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aux municipalités, soit par l'impression et la publication de la critique calomnieuse et contre-révolutionnaire d'un député justement proscrit; soit par un manifeste plus calomnieux et plus contre-révolutionnaire encore, répandu avec profusion, et dans l'idiome breton, dans toutes les campagnes, dans la criminelle intention d'en égarer les habitants, et de leur faire haïr et rejeter une constitution faite pour leur bonheur et pour celui de toutes les générations;

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18. Pour avoir, au mépris d'un décret qui substituait å l'administration trop coupable du département du Finistère une autre administration provisoire, tenté de s'y maintenir, l'avoir arrêté et s'être ainsi montrés rebelles au pouvoir qui les en excluait;

19. Enfin, pour avoir, par tous les moyens, conspiré contre la souveraineté du peuple, contre la liberté, l'unité et l'indivisibilité de la République.

Fait au parquet du tribunal révolutionnaire séant à Brest, le 24 floréal', l'an deuxième de la république, une et indivisible.

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Laignelot, représentant du peuple à Brest, au Comite

de Salut Public.

Je viens d'écrire aux administrateurs du district de

Challans, département vengé, que j'appuierais auprès de vous une pétition qu'ils vous ont faite, et dont ils m'ont envoyé copie. Ils vous demandaient d'arrêter ces incendies, ces dévastations qui les désolent, et qui font du plus beau pays de la république le désert le plus horrible. Citoyens collègues, oui, il fallait détruire ce qui pouvait servir de repaire aux, brigands, et alors la propriété du patriote ne devait pas être plus respectée que celle du contre-révolutionnaire, mais il ne fallait pas porter le fer, la flamme, la famine, le viol partout indistinctement. Il ne fallait pas consumer en pure perte ce qui pouvait servir à alimenter les armées républicaines. Voici le plan de ces hommes affreux qui, au nom de la patrie, l'égorgent, qui, combattant les brigands, font plus de ravages que les brigands mêmes. La Vendée nourrit six départements à elle seule, elle approvisionnait la marine de Rochefort. Il faut, ont dit les ultra-révolutionnaires, brûler tous les grains de, la Vendée, et la famine se fera sentir à Bordeaux, dans la Dordogne, dans nos armées du Midi, et les vaisseaux ne pourront pas sortir à temps du port de Rochefort. La Rochelle manquera de vivres, de bestiaux, et la guerre civile se prolongera. J'ai traversé la Vendée, j'étais avec l'armée qui chassa Charette de Machecoul, et qui le mit en fuite presque sans efforts, et je suis surpris que ce chef des brigands ne soit pas pris ou entièrement défait. La plupart de ceux qui commandent, ou restent dans l'inaction, ou se heurtent réciproquement. Nul ensemble, nul plån, ou plutôt ils n'en ont qu'un, celui d'éterniser cette guerre. On n'a jamais vu Dutruy à la tête de son ar

mée un jour de combat. Il s'énivre, caresse une femme aux Sables, tandis qu'on se bat à Bouin. J'ai passé 8 jours dans la Vendée, je commençais à y faire quelque bien, et j'y ai gémi, et je m'y suis indigné de ce que j'ai vu. Les troupes les plus indisciplinées, les plus rapaces; les chefs les plus inexpérimentés, les plus avides, les plus désordonnés; des administrations sans force et menacées; les patriotes confondus parmi les traîtres, le deuil, l'épouvante, le désespoir, et tout cela s'explique, lorsqu'un représentant du peuple ose dire publiquement: Qu'il ne faut point de pain, où l'on ne doit plus laisser d'hommes. Adieu, mes chers collègues, je finis; car j'ai le cœur trop serré.

Nantes, 25 messidor, an 2. Le représentant du peuple Bo au Comité de Salut public.

Je ne dois pas non plus vous taire que cette armée est bien mal disciplinée, et qu'elle aurait besoin d'être renouvelée. Ils se sont si accoutumés au pillage, que lorsqu'ils ne trouvent pas des brigands, ils en imaginent et ne respectent rien. Les chefs ont beau réprimer, faire punir par les tribunaux, ils ne se corrigent pas. La cupidité les emporte, et ils ont tous un petit trésor. Croirez-vous que, dernièrement, trois soldats se disputaient une montre, et que deux ont été tués dans cette dispute. Il est bien prouvé que les brigands se servent habituellement de nos cartouches; les généraux en sont prévenus ; mais ils ne peuvent découvrir les coupables. Je suis à la recherche. Le grand mal de l'armée de l'Ouest est d'être

composée de détachements et non de bataillons complets. Il n'y a plus le même esprit de corps, la même discipline, la même force.

N. 51. CHAP. 5.

Lettre du chef de chouan Lyon, adressée au citoyen Quimier, officier-municipal du district de Ségré. Citoyen, vous nous dites qu'il faut nous rendre dans nos foyers et qu'il faut déposer nos armes; croyez-vous que nous avons perdu la tête, et que nous ne voyons pas bien que c'est pour nous surprendre; pourquoi demandezvous nos armes? Nous les avions bien autrefois, croyezvous que nous sommes assez ignorants, que de nous rendre et voir que vous laissez de la troupe partout, quand vous pouvez en avoir; commencez donc à renvoyer tous vos soldats chacun chez eux et les retirer des campagnes, vous verrez ce que nous ferons; mais nous voyons bien que c'est pour nous trahir. Dans votre première amnistie, vous ne donniez grâce qu'aux soldats, et vous leur promettiez des sommes pour livrer leurs chefs, et à présent vous dites que vous pardonnez à tous; nous ne sommes pas fautifs, nous n'avons pas besoin de pardon, nous ne faisons que nous défendre, et nous nous défendrons jusqu'à la mort; notre sentiment est tel qu'il y a dix ans, nous avions un Roi et nous lui étions soumis, c'est pourquoi nous n'obéirons jamais à des tyrans qui ont égorgé nos pères, mères, frères et sœurs, massacré des enfants

et fait mourir tant d'honnêtes gens dans les prisons; et vous nous dites que vous les avez délivrés des cachots, et dites-vous encore que vous avez mis la liberté en France: êtes-vous libres comme il y a dix ans, avezyous la même tranquillité, êtes-vous libres d'aller à vos affaires comme ci-devant, avez vous des vivres à souhait, comme vous aviez, où est donc votre liberté? Apprenez que nous sommes chrétiens et que nous avons une âme à sauver, et que nous combattrons jusqu'à la fin pour défendre une si belle cause; que nous ne nous laisserons pas surprendre par vos belles promesses. Il nous vient tous les jours de votre monde, nous supplier pour avoir leur grâce, et il nous vient très-mal vêtu; c'est pourquoi tout cela ne nous fait point envie de soutenir la République. Vous avez chassé tous les ecclésiastiques et les nobles et tous ceux qui avaient des propriétés pour vous en emparer; vous avez fait des lois à votre fantaisie; vous avez réduit à la misère des honnêtes gens, pour prendre ce qu'ils pouvaient avoir; et nous, nous sommes dans les sentiments de rendre justice à chacun; c'est pourquoi nous vous défendons de prendre aucune ferme ni autres droits sur aucun bien qui appartient à l'église ou à ses ministres, nobles et autres que vous dites suspects à la République, attendu que cela nous appartient de droit, que nous nous battons pour qu'ils rentrent dans leurs droits, au lieu que vous êtes des coquins qui ôtez le bâton de la main d'un honnête homme pour le frapper. Je n'ignore pas que beaucoup vous ont porté des quittances de moi comme ils m'avaient payé les fermes de différents endroits; je vous prie de vouloir bien

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