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tation actuelle, on est bien obligé de ne faire que des travaux d'hydraulique.

L'importante question du Plateau central et de la Loire fait l'objet du chapitre V. M. Chancerel préconise le reboisement et le regazonnement des surfaces nues, notamment sur le granite, la réglementation des pâturages, et, avec M. Schwob, la création de réservoirs d'arrêt en des régions bien choisies.

Dans le chapitre VI, l'auteur déclare que les lois astronomiques des 21 millénaires et du cycle un décennal, d'ailleurs insuffisamment démontrées, qui ont été exposées par M. Lafond, dans un article paru dans la Revue des Eaux et Forêts, ne doivent ni arrrêter ni inquiéter le reboi

seur.

Dans le chapitre VII, M. Chancerel rappelle, en les complétant; les résultats de ses expériences sur l'emploi des engrais chimiques en sylviculture, expériences qu'il a fait connaître dans un précédent ouvrage dont j'ai rendu compte dans cette revue; il insiste de nouveau sur les bons effets des engrais calciques, notamment du sulfate et du phosphate de calcium.

Plusieurs intéressantes questions de reboisement sont étudiées dans le chapitre VIII. M. Chancerel donne le résultat des expériences faites par lui pour arriver à connaître les meilleures époques de semis des différentes essences et celles de ces essences qu'il est préférable de propager de semis ou de repiquages; il préconise, après M. Mer, l'éclaircie des cépées; il demande qu'on expérimente en France la variété à cônes rouges de l'épicea et, pour le mélèze, la race des Sudètes; il conseille, pour les reboisements effectués, dans le centre, en pins sylvestres et en pins maritimes, le défonçage du sol, de préférence au simple labour; il recommande l'extirpation des trembles et l'arrachage des rejets de cette essence dans les coupes de taillis; il conseille de donner moins de terre et plus d'air aux bouturages de saule osier, indique une méthole de stratification des graines forestières; préconise, après M. Hickel, la race de pin sylvestre d'Auvergne, et, après MM. Gilardoni, Jolyet et Duchalais, l'introduction du chêne de juin dans les climats gelifs; il recommande la restauration, par les résineux, des bois feuillus dépérissants et cite, à l'appui de cette thèse, les heureux résultats obtenus dans la forêt d'Orléans ; il signale les bons effets des « crochetages » en sylviculture, qu'ils soient effectués avec des houes, des charrues ou des herses, comme celle qui a été employée avec succès à Villers-Cotterets et, depuis 2 ans, à Hez-Froidmont, dans mon inspection.

Le chapitre IX est consacré aux végétaux ligneux exotiques: essences à introduire en Sologne, d'après M. Cannon; - arganier du Maroc à répandre, surtout dans l'Aurès, d'après M. Mathey; - sequoias géants de Californie; - espèces qui ont le mieux réussi dans l'arboretum des Barres, d'après M. Delage, dont la liste est incomplète et renferme quelques erreurs, notamment en ce qui concerne l'Abies pectinata, plutôt rare aux Barres, et le Sequoia sempervirens, rangé, à tort, dans les Taxodium ; essences forestières du Jardin des plantes de Paris; M. Chancerel signale, avec raison, les mauvaises conditions, « inhéren<< tes à la situation d'un parc dans une grande ville », dans lesquelles y sont placés les végétaux ligneux; il aurait pu ajouter que le seul remède était la création d'un arboretum dans la banlieue de la capitale, comme cela a été fait pour Londres et pour Berlin.

Quelques notes de technologie forestière font l'objet du chapitre X. L'auteur rend compte des expériences faites par M. de Larnage pour gemmer les pins sylvestres et maritimes en Sologne, expériences dont le résultat n'a pas répondu aux efforts, et de celles de M. le professeur Henry sur la conservation des bois; il recommande, après M.Schaeffer, l'emploi de la tarière de Pressler, pour déterminer l'âge des arbres et fait connaître le bois-liège du lac Tchad, utilisé, dans son pays d'origine, comme moyen de sauvetage et pour le passage des cours d'eau.

Comme mesures à prendre pour la conservation des forêts, M. Chancerel, dans le chapitre XI, conseille la révision de l'impôt « qui tue les forêts», la reforestation par les collectivités, l'achat par l'Etat de terrains boisés ou à boiser, la révision des tarifs de transport par voie ferrée des bois comme, aussi, des poissons vivants; l'auteur demande la réglementation des exploitations forestières et des pâturages dans la région du Caucase et réclame des mesures contre le déboisement dans l'Annam et le Tonkin.

L'oïdium et les champignons nuisibles font l'objet du chapitre XII. M. Chancerel rend compte de ses expériences sur la résistance à l'oïdium des différentes espèces de chêne, expériences qui l'ont conduit à conseiller l'emploi du Quercus rubra et du Q. Palustris, reconnus complètement réfractaires à la maladie; il fait connaître les travaux de M. Mer sur le lophoderme de l'épicéa et sur la maladie du rouge des sapins, ainsi que les observations de M. E. Maire sur la propagation de la maladie du rouge du pin sylvestre ; il consacre un paragraphe intéressant à la maladie des châtaigniers et aux moyens expérimentés pour la combattre, parmi lesquels il cite le greffage sur chêne et le greffage sur châtaigniers exotiques, notamment sur Castanea dentata, du Japon;

enfin, il signale les dégâts commis, aux Etats-Unis, par un champignon parasite des châtaigniers de ce pays.

Le chapitre XIII,un des plus longs et des plus intéressants du livre, fait connaître les richesses forestières de l'Amérique du Sud et du Central Amérique. M. Chancerel énumère les végétaux qui,au Brésil, fournissent le caoutchouc (hevea, castiloa...), le « maté » (ilex paraguayensis), le tanin, les fibres textiles, les huiles et la cire, les produits pharmaceutiques, les matières colorantes, la gomme (copal...), les résines, les essences, enfin les bois d'œuvre araucaria du Brésil, palissandre...); il signale, d'après M. le Dr Latteux, le danger des déboisements au Brésil et donne quelques renseignements sur le gibier et le poisson de ce pays; puis, l'auteur rend compte des exploitations de caoutchouc en Bolivie où ce produit est fourni principalement par le Siphonia elastica; il fait connaître la faune et la flore du Pérou et énumère les produits végétaux de ce pays, dont les plus importants sont le caoutchouc, le quinquina et la coca; à propos de l'Argentine, il consacre quelques pages aux bois de « Quebracho »; le quebracho est aussi un des principaux articles d'exportation du Paraguay,qui fournit encore des bois du maté et possède une faune très riche; l'auteur donne ensuite la liste des essences forestières du Chili, où croissent l'araucaria du Chili, plusieurs podocarpus, deux librocèdres, le fitzroya, plusieurs fagus et de la Terre de Feu, où les deux arbres les plus importants appartiennent au genre hêtre; enfin, il énumère les végétaux qui, dans le Central Amérique, notamment dans Costa-Rica, fournissent des bois d'ébénisterie (acajou, ébène, palissandre..., des bois de construction, des matières, tinctoriales, du tanin, des produits pharmaceutiques (quinquina...) et, surtout, le caoutchouc qui, dans ces pays, est principalement extrait du Castilloa elastica.

Les végétaux forestiers de l'Asie et de l'Afrique font l'objet du chapitre XIV. M. Chancerel fait connaître les arbres observés en Chine par M. le Dr Legendre; il énumère, d'après l'explorateur Auguste Chevalier, les principaux bois provenant de l'Afrique occidentale, mentionne les forêts de chêne-liège existant au Maroc et signale la décou verte, en Afrique, de cèdres rouges; l'espèce botanique à laquelle appartiennent ces arbres n'est pas indiquée; il serait intéressant d'être renseigné à ce sujet.

Le chapitre XV est consacré aux forêts coloniales françaises. L'auteur donne la liste des essences qui, dans l'Afrique occidentale, au Congo français, à Madagascar, en Indo-Chine et dans la Nouvelle-Calédonie, produisent du caoutchouc, des huiles végétales..., puis de celles qui

fournissent les meilleurs bois d'oeuvre en Algérie, en Tunisie, dans l'Afrique occidentale (acajou.....), au Congo français (ébène...), à Madagascar (ébène, palissandre...), en Indo-Chine (teck, lim, ébène...), dans la Guyane; le dernier paragraphe du chapitre renseigne sur les produits accessoires de nos forêts coloniales: liège, tanin, coprah, huiles, kolas, textiles, pâte à papier.

Dans le chapitre XVI, M. Chancerel énumère, en suivant la classification botanique de M. Gaston Bonnier, les espèces qui donnent les principaux bois étrangers importés en France et, après avoir très judicieusement démontré que l'introduction des essences exotiques était possible, qu'elle était utile en de nombreuses circonstances, il donne la liste, d'après la même classification, des espèces les plus intéressantes. La chasse dans les forêts domaniales fait l'objet du chapitre XVII. L'auteur y constate-très justement la diminution du gibier dans les forêts domaniales; il donne les raisons de cette diminution et étudie les moyens d'y remédier: unité dans l'organisation des services de la chasse, repeuplements, réserves de chasse, création d'une école pratique de gardes-chasse; j'ajouterais volontiers la réglementation de la chasse en battue.

Enfin, dans le chapitre XVIII, M. Chancerel critique certains passages d'un article paru, le 1er juillet 1910, dans la Revue des Deux-Mondes, sous le titre : Boisements, Forêts et Pâturages de montagnes; avec l'auteur de cet article, il conclut en réclamant l'achat, par l'Etat, des terrains à boiser et des forêts dont la constitution à l'état de vrai massif forestier importe au régime des eaux.

On voit par ce compte-rendu, que j'ai dû faire rapide et, par cela même, aride, pour ne pas allonger outre mesure cet article, combien les sujets traités par M. Chancerel sont variés.

que com

Un ouvrage où des questions aussi diverses et aussi actuelles sont étudiées par un auteur très compétent, dans un texte très clair plètent des reproductions photographiques parfaitement choisies et très bien venues, ne peut manquer d'intéresser et de plaire, tout en contribuant puissamment à la vulgarisation des sciences forestières.

Il faut espérer que M. Chancerel continuera l'œuvre commencée, en publiant chaque année un livre aussi intéressant et aussi instructif.

Beauvais, juin 1911.

L. PARDE.

CHRONIQUE FORESTIÈRE

Commission de la pêche fluviale. Par décret du Président de la République en date du 9 août 1911, rendu sur la proposition du ministre de l'Agriculture, M. Chaplain, inspecteur adjoint des Eaux et Forêts, est nommé, pour la période en cours, membre de la commission de la pêche fluviale, en remplacement de M. Gerdil.

Affectations militaires des élèves nommés à l'Ecole nationale des Eaux et Forêts. Les jeunes gens admis à l'École nationale des Eaux et Forêts à la suite du concours de 1911, et qui tombent sous l'application de la loi du 21 mars 1905 sur le recrutement de l'armée, sont affectés aux corps de troupes ci-après désignés, en vue d'y accomplir le service militaire auquel ils sont assujettis par l'article 23 de ladite loi. MM. Toussaint, au ge bataillon de chasseurs; Duvernoy, au 24 bataillon de chasseurs ; Billaudel, au 7o bataillon de chasseurs; Lorois, au 27 bataillon de chasseurs; Gérard, au 6o bataillon de chasseurs; Nicolas du Seuil, au 29e bataillon de chasseurs; Blin, au 23o bataillon de chasseurs; Clause, au 5e bataillon de chasseurs; Gireut, au 14e bataillon de chasseurs ; Pallu, au 12o bataillon de chasseurs.

Le ministre de l'Agriculture dans l'Isère. M. Pams, ministre de l'Agriculture, s'est rendu dans l'Isère le vendredi 8 septembre dernier et a inauguré les travaux du chenal de Chantelouve.

Le banquet avait lieu au Périer, où le Ministre est arrivé, avec M. Dubost, président du Sénat, et accompagné de MM. Daubrée, directeur général des Eaux et Forêts, Mathey, conservateur, Gerdil, inspecteuradjoint, chef du Secrétariat technique du Ministre, Chalamel, député de l'Ardèche, ancien garde général des Eaux et Forêts, Rivet, sénateur, Perrier et Plisonnier, députés, etc...

Le rôle bienfaisant de l'Administration des Eaux et Forêts dans nos montagnes a été le thème presque unique des différents toasts. C'est ainsi que M. Boncourt, préfet de l'Isère, a pu dire:

Je prenais part, il y a vingt-deux ans, aux réunions de la Commission chargée d'évaluer les terrains à restaurer dans l'Isère ; il y eut à cette époque bien des oppositions, bien des préjugés à réduire ; et si je me permets de rappeler ce souvenir personnel, c'est pour constater avec joie que les amis de nos forêts et de nos montagnes ont aujourd'hui cause gagnée, et bien gagnée, dans ce département, où d'ailleurs près de 3.500 hectares ont été reboisés depuis l'application des lois sur la matière.

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