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Bien que de création toute récente, l'arboretum du Fays renferme déjà 250 espèces environ, représentées en moyenne par 3 échantillons. Les essences ont été groupées par pays d'origine. Les noms de ces pays sont inscrits, d'une façon très visible, sur de larges planchettes. Pour chaque groupe d'arbres, une plaque solide en fer donne le nom botanique; sur cette plaque est gravée la carte géographique des pays habités par l'espèce et une teinte très apparente indique, sur cette carte, son aire d'habitation. C'est là un étiquetage excellent.

Les sujets existants ont été mis en place en 1901 et au printemps de 1902. La plupart ont parfaitement réussi, et, fait important à noter, ont résisté aux fortes gelées du printemps dernier. Plusieurs atteignent des hauteurs de 2 et 3 mètres; quelques-uns ont déjà fructifié. Accessoirerement, une petite surface de terrain a été affectée à la culture des plantes alpines et une autre a été aménagée pour recevoir la flore spéciale des tourbières des régions montagneuses.

Je n'entrerai pas dans les détails; mon but n'est pas d'énumérer, de décrire et d'apprécier les différentes espèces, quelques-unes assez rares, représentées à Champenoux. Je veux simplement faire connaître le nouvel arboretum et signaler l'intérêt qu'il présente dès aujourd'hui pour le forestier, pour l'amateur et pour le savant :

De l'arboretum du Fays, un sentier bien ombragé, parfaitement tracé, conduit, en une petite demi-heure, à travers les belles futaies de la 3me affectation, à l'annexe de l'étang de Brin. Cette annexe, où, comme il a été dit plus haut, les essences les plus intéressantes seront élevées en massif, a été installé dans un endroit particulièrement exposé aux gelées. De fait, en 1900, la régénération naturelle n'avait pu encore être obtenue dans toute cette partie de la forêt, dépendant de la re affectation, alors que les autres parcelles de l'affectation étaient parfaitement réensemencées. D'un côté, on peut regretter que les essais d'éducation en massif des essences exotiques, les plus intéressants au point de vue forestier, aient lieu dans des conditions aussi défavorables. D'autre part, les épreuves n'en seront que plus concluantes: toute essence qui résistera dans les annexes de l'étang de Brin pourra certainement, au point de vue de la rusticité, recevoir ses grandes lettres de naturalisation sous nos climats.

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Actuellement, une partie seulement des terrains défrichés en 1900 autour de l'étang a pu être reboisée. Les expériences portent jusqu'à présent sur dix-huit essences, judicieusement choisies parmi les plus méritantes. Un carré, d'une superficie de 25 ares environ, a été affecté

à chaque espèce. De larges planchettes indiquent, d'une façon très parente, les noms latins et français des arbres.

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Les dix-huit essences mises dès maintenant à l'essai sont : Parmi les conifères : libocedrus decurrens Torrey, thuya gigantea Nuttal (thuya de Lobb), chamaecyparis lawsoniana Parlatore et chamaecyparis nutkaensis Spach, pinus ponderosa Douglas, larix leptolepis Endlicher (mélèze du Japon), pseudotsuga Douglasii Carr. (sapin de Douglas), abies nordmanniana Spach et abies grandis Lindley; Parmi les feuillus liriodendron tulipifera Lin. (tulipier de Virginie), prunus serotina Ehrhart (prunier tardif, qu'il ne faut pas confondre avec le prunier de Virginie), fraxinus alba Marshall (frêne d'Amérique), betula lenta Lin., juglans nigra Lin., carya porcina Nuttal, quercus pedunculata var. tardissima Sim. (chêne de juin), quercus rubra Lin. et quercus palustris Duroi.

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Toutes ces essences ont déjà fait leurs preuves en Europe, et beaucoup sont considérées par Schwappach, dans son remarquable travail sur les expériences d'introduction d'essences exotiques dans les forêts prussiennes, publié à Berlin en 1901, comme absolument appropriées pour la culture forestière dans l'Allemagne du Nord.

Malheureusement, si les gelées du printemps dernier ont fait peu de dégâts dans l'arboretum du Fays, il n'en a pas été de même dans l'annexe de l'étang de Brin. Plusieurs espèces, notamment le larix leptolepis, qui était remarquablement bien venant, et l'abies grandis ont eu leurs pousses complètement détruites; d'autres, comme le pseudotsuga Douglasii, ont eu leurs bourgeons fortement atteints. Ces accidents étaient à prévoir, surtout dans un pareil endroit.

De fait, les principaux arbres indigènes de la région, les chênes et même les jeunes hêtres, ont été très endommagés non seulement aux abords de l'étang, mais dans toute la forêt.

En revanche, plusieurs, parmi les essences mises à l'essai, ont parfaitement résisté ; il convient de citer notamment le prunus serotina, le thuya gigantea, les chamaecyparis lawsoniana et nutkaensis, le pinus ponderosa, enfin le chêne de juin dont la valeur, au point de vue de la résistance aux gelées, n'est plus à démontrer.

Les expériences de l'annexe de l'étang de Brin présentent un intérêt tout particulier pour le forestier. Cet intérêt ira constamment en augmentant, lorsque les arbres déjà plantés prendront, avec l'âge, de plus fortes dimensions, lorsque d'autres espèces, et il en existe encore beaucoup de méritantes, seront mises à l'essai. Pour ma part, je me promets de suivre, de revoir les petits massifs de l'étang de Brin.

L'arboretum de Champenoux, de même que celui, plus ancien, des Barres, est l'œuvre de l'Administration des Eaux et Forêts. Placé à proximité de l'école de Nancy, créé et entretenu par le personnel enseignant de cette école, il permettra aux élèves de connaître et d'apprécier les essences forestières exotiques.

Je ne veux pas terminer ce bref compte-rendu de ma visite à Champenoux sans redire à mon camarade Jolyet l'agréable souvenir que m'a laissé cette intéressante journée passée avec lui et l'étonnement sincère qu'une collection déjà riche ait pu être réunie et aussi bien aménagée dans un temps relativement très court.

Senlis, juin 1902.

L. PARDE.

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LA PIE

La pie vulgaire, Pica caudata, est un oiseau de plus petite envergure le choucas (o m. Go), remarquable par la longueur de sa queue toujours en mouvement. Sa robe est un mélange assez élégant de blanc et de noir avec des reflets métalliques qui, sur le dos, sont plus marqués chez le mâle que chez la femelle.

La pie est rusée, audacieuse, méfiante, ne donnant dans aucun piège, ayant l'instinct du mal et la manie du vol. Elle mange des insectes, des larves, des vers blancs, mais, par contre, au printemps, elle détruit un grand nombre d'oiseaux insectivores, soit qu'elle dévore les œufs, soit qu'elle s'empare des petits; elle ne ménage ni les poussins des cailles, ni ceux des perdreaux. Le peu de bien qu'elle fait n'est donc pas comparable au mal qu'elle cause.

C'est avec regret que je constate l'indifférence des paysans, laissant les pies pulluler autour de leur ferme, tenir une place prépondérante et éloigner les plus précieux auxiliaires de l'agriculteur.

Un correspondant du Journal de la Société protectrice du gibier de la Gironde a indiqué le moyen pratique qu'il a utilisé pour rendre moins nombreuses les pies dans sa commune. Il excitait l'ardeur des gamins en leur donnant cinq centimes par œuf et par petit. En quelques semaines il a dépensé 40 francs, mais il a détruit 800 œufs ou petits. Ce fut certainement une dépense productive de gros intérêts en raison des perdreaux conservés et des oiseaux insectivores échappés à la pie.

(Revue scientifique du Limousin.)

CH. LE GENDRE.

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Le 10 juillet, à l'issue de la séance de la Chambre, M. Mougeot, ministre de l'Agriculture, a reçu le personnel de toutes les Directions du Ministère, qui lui a été présenté par M. Lucien Daubrée, Conseiller d'État, Directeur des Eaux et Forêts.

En souhaitant la bienvenue à M. Mougeot, M. Daubrée a tenu à lui donner l'assurance qu'il pouvait compter sur le zèle de tout le personnel de l'Administration; il a ajouté que, depuis plus de vingt années qu'il vivait au milieu de ce personnel, il n'avait jamais eu qu'à se louer du dévouement de tous ses collaborateurs et qu'il avait toujours entendu ses collègues faire le même éloge des leurs. Il a terminé en exprimant son dévouement au Gouvernement de la République et à la personne de M. Mougeot en particulier.

Dans sa réponse, M. Mougeot a fait appel à l'activité, au dévouement et surtout à l'esprit d'initiative de ses agents; le fonctionnaire, a-t-il dit, ne doit pas, comme un écolier, se contenter d'accomplir ponctuellement la tâche qui lui est imposée; son rôle est plus relevé à quelque degré de la hiérarchie qu'il appartienne, il doit déployer toutes les ressources de son intelligence et apporter le concours de son initiative personnelle à l'œuvre de l'Administration.

M. Mougeot a ajouté qu'il considérait tous ses agents comme ses collaborateurs, qu'il travaillerait non pas seulement à côté d'eux, mais au milieu d'eux et avec eux, appelant souvent auprès de lui les plus modestes des fonctionnaires de son administration.

Il s'est déclaré accessible à tous, toujours disposé à écouter, dans un esprit de bienveillance et d'équité, les demandes de ses agents; s'il en est, a-t-il ajouté, qui se croient victimes de quelque injustice, qui, malgré leur application à bien faire, souffrent de mésintelligences avec leurs chefs, qu'ils viennent à lui, non en délateurs, mais pour lui exposer leur situation en toute franchise; il recevra paternellement leurs confidences et s'efforcera de dissiper les malentendus et de faire cesser les froissements injustifiés; qu'ils ne craignent même pas de lui confier, comme à un bon chef, leurs ennuis d'intérieur, leurs soucis pécuniaires, leurs découragements; il les aidera dans la mesure du possible, s'effor cera de les consoler et de les relever.

En ce qui concerne les opinions politiques de ses fonctionnaires, M.le Ministre a déclaré qu'il laisserait à chacun son entière liberté; ceux qui qui ne partagent pas les idées du Gouvernement qu'il représente ne seront pas inquiétés, pourvu qu'ils ne manifestent leurs sentiments dans aucun des actes de leurs fonctions. Quant à ceux dont les convictions sont franchement républicaines, qu'ils ne craignent pas de les proclamer bien haut. C'est une erreur, a dit M. Mougeot, de croire que le fonctionnaire est tenu de faire montre d'indifférence et de rester dans la neutralité; il a le droit, comme tout autre, de manifester sa foi politique; il ne sort pas de son rôle eu faisant aimer le Gouvernement qu'il sert, en répandant et en propageant ses idées.

Le langage si bienveillant de M. Mougeot, son allure franche et loyale ont séduit tous ses auditeurs; le personnel de son Administration connaît d'ailleurs les souvenirs qu'il a laissés rue de Grenelle et se félicite de voir à sa tête un Chef dont les actes comme les paroles proclament l'esprit de justice et l'ardent désir de faire du bien.

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