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sier, qui effrayoit par ses seuls regards, et dont on n'a jamais cité un mot gracieux. Sous celui-ci, nous n'entendions parler que de guerres, de combats, de carnages; sous le règne d'un Bourbon, nous jouissons de la paix, et nous en jouirions encore davantage si nous savions être heureux. Le gouvernement le plus doux et le plus paternel veille à notre repos. Plus d'angoisse, d'arbitraire, de violences. On n'entend plus parler de prisons, d'échafauds, de supplices. Plus de ces guerres interminables qui portoient le deuil dans nos familles, et moissonnoient chaque année des milliers de guerriers. Plus de ces changemens et de ces convulsions, de ces projets gigantesques, de ces systémes continentaux, de ces conscriptions anticipées, de ces exactions qui épuisoient l'Etat et relâchoient tous les liens de la société. La France, rentrée dans son ancienne assiette, devenue peut-être même plus forte par ce qu'elle a perdu, dégagée de tout ce qui n'étoit pas françois, marchera plus sûrement vers un état stable, tranquille; et le chemin que hous avons déjà fait nous annonce celui que nous ferons encore ́si nous nous laissons guider par la sagesse.

Mais tandis que nous nous livrions à ces réflexions consolantes, et que nous prévoyons des jours heureux à l'ombre du pouvoir légitime, quel cri s'est fait entendre? Il est descendu parmi nous, cet homme dont nous nous flattions d'être délivrés. Il n'a pu séjourner longtemps dans cette île trop resserrée pour son ambition. Mais que veut-il? Que vient-il faire dans ce royaume qui l'a rejeté? Espère-t-il que nous irons au-devant de son joug? Sur qui compte-t-il? Est-ce sur les amis de la monarchie, aux yeux desquels il n'a jamais été qu'un usurpateur? Est-ce sur les amis de la liberté,

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aux yeux de qui il ne peut être qu'un tyran? Croit-il que nous soyons déjà las de notre repos? A-t-il oublié qu'il n'a laissé parmi nous que des souvenirs de terreur ? Nous n'avions recouvré la paix que depuis qu'il nous avoit quittés; nous ne sentons des inquiétudes que depuis qu'il revient au milieu de nous. Espère-t-il susciter la guerre civile? Il a donc bien vite renoncé à la feinte modération avec laquelle il assuroit l'année dernière qu'il abdiquoit pour ne pas troubler le repos de la France. On eut la bonté de croire à ces protestations mensongères, et on crut devoir user envers lui d'une modération dont nous ressentons les effets. Il a rompu son ban. Comme Satan dans Milton, il est importuné de la paix qui règne sur la terre, et il vient y souffler le feu de la discorde. Mais cette tentative désespérée tournera contre lui-même. La Providence achevera son ouvrage. Elle n'aura pas renversé le colosse pour le laisser se relever. Ce n'est qu'aux rois légitimes qu'il est donné de remonter sur leur trône. Les usurpateurs une fois déchus et déchus honteusement, ont perdu toute leur force. Qui pourroit gagner à voir celui-ci se rétablir? Que de désastres au contraire suivroient ses succès, s'il étoit possible qu'il en eût? Qué de crimes et d'infidélités il auroit à punir? Combien cette grande capitale auroit de torts à expier! Vincennes ne seroit plus assez grand pour receler ses victimes, et une sombre terreur effaceroit celle de Robespierre. Mais, non; de tels dangers ne sont point à craindre. Un Prince adoré a couru sur les lieux mêmes. Sa présence et son activité dissiperont ce vain complot. Le zèle des magistrats, la fidélité de l'armée, le concours de tous les citoyens, déjoueront les folles espérances de cet am

bitieux, et cette campagne sera sa dernière. Cette entreprise digne d'un flibustier terminera dignement les jours de ce matamore. Il vient conquérir la France avec 1 200 hommes. Ce dernier trait manquoit à son histoire. Il aura eu la gloire, avant de périr, d'avoir voulu déchirer encore ce royaume qu'il avoit si longtemps opprimé. Errant, proscrit, il va courir de retraite en retraite, jusqu'à ce qu'abandonné des siens, il tombe au pouvoir de nos fidèles guerriers, et trouve la peine due à tant de crimes.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

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PARIS. La nomination de M. Quatremère de Quincy à la place d'intendant des arts et des monumens, seulement un service rendu aux arts, et une preuve de la protection que S. M. leur accorde; c'est aussi un choix qui doit nous faire espérer la restauration et l'embellis sement de nos monumens religieux. On dit que M. de Quincy a les vues les plus favorables à cet égard. Persuadé que nos églises sont encore au fond les monumens les plus précieux que nous ayons même sous le seul rapport du goût, il a le projet de les entretenir avec soin. On assure qu'il se propose de terminer le portail de Saint-Sulpice et celui de Saint-Eustache, qui est depuis si long-temps commencé, de dégager le portail de Saint-Gervais, et de laisser voir dans sa beauté ce morceau d'architecture. On suppose qu'il rendra à son ancienne destination l'église commencée à la Madeleine, ét qu'il donnera par-là à ce quartier une église qui lui manque, au lieu d'un temple païen, dont on nous avoit menacés. On a lieu de croire, enfin, qu'il fera restituer à nos églises les statues, les tableaux, et les autres ornemens

qu'on leur a enlevés. Les tombeaux qu'on a ertassés aux Petits-Augustins, par exemple, retourneront, sans doute, aux lieux d'où ils ont été tirés. M. Languet sera rendu à l'église qu'il a bâtie et qui le redemande. Colbert ornera encore Saint-Eustache. Richelieu viendra ranimer par sa présence la Sorbonne, qui ne paroît avoir été conservée que pour recevoir son protecteur. Ces restitutions, récla→ mées par le goût comme par la piété, par le vœu des familles comme par ceux des fidèles, seront l'ouvrage d'un ami véritable des arts, empressé à effacer toutes les traces du délire révolutionnaire, et à répondre aux vues religieuses d'un monarque éclairé.

CHALONS-SUR-MARNE. Notre ville, qui, par sa position, a beaucoup souffert dans la dernière guerre, et a servi de passage aux armées, a été consolée par des traits éclatans de courage, de dévouement et de piété. Nos hôpitaux ont été encombrés de plus de sept mille malades, tant militaires qu'habitans, tant françois qu'étrangers. On n'en a perdu que six cents; ce qui sans doute est beaucoup en soi, mais ce qui est peu relativement aux circonstances et à la nature de l'épidémie. Le zèle et l'activité des administrateurs ne se sont pas ralentis. Les prêtres de la ville n'ont pas cessé, malgré le danger et la crainte de la maladie, d'y porter des secours. Plusieurs sont morts, entr'autres M. Nicaise, curé desservant de l'Hôtel-Dieu. M. Vallois, curé de SaintEtienne, a été atteint de l'épidémie. Un jeune clerc, M. Boisselle, a été victime de son dévouement. Les sœurs hospitalières se sont comme doublées dans ces momens, Quatre ont succombé à l'épidémie, d'autres en ont été attaquées, toutes ont fait tout ce qu'il falloit pour l'être. Plusieurs personnes de la ville les ont secondées dans leurs soins pour les malades, ont été exposées aux mêmes dangers. M. Desmarets père, dont le zèle est depuis longtemps connu, a failli en être victime. Plusieurs dames et demoiselles ont contracté la maladie, et quelques-unes

y ont succombé. La religion, qui leur avoit inspiré ce dévouement, leur en a donné la récompense. Sur dix élèves en chirurgie, trois sont morts; les autres ont tous été malades. Une circonstance récente a donné occasion de rappeler ces détails affligeans et consolans à la fois. Une postulante, Marie-Jeanne François, a été reçue comme sœur hospitalière, le 31 janvier dernier. Loriqu'elle a eu fait sa promesse, M. l'abbé Becquey, vicaire-général du diocèse, l'a louée de son zèle, et a célébré en même temps, dans un petit discours, le courage, l'activité et la charité de ces saintes et vertueuses filles, qui ont bravé constamment tous les dangers, et qui ont pourvu à tous les besoins par leur intelligence, leur prévoyance et leur économie. Toutes les idées libérales ensemble ne valent pas un trait de leur vie. L'ad ministration des hospices a fait imprimer le discours de M. l'abbé Becquey, et la liste des personnes qui se sont distinguées dans ces jours de danger. Ce sont ces deux pièces qui nous ont fourni les détails ci-dessus, où l'on voit tout ce que peut l'esprit de religion et de charité.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Nous avons retardé jusqu'à ce jour à donner dés nouvelles du débarquement de Buonaparte sur les côtes de la Provence, parce que les dépêches télégraphiques qui l'ont d'abord fait connoître, ne donnoient encore aucuns détails.

Buonaparte est sorti de Porto-Ferrajo, le 26 février, à neuf heures du soir, par un temps extrêmement calme, et qui s'est soutenu jusqu'au 1er. mars. Il montoit un brick, et étoit suivi de quatre autres bâtimens, telles que pinques et felouques, portant de 1000 à 1100 hommes au plus, composés d'une petite partie de François, le reste de Polonais, Corses, Napolitains, et d'hommes de l'île d'Elbe.

Les bâtimens sont venus mouiller dans la rade du golfe Juan, près Cannes, le 1er. mars; les troupes mirent pied à

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