-Chrift a dit à fes

CApôtres, & en leurs perfonnes, à tous

fes Elûs, qu'il s'en alloit au Ciel pour leur préparer des places : & qu'au jour de la mort de chacun d'eux, il doit revenir pour les re

tirer de ce monde à lui, & les mettre en pof feffion de ces places dans la gloire éternelle.

Un Chrétien durant cette vie doit toujours avoir l'efprit & le cœur élevé vers le Ciel, pour y contempler Jefus-Chrift qui eft allé lui préparer un Trône dans fon Royaume; tout ce qui fe paffe ici-bas doit lui étre auffi indifférent, & doit auffi peu le toucher qu'u ne perfonne le feroit peu de tout ce qu'elle verroit dans un pays étranger; lorsqu'elle fçauroit que dans fon propre pays il y a une couronne & un trône qui l'y attendent.

Confidérez qu'un Chrétien doit vivre dans l'attente de Jesus-Christ, qui l'a afsu-, ré qu'il reviendra: & comme Jesus-Christ dit que Dieu a donné au Fils de l'Homme tout pouvoir de juger; c'eft une vérité que Jefus-Chrift fe préfente à la mort de chaque perfonne pour le juger. Et comme on ne fçait ni à quel tems, ni à quelle heure ce fera, toutes les actions des fidéles doivent être faites dans cette vûe & dans cette at tente de Jefus-Chrift.

Confidérez que Jefus-Chrift dit qu'il re tirera fes Elûs à foi, afin qu'ils foient où il fera déja lui-même. Un Élû fur la terre eft dans un lieu d'exil & de banniffement, il est dans des travaux pénibles & dans des tentations dangereuses; mais encore un moment de patience, Jefus-Chrift va venir, il le conduira dans fa véritable patrie, il le délivrera de fes travaux, il le rendra victorieux de toutes les tentations, il le couronnéra après tous les combats, & il le rendra parti

cipant

cipant de fa gloire. Dites avec le bien-aimé Difciple: Venez, Seigneur Jefus, venez au plutôt. [Apoc. 12. 21.]

Faites, Seigneur, que je fupporte avec patience les miferes de cette vie présente, dans l'attente de la mort qui m'en délivrera. Faites que je foupire après votre avénement en moi, & que je vous dife: Venez, Seigneur Jefus, pour vivre dans votre ferviteur, par la plénitude de votre Esprit, dans la perfection de vos voies, dans la communion de vos mystéres ; venez & détruisez en moi toute la puiffance des ténébres qui vous eft contraire, le monde, la chair & le péché; venez-y établir parfaitement votre régne & la gloire de votre Pere dans la vertu de votre Esprit faint.

DISPOSITIONS EN MOURANT.

Je vous ai glorifié fur la terre, j'ai achevé l'auvre que vous m'aviez donné à faire. [ Joan. 17.4.]

Maintenant donc, mon Pere, glorifiez-moi en vous-même de cette gloire que j'ai eue en vous avant que le monde fût. [ v. 5.]

Onfidérez toutes ces paroles, qui font Cles paroles de Jesus. allant & lé

mort; il rend compte de fa conduite à son Pere, & il lui demande avec confiance qu'il lui donne la gloire qu'il a méritée. Telle doit être la difpofition d'un Chrétien mougant; il faut qu'il puiffe dire à Dieu; Je II. Partie *X

vous ai glorifie fur la terre; n'ayant effe&ive ment cherché que la gloire de Dieu dans toutes les actions, & s'étant efforcé de la procurer en toutes occafions. J'ai achevé l'œuvre que vous m'avez donné à faire. Chacun a reçu de Dieu l'ordre de s'appliquer durant le cours de fa vie, à un certain nombre de bonnes œuvres; il faut ne faire que cela fans rien entreprendre par fon propre choix; mais il faut le faire, & il faut l'avoir fait en mourant. Combien de personnes font prêtes à fortir de ce monde, lorfqu'elles n'ont rien fait ou n'ont fait que du mal, ou ont fait toute autre chofe que ce qu'elles devoient faire ou ont à peine commencé l'œuvre que Dieu leur avoit donné à faire ?

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Confidérez que quand on peut dire en mourant ce que dit ici Jefus-Christ allant à la mort, on doit dire auffi avec confiance dans la bonté de Dieu: Maintenant donc,mon Pere, glorifiez-moi en vous-même de votre gloi re. On doit espérer que Dieu le fera, & on doit attendre avec patience ce moment heu

reux.

Faites-moi cette grace, ô mon Dieu, de remplir mes devoirs durant cette vie, de tel forte que je puiffe dire en mourant : J'ai acheve l'œuvre que vous m'avez donné à faire. Que je me propose tellement votre gloire, & que j'agifle avec une fi grande pureté d'intention, que je puiffe dire avec vérité : Je vous ai glorifie fur la terre ; & maintenant que je fuis prêt de fortir de ce monde, glo rifiez moi, mon Pere, en vous-même de votre gloire

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