& en quelque autre tems que ce foit, pour renouveller & conferver en vous l'efprit & la grace des Myftéres, des Actions & des Paroles de J. C. Il y a des Myftéres que l'on traite ici, qui font expliqués hors de leur rang, & dont on auroit dû parler plutôt, fi l'on avoit fuivi l'ordre des choses; mais on a fuivi l'ordre des tems où l'Eglife les honore, & les propose à la dévotion des fidéles; & c'est ce qu'on avoit eu en vue d'abord, pour porter les fidéles à s'occuper de J. C. & de fes Myftéres, dans les tems où l'Eglife en célébre les Fêtes. On n'a point fait difficulté d'employer ici plufieurs pensées, & même de fe fervir fouvent des paroles du très-pieux Cardinal de Berulle, Fondateur de la Congrégation de l'Oratoire de Jefus & des Carmélites en France. Car comme la feule chofe qu'on s'eft propofée ici, eft de porter les fidéles à la connoiffance, à l'amour & à l'imitation de Jefus-Chrift, on a cru qu'on ne pouvoit mieux faire que de leur mettre devant les yeux & dans la bouche, les paroles de ce faint homme, que l'on doit regarder comme un des plus beaux modéles de la liaison' étroite que nous devons avoir avec J. C.. C'est pourquoi on ne peut trouver mauvais que l'on faffe voir ici en peu de mots, quel étoit fon attachement pour cet HommeDieu, puifqu'en cela il peut fervir d'un grand exemple à la piété des fidéles. Ge faint homme, comme l'ont témoigné les perfonnes qui l'ont approché de plus près, étoit dans une fi grande plénitude de N. S. J. C, que fon amour fe répandoit comme un torrent fur toutes les parties de fa vie ; & que (pour fe fervir d'une pensée que l'on tient de lui ) J. C. doit être notre plénitude. Il avoit dès ce monde, cet ineftimable privilége qui nous eft promis dans le Ciel, où J. C. doit être toutes chofes en tous. Il ne vouloit que J. C. il ne goûtoit que J. C. il ne s'occupoit, il ne s'entretenoit que de J. C. il languiffoit conti nuellement dans le defir de voir & de posséder J. C. fa langue ne parloit que de J. C. fa plume ne traçoit que J. C. fa conduite ne tendoit qu'à établir J. C. C'étoit à lui, qu'à l'exemple de faint Jean, il renvoyoit tous les difciples que la Providence divinelui adreffoit. Il ne concevoit le falut éter→ nel que comme liaifon à Jefus-Chrift; & fi l'on eût pu faire une anatomie fpirituelle de fon cœur au lieu du defir de fe fauver on y eût vu une forte paffion d'appartenir parfaitement & inféparablement à Jefus, & d'être entiérement transformé en lui: on y eût vu auffi le defir de fauver les autres mais fous cette même vue, de les lier étroi 1cment & pour jamais à Jefus. Le fentiment qu'il avoit pour la gloire, il l'avoit pour les vertus: il les vouloit tenir de Jefus Christ; & elles ne lui étɔient agréables, qu'autant qu'elles le rendoient femblable à lui: il difoit quelquefois : « Plu feurs travaillent aux vertus, cela eft bon » & même néceffaire; mais cela ne fuffit pas: je defire les avoir toutes de Jefus» Chrift, & que ce foit lui qui me les don ne, afin de tenir tout de lui dans le tems & » dans l'éternité, & jamais rien de moi. Plu >> fieurs cherchent les vertus, pour être dif pofés en eux-mêmes felon que la droite » raifon & leur devoir le requiérent; cela » eft louable: mais pour moi, depuis qu'il a plû à Dieu fe faire homme, & pratiquer en fa perfonne les vertus dont nous avons »befoin pour être parfaits, j'eftime bien plus la vertu en ce qu'elle me fait reffembler à Jefus-Chrift, & qu'elle me donne » quelque rapport à lui comme à mon mo» déle, qu'en ce qu'elle me rend conforme > à la raison & à mon devoir : car fi ce der>nier motif eft faint, l'autre est divin. Quand les croix & les traverfes fe présen toient à lui, il les recevoit comme une con. tinuation de la croix & des fouffrances de J. C. felon ces paroles de l'Apôtre: Jaccomplis dans ma chair ce qui reste à fouffrir à Jefus-Chrift. Coloff. 1. 24. Dans les œuvres de la charité, il accompliffoit véritablement ce qu'il plaît à J. C. de nous commander non-feulement de nous aimer mutuellement; mais encore de nous aimer comme il nous a aimés, & comme n'étant tous qu'un en Dieu fon Pere & en lui. Ce fut cette fainte liaison qu'il confidéra dans la dignité de Cardinal dont il fut honoré, & dont la pourpre lui représentoit celle dont Jefus-Chrift fut couvert dans fa Paffion, comme auffi le fang qu'il y répan dit pour le falut du genre humain. Ét quand on lui parloit de le faire Evêque, la feule penfée qui le confoloit dans la crainte de I'être, étoit de voir qu'il auroit part au pouvoir, à la croix, aux travaux, aux foins & à l'amour paternel de J. C. Il voulut que cette liaison à J. C. fût l'efprit & le carac tére fpécial qui diftinguât ceux de fa Congrégation; & que l'amour envers cet Hom me-Dieu fût l'exercice continuel de leurcœur. Enfin fi l'on vouloit donner une juste idée de toute la vie de ce faint homme, ik faudroit toujours dire qu'il a aimé Jesus ; & qu'il l'a aimé toute la vie.. TABLE de la premiere Partie. Avent ́s- L'Epiphanie, La Purification, J. C. perfécuté par Hérode. Dévotion à la fainte Enfance de Jefus, Batême de Jefus par Saint Jean, 46, |