végétal. Peut-être y a-t-il d'autres richesses végétales, en plantes tinctoriales, cire d'abeille, en caoutchouc, en gomme? Les peuplades de cette rivière ne tirent aucun avantage de ces produits, puisqu'elles n'ont pas de relations avec les blancs. D'un autre côté elles ne se déplacent pas, et ne prennent pas la peine d'en faire la moindre récolte en dehors de ce qui est nécessaire pour leur

usage.

Le Bénué est très riche en métaux et minéraux le cuivre, l'antimoine, l'argent, l'or, s'y trouvent en quantité. Comme minéraux, un cristal blanc et jaune, et des quartz colorés de diverses nuances; de plus, cette rivière est spécialement le pays de l'ivoire. Elle est encore la route naturelle qui conduit au coeur du Soudan.

Il est à remarquer que la rive sud de la rivière est seule habitée. Sur le côté nord à peine quelques peuplades. Cela vient de ce que les populations de cette dernière rive, constamment assaillies par les musulmans de Sokoto et

les Mitchis, ont été pour la plupart massacrées ou faites esclaves, et le peu qui

a pu s'échapper s'est empressé de fuir dans la partie sud.

Aucune carte ne mentionne les villages que j'ai cités, pas même Loko dont la position, cependant, est très bien déterminée. Les noms des localités que j'indique sont écrits d'après la pronon-. ciation du guide. Quant à la situation exacte de Dansofa sur le Bénué, il est assez facile de la déterminer. Pour atteindre ce point j'ai eu à faire environ 82 heures de marche en remontant le fleuve. En donnant au bateau une vitesse de 3 milles à l'heure, j'ai donc pour toute la route 246 millles ou 114 lieues de 4 kilomètres.

Les montagnes franchies, ainsi que les deux petits monts aperçus sur la droite, constituent des points de repère suffisants. Les premières montagnes indiquées sur les cartes sont placées à Erima (carte du ministère), et, comme à partir de là je n'ai eu que peu de chemin à faire pour atteindre Dansofa, je conclus donc

que cette localité doit se trouver aux environs et en face du mont Forbes.

Les pierres bleues recueillies par moi à Dansofa ont été reconnues par la suite, comme n'ayant aucune valeur commerciale.

En résumé le Bénué est une rivière dont le parcours n'offre que des difficultés parfaitement surmontables. Les populations qui peuplent ses rives, à l'exception des Mitchis, sont hospitalières et accueillent les blancs.

Il est certain que si l'Européen commerçant se lançait dans cette rivière, il y amènerait une activité et un stimulant qui modifieraient profondément le caractère et la manière actuelle de vivre des habitants.

Je dois ajouter que les rois et chefs des peuplades du Bénué, visités par moi, m'ont demandé de revenir dans leur pays et, pour m'engager à revenir près d'eux, ils m'ont accordé des concessions et des droits de propriété sur de vastes territoires.

Un amateur de chasse serait à son affaire ici; le gibier n'y manque pas : tourterelles, perroquets, canards, cailles, perdrix y pullulent; on y trouve aussi de grands échassiers aux becs rouges ou jaunâtres, aux plumages noir et blanc ou blanc et rouge. Dans les environs d'Egga, on voit par groupe de cinq ou six individus, de beaux oiseaux d'un blanc éclatant. De la taille d'une forte poule a queue de ces oiseaux fournit ces belles plumes longues et fines, qui disposées en aigrettes ornent le chapeau de nos dames. Rarement en groupes, mais plutôt par deux, se montre l'oiseau au ventre de nuances foncées à reflets divers, dont les plumes servent d'ornement aux toques des fillettes. Un oiseau de plumage sombre avec une belle touffe couleur d'or sur la tête n'y est pas rare

et puis un joli petit oiseau d'un rouge vif avec une tête noire. Un autre de la grosseur de nos moineaux, mais noir et jaune clair; un autre encore ressemblant au drapeau français, au plumage composé de nos trois couleurs et tous ces petits êtres sautent, volent, se poursuivent, s'appellent, gazouillent, chantent, roucoulent dans une atmosphère inondée de lumière, à travers un feuillage de tons divers allant du vertclair au vert-noir, parmi des fleurs dont les couleurs variées rivalisent avec eux d'éclat et de fraîcheur. Seul parmi ce petit monde si bruyant, le canard est muet. La nature ici lui a refusé ce couincouin de son congénère européen; de nos pays; de son gosier silencieux s'échappe seulement un souffle que l'on peut comparer à celui du chat en colère.

Je n'ai pas vu de lièvre au Niger. Il est d'autres chasses qui, au lieu d'être agréable ne sont pas toujours sans périls. Le buffle à la robe gris-clair, aux cornes longues et pointues, au garrot surmonté d'une énorme bosse; le guépard,