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que l'ordre y fût rétabli entièrement. S'il y avait quelque paix dans cette contrée, si divisée, si déchirée, si les dissensions y étaient suspendues, si l'on y avait quelque horreur des fléaux de la guerre civile, c'était un effet de l'influence française soutenue par l'armée française; jamais aucune armée étrangère n'avait fait si peu de mal, et n'en avait empêché autant. On peut avoir pleine confiance dans le gouvernement français.

Sir J. Mackintosh essaya encore d'exciter les inquiétudes de la Chambre sur les intentions de la France; et il était d'opinion que la communication franche et entière des actes diplomatiques pouvait seule rassurer les esprits. Cependant la demande de ford John Russel fut écartée sans division.

Le 16 mars, M. Canning proposa, par un bill spécial, d'assimiler la traite des nègres à la piraterie, et de la rendre passible des mêmes peines; le bill fut adopté le 26, presque sans division.

Lorsqu'il fut lu pour la troisième fois dans la Chambre des pairs, lord Grosvenor, en l'appuyant vivement, en prit occasion de recommander aux ministres l'amélioration du sort des nègres dans les Antilles, l'augmentation du clergé et les affranchissements. Le comte Bathurst protesta des bonnes dispositions du gouvernement à cet égard. Le marquis de Lansdown ayant insisté particulièrement sur les efforts que le gouvernement anglais devait faire pour parvenir à l'abolition de la traite, le comte Harrowby répondit que dans le traité conclu récemment entre la Grande-Bretagne et les États-Unis, un article stipulait que les parties contractantes s'engageaient à inviter les autres puissances à accéder aux mêmes mesures. Le bill adopté, il fut présenté le lendemain à la sanction royale et expédié aussitôt aux États-Unis.

Le 23 mars, M. Peel proposa de prolonger, pour deux ans. l'alien bill, en exceptant de son effet les étrangers domiciliés dans la Grande-Bretagne depuis sept ans. Le ministre fit observer que le bill avait reçu des adoucissements; que sur la totalité des étrangers, qui cette année était dé vingt-six mille trois cents, il n'y en avait eu, depuis 1816, que dix-sept de renvoyés ; il assûra que jamais un gouvernement étranger n'avait demandé l'application de ce bill, et que, dans aucun cas, il n'eût été écouté.

Le bill éprouva une vive opposition de la part de M. Hobhouse, de sir J. Mackintosh et de M. Tierney; ce dernier le représenta comme inconstitutionnel, tirannique,

contraire aux sentiments généreux de la nation britannique, favorable au despotisme, et conçu dans l'intérêt, peut-être, à la demande des gouvernements étrangers. M. Canning declara de la manière la plus positive, qu'aucune puissance n'avait la moindre influence sur les opinions du ministère britannique, et qu'en demandant la continuation momentanée du bill, les ministres n'avaient eu l'intention que de maintenir le repos et la neutralité de la Grande-Bretagne. Le 12 avril, le bill fut adopté par cent onze voix contre quarante-sept.

Le 8 mars, M. Huskisson, président du conseil du commerce, développa les nouveaux principes adoptés par le ministère en faveur du commerce; il exposa d'abord les améliorations introduites depuis quelques années dans les finances de la Grande-Bretagne; une réduction de 7,000,000 livres dans les impôts, l'accroissement du crédit public, l'extension du commerce. Il signala l'inconvénient qu'il y aurait à tenir opiniâtrément aux anciennes maximes de monopole, et aux vieux préjugés de commerce, au milieu des changegements qui s'étaient opérés dans les diverses branches d'industrie. Toutes les prohibitions étaient éludées par l'homme riche; elles étaient tiranniques pour le pauvre; elles amenaient à leur suite un sistème d'infidélité, de corruption, de parjure et de police inquisitoriale aussi contraire à la morale publique qu'à la liberté civile. On prétendait que les prohibitions protégeaient l'industrie nationale; mais quand il n'y avait pas d'émulation, l'industrie devenait paresseuse et insouciante; rien ne se perfectionnait; on s'endormait sur la foi de la prohibition. Ce qu'un gouvernement devait à Pindustrie nationale, c'était de la mettre sur un terrain favorable pour lutter avec l'étranger; ce qui se fesait au moyen d'un droit d'entrée, balançant les avantages de l'étranger. Le ministre proposa, en conséquence, 1°. de réduire le droit d'importation sur les soies brutes à trois deniers (30 ct.) par livre, à compter du 25 mars 1825: on donnait un effet rétroactif à cette diminution, afin d'éviter une perte considérable aux marchands qui avaient des soies brutes en magasin, et auxquels on devait rembourser ce qu'ils avaient payé de trop; 2°. de permettre l'importation des soieries étrangères, moyennant un droit de trente pour cent de la valeur, à partir du 5 juillet 1826, terme regardé comme suffisant pour indemniser les fabricants des droits payés sur les soies brutes. Plusieurs membres combattirent

le bill à cause du découragement qu'il devait occasioner dans les fabriques britanniques. Le bill passa aux deux Chambres.

Les lois contre l'usure, et celle qui défendait aux artisans de sortir du royaume, furent abrogées.

Le 7 mai, la Chambre des communes s'étant formée en comité de voies et moyens, le chancelier de l'échiquier fit observer que, sur les recettes, il Ꭹ aurait une diminution de 1,200,000 liv., tant à cause de la réduction ou de la suppression de plusieurs droits, qu'à cause des remboursements à faire sur les droits des soieries, objet évalué à 500,000 livres. Le ministre félicite la nation et le parlement, des heureux effets déjà obtenus d'une mesure prise en opposition avec tant d'intérêts et d'opinions. C'était le triomphe de la vérité sur les préjugés : les adversaires même de cette détermination commençaient à en reconnaître l'efficacité; elle avait donné un nouvel essor à cette branche de l'indus→ trie britannique d'après la réduction à faire sur les rentrées présumées, il restait encore à pourvoir à une somme de 4,031,000 liv. que le ministre proposait de prendre sur le surplus des fonds consolidés.

Quant à la réduction du quatre pour cent en trois et demi, le ministre, après avoir rappelé les conditions offertes pour le remboursement des propriétaires qui ne voudraient pas convertir, apprit avec satisfaction à la Chambre, que sur 75,000,000 liv. de capital, il y avait déjà, avant l'expiration du terme assigné pour les déclarations des soumissions de conversion pour 68,000,000, et que, probablement, on n'aurait à rembourser qu'à peu près 7,000,000, ce qui s'effectuerait en billets de l'échiquier. Sans doute, le gouvernement devait réduire la dette flottante, mais il espérait bientôt le faire au moyen du fonds d'amortissement.

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L'on avait demandé la réduction de l'intérêt des billets de l'échiquier; le ministre dit que l'intention du gouvernement avait toujours été de l'opérer, et il proposa de le réduire à un denier par jour au lieu de deux l'état du crédit le mettait; il en résulterait une économie de 230,000 liv. sur les 30,000,000 de billets qui allaient être mis en circulation. Le ministre termina en proposant d'autoriser l'émission de 15,000.000 de billets de l'échiquier. Quelques membres firent des observations sur l'application au surplus du fonds consolidé qu'ils regardaient comme illégale. Les mesures proposées furent adoptées sans division.

Des pétitions avaient été présentées et des propositions avaient été faites sur l'état de l'Irlande. Le 8 août, lord Darnley avait demandé, dans la Chambre des pairs, qu'un comité spécial fût nommé pour examiner jusqu'à quel point les dernières mesures adoptées par le gouverne ment étaient propres à assurer le bonheur et le bien être de cette île. La même division, la même animosité y régnaient encore, comme à l'époque de la première conquête, entre les Anglais et les Irlandais, les protestans et les catholiques. Un changement total de sistème lui paraissait nécessaire pour rétablir la tranquillité; il était à propos de commencer par l'émancipation des catholiques.

Le comte de Liverpool, qui combattit la proposition, convint néanmoins des fautes qui avaient été commises à l'égard de l'Irlande; mais il attribua, en grande partie, les maux qui désolaient ce malheureux pays, à l'application intempestive qui lui avait été faite des lois anglaises. Il fit observer que, d'un autre côté, elle payait dix fois moins d'impôts que la Grande-Bretagne dont la politique était la plus libérale possible envers cette île; les maux de l'Irlande tenaient à une causé intérieure et non au sistème suivi envers elle. La propriété foncière et commerciale s'y trouvait entre les mains des protestants, tandis que la masse de la population y était catholique; l'émancipation n'y ouvrirait donc qu'à un petit nombre l'entrée au parlement, et il n'en résulterait, par conséquent, que très-peu de bien; le ministre craignait même qu'elle n'occasionât des distinctions plus tranchées. La proposition de lord Darnley, appuyée par le marquis de Lansdown, fut rejetée par cinquante-sept voix contre.dix-sept.

Le 7 mai, M. Hume, dans la Chambre des communes, après avoir exposé que l'église protestante en Irlande où la majeure partie de la population suivait une communion différente, était la cause constante des troubles et de l'agitation de cette île, demanda que les catholiques d'Irlande eussent, comme les presbitériens d'Écosse, la faculté de payer leurclergé, et fussent exempts des dîmes et des autres redevances envers le clergé anglican. Les protestants ne perdraient rien. à la diminution des revenus exorbitants de leur clergé beaucoup trop nombreux : ils auraient toujours le nombre nécessaire de pasteurs, honorablement et richement dotés; mais ces ecclésiastiques auraient des fonctions réelles à remplir; ils résideraient dans les lieux où ils doivent être, et

s'occuperaient de leurs troupeaux, au lieu d'étaler, au sein de l'oisiveté, un luxe contraire à l'esprit de l'évangile. M. Hume soutenait que le nombre d'ecclésiastiques d'Irlande qui ne résidaient pas était habituellement de cinq cents, et que vu les revenus immenses du clergé anglican dans ce royaume, il était nécessaire d'examiner, soit par un comité ou par une commission, si l'état de l'église protestante en Irlande n'est pas hors de proportion avec les fonctions qu'elle doit remplir en considérant le nombre de personnes employées, et le revenu qu'elles reçoivent.

Plusieurs membres, en convenant des abus qui existaient dans l'église protestante d'Irlande, ajoutèrent qu'ils avaient été exagérés malicieusement, et s'attachèrent à réfuter les calculs de M. Hume. Ils pensaient que ce n'était pas le moment d'attaquer l'église protestante dans ce pays, puisque le clergé catholique publiait des pamphlets pour l'accuser d'un ton qui n'était ni doux ni charitable : c'était au contraire l'occasion de lui donner tout l'appui du parlement. Il résul tait des derniers rapports que la population de l'Irlande était d'environ sept millions d'âmes; sur ce nombre, on comptait cinq millions sept cent cinquante mille catholiques, deux cent cinquante mille protestants dissidents, cinq cent mille presbitériens, et cinq cent mille protestants anglicans.

M. Plunkett, qui depuis le décès de M. Grattan était le défenseur de l'émancipation des catholiques, désavoua en leur nom les attaques faites contre l'église protestante. La proposition de M. Hume fut rejetée par cent cinquante-deux voix contre soixante-dix-neuf.

Deux bills avaient passé à la Chambre des communes en faveur des catholiques de la Grande-Bretagne; ils leur accordaient le droit de participer à l'élection des membres du parlement, d'être jurés, juges de paix, employés dans l'accise, etc. A la seconde lecture de ces bills dans la Chambre des pairs, le 24 mai, ils furent d'abord défendus par le marquis de Lansdown; mais lord Colchester, lord Rédesdale, et l'évêque de Bath et Wells les attaquèrent, en alléguant l'esprit d'intolérance et de domination de l'église romaine, la suprématie du souverain pontife si aisément confondue dans l'esprit des hommes ignorants avec la domination temporelle, et surtout les progrès faits dans ces derniers tems par les doctrines de cette église, enfin le rétablissement formel de Fordre des jésuites. L'évêque de Bath et Wells pensait que l'exclusion des catholiques romains devait durer aussi long

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