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cable par l'art. 101 au maire qui s'est porté adjudicataire d'une coupe des bois de sa commune.

ADMINISTRATION DES EAUX ET FORETS C. POMIAN.

JUGEMENT

Attendu qu'il résulte d'un procès-verbal d'adjudication en date du 5 janvier 1902 que Pomian, maire de la commune d'Aveux, s'est rendu adjudicataire de la coupe ordinaire de cette commune...; que ce fait constitue le délit prévu et puni par les art. 21 et 101 du Code forestier; qu'il y a lieu de prononcer contre le prévenu l'amende requise par l'Administration et en outre de déclarer nulle l'adjudication faite au profit de Pomian;

Par ces motifs, le Tribunal, jugeant publiquement, en matière correctionnelle et en premier ressort, après avoir ouï M. l'Inspecteur des Forêts et le Ministère public en leurs conclusions, et Me Verdan, avocat, en la défense du prévenu;

Déclare Pomian (Bertrand-Marie) atteint et convaincu d'avoir, le 5 janvier 1902, à la mairie de Mauléon-Barousse, étant maire de la commune d'Aveux, pris part à l'adjudication d'une coupe ordinaire; et par application des art. 21 et 101 du Code forestier ainsi conçus..., le condamne à vingt francs d'amende ; dit qu'en raison de sa bonne foi il n'y a pas lieu de lui faire application de l'art. 175 du Code pénal; prononce la nullité de la vente faite à son profit; le condamne aux dépens, liquidés à 10 fr. 48; fixe la durée de la contrainte par corps à huit jours.

Du 26 avril 1902. - MM. Pons-Devier, président; Bringuier, procureur de la République; M. Reverdy, garde général des Eaux et forêts.

OBSERVATIONS. - La question de compétence des agents forestiers pour la poursuite des délits prévus aux art. 18, 19, 21, 22, 28, 100 et 101 C. for. est très délicate, et le jugement ci-dessus est d'autant plus intéressant que la jurisprudence en ces matières fait à peu près défaut.

La difficulté porte sur l'interprétation de l'art. 159 C. for., qui charge l'Administration forestière des poursuites en réparation de tous délits et contraventions commis dans les bois et forêts soumis au régime.

Peut-on dire que le fait, par un incapable, de prendre part à une adjudication communale, fait prévu et puni par les art. 21 et 101 C. for., soit un délit commis dans la forêt communale, et dont les agents forestiers peuvent demander réparation en requérant du tribunal correctionnel l'application des peines contenues dans ces articles? Ou bien les délits de cette catégorie neploivent-ils pas être rangés au nombre de ceux pour lesquels le ministère public seul peut requérir la peine, les agentsforestiers ayant seulement le droit de se porter parties civiles, confor mément à l'art. 182 C. instr. crim.?

C'est vers cette seconde interprétation qu'ont toujours incliné nos maî

tres, Meaume et Puton. Ils estimaient que le droit de poursuite de l'agent forestier, en tant qu'il participe aux fonctions du ministère public, étant exceptionnel, on devait appliquer restrictivement le texte de l'art. 159 qui est la base de sa compétence. Le tribunal de Bagnères, sans trancher explicitement cette question, qui ne paraît pas avoir été soulevée au cours des débats, a toutefois prononcé la peine sur la seule réquisition de l'agent forestier, et son jugement étant devenu définitif avant qu'un appel ait été interjeté, nous ne savons quelle eût été la décision des magistrats supérieurs.

L'ESPERANTO

LANGUE AUXILIAIRE INTERNATIONALE

L'Esperanto est une langue artificielle créée en 1887 par un médecin russe, M. le Dr Zamenhof, de Varsovie, dont la première publication sur ce sujet portait la signature : « Doktoro Esperanto » (le docteur Espérant), d'où le nom qu'elle a conservé. Avant de faire connaître son idiome au public, M. le Dr Zamenhof avait tenu, dit-on, à en éprouver la valeur pratique en l'essayant pendant deux ans dans un cercle d'amis.

Son rôle est purement international et auxiliaire; il consiste non pas à supplanter quelque langue nationale que ce soit, mais simplement à rétablir, entre deux civilisés n'entendant pas simultanément une même langue, la possibilité de converser ensemble, comme s'ils étaient compatriotes.

Sa structure présente ces deux particularités fondamentales: 1° suppression de toute difficulté grammaticale, obtenue par la réduction de ce bagage, si lourd ailleurs, à 16 règles sans exception, à 17 terminaisons possibles pour les mots variables de toutes fonctions; en une heure, on se rend maître de cette grammaire; 2° traduction du vocabulaire, rendue très facile pour les individus (non totalement illettrés) de toutes nationalités, par le choix des racines fait exclusivement dans ce que les langues européennes ont de commun et de meilleur parmi leurs éléments phonétiques et graphiques.

Son acquisition est d'unc facilité, d'une rapidité extraordinaires.

(41° ANNÉE). SEPTEMBRE 1902.

VI. - 36

L'étude de l'Esperanto n'exige l'intervention d'aucun maître, n'impose au futur adepte que des frais insignifiants.

Sa diffusion, qui n'a jamais reculé, fait maintenant et partout, dans les deux mondes, des progrès sérieux. Il n'y a plus de pays où l'on ne trouve des espérantistes. Pendant longtemps ses adeptes n'ont guère été que des personnalités obscures, d'une instruction très ordinaire. Mais, depuis quelque temps, les sommités intellectuelles lui arrivent de plus en plus nombreuses, jusque de l'Institut, dont six membres sont successivement entrés dans la S. p. p. E. (Société pour la propagation de l'Esperanto). Sans l'insuccès du Volapuk, il n'est pas douteux qu'aujourd'hui l'Esperanto serait connu de tout le monde et employé continuellement pour les correspondances internationales.

Les correspondances en Esperanto sont déjà très nombreuses.

M. C. Bourlet, professeur à l'École des Beaux-Arts et au Lycée SaintLouis, à Paris, a écrit dans la Revue du Touring Club, du 15 février dernier... J'y travaille depuis vingt jours, à raison d'une heure par «< jour, et, actuellement, je lis couramment un texte Esperanto sans <«<dictionnaire, je commence à pouvoir l'écrire, sinon tout à fait correc<< tement, du moins clairement, et je crois que je me tirerais honorable<<ment d'affaire dans une conversation sur des sujets de la vie courante. « C'est comme la machine à deux vitesses: l'essayer, c'est l'adopter... >> M. Sperl écrit à M. Ch. Méray, professeur à l'Université de Dijon, membre correspondant de l'Institut : « Depuis moins longtemps que « 1896, j'ai reçu de très nombreuses correspondances de 105 espéran. << tistes de presque tous les États de l'Europe, du Caucase, de la Sibé« rie, Tunisie, Algérie, Çanada, États-Unis, Grenade, Brésil, Chili, «Nouvelle-Calédonie... >>

Mme Wieslander: «... Je corresponds avec plusieurs étrangers et << depuis le mois dernier avec une Dijonnaise, Mme B... »

Mlle Çederblad : « ..... J'ai trouvé le plus grand plaisir dans la corres«pondance extrêmement intéressante que, grâce à l'Esperanto, j'entre<«<< tiens depuis trois ans avec deux éminentes espérantistes françaises, « Mulos R... et Z...; j'ai correspondu encore avec des Russes, Américains du Nord et du Sud, Hollandais, etc... >>

L'Esperanto parlé a fait aussi ses preuves. En voici deux, entre autres. M. Socha écrit: « Mon collègue Wagner (un Allemand) et moi (un « Tchèque Slave), nous avons eu en 1897 le plaisir de recevoir une « visite de M. Avilov, professeur dans le premier Gymnase de Tiflis « (Russie), qui voyageait en Europe. Comme il ne connaissait ni l'alle<< maud, ni le tchèque-slave, nous-mêmes ni le russe, ni le français,

<< nous fûmes forcés de parler seulement la langue internationale, et il « est de fait que les choses marchèrent à merveille. Au moyen de l'Es<«<peranto, notre trio de nationalités diverses (Russe, Allemand et Tchè«<que) échangea avec une facilité surprenante et comprit complètement << toutes les pensées et impressions exprimées en langue internationale << par un autre... ceci pendant deux jours... >>

Fin septembre 1900, à Dijon, M. Lambert lit, de la part d'un inconnu frappant à sa porte, une carte portant écrit en Esperanto: << Doktoro Krikortz kuracisto demandas cu vi volas permesi al «< li viziton. » (Le Dr Krikortz, médecin, demande si vous voulez lui permettre une visite.) M. le Dr Krikortz est Suédois; il ne connaissait pas M. Lambert, mais il avait trouvé son nom comme espérantiste dans l'Annuaire 1899-1900 de la S. p. p. E. dont il fait aussi partie. Mis en présence l'un de l'autre, M. le Dr Krikortz et M. Lambert, ce dernier n'ayant encore jamais parlé l'Esperanto et ne se souciant pas d'en faire son premier essai oral devant un étranger, essayèrent, mais vainement, de se faire comprendre en suédois, français, allemand..., et force fut bien, à la fin, d'employer l'Esperanto. Or, les choses marchèrent à merveille, car une fois entamée, cette conversation se prolongea de 2 heures de l'après-midi à 10 heures du soir sans interruption, pour recommencer le lendemain matin.

On se refuserait à croire qu'une langue artificielle, œuvre d'un seul homme, permette d'exprimer autre chose que des idées tout à fait restreintes. Il n'en est rien, l'Esperanto tirant une richesse, une souplesse presque infinies, d'un choix excellent des racines fondamentales et de la possibilité de les combiner indéfiniment les unes avec les autres.

Les revues espérantistes, celle de la S. p. p. E., sont remplies d'articles de linguistique, de polémique, de propagande; elles contiennent de longues chroniques et des compositions littéraires variées; or le tout est écrit en Esperanto très clair et élégant. Du jour au lendemain, les savants de toutes langues peuvent donc faire lire leurs productions partout, cela au profit immense du développement scientifique universel. Il ne reste plus en effet qu'à espérantiser les vocabulaires spéciaux des mathématiques, de la physique..., dont les termes techniques sont presque tous internationaux déjà.

A. M. Poljanskij, l'Esperanto a permis de «<... faire venir du Japon,... « un catalogue d'instruments de physique, un annuaire de l'Université « de Tokyo, de s'abonner au journal The Orient. »

Un négociant dijonnais vient de lancer une circulaire en Esperanto pour faire connaître aux étrangers une de ses spécialités; il a obtenu

quelques commandes et trouvé en Suède un représentant qui lui a déjà transmis plusieurs ordres. Enfin, l'Esperanto lui a fait découvrir un emploi rétribué pour quelqu'un voulant séjourner en Allemagne dans le but de se familiariser avec la langue allemande.

L'étude des forêts et des faits qui s'y rattachent tendant d'année en année à devenir internationale, il est facile de pressentir l'utilité d'une langue commune pour les forestiers. Elle permettrait à chacun d'eux d'entendre les autres sans être obligé d'étudier l'anglais, l'allemand, le danois, l'espagnol, l'italien, le japonais, le roumain, le russe, etc., etc., pour arriver à déchiffrer péniblement quelques passages intéressants des livres, des périodiques ou des lettres en langues étrangères. Et à ce titre un journal forestier publié en Esperanto, et généralisant d'abord les noms des arbres et des arbustes ainsi que les termes techniques, ouvrirait heureusement la voie.

On trouvera ci-après quelques renseignements précis sur l'Esperanto, qui est d'ailleurs un joli langage.

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E marque l'adverbe.

Ex. patre paternellement.

:

J marque le pluriel.

Ex.: bonaj patroj - bons pères.

N marque le complément direct et le lieu où l'on va.

Ex. mi amas la patron - j'aime le père; li iras Romon

:
va à Rome.

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- il

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