1882, un bateau anglais de 500 le « Formoso» calant 10 pieds, a remonté le fleuve jusqu'à Egga; mais il serait imprudent de se baser sur ce fait pour aller au Niger avec des navires d'un tirant d'eau de plus de 6 pieds.

Jusqu'à Egga, je le répète, des bateaux de 6 pieds peuvent parcourir le fleuve. D'Egga à Rabba, le fleuve diminue de fond cinq pieds au plus, et de Rabba à Bida, les steam-Launch seuls peuvent naviguer. La navigation, pour les vapeurs, s'arrête aux environs de Bidda. Le fleuve, à partir de là, présente un fond de roche qui n'en permet plus le parcours à des bateaux. Pour pousser plus avant, on serait contraint de faire un petit canal afin de regagner le point où le Niger est de nouveau navigable.

Le nombre des vapeurs, (steamers et steam - Launch) en service au Niger étaient, tant anglais que français, de plus d'une vingtaine en 1884. Tous les steamers vont jusqu'à Egga, un seul parmi eux dépasse ce point, c'est le « Fulah », navire anglais à aubes

calant quatre pieds, qui remonte jusqu'à Rabba.

Le tonnage de ces navires varie de 60 à 250 tonneaux.

Le courant du fleuve est à peu près de 4 nœuds. Sa largeur aux environs du delta est de 2 à 300 mètres; à partir et au-dessus d'Onitsha elle atteint près de deux milles. Près de N'doni existe une crique qui va rejoindre le nouveauCalabar.

CHAPITRE VI.

Le Bénué. = Quelques renseignements sur cette ri

vière. Loko.

Son importance commerciale.

L'arrivée d'une caravane d'ivoire.

Voyage dans le Bénué. Les criques. Manière de vivre des peuplades à l'époque de l'inondation. Le roi Retour à Loko. Second départ pour

d'Akoiko.

Le Bénué, très peu connu encore, court parallèlement à l'équateur.

Les expéditions qui ont été faites sur le Bénué, remontent déjà à pas mal d'années Ce sont celles de la Pléiade en 1854, commandée par M. Baikie, Anglais, et en 1877, du navire à vapeur Henry Wenn des missions protestantes de Londres.

M. Flegel, l'explorateur allemand, que j'ai eu l'avantage de rencontrer à Egga en 1880, avait fait partie de cette dernière expédition. Lors de ma rencontre avec ce voyageur, il se proposait d'aller, par la voie de terre cette fois, en traversant l'empire de Sokoto, à la découverte des

sources du Bénué. Tout récemment on annonçait que M. Flegel n'avait pu atteindre le but qu'il s'était proposé, mais que, cependant, il croyait pouvoir affirmer que le Bénué prenait sa source aux monts Laboul dans l'Adamaoua; ce point est donc encore à fixer.

L'expédition du commandant anglais Baikie s'est terminée à Dulti; celle de l'Henry Wenn a poussé plus loin. Elle a dépassé Rabago et, arrivée à l'Adamaoua, s'est arrêtée là; la rivière n'étant plus navigable pour un vapeur à cause des roches qui s'y trouvent.

Du voyage de l'Henry Wenn rien n'a été publié, les Anglais gardant précieusement pour eux seuls les renseignements qu'ils ont obtenus au cours de cette expédition. Quand à M. Baikie dont le voyage a précédé de dix-sept années celui des missionnaires, voici ses notes résumées :

Cette rivière, dit-il, prend le nom soit de Tchadda, Zanfira, ou Kororofa, mais le plus souvent Bénué pour l'ensemble de toutes les branches réunies. Dans la rela

tion de son voyage M. Baikie appelle cette rivière Tchadda.

Le premier village qu'il cite est Dagbo, puis Akpoko dont le roi l'accueillit très bien. Viennent ensuite Domas sur la rive nord et les clans des Mitchis sur la rive sud. Il donna aux iles et aux montagnes les noms d'hommes célèbres de la marine. anglaise. A Ojogo M. Baikie fut reçu avec défiance et ne put aller à terre. Ojogo dépend de l'empire Doma dont la principale province est celle d'Agatu avec les villes d'Ogba et d'Akpoko. Un peu loin dans l'intérieur est le royaume de Kororofa dont Gandiko, Gankera et Ibi sont les principaux centres. Gandiko possède des chevaux et beaucoup d'ivoire.

Après quelques jours de marche le bâteau arriva à Zhibu. En face de Zhibu, de l'autre côté de la rivière, est le Bautchi qui a Yacoba pour capitale. M. Baikie apprit d'un noir qu'il était possible d'aller avec un canot en 15 ou 16 jours de Zhibu å Yola.

M. Baikie gagna ensuite la province de l'Humaruwa qui dépend de Sokoto. Il