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Je ne vivre plus que de votre Esprit & que

pour vous.

Cet état de la vie cachée de Jefus a duré jufqu'à l'âge de trente ans : adorez cet état de la vie de Jefus jufqu'au Carême.

JESUS-CHRIST
au Défert.

irez en efprit au défert pour y tenir compagnie à Jefus-Chrift. Confidérez que Jefus-Chrift va au défert après fon Batême. La grace que l'on reçoit dans le Batême, & qui nous fait Chrétiens, doit être confervée avec foin, on ne la doit point expofer indifcrétement: cette grace nous porte à fuir le monde, & à fuivre Jefus-Chrift au défcrt, à mener une vie retirée, éloignée des compagnies, des divertiffemens & des embarras du fiécle: nous meriterons d'obtenir cet efprit de retraite par les adorations que nous rendrons à la retraite de Jefus au défert.

O retraite & folitude admirable, qui n'ê tes que la fuite des autres retraites & folitude où vous aviez vécu, ô Jefus; fçavoir, neuf mois dans le fein de la Vierge, & jufqu'à l'âge de trente ans dans la maifon & la compagnie de Marie, & qui honore & rend hommage, avec toutes vos autres retraites & folitudes, à la folitude ineffable de votre humanité avec votre divinité en unité de perfonne: car entre toug

tes les humanités, la vôtre feule fera à ja mais unie au Verbe; & entre les perfonnes divines, la feule perfonne du Verbe eft unie à la nature humaine. Que vous êtes admirable, ô Jefus! que vous êtes adorable! que vous êtes aimable dans toutes ces retraites & ces folitudes! que je puiffe vous y aller trouver, qu'il me foit permis de vous tenir compagnie; compagnie douce, charmante & délicieufe, & fur-tout durant le faint tems de Carême, en gardant des tems de retraite & de filence pour honorer Vos retraites & votre filence.

Un de vos Evangéliftes dit, que vous futes conduit par l'Efprit dans le défert, pour y être tenté par le Diable. [Matth. c. 5. v. 1.] Et un autre dit, en parlant de vous, ô Jefus, L'Efprit le chaffa dans le défert, où il demeura quarante jours & quarante nuits, & fut tenté par Satan, & il étoit parmi les bêtes, & les Anges le fervoient. [ Marc, c. 1. v. 13.] Eft-ce ainfi qu'eft traité le Fils de Dieu, la fainteté même, & celui qui dès le commencement de fon Incarnation, devoit pofféder la gloire, & ne paroître parmi les hommes que dans l'éclat & la fplendeur? J'adore, ô Jefus, cette fufpenfion que vous avez faite de votre gloire, qui vous étoit dûe à caufe de votre union perfonnelle avec le Verbe, & qui devoit naturellement fe répandre de votre ame glorieufe fur votre corps facré. Ç'a été l'excès de votre amour pour nous, & zéle de la gloire de votre Pere, qui vous

à fait choifir cet état, afin de paroître dans une chair semblable à la chair du péché, & de porter la figure du pécheur, fans toutefois en avoir la tache & la fouillure, & de pouvoir plus glorieufement vaincre le péché par la reffemblance du péché même.

Car vous êtes chaffé dans le défert comme on chaffoit autrefois le bouc émiffaire après l'avoir chargé des péchés du peuple. On chaffoit cet animal dans le défert pour y être dévoré par les bêtes fauvages; & en cela il étoit une figure de ce qui devoit vous arriver dans ce défert, où vous avez été réduit à la compagnie des bêtes ; & dans votre Paffion, où vous avez été exposé à la fureur des Juifs & des Gentils qui font appellés des bêtes dans l'Ecriture. O profonde humiliation & anéantiffement de l'HommeDieu, qui confond notre orgueil, & qui nous apprend à ne mettre point de bornes à nos abaiffemens! mais ce n'eft pas là où le rerminent les vôtres.

Vous voulez, & Seigneur, permettre au 'démon de vous tenter, & de vous tranfpor ́ter en différens lieux; afin de nous mériter par cet état que vous avez bien voulu honorer, la grace de devenir vi&orieux de nos tentations; que nous vous euffions pour modéle, & que nous puffions apprendre de vous, la maniere de vaincre & de furmonter nos tentations; & afin que nous euffions cette confolation, quand nous fom. mes tentés & accablés quelquefois par des

CY

tentations violentes & importunes, de fça voir que cet état peut être un état faint, & que les plus faints peuvent être les plus tentés, puifque vous qui êtes le Saint par excellence, l'avez été. O Jefus, fortifiezmoi dans mes tentations: ne permettez pas que j'en aie qui foient au-deffus de mes forces, & faites que j'en fois toujours vi&torieux.

Mais de quelles armes faut-il que je me ferve pour furmonter les tentations ? Vous nous l'avez enfeigné ailleurs, en difant que le démon ne fe chaffe que par le jeûne & par la priere; & vous nous l'apprenez ici par votre exemple, en paffant quarante jours & quarante nuits dans la priere & dans un jeûne continuel. O priere trèshumble, très-ardente & très-perfévérante du cœur de Jefus, puiffiez-vous être le modéle de mes prieres! O jeûne très-auftére & continuel de Jefus, imprimez en moi l'amour du jeûne & des privations dans les alimens du corps, dans les plaisirs des fens & dans l'ufage des créatures.

Prions Jefus de nous donner un faint mépris du monde, la grace de le fuir de corps autant qu'il nous fera poffible, & de le fuir toujours de cœur & d'affection. Gardons durant le cours de l'année, furtout durant le Carême, des tems de retraite & de filence, pour honorer la retraite & le filence de Jefus jeûnons en l'honneur de fes jeûnes, en nous retranchant dans le boire & le manger, le fommeil, les pa

rures, les divertifflemens, les vifites & les promenades. Uniffons notre oraison à la fienne, & la faisons avec humilité, avec ferveur & avec perfévérance: prions - le qu'il nous donne la force de foutenir avec courage les tentations les plus violentes, & que la victoire qu'il a remportée des fiennes, nous rende victorieux de celles de la chair du monde & du démon.

LA PASSION DE JESUS-CHRIST.

Deffeins éternels de Dieu fur la Paffion de Notre-Seigneur Jefus-Chrift.

V

Ous pafferez tout le tems que l'Eglife deftine à honorer le Mystére de la Paffion de Notre-Seigneur, dans la méditation de toutes les circonftances de la Paffion, de la Mort & de la Sépulture de Jefus-Chrift.

Confidérez que Dieu de toute éternité a formé le deffein de livrer fon Fils dans le tems, à toutes les fouffrances qu'il a endurées, & à la mort même, ayant en vûe fa propre gloire & notre falut, qui devoient être procurés par le facrifice de la Croix; car Dieu devoit trouver par ce moyen un adorateur digne de lui, qui l'adorât en qualité de victime; & l'homme devoit trouver une victime capable d'expier & de fatisfaire pleinement & abondamment pour les péchés.

O Dieu, que vous êtes adorable dans

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