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La nouvelle guerre qui venait d'éclater, se montra, dès son principe, empreinte de cet esprit de vengeance et de représailles qui ne devait plus avoir de bornes. Déjà en armes sur tous les points, les chouans ont repris le cours de leurs hostilités. Les républicains, de leur côté, aspirent à se venger des fallacieuses promesses de la Mabilais; et, au nom de l'émigration et de l'Angleterre qui se réunissent pour un envahissement du sol, le saint nom, le nom magique de la patrie éclate chez les patriotes comme un terrible frémisse

ment de haine et de colère.—« Oui, déclaron'sleur donc une guerre ouverte et à mort, s'écrie Dubayet; car c'est le seul moyen de purger la république de ces hordes contrerévolutionnaires et royalistes.

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Hoche, comme général en chef, commandant les côtes de Bretagne, dut toutefois se préoccuper en particulier des événements que les circonstances ne pouvaient manquer d'amener. Voici ce que sa correspondance, celle de ses généraux et des représentants nous apprennent sur les dispositions militaires qui furent prises dans le double but de contenir les insurgés et de repousser les Anglais et l'émigration, s'ils se présentaient sur nos côtes.

Fort de 45 à 50,000 hommes de troupes effectives, il avait au 1.er floréal, époque où la division des deux armées de Brest et de Cherbourg fut de nouveau opérée, plus de deux mille lieues carrées à occuper, trois cent cinquante lieues de côte à défendre, cinq départements à contenir. Ne pouvant satisfaire à tous les besoins du service, il était en butte à de fréquentes dénonciations de la part des administrations locales, et plusieurs fois il s'était trouvé contrarié dans l'exécution de ses plans par des arrêtés pris pour suspendre le

départ des corps qu'il appelait d'un point à l'autre. Les Représentants et le Comité de Salut Public lui avaient cependant fait espérer qu'une force de 10 à 12,000 hommes serait détachée du nord pour renforcer l'armée qu'il dirigeait. Mais les hostilités venaient d'être reprises sans que ce renfort lui fût arrivé, et nous avons vu au chapitre précédent que le Comité en était à remplir ses promesses à cet égard. Le jeune général sut cependant faire face à tous les besoins du moment. N'ayant que peu de troupes disponibles, à raison des fortes garnisons que réclamaient Rennes, Saint-` Malo, Port-Brieuc, Vannes, Brest, Lorient et BelleIle surtout, où il cantonna 5,600 hommes, il trouva moyen d'aviser simultanément à la sûreté des côtes et des chefs-lieux de district. Informé par le général Carteaux, qui commandait à Cherbourg, des mouvements effectués à Jersey, il jugea que le plus sûr moyen de s'opposer aux projets de l'ennemi serait d'avoir, en des lieux convenablement placés, des camps présentant des masses avec lesquelles il se porterait rapidement sur les points menacés. La Lande de Meslin, près Lamballe, également rapprochée des routes qui longent la côte et de celle qui conduit dans le Morbihan par Montcontour et Pontivy, fut le premier point

le

qu'il fit occuper par un corps de mille grenadiers sous les ordres du général Lemoine. Muzillac, pour le Morbihan; et Saint-Renan, pour le Finistère, furent les autres postes qu'il désigna pour la concentration des forces qu'il destinait aux mouvements que les circonstances exigeraient. Et se proposant ensuite de déjouer la jonction que les rebelles de la Mayenne, de la Basse-Normandie et de la Bretagne ne manqueraient pas de tenter, ainsi que l'indiquait leur correspondance, il envoya des travailleurs et des ingénieurs sur la ligne naturellement formée par la Rance, l'Ille et-la Vilaine, dans le but de faire couper les ponts placés sur ces rivières, de fortifier Dinan, Hédé, Rennes, Pont-Réan et les autres points qui devaient assurer le cours de la Vilaine jusqu'à Redon et Roche-Sauveur.

Telles furent les vues générales qu'il développa dans sa correspondance, et, pressant les représentants de l'aider de leurs pouvoirs pour contenir les indisciplinés, il provoqua des mesures parmi lesquelles nous remarquons les arrêtés de Guezno et de Guermeur, qui prescrivirent l'établissement d'un conseil de discipline par corps et de trois tribunaux militaires, dont les siéges furent Rennes, Vannes et Brest. Ces arrêtés por

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