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LA VANNERIE ET L'OSIER

L'industrie de la vannerie remonte aux temps les plus reculés. Cette industrie, qui s'étend de plus en plus, qui se chiffre par millions, s'est poursuivie trop longtemp sans attirer l'attention en France. Or, depuis vingt ans, une lutte sourde se produit. Tandis que, confiants dans la situation commerciale acquise, nous demeurions stationnaires, Coaz, ancien inspecteur forestier suisse, Damseaux, professeur belge à l'Institut de Gembloux, Krahe, Schulze, Bothlichs, Hemmerling, Wagner en Allemagne, encourageaient leurs nationaux par leurs travaux à se livrer à la culture des osiers. Ces pays, naguère nos tributaires, sont devenus producteurs et nous concurrencient.

L'Angleterre nous adresse des ordres moins importants, les ÉtatsUnis nous ont même fourni un osier d'excellente qualité (Salix Americana). Pour citer un seul centre français de production Esternay (Marne) livrait, il y a quelques années, la matière première à l'Allemagne les bottes atteignaient 8, 9, 10 fr. Aujourd'hui, tous les propriétaires de cette région se plaignent. Par contre, Lichtenfels (Bavière) compte 15.000 ouvriers vanniers s'approvisionnant dans les provinces rhénaues.

La concurrence aidant, la vannerie française a baissé ses offres d'achat de matière première, a débattu ses prix de façon, invoquant surproduction et main-d'œuvre étrangère inférieure. Aussitôt de nombreux propriétaires ont renoncé à ces cultures spéciales, qu'ils ne trouvaient plus rémunératrices. En raison de la diminution de la matière première, une hausse aurait dû se produire; il n'en a rien été, parce que les petits exploitants, disséminés à l'infini, dont les plantations laissent à désirer en général sous le rapport des essences et des soins d'entretien, variant de dix ares à un hectare maximum, par conséquent rapport peu considérable en tant que quantité isolée, privés de guide, de marchés fixes, affolés à l'idée de ne pas écouler leurs récoltes, même à perte, ont aggravé le mal en acceptant des offres dérisoires. Ils ne vendent plus aujourd'hui, ils liquident. Les acheteurs d'osiers, interrogés séparément, conviennent qu'ils ne voudraient pas établir la matière première aux prix offerts. Le président de la Chambre syndicale de la vannerie française, constituée il y a quatre ans, déclarait dans une séance de la Chambre:

« Le prix actuel des osiers n'est pas assez rémunérateur pour les fournisseurs de la matière première. »

Devant cette situation critique, la France devra-t-elle donc renoncer un jour aux cultures d'osiers, qui font vivre bien des malheureux et les retiennent au village? L'ignorance de la généralité des osiéristes est la cause de leur situation précaire.

Ne se préoccupant pas la production nationale annuelle, d'où fluctuation inévitable, suivant abondance ou rareté de récolte, ne réfléchissant pas aux droits protecteurs existants, ne tenant aucun compte des frais de transport élevés de la frontière au domicile de l'acheteur, résultant du poids des osiers, les osiéristes ont cédé à une peur chimérique.

Ils n'ont même point conscience de la valeur exacte assignée à l'osier par les représentants de la Chambre syndicale lors de revendications présentées à M. le ministre du Commerce. Cette évaluation: quarantecinq centimes le kilogr. pour grosse vannerie, laisse une marge suffisamment rémunératrice pour encourager de nouvelles cultures en tenant compte, toutefois, des améliorations apportées par nos concurrents.

Après avoir longuement suivi les progrès de l'étranger au détriment de nos nationaux, les oseraies d'Armentières (Aisne) ont été constituées dans le but de relever des cultures négligées, intéressant de multiples terrains et procurant le pain quotidien à quantité de veillards, de femmes, d'enfants, au moment où les travaux des champs, arrêtés par les intempéries, ne leur offrent plus de moyens d'existence.

La vulgarisation par la vue est certes l'enseignement le plus profitable, le plus assimilable, surtout lorsqu'il s'adresse aux classes ouvrières, à la population laborieuse de nos campagnes. Aussi, tous les intéressés peuvent-ils consulter à Armentières (Aisne) :

Les bâtiments et fosses appropriés d'une exploitation industrielle d'osiers;

Les nombreux champs d'expérience en terrains différents avec les essences qui leur conviennent;

Les cartes agronomiques comprenant altitude, composition chimique des sous-sols, nombre de plants avantageux à employer à l'hectare suivant la nature des osiers;

Les parcelles de démonstration indiquant les différents procédés de culture connus;

L'outillage le plus recommandable pour traiter les oseraies;

Le matériel le plus nouveau pour triage, séchage, bottelage, y compris des décortiqueuses fonctionnant soit à bras d'homme, soit par moteur;

Enfin, le tableau représentant les insectes les plus généralement répandus en France et les plus nuisibles aux plantations, ainsi que le résultat des études entomologiques qui se poursuivent sur place.

Ils trouveront là, en outre, tous renseignements concernant :

Les différents procédés de décortication communiqués à la Société des agriculteurs de France, à la Chambre syndicale de la vannerie française;

Le cours des osiers rassemblé et publié depuis le mois de juin dernier, grâce à nos démarches, dans le journal la Brosserie française, seul organe de la vannerie en France;

Le bulletin d'offres ouvert à tous les producteurs d'osiers, question pendante depuis deux ans, résolue enfin sur notre initiative par la Chambre syndicale de la vannerie française dans sa séance du 2 octobre 1901;

Nos publications dans le journal le Mouvement scientifique sur les oseraies.

Ces efforts portent déjà leurs fruits par des demandes pour des plantations nouvelles adressées, soit directement, soit à la Chambre syndicale. Puisse enfin la vannerie française, grâce à des matières premières de qualité supérieure, sortir victorieuse de la lutte engagée entre les nations.

G. DE LA BARRE, Propriétaire, Membre de la Chambre syndicale de la vannerie française.

(Journal d'Agriculture pratique.)

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CHRONIQUE FORESTIERE

Mérite agricole. Le ministre de l'Agriculture à Besançon. - Ouverture de la chasse. Elève admis à l'Ecole des Eaux et Forêts. La fondation Mathieu. - Travaux forestiers en Algérie Incendies nombreux en forêts. Le permis de pêche; la contamination des cours d'eau. Enseignement colonial à l'Université de Nancy. Les vaches bretonnes en Italie. Nécrologie:

M. Croizette-Desnoyers.

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A l'occasion de l'inauguration du monument Pasteur, à Dôle, la décoration du Mérite agricole a été conférée à M. :

Lecomte (Jean-François-Félix), inspecteur adjoint des eaux et forêts à Dôle (Jura); 36 ans de services.

A la distribution des prix du Concours agricole de Besançon, M. Mougeot, ministre de l'Agriculture, a prononcé un important dis

cours. Il a passé en revue, dans les domaines législatif et administratif, les principales mesures destinées à venir en aide à notre industrie agricole, aussi bien celles qui ont été prises depuis trente ans que celles qui lui paraissent à l'heure actuelle devoir être l'objet des préoccupations gouvernementales. Depuis le rétablissement de l'Institut agronomique en 1876 jusqu'à la loi des boissons en 1900, les faits y sont rappelés d'une manière succincte. Les questions et réformes à l'étude font ensuite l'objet d'un exposé très instructif, se rapportant à l'agriculture proprement dite. Et le ministre l'a terminé en annonçant qu'il a décidé d'instituer, près du ministère de l'Agriculture, un comité supérieur de statistique agricole à l'examen duquel seront soumis les résultats des enquêtes exécutées par son administration.

- Sur les propositions des préfets, l'ouverture de la chasse, qui a eu lieu le 17 août dans la première zone, est fixée:.

Au dimanche 31 août 1902 pour la seconde zone formée des départements suivants:

Basses-Alpes (partie), Hautes-Alpes, Ardèche, Aveyron, Cantal, Charente, Charente-Inférieure (partie), Corrèze, Creuse, Dordogne, Drôme, Isère, Haute-Loire, Lot, Lozère, Puy-de-Dôme, Savoie, Tarn, HauteVienne.

Au dimanche 7 septembre pour la troisième zone, comprenant les départements ci-après:

Ain, Aisne, Allier, Ardennes, Aube, Calvados (partie), Cher, Côte-d'Or, Doubs, Eure, Eure-et-Loire, Indre, Indre-et-Loire, Jura, Loire-et-Cher, Loire, Loiret, Maine-et-Loire, Marne, Haute-Marne, Mayenne (partie), Meurthe-et-Moselle, Meuse, Nièvre, Nord, Oise, Orne (partie), Pas-de-Calais, Haut-Rhin, Rhône, Haute-Saône, Saône-et-Loire, Sarthe, Seine, Seine-Inférieure, Seine-et-Marne, Seine-et-Oise, DeuxSèvres, Somme, Vendée, Vienne, Vosges, Yonne.

Toutefois, la chasse du faisan n'ouvrira que le 1er octobre prochain.

-- Par arrêté du ministre de l'Agriculture, M. Roulbac de Rochebrune, élève sortant de l'École polytechnique, est nommé élève hors rang à l'École nationale des Eaux et Forêts.

Cette année a été décerné pour la première fois, à l'Ecole nationale des eaux et forêts, le prix de la fondation Mathieu. Lorsqu'en 1896 fut érigé à Nancy, par souscription publique, le buste de l'excellent homme et du savant professeur qui est une des gloires de l'enseignement forestier, l'appel adressé par le Comité d'organisation fut si facilement en

tendu qu'il reste en caisse, tous frais payés, une somme relativement considérable. Le comité fit don à l'Ecole de ce reliquat et un décret du 29 juin 1897 autorisa cette donation, dans le but de créer, en mémoire de M. Mathieu, un prix à décerner tous les quatre ans, et portant le nom de Prix Mathieu.

M. le Directeur des Eaux et Forêts ayant décidé que ce prix serait attribué à l'élève de deuxième année ayant obtenu en sciences naturelles le maximum de points pour l'ensemble des examens et des travaux pratiques, le lauréat a été M. Salvat, élève sortant avec le n° 1er, garde gé néral de 2o classe.

Le prix Mathieu consistait en un microscope, d'une valeur de 250 francs.

- Un décret présidentiel en date du 4 août 1892 arrête le budget exceptionnel de l'Algérie, en dépenses de la somme de cinq millions de francs, dont 550.000 francs pour travaux forestiers.

Ces dépenses extraordinaires seront couvertes par un égal prélèvement de recettes extraordinaires sur les fonds d'emprunt.

Le mois d'août écoulé peut être signalé comme ayant vu de nombreux incendies de forêts dans les trois provinces de l'Algérie, en Tunisie, en Provence, et même à distance de la Méditerranée dans le Midi. Et pendant ce temps il pleuvait à peu près tous les deux jours au nord de la Loire, où le sol est resté généralement humide. Mais la sécheresse n'est que l'occasion, non la cause des incendies en général; et combien ne serait-il pas possible d'en prévenir?

-A la Société centrale d'aquiculture et de pêche,le 19 juin dernier, la question du permis de pêche est venue à l'ordre du jour. Le permis de pêche est appliqué depuis deux ans en Belgique, il existe en Suisse dans tous les cantons; en Autriche, chaque province a son permis de pêche spécial, qui est gradué selon la nature des engins employés. A la suite de la discussion l'assemblée adopta le vœu ci-après :

LA SOCIÉTÉ CENTRALE D'AQUICULTURE ET DE PÈCHE

Considérant que les deux principales causes du dépeuplement de nos cours d'eau sont le braconnage et l'empoisonnement des eaux par les déversements industriels;

Qu'il est nécessaire, pour mettre fin à cet état de choses, qu'une surveillance plus active soit exercée sur les auteurs de ces méfaits;

Qu'en l'état actuel le personnel chargé de cette surveillance est notoirement insuffisant pour assurer ce service dans des conditions satisfaisantes; que cette insuffisance a été maintes fois signalée et reconnue par les commissions qui

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