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représentez-vous au contraire, tout l'univers témoin de votre péché. Les pécheurs à préfent rougiffent de faire le bien, & ils n'ont point de honte de faire le mal : alors Vous couvrirez, ô mon Dieu, leur visage d'ignominie.

Faites, Seigneur, que quand je fuis tenté de pécher, je devienne fi confus à la feule vue du mal, que mon cœur n'y adhére point, & que je ne fois point obligé d'être expofé au jour de vos vengeances, à une sonfufion que je ne pourrai supporter.

JUGEMENT DERNIER.

Le tems viendra que tous ceux qui font dans les Sepulcres, entendront la voix du Fils de Dieu. [Joan. 5. 28.]

Et ceux qui auront fait de bonnes œuvres, fortiront des tombeaux pour reffufciter à la vie ; comme ceux qui en auront fait de mau aifes ; en fortiront pour reffufciter à leur condamna tion. [ v. 29.]

Confidérez la force & la puiffance de

cette voix de Jefus-Chrift qui appellera les morts du centre de la terre, du fond des abîmes où feront leurs corps, & qui les fera paroître aux yeux de l'univers. C'eft cette même voix qui s'eft fouvent fait entendre au pécheur dans le fépulcre infect du péché, dans lequel il croupiffoit depuis longtems. Demandez à Jefus - Chrift qu'il faffe encore entendre cette voix aux oreilles du

cœur d'une infinité de perfonnes qui vivent dans l'habitude du crime.

Confidérez qu'il n'eft parlé au jugement 'de Dieu que de deux fortes d'œuvres, des bonnes & des mauvaises: c'est que devant Dieu il n'en eft que de deux fortes, comme il n'eft que deux amours; ou l'amour de Dieu qui eft le principe des bonnes œuvres, ou l'amour de foi-même qui eft le principe des mauvaises.

Confidérez qu'il y a deux fins bien différentes; fçavoir, la vie bienheureuse & la damnation éternelle. Vous aurez avec tous les hommes, l'un de ces deux forts; mais l'un & l'autre dépendent des bonnes & mauvaises œuvres que l'on aura faites en cette vie.

O Jefus, le Juge des vivans & des morts, qui ferez entendre votre voix puiffante & terrible jufqu'au fond des fépulcres, au jour de votre dernier Jugement: faites entendre à préfent cette même voix au fond du cœur de tant de pécheurs, qui font enfevelis depuis fi long-tems dans les horreurs & dans. les ombres de la mort du péché: faites que nous difpofions maintenant toutes nos actions dans la vue du compte qu'il nous faxdra rendre alors.

PURGATOIRE.

Si quelqu'un parle contre le Fils de l'Homme, it lui fera remis: mais s'il parle contre le SaintEfprit, il ne lui fera remis ni en ce fiécle ni en l'autre. [ Matt. 12. 32.]

Onfidérez que ces paroles de JefusChrist font une preuve, Lelon les faints Peres, du Purgatoire, dans lequel quelques péchés font remis & expiés: car ce feroit inutilement, disfent-ils, que Jefus-Chrift auroit marqué qu'un péché ne fera point remis en l'autre monde, s'il n'y en avoit quelques-uns qui y fuffent remis.

Confidérez ce qu'endurent les ames dans le Purgatoire: elles y fouffrent la peine du feu; foit que ce foit, felon la plus commune opinion, un feu matériel, mais incomparablement plus actif & plus ardent que le nôtre; ou que Dieu produife dans les ames les mêmes fentimens & les mêmes douleurs, que s'il fe trouvoit en ce lieu-là un véritable feu. Mais la plus grande peine qu'endurent ces faintes ames, c'eft de la part de Dieu; car comme ces ames ont un très-grand amour pour Dieu, elles fouffrent extrêmement d'en être séparées ; mais d'autre part, elles font très-foumifes aux ordres de fa juftice qui les retient dans ce lieu ; & quand il leur feroit permis d'en fortir, elles ne le voudroient pas, fans avoir auparavant expié fuffisamment toutes les fautes qu'elles ont commiles.

Dieu, comme fouverain Etre, eft comme un poids qui accable ces faintes ames dans la vue du néant du péché dont elles font coupables, & de la fouveraineté qui eft en Dieu. Dieu par fon 'extrême juftice, à laquelle il doit une pleine fatisfaction, exige de ces ames un entier paiement de leurs dettes. Dieu par fa fainteté fe fépare d'elles parce qu'il voit encore en elles quelques cicatrices & quelques flétriffures du péché.

Confidérez quels font vos devoirs envers ces faintes ames. 1°. Vous devez les honorer & les aimer, elles font les amies de Dieu, qui jouiffent de fa grace fans aucune crainte de la perdre, & de la voir même altérée par des fautes légeres, & avec une entiere affurance de pofféder la gloire éternelle. 2°. Vous devez les fecourir par vos prieres, vos aumônes, vos mortifications, & furtout par le faint Sacrifice de la Meffe. 3% Vous devez apprendre d'elles, & de l'état pénible où elles fe trouvent, à ne point commettre de péchés véniels, du moins avec affection, & à mener une vie fi pénitente fur la terre, que vous ne foyiez pas obligé de fatisfaire dans l'autre vie, pour réparer ce que vous auriez manqué de faire de pénitence en celle-ci : & d'autant que fes pénitences que Dieu exige à préfent, qui eft le tems de fa miféricorde, font très'douces par rapport à celles de l'autre vie, qui fera le tems de fa iuftice; & que ce que l'on fouffre en Purgatoire, fatisfait bien à fa juftice, mais ne mérite pas un plus grand

dégré de gloire; au lieu que les fouffrances de cette vie, fupportées pour l'amour de Dieu, fatisfont à la juftice, & méritent le

Ciel.

Seigneur, exaucez les prieres que nous vous faifons pour le repos des ames que votre juftice purifie par le feu du Purgatoire. Touchez les fidéles d'une fainte compaffion pour les porter à les secourir: & donneznous la grace de faire fi-bien pénitence en cette vie, que nous ne tombions point en l'autre, entre les mains de votre justice; ce qui eft, felon votre parole, une chofe horrible: & faites que nous évitions avec foin les moindres fautes, puifque vous les châtiez fi rigoureusement.

PARADI S.

Venez, vous qui avez été bénis de mon Pere poffedez le Royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde. [ Matr. 25234.]

Onfidérez Jesus-Chrift revêtu de gloire, & qui ayant à fa droite les Elûs,' les invitera à venir prendre poffeffion de fon Royaume. Venez, leur dit-il: que cette invitation eft douce & agréable; elle partira d'un cœur plein d'amour & de tendresse pour les Elus. Vous qui avez été bénis par mon Pere; dans le tems, par la protection qu'il vous a donnée contre la malice du fécle, en vous conduifant dans les fentiers

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